Visiter New York City à pieds – Circuit 1 à New York : Downtown Manhattan

Voici donc le premier circuit de notre série découverte de New York à pieds. Il est consacré à la pointe sud de Manhattan, Downtown, du City Hall Park à Battery Park et la Statue de la Liberté, en passant par Wall Street et le World Trade Center. Chaussez vos baskets et suivez nous sur cette boucle de 8 à 13 km à travers le plus vieux quartier de Manhattan, les plus hauts gratte-ciels des Etats-Unis et 4 siècles d’histoire.

N’oubliez pas de consulter nos autres circuits de découverte de New York.

télécharger nos 7 circuits et leurs cartes détaillées

Ce circuit est en vente sur le blog, ainsi que les 6 autres circuits de découverte de New York. Si vous souhaitez faciliter votre visite une fois sur place dans les rues de New York, vous pouvez accéder aux cartes interactives (Google Maps) des 7 circuits, avec leur tracé et tous leurs points d’intérêt, ainsi qu’à la possibilité de charger ces cartes dans vos téléphones portables via une application gratuite (compatible Iphone et Android), pour 24.90€ (au lieu de 49,90€ – Offre Limitée). Vous recevrez également l’ensemble des circuits aux formats PDF, Kindle et ePub (liseuses électroniques) pour vous permettre de les imprimer plus facilement ou de les consulter directement sur vos portables, tablettes ou liseuses électronique. Pour 24.90€ seulement (au lieu de 49,90€ – Offre Limitée), nous vous proposons 7 circuits de visite de New York originaux, et vous simplifions la vie en vous permettant de suivre ces circuits dans les rues de New York avec tout le confort de cartes et plans interactifs, ainsi que tout le contenu des circuits dans le creux de votre main !

 

Et si vous partez à New York, n’oubliez pas de jeter un œil aux articles du blog sur New York, notamment sur la problématique particulièrement sensible de la réservation d’hôtel à New York, et la liste des hôtels que nous avons le plus conseillé cette année.

(Itinéraire mis à jour en Octobre 2022)

Circuit 1 : Downtown Manhattan

Le Financial District & le New York colonial et révolutionnaire

Ce circuit explore la pointe sud de Manhattan, qui est à la fois le centre historique de la ville de New York, qui fut fondée par les Hollandais sous le nom de Nouvelle Amsterdam sur cette pointe sud, mais aussi le coeur du Financial District, des hauts gratte-ciels, de Wall St et du quartier d’affaire. 

Notre circuit part du City Hall Park que vous pouvez aisément rejoindre en métro à l’arrêt City Hall. Le City Hall Park est un vaste triangle délimité par Broadway à l’ouest, Center St à l’est, Chambers St au nord et Park Row à sa pointe sud. Le lieu fut également longtemps connu sous le nom de “The Commons”, car il marquait l’emplacement du pré communal datant de l’époque hollandaise, quand New York, ou plutôt la Nouvelle Amsterdam n’était encore qu’un village. Situé à l’époque en dehors des limites de la ville, ce pâturage public presque aussi ancien que la présence européenne sur l’île de Manhattan vit progressivement son usage évoluer, au fur et à mesure que la ville s’étendit vers le nord, jusqu’à l’incorporer entièrement. On y construisit la nouvelle Mairie de New York (City Hall) en 1803 (achevée en 1812) puis juste derrière, une cour de justice, la Tweed Courthouse. Mais l’importance historique de ce lieu débute bien avant, avec les prémisses de la révolution américaine. Le vaste pré servait en effet à l’époque de lieu de rassemblement public, et c’est donc tout naturellement ici que les premiers frémissements révolutionnaires se firent entendre à New York. C’est notamment sur ces Commons que les premiers activistes indépendantistes narguèrent durant de longues années les soldats et l’autorité britannique en plantant des “Liberty Poles”, de hauts mâts coiffés d’un bonnet phrygien, symbole d’indépendance emprunté aux esclaves romains affranchis qui le portaient (repris quelques années plus tard par les révolutionnaires français, il coiffe toujours notre Marianne, et figure toujours sur le drapeau de l’Etat de New York).

Drapeau de l’Etat de New York (avec le bonnet phrygien porté en haut d’un bâton par le personnage de gauche)

Les anglais firent abattre ces mâts, mais aussitôt un autre poteau était érigé en défi. Si, depuis Broadway, entre Murray et Warren St, vous regardez en direction du parc, vous devriez voir pointer un haut mât coiffé d’un drapeau, érigé en 1921 en mémoire de ces actes de défi à l’Angleterre. 

C’est aussi sur ce même pré, probablement à quelques mètres de l’endroit où vous vous tenez que pour la première fois, le 9 juillet 1776, fut lue à New York la Déclaration d’Indépendance. En effet, 5 jours auparavant, le 4 juillet, le congrès continental avait adopté cette déclaration proclamant solennellement l’indépendance des États-Unis d’Amérique. Le 9 juillet, la convention constituante réunie à White Plains à une quarantaine de kilomètres au nord de New York City, déclara l’État de New York également indépendant, et le soir-même, le général George Washington réunissait ses troupes ainsi que la population de New York City sur les Commons pour que leur soit lue la Déclaration d’Indépendance, dans l’espoir de rallier le maximum de colons à la cause de l’indépendance. Nombre d’entre eux restaient en effet toujours fidèles à la couronne britannique. Le pari fut gagné : la foule enthousiaste partit sur le champ en direction de Bowling Green, le petit parc à la pointe sud de Manhattan où nous nous rendrons bientôt, afin d’y abattre la statue du roi George III d’Angleterre (nous y reviendrons un peu plus loin). 

En descendant Broadway le long du City Hall Park, vous découvrez sur votre droite l’impressionnant Woolworth Building, un des plus anciens gratte-ciels de Manhattan, qui du haut de ses 241 mètres demeure l’un des 100 plus hauts du pays bien qu’il fut construit en 1910, il y a plus d’un siècle. Et pour illustrer la vitesse à laquelle les gratte-ciels les plus hauts, les supertalls, se sont multipliés ces dernières années à New York, songez que le Woolworth Building était encore dans les 50 plus hauts buildings des USA lorsque nous avons publié la première version de cet itinéraire, il y a moins de 10 ans. Son style néo-gothique qui emprunte au style des cathédrales européennes lui valut le surnom de Cathedral of Commerce (il abritait le siège social de la chaîne de magasins Woolworth). Inspectez bien ses parois, son entrée et ses fenêtres : vous y découvrirez mille détails, gargouilles, ou figures amérindiennes étonnantes. Ce fut le plus haut bâtiment au monde jusqu’en 1930, date à laquelle il fut détrôné par le 40 Wall Street (au pied duquel on s’arrêtera un peu plus loin), puis quelques semaines après, par la Chrysler Tower.

En continuant sur Broadway vers le sud, vous suivez les traces des révolutionnaires qui partirent en direction de Bowling Green sceller par la destruction de la statue du souverain britannique, l’accession de New York à l’Indépendance. Ironiquement, ils durent attendre 2 ans après la fin de la guerre et la défaite de l’Angleterre avant de pouvoir profiter de leur ville libérée de l’emprise Britannique, car New York fut occupée pendant toute la durée de la guerre révolutionnaire et fut la dernière cité abandonnée par l’armée britannique. 

Broadway est probablement la rue la plus connue de New York, car son tracé oblique par rapport au quadrillage de la plus grande partie de la ville est un des rares éléments rompant l’équilibre rectiligne de son plan. L’origine en est toute simple : Broadway est la plus ancienne route de l’île de Manhattan, la seule qui permettait à l’époque hollandaise de la traverser entièrement du nord au sud. En réalité son tracé est encore plus ancien, car il suit le sentier indien principal qui permettait depuis la pointe sud de Manhattan de s’enfoncer dans les profondeurs de l’île. 

Continuez sur Broadway vers le sud, en traversant Barclay St. A la moitié du bloc suivant, à mi-chemin entre Barclay St et Vesey St, arrêtez-vous devant la boutique AT&T et regardez vers le sud en direction de l’angle de Broadway et Ann St.  C’est précisément à cette intersection, en lieu et place de l’immeuble dont le rez-de-chaussée est actuellement occupé par un magasin Zara (le massif Western Electric Building, édifié en 1961) que se trouvait le P.T. Barnum’s American Museum. Pour tous ceux qui ont vu le film de comédie musicale The Greatest Showman avec Hugh Jackman, c’est le musée de curiosité que Barnum rachète au début du film. Le film retrace l’histoire de P.T. Barnum, qui finira par créer le plus grand cirque américain, dont le show autoproclamé “The Greatest Show on Earth” ravira des millions d’Américains de 1871 jusqu’à sa disparition en 2017. En 1841, P. T. Barnum rachète un petit musée de curiosité à l’angle de Broadway et Ann St, et le transforme en son Barnum’s American Museum : mi-musée, mi-cabinet de curiosité, mi-zoo et aquarium, mi-spectacle. On y trouve tout (et aussi n’importe quoi) : la momie d’une “authentique” sirène, un tigre vivant, un aquarium avec des dauphins belugas, un tronc d’arbre sur lequel s’étaient assis les disciples de Jésus, des animaux empaillés, une guillotine, le général Tom Pouce, un nain de 65 cm de haut, des frères siamois, ou encore une femme à barbe. Entre 1841 et 1865, plus de 38 millions de visiteurs franchirent le seuil du Museum, soit plus que la totalité de la population des Etats-Unis de l’époque ! Dans ses meilleures années, la fréquentation du musée dépassait celle de Disneyland d’aujourd’hui. Mais en 1865, un terrible incendie ravagea le bâtiment, provoquant des scènes d’horreur : des animaux en feu s’échappaient du building en flamme et durent être abattus par la police. Un pompier aurait été contraint d’achever un tigre à la hache avant de sortir des flammes la femme “la plus lourde au monde”. Et les bélugas seront retrouvés morts bouillis dans leur aquarium. Barnum relança son musée dans un nouvel emplacement, mais celui-ci fut encore détruit dans un incendie, conduisant le showman à se lancer dans les spectacles de cirque sous chapiteau qui feront son succès. Sur la photo d’époque ci-dessous, bien que l’ensemble des immeubles ait depuis changé, on reconnaît l’angle de Broadway, l’avenue qui part en diagonale sur la droite de la photo, Ann St, la rue qui disparaît derrière le bâtiment de gauche (et sur lequel l’enseigne indique la présence d’un importateur de …. cheveux humains), et Park Row qui part sur la gauche. On devine également la pointe de l’intersection Park Row – Broadway aujourd’hui occupée par un terre-plein avec quelques arbres et une horloge à la pointe (en lieu et place du feu de signalisation qu’on distingue sur la photo) :

Le P.T. Barnum’s American Museum en 1858

Vous remarquerez évidemment que les immeubles étaient nettement plus bas en ce milieu de XIXème siècle. Le Park Row Building, par exemple, qui remplace l’immeuble le plus à gauche de la photo, et qui mesure 119 mètres de haut pour 31 étages, ne fut inauguré qu’en 1899. Il fut pendant 10 ans le plus grand building de New York. Occupé par des bureaux jusqu’au tournant du XXIème siècle, il fut converti depuis en appartements de luxe.

Traversez Vesey St. et poursuivez sur Broadway.  En passant devant la St Paul Chapel, à l’angle de Vesey St sur votre droite, vous apercevez le site du World Trade Center qui pointe derrière l’église. Cette dernière fut bâtie en 1764 comme une extension de Trinity Church que nous verrons plus loin, et se tenait en dehors des limites de la ville à l’époque de sa construction. Malgré son extrême proximité avec le site des Twin Towers, elle fut le seul bâtiment limitrophe à ne subir aucun dégât (pas même une vitre brisée) lors de l’effondrement des deux tours jumelles. De ce fait, elle fut utilisée comme la première base pour abriter les équipes de secours qui se relayèrent dans les décombres du World Trade Center, et ce pendant les huit premiers mois des opérations de déblayage. C’est aussi aux grilles de l’église que les New Yorkais commencèrent à accrocher des souvenirs, drapeaux, lettres et autres photos en mémoire des victimes, constituant ainsi le premier mémorial informel du drame du 11 septembre. Quand les grilles furent entièrement recouvertes de témoignages et souvenirs, les autorités religieuses décidèrent d’y adjoindre une série de panneaux complémentaires. Ils en installèrent 15 pour être sûr qu’il y aurait assez de place pour tous les témoignages à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste : il en fallut finalement 400. De nombreux éléments rappelant ces heures particulières de l’histoire de cette paroisse ont été conservés et peuvent être observés en visitant l’église ou ses jardins. St Paul Chapel est la plus vieille église de Manhattan (Trinity Church ayant brûlé pendant la révolution américaine puis ayant été reconstruite en 1788) : songez que George Washington y eut ses habitudes durant les deux années où New York fut la première capitale des États-Unis d’Amérique.

Si vous pouvez entrer dans l’église, sur le mur de gauche quand vous regardez en direction de l’autel, vous trouverez la première représentation jamais peinte du sceau des Etats-Unis d’Amérique, le Great Seal of the United States, datant de 1785. 

La représentation est fidèle à la description officielle du sceau, et finalement très proche de la version la plus récente (aujourd’hui plus stylisée), à une exception près : alors que le sceau officiel est censé représenter un Bald Eagle, l’aigle choisi dans cette première représentation n’a clairement pas la tête blanche caractéristique du Bald Eagle. Les mauvaises langues disent même qu’il s’agit d’une dinde et non d’un aigle ! Quoiqu’il en soit, il tient bien dans une serre 13 flèches symbolisant la capacité de défense des 13 colonies fondatrices, et dans l’autre serre, un rameau d’olivier symbolisant la paix. Mais l’aigle a la tête tournée vers le rameau d’olivier, suggérant le penchant pour la paix de la nouvelle nation, à l’époque où elle s’est créée. Détail amusant : le bald eagle ou «aigle à tête blanche» qui symbolise les Etats-Unis n’est en réalité pas un aigle, mais un pygargue, un rapace qui se nourrit essentiellement de poisson (on l’appelle également souvent «aigle pêcheur»). 

Vous pouvez également lire sur le sceau la devise des Etats-Unis en latin : E Pluribus Unum (“out of many, one” en anglais, qu’on pourrait traduire librement par “l’unité dans la diversité”).

En continuant sur Broadway vers le sud, vous constaterez que la rue est de plus en plus étroite et les immeubles de plus en plus hauts. Cette portion de Broadway qui va du City Hall à Bowling Green est aussi connue sous le nom de Canyon of Heroes : canyon, car le défilé créé par les hauts building dans cette artère donne l’impression de s’engouffrer dans un canyon de béton, et heroes car c’est ici que furent célébrés par des parades mémorables de nombreux événements ou personnages d’intérêt historique. Vous pouvez d’ailleurs voir sur le sol des bandes de granite noir (au nombre de 206) commémorant chacune des parades ayant eu lieu sur cette avenue. C’est en effet dans cette étroite enfilade de gratte-ciels que l’on pratique les Ticker Tape Parades, ces défilés où des confettis et serpentins sont jetés par les fenêtres des buildings environnants et tombent en pluie sur les héros ainsi fêtés (en lieu de serpentins, dans les premières parades, les employés des bureaux environnants jetaient les rouleaux de papiers utilisés dans les téléscripteurs de la bourse et les calculatrices mécaniques : les ticker tapes). Furent ici honorés l’inauguration de la Statue de la Liberté en 1886 (qui fut la première parade du genre), le premier vol transatlantique de Charles Lindberg, le retour des astronautes d’Apollo 11 de la Lune, et même Charles de Gaulle qui fut accueilli en triomphe par un million de New Yorkais en 1960.

Toujours sur Broadway, entre Fulton St et John St, sur votre gauche en descendant vers le sud, le Fulton Center est un immense hub d’interconnexion de plusieurs stations de métro, doublé d’un petit centre commercial (si vous avez un creux, on y trouve un Shake Shack). Il a été édifié dans le cadre des travaux de reconstruction souterrains après l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center, et est interconnecté par un gigantesque labyrinthe souterrain avec l’ensemble des autres stations de transport en commun de la zone, et notamment le Westfield World Trade Center, surplombé par The Oculus que vous verrez tout à l’heure.

Continuez sur Broadway jusqu’à l’angle de Cortland St – Maiden Lane. A une époque où les montres personnelles étaient encore des articles de luxe, installer une horloge dans la rue était une méthode répandue pour attirer l’attention sur son commerce ou son entreprise. Beaucoup ont disparu, mais certaines de ces horloges ont survécu jusqu’à nos jours.  

Au croisement de Broadway et de Maiden Lane (dans l’angle nord-est), tournez vos yeux vers le sol pour en découvrir un des exemples les plus originaux : une horloge incrustée dans la chaussée, qui donne l’heure aux New Yorkais depuis plus d’un siècle. Installée en 1899 par le joaillier William Barthman (un immigré allemand), elle témoigne d’une époque où le quartier que vous traversez était encore celui des bijoutiers (l’horloge porte la date de 1884, mais c’est l’année de la création de la première bijouterie de Barthman, plus bas sur Maiden Lane, et non celle de la pose de l’horloge, au pied du second emplacement de la bijouterie à l’angle de Broadway). La bijouterie existe toujours, à quelques centaines de mètres sur Broad St. Tournez maintenant à droite sur Cortland St en direction du World Trade Center. 

Sur votre gauche, vous longez un gratte-ciel métalique noir : le One Liberty Plaza (nous le verrons sous un autre angle plus loin dans le circuit). Il fut construit en 1973 par la US Steel, une des plus anciennes grandes sociétés américaines, fondée en 1901 comme un conglomérat rassemblant autour du rachat de la société des aciers d’Andrew Carnegie, un ensemble d’aciéries pour en faire le plus gros producteur mondial d’acier à l’époque. Première société à être valorisée 1 milliard de $, c’est une des plus anciennes sociétés cotées d’Amérique encore en activité. Le One Liberty Plaza avec sa structure métallique apparente en acier noir est en accord parfait avec le premier occupant de ses murs. L’acier fut une des industries clés du tournant du siècle dernier, qui permit tant le développement du rail que la construction des gratte-ciels qui vous entourent. Le building métallique noir se dresse sur l’emplacement du Singer Building qui fut, avant d’être détrôné par le Woolworth Building, la plus haute tour de New York et du monde. Le Singer Building, chef d’œuvre d’architecture et icône du quartier financier de Manhattan fut détruit en 1968 pour laisser la place au siège social de la US Steel. Il reste à ce jour le plus haut building au monde à avoir été démantelé.

Juste en face, sur votre droite, le grand magasin Century 21 reste un des acteurs majeurs des bonnes affaires à New York, offrant des prix cassés sur une très large gamme d’articles de prêt-à-porter. C’est certes une adresse que l’on retrouve dans tous les guides mais les bonnes affaires sont réelles. C’est également un symbole de résilience de New York : fortement endommagé par les attentats du 11 septembre, il rouvrira 5 mois seulement après les attaques, avec une queue immense de New Yorkais désireux d’être les premiers à passer en caisse pour obtenir un ticket de caisse marquant la date de l’événement. Mais si le Century 21 avait survécu à la pire attaque terroriste sur le sol américain, il ne résistera pas au Covid quelques années plus tard et la société sera mise en redressement judiciaire à la suite des confinements sur New York. Finalement, après restructuration, le magasin devrait rouvrir ses portes en 2023. A noter qu’une incursion dans les allées de ce gigantesque magasin prenant rarement moins de quelques heures, nous vous conseillons d’y retourner plutôt en fin de séjour pour ne pas prendre le risque d’amputer d’autant votre circuit.

En débouchant sur Church St, vous faites maintenant face au site du World Trade Center.  Face à vous sur la gauche, la tour numéro 4 (4 World Trade Center), 298m, 74 étages de verre et d’acier, achevée en 2013, et à sa droite, la tour numéro 3 (3 World Trade Center), un peu plus haute avec ses 80 étages et 329m. Les Twin Towers (et maintenant le mémorial construit à leur emplacement exact), se trouvaient juste derrière ces deux nouvelles tours pour la tour numéro 2, et encore un peu plus à l’arrière et décalée sur la droite pour la tour numéro 1. Passez entre les deux tours du 3 et 4 World Trade Center pour rejoindre le mémorial de Ground Zero. La nouvelle tour numéro 1, un temps appelée Freedom Tower, mais officiellement dénommée One World Trade Center est visible au fond sur la droite du site et domine tous les autres bâtiments. 

Construction du One World Trade Center en 2010

C’est aujourd’hui le plus grand bâtiment de New York, culminant grâce à son antenne géante à 1776 pieds de haut (1776 comme l’année de la déclaration d’indépendance qui marque la naissance des États-Unis et le début de la révolution américaine), soit 541 mètres. C’est également la plus haute tour des États-Unis, la plus haute de l’hémisphère occidentale, et accessoirement la 7ème plus haute au monde. Encore faut-il pour cela admettre que l’antenne qui la coiffe est une flèche faisant partie de l’architecture de l’édifice, et non une simple antenne, c’est-à-dire un ajout qui n’a pas à être pris en compte dans la taille totale de la tour. 

Juste derrière à droite du 1WTC (One World Trade Center), vous pouvez voir également le 7 World Trade Center, la première tour reconstruite après les attentats, et qui s’était également effondrée plusieurs heures après les deux autres. Même si elle n’avait pas été directement touchée par les avions, la structure n’avait pas résisté à l’incendie qui s’y était déclaré. Cette tour fait l’objet de débats passionnés : les partisans de la thèse d’une destruction du World Trade Center non pas sous l’effet des incendies provoqués par le crash des avions de ligne sur les deux tours, mais du fait d’une démolition programmée par des explosifs placés dans la structure, pointe généralement du doigt l’effondrement du 7 World Trade Center comme l’élément clé prouvant leur thèse (vu que ce building n’a pas été directement touché par les avions).

Vous pouvez maintenant entrer sur la grande esplanade centrale qui constitue aujourd’hui le 9/11 Memorial.

Le Mémorial, constitué de deux immenses bassins/fontaines de la taille et aux emplacements exacts des tours jumelles, est librement ouvert au public. Le site est assez saisissant, mais aussi désormais hautement touristique : rappelez-vous que vous êtes dans un mémorial, sur le site-même où sont mortes plus de 2600 personnes en quelques minutes, la plupart en quelques secondes lors de l’effondrement des tours. Les premières victimes furent les occupants des 2 avions qui ont percuté les tours au matin du 11 septembre 2001, ainsi que les employés des étages directement touchés par l’impact des avions. Puis, environ 200 victimes sont mortes en s’écrasant au sol après avoir sauté des étages supérieurs des tours en feu. Enfin, le plus gros contingent de victimes sont les employés des tours situés aux étages supérieurs, qui n’ont pas réussi à être évacués avant l’effondrement des tours. Parmi les victimes de l’effondrement, 60 policiers et 343 pompiers, entrés dans les tours pour tenter de secourir les personnes bloquées dans les étages supérieurs. N’hésitez pas à voir (ou revoir) le documentaire des frères Naudet “New York 11 septembre” qui relate le tournage par ces deux frères vidéastes, d’un documentaire suivant les premiers pas d’un “rookie”, une jeune recrue dans les pompiers de New York. Alors qu’il filmait une intervention sur une fuite de gaz à l’angle de Lispenard Street et Church Street, Gédéon Naudet voit passer au-dessus de sa tête un Boeing 767 à très basse altitude. Instinctivement, il dirige sa caméra vers l’avion et le suit jusqu’à sa collision avec la tour nord du World Trade Center. Sans le savoir, il a filmé les seules images du premier avion kamikaze du 11 septembre. Le documentaire relate ensuite les heures et les jours qui ont suivi, filmé de l’intérieur par les deux frères embarqués avec les pompiers de New York, à l’intérieur des tours jumelles jusqu’à leur effondrement.

Avancez entre le bassin de la tour sud sur votre gauche et le 9/11 Memorial Museum sur votre droite. Si le mémorial est gratuit et en accès libre 7 jours sur 7, le musée est payant (26$ par adulte, 15 à 20$ par enfant selon leur âge, ou 82$ pour un Family Pass couvrant 2 adultes et jusqu’à 3 enfants) et requiert une réservation horodatée. A noter que le musée est entièrement en anglais et qu’un niveau minimum est requis pour profiter correctement de l’expérience.

De l’autre côté du bassin sud, se trouve le Survival Tree (ou Survival Tree), un poirier de Chine retrouvé dans les décombres des deux tours, les racines arrachées, et partiellement brûlé. Le département des parcs de la ville de New York le récupèrera, et après une longue convalescence, il sera replanté en 2010 au cœur du mémorial. Rejoignez ensuite le second bassin, emplacement de la tour nord. 

Sur votre droite, s’élève la silhouette de l’Oculus, un bâtiment à l’architecture très avant-gardiste que l’on compare souvent à un oiseau prenant son envol.

oculus

A l’origine du projet, la structure du “toit” devait être mécanisée et permettre son ouverture, mais cet aspect fut abandonné pour des raisons budgétaires. Il faut dire que le projet a battu tous les records de retard de livraison et d’explosion des coûts pour atteindre la somme faramineuse de 3.74 milliards de $. Avancez-vous vers l’Oculus. L’intérieur du bâtiment abrite en sous-sol la station de transport public PATH du World Trade Center, ainsi qu’un immense centre commercial souterrain, le Westfield World Trade Center, qui s’étend sur une bonne partie du site du World Trade Center. Rentrez à l’intérieur pour découvrir cette architecture impressionnante sous un autre angle, et ressortez à l’autre bout du bâtiment sur Church St. 

Tournez à gauche en sortant dans Church St et traversez Fulton St. C’est dans cette rue sur votre gauche qu’est organisé de la fin du printemps au début de l’automne le Smorgasburg WTC, tous les vendredis de 11h à 19h : ce marché de la street food s’installe en bordure de l’Oculus et propose une vingtaine de stands de nourriture variée et sympathique. 

Continuez sur Church St. Entre Fulton St et Vesey St, sur votre gauche, le Oculus Beer Garden est un bar à bière en extérieur, installé dans des containers recouverts de fresques murales colorées. Il faut dire que la vue sur le One World Trade Center et l’Oculus est splendide depuis cet endroit. Compter 10-12$ la bière tout de même. Ils servent aussi des saucisses allemandes, des grilled cheese sandwichs ou des soft pretzels à tremper dans une sauce fromagère à la bière.

En traversant Vesey St, jetez un coup d’œil sur votre droite à la façade du Old New York Evening Post Building, juste à droite du Stage Door Delicatessen. Construit en 1907, c’est un des rares immeubles de New York à arborer une façade de style Art Nouveau. Ce courant artistique et architectural typique de la belle époque connut son apogée lors de l’exposition universelle de 1900 à Paris, et est parfaitement symbolisé et représenté par les bouches de métro parisiennes dessinées par Hector Guimard. Mais ce courant ne fit pas beaucoup d’émule outre-atlantique alors que les premiers gratte-ciels poussaient à travers Manhattan, à de rares exceptions près comme cette façade de 14 étages, coiffée d’un toit mansardé d’influence parisienne également. Les statues qui ornent le bâtiment représentent l’évolution de la communication, depuis la transmission orale, l’avènement de l’écriture et jusqu’à la presse écrite. Elles sont l’œuvre du sculpteur Gutzon Borlgum, dont l’œuvre la plus marquante est le célèbre Mount Rushmore dans le Sud Dakota, une falaise où sont taillés les visages monumentaux de 4 présidents américains. Le bâtiment fut conçu pour héberger le New York Evening Post, un quotidien fondé en 1801 par Alexander Hamilton, un des pères fondateurs de la révolution américaine. Le journal, dont la ligne éditoriale a beaucoup varié au cours des années au gré des changements de propriétaire, est l’un des plus anciens des Etats-Unis à être toujours en activité. Il fut finalement racheté en 1976 par Rupert Murdoch, un magnat de la presse d’origine australienne, qui transformera le journal en un nouveau tabloïd conservateur, inspiré par les tabloïds britanniques du milliardaire, comme The Sun, sous le nom raccourci de New York Post.

Traversez Vesey St, et admirez sur votre gauche la façade du Federal Office Building (ou 90 Church Street) typique des constructions des années 30, mélange de style néoclassique et d’influence art déco. Son rez-de-chaussée héberge un bureau de poste au style art déco, particulièrement bien conservé, que nous invitons vivement à visiter brièvement avant de poursuivre. Allez bien jusqu’au fond, pour bien voir les guichets d’époque. La richesse des décorations intérieures contraste avec la sobriété froide de la façade.

Rejoignez l’angle de Barclay St en continuant sur Church St. En face de vous sur votre droite, se dresse le Thirty Park Place, un gratte-ciel résidentiel de 282 mètres de haut pour 82 étages, qui malgré son look un peu rétro, fut inauguré en 2016. Tout le bas de la tour est occupé par un hôtel, le Four Seasons Hotel New York Downtown, alors que les étages supérieurs sont consacrés à des appartements de standing, du 2 pièces jusqu’au penthouse avec 6 chambres à coucher. Le gratte-ciel mit quasiment 9 ans à être construit, car sa construction fut lancée juste avant la crise immobilière puis financière de 2007-2008, qui bloqua les financement pendant près de 5 ans.

A droite derrière le Thirty Park Place, vous pouvez apercevoir l’arrière du Woolworth Building, point de départ de notre itinéraire. Et au loin dans l’enfilade de Church St, se trouve la silhouette étrange du 56 Leonard Street, dont les étages supérieurs sont comme posés en quinconce les uns sur les autres, ce qui lui valu le surnom de Jenga Tower (du nom du jeu d’adresse où l’on empile des pièces en bois le plus haut possible jusqu’à écroulement de l’empilage). Sa hauteur (250 mètres pour 57 étages) dans un quartier dépourvu de grands gratte-ciels, ainsi que son allure aisément reconnaissable en on fait un élément visuel très distinctif de la skyline du sud de Manhattan. Inauguré en 2017, les 145 appartements de cette tour résidentielle se sont vendus comme des petits pains, malgré un prix minimum de 3.5 millions de dollars. Le Penthouse occupant les étages supérieurs du gratte-ciel s’est même arraché pour 47 millions de dollars. Les ascenseurs de la tour desservent des paliers avec au maximum deux appartements par étage, et souvent un seul, l’ascenseur s’ouvrant alors directement à l’intérieur de l’appartement. 

Tournez à gauche dans Barclay St, pour rejoindre à l’angle de West Broadway le Silverstein Family Park, au pied du 7 World Trade Center. Au centre du square se trouve une fontaine qui remplace une sculpture de Jeff Koon, installée en 2006 puis retirée sans explication à la fin 2018. L’étonnante sculpture métallique laquée rouge vif, intitulée “Balloon Flower”, représentait une fleur faite avec un ballon de baudruche. L’immeuble de verre au pied duquel se dressait cette sculpture est le nouveau 7 World Trade Center, le premier des bâtiments reconstruits du site. L’ancien bâtiment, plus en longueur, débordait sur l’emplacement actuel du square qui n’existait donc pas à l’époque.

Il était communément admis que la sculpture était une don de Jeff Koon au site du World Trade Center en pleine reconstruction après les attentats terroristes du 11 septembre. Mais en 2008, une version couleur Magenta de la sculpture Balloon Flower de Jeff Koon fut adjugé pour 25.7 million de dollars lors d’une vente chez Christie’s, et en 2010, la même sculpture en bleu atteignait $16.9 million de $ au cours d’une autre vente aux enchères. Apparemment ces montants ont fait beaucoup réfléchir l’artiste, et en 2018, alors que la sculpture était envoyée dans un atelier pour voir son laquage métallisé rénové, on finit par comprendre qu’elle ne reviendrait pas. Le don était en fait un prêt, et apparemment l’artiste avait mieux à faire avec cette œuvre. Jeff Koon est un habitué des récupérations artistes sur fond de drames terroristes : en 2019, en hommage aux victimes des attentats du Bataclan, l’artiste annonçait faire don de son oeuvre “Bouquet of Tulips”, la Ville de Paris qui accepta avec moult remerciements. En fait de don, on comprit vite que l’artiste ne donnait que les “droits” sur l’œuvre, et qu’il fallait financer sa production et son installation, un “cadeau” finalement fort coûteux. Finalement, ce seront des donateurs privés qui paieront la facture, et la statue sera installée dans les jardins des Champs Elysées près de la place de la Concorde.

Longez le Silverstein Family Park pour rejoindre Vesey St où vous tournerez à droite, pour passer entre le One World Trade Center et le 7 World Trade Center. A l’angle de West St, sur votre gauche, vous trouverez l’entrée du One World Observatory, l’observatoire au sommet de la Freedom Tower, le point de vue le plus haut sur la ville. Le panorama est évidemment saisissant, de jour comme de nuit. Les choses ont été vraiment très bien faites : ascenseurs ultra-modernes, avec écrans LCD tout autour de vous et sous vos pieds, avec une simulation vidéo qui vous fait voyager dans le temps au fur et à mesure de votre montée (New York se construit sous vos yeux). L’observatoire lui-même est sur deux niveaux, avec une vue à 360 degrés sur la ville et le port de New York, et pleins d’autres surprises. Évidemment c’est cher (à partir de 38$ hors taxes, soit 47$ toutes taxes frais compris environ), mais c’est de notre point de vue le deuxième plus beau observatoire du Manhattan après le Summit One Vanderbilt. Nous conseillons la visite en fin de journée, un peu avant le coucher du soleil (vérifiez les heures du sunset à vos dates sur ce site), afin de profiter des lumières qui s’allument progressivement sur la skyline de Manhattan. Comptez au minimum deux heures pour monter et prendre le temps de profiter de la vue.

A noter dans l’angle sud-ouest de la tour, sur West St, la sculpture XO World offre de belles opportunités de photos, avec ses reflets métallisés-miroirs. En langage des signes, le X fait en croisant les avants bras est le symbole de l’amour, et le O (fait avec les deux mains comme si l’on passait ses mains sur un globe imaginaire) représente le monde. 

Maintenant, regardez en face de vous, de l’autre côté de West St : tous les bâtiments que vous voyez de l’autre côté de la rue, d’aussi loin que vous pouvez en apercevoir sur votre droite comme sur votre gauche, sont de construction relativement récente. En fait, tout l’espace recouvert par ces bâtiments n’existait pas il y a seulement 50 ans. A l’époque, de l’autre côté de cette rue, c’était l’Hudson River ! Devant vous se trouvaient des jetées et des quais d’accostage. Cette immense bande de terre de 37 hectares, s’étendant sur 1 kilomètre et demi de long a été gagnée sur le fleuve en utilisant les résidus résultant de la gigantesque excavation du site voisin du World Trade Center lors de sa construction.

Une fois construit, l’espace gagné sur la mer restera plus de 20 ans sans construction. Il servit alors pour des projets artistiques comme lorsqu’il fut ensemencé et transformé en champs de blé géant en bordure de Manhattan. Il accueillit également des concerts ou des manifestations géantes.

Enfin, une plage artificielle fut un temps installée sur la rive de l’Hudson River, au pied des tours jumelles du World Trade Center.

Cet ensemble gagné sur l’eau a été nommé Battery Park City, car il est dans le prolongement du Battery Park à la pointe sud de Manhattan. Le fait de gagner des espaces sur la mer n’est pas nouveau à Manhattan :  sur la pointe sud de Manhattan, il n’y a pas un seul point en bordure de l’eau qui existait lorsque les Hollandais s’installèrent sur l’île pour fonder la Nouvelle Amsterdam. 100% des espaces côtiers sont artificiels. Ainsi à la veille de la Révolution Américaine, dans les années 1770, la ville à peine vieille d’une centaine d’années n’avait déjà plus aucune de ses bordures côtières naturelles en dessous de l’actuel City Hall Park (à l’époque The Commons, le pré communal). Avant de s’étendre résolument vers le nord, puis en hauteur, la ville s’est d’abord étendue en gagnant du territoire sur les fleuves et la mer (vous trouverez un peu plus loin une carte vous indiquant les frontières naturelles de la pointe de Manhattan à l’époque coloniale). Battery Park City est donc un des quartiers les plus jeunes de New York, mêlant des immeubles d’habitation au nord et au sud, et des buildings de bureau au milieu, dans le prolongement de l’ensemble du World Trade Center. Le grand immeuble de verre qui vous fait face (sur la droite) en fait partie : c’est la Goldman Sachs Tower qui a été achevée en 2009. 

Traversez West St et continuez sur Vesey St en longeant la Goldman Sachs Tower, en direction du Irish Hunger Memorial.

 

DÉTOUR 1 (3 km) : les jetées de l’Hudson River et le Hudson River Park

Ce détour allonge très sensiblement l’itinéraire en ajoutant 3 kilomètres aux 9 kilomètres du tracé de base. Si vous pensez ne pas avoir le temps ou l’énergie, vous pouvez sans problème sauter ce détour. Vous pouvez également choisir de revenir faire cette portion de l’itinéraire en soirée, les vues sur l’Hudson River depuis les jetées du Hudson River Park étant vraiment magnifiques au coucher du soleil.

Après avoir dépassé la Goldman Sachs Tower, prenez à droite sur North End Way, un passage couvert qui longe le gratte-ciel. A l’angle de Murray St sur votre gauche, vous trouverez un Shake Shack.

Si vous avez une petite faim, vous pouvez en profiter pour faire un arrêt gastronomique dans cette chaîne considérée par beaucoup comme produisant le meilleur burger de New York. Prenez ensuite à droite sur Murray St, afin de revenir sur West St. En face de vous se dresse la tour du 111 Murray Street, un splendide gratte-ciel résidentiel de 241 mètres pour 58 étages, qui lance sa silhouette profilée et légèrement courbe dans le ciel de Manhattan. Tournez à gauche dans West St, et longez les terrains de baseball grillagés sur votre gauche, en suivant une portion de la Hudson River Greenway. Cet axe cyclable s’étend sur toute la longueur de l’île de Manhattan, soit plus de 10 km. Pour l’essentiel, la Greenway suit la rive de l’Hudson River, sauf sur la pointe sud de Manhattan où elle suit l’ancien tracé de la rive, entre Manhattan et Battery Park City. C’est le cas ici. Poursuivez donc le long de la Greenway, qui suit West St, jusqu’à la limite nord de Battery Park City, où la Greenway rejoint la rive de l’Hudson River. 

Continuez sur le même axe, en dépassant sur votre gauche un terrain de basket à hauteur de Harrison St, puis juste derrière, le Pier 25 Skate Park. Ne vous arrêtez pas encore à la Pier 25, et poursuivez jusqu’à la Pier 26. Au nord de la jetée, la Downtown Boathouse at Pier 26 héberge le programme de kayak gratuit sur l’Hudson River qui fonctionne durant tout l’été, de la mi-mai à la mi-octobre. Tous les jours, de 10h à 16h30, gratuitement et sans réservation, vous pouvez vous faire prêter des kayaks pour vous essayer à la pagaie sur l’Hudson River, le long de Manhattan. Le petit ponton juste derrière la Boathouse est le point de départ de l’activité.

Puis rejoignez la pointe de la Pier 26 où a été construit un étonnant Tide Deck, une terrasse surplombant une zone périodiquement immergé en fonction des marées, et où se développe un écosystème particulier des côtes rocheuses soumis à la fluctuation des marées. Des bancs et des chaises longues sont également installées et font face au panorama offert par la rive opposée de Jersey City, splendide notamment au coucher du soleil.

Puis allez explorer la jetée voisine, la Pier 25, son immense aire de jeux pour les enfants, son terrain de minigolf (tous les jours d’été de 9h à 21h, 10h-21h le week-end – 10$ par adulte 5$ par enfant – sans réservation), et ses 3 terrains de beach volley (sur réservation, 100$ de l’heure, 12 personnes par court maximum). A noter que les lundi, mardi et mercredi soir, les terrains de volley sont occupés par 3 clubs de beach volley : n’hésitez pas à retourner voir jouer les pros ! Également, à la pointe ouest de la jetée, un voilier transformé en bar à huître (oyster bar), le Grand Banks, est ancré. Vous pouvez y prendre un verre (comptez 5-10$ pour un soft drink, une dizaine de $ pour une bière, une vingtaine pour un cocktail), ou bien y partager un plateau d’huître (26$ environ la demi-douzaine) ou déguster un lobster roll (délicieux sandwich au homard, comptez 35$). C’est cher, mais on paye évidemment les lieux et la vue. A noter que la baie de New York abritait il y a deux siècles la plus grande réserve mondiale d’huîtres sauvages, avant qu’elles ne disparaissent complètement du fait de l’industrialisation et de la surexploitation (nous y reviendrons plus loin dans le circuit).

Puis poursuivez le long de l’Hudson River vers le sud, cette fois en pénétrant (et non plus en longeant) dans Battery Park City. Longez la North Esplanade pour rejoindre River Terrace, le long du Rockefeller Park. Dépassez l’angle de Warren St, puis prenez à gauche après le premier bâtiment, pour rejoindre le Teardrop Park, un espace aménagé entre une série d’immeubles résidentiels. En face de vous dans l’axe, la magnifique silhouette du 111 Murray Street se profile au loin. Partez à droite dans le parc, où une butte artificielle mène à un long toboggan qui descend sur un bac à sable pour les plus jeunes enfants. L’endroit est étonnamment calme et fréquenté quasi exclusivement par les locaux. Laissez-vous imprégner par l’ambiance reposante et proche de l’environnement naturel originel de l’île de Manhattan. Ressortez du parc sur Murray St, que vous prendrez sur votre gauche, puis tournez à droite sur North End Avenue qui vous ramènera au pied du Irish Hunger Memorial où vous reprendrez le cours du circuit principal.

Au bout de Vesey St se trouve une petite place au centre de laquelle se dresse l’étonnant Irish Hunger Memorial. Ce monument est dédié à la mémoire des victimes de la grande famine qui a tué 1 million de personnes en Irlande entre 1845 et 1852 et qui a provoqué la fuite de plus de 250 000 Irlandais chaque année vers les États-Unis au plus haut de la crise, dont la quasi-totalité transitèrent par New York (et dont beaucoup y restèrent).

Ces immigrants, très pauvres pour la plupart, accostèrent sur un ponton qui se trouvait à peu près à l’endroit où vous vous trouvez, pour démarrer une nouvelle vie. Le Mémorial est un étonnant morceau de lande celtique déposé au milieu des gratte-ciels de Manhattan, sur une dalle de béton inclinée. Le contraste est étonnant. Un îlot de verdure paisible d’où l’on peut voir les tours de verre et d’acier du World Trade Center et du World Financial Center si l’on regarde vers l’est, mais dont l’inclinaison fournit une fenêtre ouverte sur une terre lointaine qui se détache sur le ciel du New Jersey vers l’ouest. Aujourd’hui 800 000 New Yorkais revendiquent des racines irlandaises. 

Au-delà du Mémorial, un parc s’étend vers le nord en bordure de l’Hudson River. A sa pointe sud, l’embarcadère du Ferry qui permet de rallier le New Jersey.  En regardant par dessus l’Hudson River, vous verrez le New Jersey. Au sud, dans le prolongement du fleuve, la Statue de la Liberté et sur sa droite Ellis Island.

 

Longez l’Hudson River en direction du sud, jusqu’à la North Cove, un petit port de plaisance (le seul de Manhattan) qui héberge aussi bien d’impressionnants yachts de milliardaires (la marina est également surnommée “Monaco on the Hudson”) qu’une école de voile. 

Derrière l’esplanade qui donne sur la marina, le Brookfield Place et son Winter Garden, l’atrium de ce qui était autrefois aussi connu sous le nom de World Financial Center dresse ses immenses verrières. Entrez dans cet atrium, pour y admirer ses palmiers de 12 mètres de haut, sous une verrière haute de 10 étages. 

Aucune des 2000 vitres du jardin d’hiver n’a survécu au déluge de débris et au souffle de l’effondrement des deux tours jumelles en 2001, aussi la verrière dut-elle être entièrement rénovée. 

Le Brookfield Place héberge un excellent Food Court, le Hudson Eats qui rassemble une excellente sélection d’offres de restauration new yorkaise. Prenez l’escalator à droite en entrant pour rejoindre le Food Court. Vous y trouverez entre autre un Chop’t, la chaîne à la mode de salades sur mesure, un Mighty Quinn’s Barbecue, l’une des meilleurs enseignes de BBQ de New York (essayez le brisket et le pulled pork), et nombreuses autres enseignes, un peu chères mais fort appétissantes. 

Traversez le Brookfield Place jusqu’aux baies vitrées qui donnent directement sur le Mémorial du World Trade Center. Les deux tours jumelles se dressaient autrefois juste en face de vous. Descendez au rez-de-chaussée pour ressortir du côté du 9/11 Memorial. 

Prenez à droite sur West St, puis retraversez West St au niveau de Liberty St, puis une fois de l’autre côté, traversez également Liberty St. Là, un escalier permet de vous hisser sur le toit du World Trade Center Vehicle Security Center (le point d’entrée d’un réseau de tunnels permettant d’alimenter l’ensemble des bâtiments du World Trade Center ) où a été aménagé le Liberty Park. Une fois en haut des escaliers, retournez-vous vers le 9/11 memorial et observez l’ensemble du panorama que vous avez déjà parcouru : sur votre gauche, le Brookfield Place que vous venez de traverser. En face de vous à gauche, le One World Trade Center domine le mémorial et les deux bassins indiquant l’emplacement exact des tours jumelles effondrées. Juste à droite du One World Trade Center, le 7 World Trade Center, le dernier immeuble à s’être effondré, et le premier reconstruit. Encore un peu plus à droite, au loin, dépasse la silhouette caractéristique du 56 Leonard St (la Jenga Tower), puis à sa droite, au dessus des ailes de l’Oculus, la tour du Thirty Park Place (qui héberge le Four Seasons Hotel New York Downtown et est localisé juste derrière le Woolworth Building). Enfin, encore un peu plus à droite le 3 World Trade Center puis le 4 World Trade Center. Et si vous vous retournez vers la droite, un gratte-ciel très étroit mais très haut domine le reste de la skyline. Il s’agit du 125 Greenwich Street qui fait partie de ces pencil towers (appelé également super-slender ou super-slim towers), des gratte-ciels très fins et très hauts, qui ont poussé comme des champignons sur Manhattan ces dernières années, notamment autour du sud de Central Park et de Union Square. Destinés à un usage résidentiel, ils offrent des appartements qui peuvent occuper la moitié voire la totalité de tout un étage, avec des vues panoramiques impressionnantes sur la ville depuis toutes les pièces. Le 125 Greenwich Street va même encore plus loin dans le concept, car il est dépourvu de piliers intérieurs : chaque étage ne repose que sur l’assise de deux des murs extérieurs qui jouent le rôle de squelette architectural à l’ensemble du bâtiment. Ceci permet évidemment une architecture intérieure dépourvue de toute contrainte : aucun mur porteur à l’intérieur du bâtiment, aucun pilier. Et afin que chacun puisse profiter des vues depuis les étages les plus élevés, au lieu d’y installer des penthouses ultra luxueux et coûtant plusieurs dizaines de millions de dollars, les 3 derniers étages sont réservés aux parties communes de la résidence, avec des salles de sport et des salons partagés offrant des vues inégalées sur Manhattan comme l’attestent les plaquettes publicitaires vendant le projet : 

Mais à l’heure où nous écrivions ce guide (septembre 2022), le gratte-ciel, sorti de terre en 2017, n’était toujours pas totalement terminé, la société qui le finance ayant fait faillite entre temps. 

Revenons au Liberty Park : dans l’alignement du 125 Greenwich Street, juste en face de vous,  se trouve la World Trade Center Sphere. Cette sculpture monumentale en bronze fut installée en 1971 sur la plaza juste entre les deux tours jumelles du World Trade Center. 30 ans plus tard, les deux tours frappées par les attentats terroristes du 11 septembre s’effondraient sur The Sphere. La sculpture de 40 tonnes fut retrouvée à peu près intacte au milieu des décombres de ground zero, et sera la seule œuvre d’art récupérée entière sur l’ensemble du complexe du WTC. Elle sera installée un temps à Battery Park, puis en 2017 à son emplacement actuel définitif, sans avoir subi de restauration. 

Elle porte donc encore les stigmates des attentats (notamment sur la partie supérieure, partiellement éventrée) et est devenue un mémorial informel. A noter qu’à son emplacement d’origine, elle était montée au milieu d’une immense fontaine circulaire et tournait lentement sur elle-même (1 tour toutes les 15 minutes). Et si vous vous posez la question, la sculpture est censée évoquer une cariatide, une statue féminine grecque soutenant une structure sur sa tête (à la manière d’une colonne).

A droite de The Sphere, un chemin rejoint un second mémorial à l’histoire toute aussi extraordinaire : le America’s Response Monument. Cette sculpture en bronze coulée en 2011 représente un soldat des forces spéciales, équipé d’un fusil d’assaut, et monté sur une cheval. Elle rend hommage aux premiers soldats à avoir répondu sur le front afghan aux attaques terroristes, et notamment à la Task Force Dagger. Dans le secret le plus total, 49 jours après les attentats, un commando des forces spéciales américaines était infiltré de nuit en Afghanistan par hélicoptère, pour une mission en autonomie prévue pour au moins un an. Après avoir pris contact avec la résistance afghane aux Talibans, ils demandèrent un moyen de locomotion pour rejoindre les zones de combat dans les montagnes. Leurs contacts leur fournirent des chevaux afghans, le seul moyen de transport possible et disponible dans ces régions très escarpées et dépourvues de route. Seuls 2 soldats sur 12 avaient une expérience de cavalier, et entreprirent une formation rapide pour le reste du commando. Aucune unité de combat de l’armée américaine n’avait plus utilisé de chevaux depuis la seconde guerre mondiale. 

Dans les jours qui suivirent, le commando rejoint les troupes de la Northern Alliance, combattant les Talibans, afin de participer à un assaut décisif sur une de leurs positions. L’assaut combina une charge de cavalerie dantesque (la Northern Alliance disposait de 1500 cavaliers), épaulée par des tirs de bombes de l’US Air Force, guidée au laser par les commandos de la Task Force Dagger au sol. Ces derniers voyant la victoire leur échapper, partirent même au galop dans la bataille pour appuyer les afghans au sol et renverser la situation à leur avantage. C’est cet épisode pour le moins étonnant de l’histoire de la guerre moderne, mêlant techniques d’un autre temps et technologies de pointe qu’illustre cette sculpture. A la base du monument est gravé son nom officiel (“America’s Response Monument”) ainsi que l’inscription en latin “De Oppresso Liber”, qui est la devise des forces spéciales américaines (“libérer les opprimés”). Un morceau de métal provenant des décombres des tours jumelles est également enchâssé dans la base de statue.

Puis traversez le Liberty Park vers l’Est en direction de la St. Nicholas Greek Orthodox Church. Cette église moderne remplace l’église du même nom qui fut détruite par l’effondrement des tours jumelles.

L’architecture de la nouvelle église est d’inspiration byzantine, alors que le bâtiment d’origine n’avait pas vraiment le profil architectural d’une église, encore moins orthodoxe. Et pour cause, l’église avait été aménagée en 1919 dans une ancienne taverne rachetée par la communauté grecque orthodoxe de Downtown Manhattan. Elle fut entièrement détruite dans l’effondrement des deux tours, ainsi que l’ensemble de ce qu’elle contenait, dont des reliques sacrées de 3 saints orthodoxes (dont St Nicolas de Myre, le saint patron de l’église), qui avaient été données par Nicolas II, le dernier Tsar de Russie en personne. L’archevêque Demetrios qui dirige l’église orthodoxe grecque d’Amérique déclara que les reliques n’étaient pas perdues, mais que dispersées dans les décombres des tours jumelles, elles avaient sanctifiée le site à tout jamais. La nouvelle église n’est d’ailleurs pas uniquement une église orthodoxe grecque : elle est officiellement un sanctuaire national ouverte à toutes les religions, offrant un lieu de prière et de recueillement à tous ceux qui visitent le site de Ground Zero.

Passez à droite de la St. Nicholas Greek Orthodox Church pour rejoindre les escaliers menant à Greenwich St. Juste avant les escaliers, sur votre droite, se trouve le Ann Frank Tree. L’arbre d’Anne Frank était un marronnier localisé à Amsterdam, et cité plusieurs fois dans le journal de la jeune déportée. Le haut de ce marronnier (et le ciel) était la seule chose qu’Anne Frank pouvait voir depuis la remise où elle était cachée avant d’être livrée aux Nazis. L’arbre, affaibli depuis des années, fut abattu par une tempête en 2010. Mais 5 ans auparavant, des marrons prélevés sur l’arbre avaient été plantés pour faire pousser de nouveaux marronniers issus de celui d’origine. Treize d’entre eux furent données à des musées, des écoles ou des parcs aux Etats-Unis, dont celui que vous avez devant vous.

Descendez les escaliers, puis prenez à gauche sur Greenwich St en direction de Liberty St. Sur le trottoir opposé sur Greenwich St, une immense fresque murale commémorative vous rappelle les lourdes pertes dans les rangs des brigades des pompiers de New York lors de l’effondrement des tours jumelles. Sur les 343 pompiers qui furent tués dans l’effondrement des tours, la plupart étaient encore en train de gravir les escaliers pour rejoindre les zones des crashs et évacuer les occupants des deux tours. Lorsque la première tour s’effondra, ordre fut donné d’évacuer la seconde tour, mais beaucoup des pompiers engagés dans les escaliers n’entendirent pas l’ordre d’évacuation et continuèrent leur ascension, jusqu’à l’effondrement de la tour Nord.

La fresque est installée sur le mur de la FDNY Ten House, la seule caserne de pompiers localisée à l’intérieur de Ground Zero. Situé au pied des tours jumelles, les hommes de la FDNY Engine 10 et de la FDNY Ladder 10 furent les premiers à pénétrer dans la tour sud frappée par un avion de ligne le matin du 11 septembre 2001. La compagnie perdra 5 hommes dans les attentats. 

Tournez à droite dans Liberty St, en longeant le 4 World Trade Center sur votre gauche. A l’angle de Church St et Liberty St, l’entrée du 4 World Trade Center mène à des escalators permettant de monter jusqu’au 3ème étage où se trouve le Eataly NYC Downtown, une épicerie fine italienne avec des stands de restauration proposant le meilleur de la gastronomie italienne. En descendant au contraire un premier sous-sol, on peut rejoindre le Gansevoort Liberty Market, un food court proposant une dizaine d’enseignes : cuisine péruvienne, poulet frit coréen, tacos mexicains, chicken katsu curry japonais ou encore poke bowl hawaiien, il y en a pour tous les goûts (compter généralement entre 10 et 15$ par plat, parfois un peu plus).

De l’autre côté de Church St, vous retrouvez le gratte-ciel d’acier noir du One Liberty Plaza, et à ses pieds le Zuccotti Park sur votre droite, et sa sculpture d’acier rouge aisément reconnaissable, intitulée “joie de vivre” (en français dans le texte). 

Cette esplanade est en réalité un espace privé mais ouvert au public 24h/24, appartenant au même lot que l’immeuble du One Liberty Plaza. Elle illustre parfaitement la manière dont les autorités municipales et les propriétaires des terrains marchandent les permis de construire (notamment en hauteur) pour concilier au mieux les intérêts privés et publics. Ici, la US Steel, ancien propriétaire des lieux qui fit construire cette tour, négocia un édifice plus élevé en échange de la création de cette esplanade qui amène un peu d’espace et de perspective dans les enfilades étroites du centre historique et financier. Le Zuccotti Park fut également l’épicentre du mouvement de protestation Occupy Wall St, en réaction à la crise financière de 2009 : occupé 24h/24 pendant de longues semaines, la justice finit par ordonner l’expulsion des campements pour des raisons de salubrité publique. 

En journée, notamment autour de midi, de nombreux food carts s’installent pour proposer des plats abordables aux cols blancs de Wall St qui descendent des buildings environnants pour se restaurer. Parmi les habitués du Zuccotti Park on trouve notamment les sandwichs méditerranéens de Sam’s Falafel, les sandwichs pitas grecs de Gyro House et les plats indiens copieux et délicieux du Biryani House Cart.

Traversez l’esplanade pour tourner à droite sur Broadway. A l’angle de Liberty St et Broadway, au pied du One Liberty Plaza, une sculpture en bronze représentant un businessman assis sur un banc et intitulée Double Check pourrait presque passer inaperçue.  Avant le 11 septembre, elle était installée directement dans le Zuccotti Park, et après l’effondrement des tours jumelles, la silhouette de cet homme assis sur un banc émergeant de la poussière et des gravats fut prise par erreur par de nombreux sauveteurs pour un rescapé des attentats. Ils furent ainsi nombreux à s’approcher de la sculpture pour tenter de lui venir en aide avant de comprendre leur erreur. Depuis la statue est devenue un mémorial informel pour les nombreux hommes d’affaires américains décédés dans l’effondrement des Twin Towers.

Regardez au nord sur Broadway, vous apercevez sur la droite le feuillage des arbres du City Hall Park, et vers le sud, dans l’alignement de l’avenue, le feuillage des arbres de Bowling Green Park. Vous êtes à mi-chemin de ces deux sites historiques datant des premières années de la ville. Poursuivez vers le sud jusqu’à Trinity Church, un des sites les plus anciens de New York. L’église actuelle date de 1846 mais la première église sur le site fut établie en 1697. Pour vous donner une idée de la transformation opérée dans le ville depuis 150 ans, considérez qu’en 1846, Trinity Church était le plus haut bâtiment de Manhattan. Vous pouvez visiter le cimetière où sont enterrés des Américains aussi fameux qu’Alexander Hamilton, un des pères de la Révolution Américaine, ou Fulton, l’inventeur du bateau à vapeur qui expérimenta sa première liaison motorisée sur l’Hudson River. Hamilton, avec Thomas Jefferson, est l’une des deux figures historiques les plus influentes et emblématiques de la culture politique américaine. Opposés dans leur conception du pouvoir, Jefferson l’emporta à court terme et sera l’architecte de la constitution américaine et de l’esprit de la nouvelle république, mais Hamilton marquera de son influence le long terme, et plantera les germes de ce que deviendra l’Amérique une fois qu’elle se sera lentement éloignée des valeurs fondamentales posées par Jefferson et la Constitution.

Prenez ensuite la rue qui fait face à Trinity Church : c’est Wall Street qui abrite le New York Stock Exchange, la bourse de New York et la place boursière la plus connue au monde (enfin, techniquement, le New York Stock Exchange n’est pas sur Wall St, mais sur Broad St, proche de l’angle de Wall St, même s’il existe une entrée secondaire au 11 Wall St). Le lieu est depuis le 11 septembre incroyablement sécurisé comme vous pourrez le constater. Sur votre gauche à l’angle de Broad St, dans l’angle opposé à la bourse, le Federal Hall National Memorial se tient sur le site de l’ancienne Mairie de la ville, qui fut transformée en siège du gouvernement fédéral quand George Washington fut élu premier président des États-Unis en 1789. C’est du haut du balcon de cet édifice aujourd’hui détruit qu’il prêta serment d’allégeance à la constitution. New York fut donc pendant deux ans, la première capitale fédérale des États-Unis d’Amérique. C’est Jefferson (alors State Secretary, ministre des affaires étrangères) qui imposa le déplacement de la capitale vers le sud, à Washington D.C. face au New Yorkais Hamilton, car il voyait d’un très mauvais œil la présence du pouvoir politique fédéral au cœur de la ville qui allait devenir la capitale économique et financière du pays. On peut visiter l’édifice actuel, qui est géré par le National Park Service. L’entrée est gratuite mais le bâtiment est fermé le week-end. Plusieurs expositions permanentes retracent l’histoire des bâtiments sur cet emplacement, l’importance de George Washington dans la révolution américaine et la naissance de la nouvelle nation, les débuts de la constitution américaine et du gouvernement fédéral. On y trouve notamment la bible sur laquelle Washington prêta serment lorsqu’il fut élu premier président de la jeune république. Si vous rentrez à l’intérieur du bâtiment, jetez un œil aux frontons des portes principales : vous constaterez que nombre de ces frontons sont parcourus de larges fissures. Ces fissures sont dues à un défaut dans les fondations du bâtiment, mais aussi à l’onde le choc de l’écroulement des tours jumelles le 11 septembre 2001. L’aggravation soudaine de ces fissures après les attentats a conduit à la restauration anticipée des fondations pour stopper la détérioration de la structure du bâtiment. 

Un peu plus bas sur Wall St, une immense tour domine le Federal Hall Building :  le 40 Wall Street est un gratte-ciel bâti en 1930, qui fut le plus haut building au monde pendant … moins de deux mois : conçu pour dépasser le Woolworth Building, détenteur du titre depuis 1910, les architectes avaient dessiné l’immeuble pour dépasser de 50 centimètres la hauteur annoncée de la Chrysler Tower qui était en construction au même moment à l’autre bout de la ville. Mais les architectes de la Chrysler Tower avaient caché le fait que leur tour devait être coiffée d’une impressionnante flèche de 38 mètres, assemblée en usine hors site puis acheminée à l’aide d’une grue au sommet du building. Cette flèche propulsa la Chrysler Tower loin devant le 40 Wall Street. Victoire de courte durée :  un an à peine plus tard, l’Empire State Building reprenait le flambeau en dépassant de 100 mètres la hauteur du 40 Wall St. Il faudra attendre la construction à New York dans les années 60 du Wall Trade Center pour que l’Empire State Building soit de nouveau dépassé. Mais il faudra encore attendre les années 2000 pour voir d’autres gratte-ciels défier la hauteur de l’Empire State. Nous repasserons au pied du 40 Wall St un peu plus tard dans le circuit. 

En face du 40 Wall Street et du Federal Hall Building, se trouve le 23 Wall St, à l’angle de Wall St et Broad St. Le bâtiment de 4 étages contraste avec ses voisins qui s’élèvent vers le ciel autant que possible. Le building est également connu sous le nom de House of Morgan. Ce fut longtemps le siège social de la J.P. Morgan & Co, l’empire financier fondé par John Pierpont Morgan (ou J.P. Morgan). Après avoir pris le contrôle de la banque fondée par son père et quelques associés, la Drexel, Morgan & Co., après leurs décès respectifs, J.P. Morgan entreprit de restructurer l’établissement bancaire et d’en faire l’un des plus grands empires financiers américain. Il fit démolir le siège social de la Drexel, Morgan & Co, connut sous le nom de Drexel Building, un immeuble de 7 étages se style second empire (avec ses toits mansardés) localisé au 23 Wall St, pour construire le siège de la J.P. Morgan & Co qui prenait sa succession. Étrangement, alors que tout le monde faisait la course à l’édifice le plus haut, J.P. Morgan choisit de reconstruire plus bas, avec un édifice de seulement 4 étages, et un style plutôt modeste.

Il fera néanmoins au cours de sa vie du 23 Wall St (qu’on surnomma bientôt la House of Morgan), le cœur d’un formidable empire financier, investissant massivement dans les chemins de fer et l’acier. A sa mort, il légua un conglomérat valant plus de 2 milliards de $, qui sera démantelé dans les années 30 en 3 sociétés distinctes, après le vote du Glass–Steagall Act, une loi anti-trust obligeant la séparation des activités de banque commerciale et de banque d’investissement. A noter également qu’en 1920, le bâtiment qui symbolisait probablement la puissance de la finance fut la cible d’une attaque terroriste sur Wall St : une carriole tirée par des chevaux et transportant 50 kg de dynamite, explosait à l’angle de Wall St et Broad St, propulsant plusieurs centaines de kilos de morceaux de ferrailles recouvrant les explosifs. L’explosion tua 30 personnes sur le coup, plus une dizaine de leurs blessures dans les jours qui suivirent. On ne retrouva jamais les commanditaires de l’attentat, qu’on attribue probablement à des mouvements anarchistes. On peut encore voir des traces de l’explosion sur la façade du 23 Wall St, sous la 4ème fenêtre sur la façade de gauche du bâtiment. Les éclats dans la pierre dûs aux projectiles métalliques n’ont volontairement jamais été réparés.

Tournez sur Broad St (en direction du sud) pour passer devant la façade du New York Stock Exchange : vous venez de franchir les limites de la Nouvelle Amsterdam et entrez maintenant dans la partie la plus ancienne de la ville. C’est en effet le long de l’actuelle Wall St qu’était à l’époque édifié le mur d’enceinte de la ville (qui donna son nom à la rue, la rue du mur, ou rue de la palissade). Ce mur s’étendait d’Est en Ouest, de la rive de l’East River à celle de l’Hudson River. Conçu pour protéger les habitants des incursions indiennes, ce mur fut d’une utilité limitée, car trop aisément contournable par les voies fluviales. 

La façade néo-classique du New York Stock Exchange au 18 Broad St date de 1903, même si la bourse est présente à cet emplacement depuis 1865. Le bâtiment fut plusieurs fois agrandi depuis. Le fronton sculpté représente le commerce (à droite) et l’industrie (à gauche). Derrière cette façade de temple grec se trouve le “main trading floor”, ce que l’on nomme traditionnellement le parquet ou la corbeille en France. C’est là que se pressaient les traders lorsque les cotations étaient encore faites à la criée. Si aujourd’hui cette salle de marché est bourrée d’informatique et d’écrans, elle était dotée lors de sa construction de 500 téléphones permettant aux traders de prendre les instructions de leurs clients. Même si aujourd’hui, les cotations sont électroniques, certaines traditions demeurent : la journée de trading démarre à 9h30 au son de l’opening bell, la cloche du Stock Exchange comme il y a un siècle. Elle ne se termine à 16h qu’avec une nouvelle sonnerie de la cloche, la closing bell. La bourse de New York reste de très loin la plus grande place de marché mondiale : avec 25 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, elle surpasse aisément la seconde bourse au monde, qui est le Nasdaq, la première place de marché entièrement électronique au monde, qui attire notamment les entreprises de nouvelles technologies. Le Nasdaq et ses 17 000 milliards de dollars de capitalisation boursière est également localisée à New York, ce qui fait de la ville le point central et incontesté de la bourse mondiale. A titre de comparaison, la bourse européenne qui fédère les plus grosses places de marché du vieux continent (dont la Bourse de Paris), l’Euronext pèse 6 milliards de dollars de capitalisation boursière, et la bourse de Shanghai, la plus importante de Chine, 7 milliards. 

Descendez Broad St jusqu’au croisement de Beaver St, et vous voilà au cœur de la ville bâtie par les colons hollandais à la fin du XVIIème siècle. Placez-vous à l’intersection des deux rues (Broad St et Beaver St) : au nord, sur Broad St, vous apercevez Wall St à l’angle de laquelle vous reconnaissez aisément le New York Stock Exchange. C’est comme nous venons de le voir la limite terrestre de la ville au nord, délimitée à l’époque par une haute palissade. Au-delà, c’était la campagne.

Tournez-vous maintenant vers le sud, toujours dans l’alignement de Broad St. Vous apercevez, au niveau des feux de signalisation, un édifice en briques rouges et brunes qui dépasse du côté gauche de la chaussée : c’est la Fraunces Tavern (que nous reverrons plus loin). Elle ne fut construite que lorsque la colonie tomba aux mains des Anglais, mais à l’époque hollandaise, ce bâtiment aurait été … dans l’eau. La berge de la Nouvelle Amsterdam se trouvait au niveau de la rue qui le précède, Pearl St, qui doit son nom (pearl street = rue des perles) au fait que ces berges étaient jonchées de coquilles d’huîtres. De fait,  la baie de New York était la plus grande réserve d’huîtres sauvages au monde. A la fin du XIXème siècle, il se vendait plus de 50 000 huîtres par jour au Fulton Street Market. On trouvait des vendeurs d’huîtres à tous les coins de rue, et les estaminets sur Canal Street proposaient les huîtres à volonté pour 6 cents. La croissance de la ville et la pollution finiront par avoir raison des huîtres de New York et la production finit par complètement disparaître dans les années 30. Reste encore le nom de cette rue pour en raviver le souvenir. 

La rue Broad St dans laquelle vous vous trouvez était plus large à l’époque (d’où son nom de Broad St, la grand rue). En fait, la majeure partie de cette rue était occupée par un canal qui permettait, depuis l’East River, de remonter par bateau jusqu’au cœur de la ville. Un canal adjacent permettait de poursuivre un peu vers l’ouest dans Beaver St.

Tournez-vous maintenant dans l’alignement de Beaver St et regardez vers l’est : l’immeuble à la corniche verte qui fait face au bout de la rue, se trouve à l’angle de Pearl St, Wall St et Beaver St. C’est dans ce même angle que le mur de Wall St rejoignait la rive de l’East River, marquant la frontière nord-est de la Nouvelle Amsterdam. Le nom de la rue se rapporte aussi à l’époque coloniale hollandaise : le Beaver, castor en anglais. C’est précisément pour la peau et la fourrure de cet animal que les Hollandais ont fondé la Nouvelle Amsterdam. C’est le récit du navigateur anglais Hudson, explorateur pour la compagnie des Indes hollandaises, premier occidental à avoir pénétré à l’intérieur de la baie, récit décrivant une terre foisonnant de castors qui entraîna les premières expéditions de marchands hollandais à la rencontre des Indiens Lenape pour troquer des peaux de castors. C’est dire la richesse que représentait cette fourrure que la nouvelle classe moyenne hollandaise en pleine expansion arborait à son col pour indiquer son statut social. Après quelques expéditions, un camp permanent fut installé sur l’actuelle Governor Island, juste devant la pointe sud de Manhattan. Puis en 1625, un petit village fut édifié par la compagnie des Indes Hollandaises, juste en face, sur la pointe de Manhattan, autour d’un fort en bois. La Nouvelle Amsterdam était née.

On retrouve également la figure du castor et les origines hollandaise de la ville dans le sceau officiel de la ville de New York : un marin et un indien Lenape encadrent les armoiries de la ville, à savoir les ailes d’un moulin et des barils de farines (New York reçut en 1674 un monopole sur la production de farine dans les nouvelles colonies), ainsi que deux castors. L’aigle fut rajouté après la Révolution Américaine pour remplacer la couronne britannique qui dominait auparavant les armoiries de la ville. 

Tournez-vous maintenant vers l’ouest, toujours dans l’enfilade de Beaver St. : les arbres que vous apercevez sont ceux de l’actuel Bowling Green Park, qui n’était autre que la place du village de la Nouvelle Amsterdam. Juste à sa gauche, le fort, et un bloc derrière, vers l’ouest, l’Hudson River. Depuis ce croisement de rues, vous apercevez donc de toutes parts les limites de la ville telle qu’elle existait à la fin du XVIIème siècle, un siècle avant la Révolution française ou américaine. Somme toute, une bien petite bourgade.

Après avoir fini ce tour d’horizon à 360 degrés, prenez à droite sur Beaver St en direction de Bowling Green, le plus vieux parc de New York. Si le nom de Bowling Green lui fut donné à l’époque coloniale anglaise – le parc était utilisé pour des jeux de quilles (bowling) sur gazon (green) – son existence remonte à l’origine hollandaise de la ville, puisqu’il constituait la place principale de la Nouvelle Amsterdam. Le lieu est chargé d’histoire : lors de la fronde de 1770 suite à la volonté du roi d’Angleterre d’imposer un surcroît de taxe sur la jeune colonie, les New Yorkais se montrèrent particulièrement virulents et furent les premiers à revendiquer haut et fort le principe “pas de taxation sans représentation” (les colonies américaines n’étaient pas représentées au parlement de Westminster à Londres, mais payaient des impôts). Quand le souverain céda, les New Yorkais reconnaissants érigèrent une statue équestre du roi qu’ils placèrent au centre du Bowling Green Park, ajoutant quelques années après une grille en métal qui délimite toujours le park aujourd’hui. Mais quelques années plus tard, la défiance remonta contre la tyrannie de l’Angleterre sur sa colonie, aboutissant à la déclaration d’indépendance, dont la lecture sur les prés des Commons motiva la foule à descendre sur Bowling Green via Broadway, afin de renverser la statue du souverain. Le métal qui la constituait fut fondu pour en faire des munitions dont les troupes continentales (les révolutionnaires) manquaient cruellement. On pense aussi que les montants principaux de la grille qui entoure toujours le parc étaient coiffés de pièces métalliques aux armoiries du roi (peut-être des couronnes, nul ne le sait plus aujourd’hui). Toujours est-il que ces pièces de métal furent également arrachées et on peut encore en percevoir la trace sur les poteaux de la grille tout autour du parc (ce qui reste de la grille étant entièrement d’époque).

A la pointe nord du parc, dans le prolongement naturel de Broadway, vous pouvez admirer le célèbre Charging Bull. Ce bronze de plus de 3 tonnes, œuvre de l’artiste Arturo Di Modica, ne fut pas commandité par la ville, mais déposé devant le New York Stock Exchange sur Broad St une nuit de décembre 1989 par l’artiste, sans autorisation préalable. Quand la ville décida de retirer cette œuvre d’art non autorisée, l’émoi fut si grand qu’il fut finalement décidé de la relocaliser un peu plus bas sur Broadway pour des raisons de commodité. Conçue après le mini Krach de 1987, la statue symbolise l’optimisme des marchés (un bull market est un marché orienté à la hausse et un comportement d’investissement bullish est marqué par un optimisme agressif et une confiance dans la croissance). Le Charging Bull est désormais considéré comme l’œuvre d’art la plus photographiée de New York. Frotter ses cornes, son museau mais également ses testicules proéminents est considéré comme portant chance …

En descendant Broadway vers le sud, en longeant le parc de Bowling Green, vous allez passer devant l’immeuble du One Broadway, juste à l’angle de Battery Place. Avant de nous intéresser à l’immeuble lui-même, regardez le trottoir à droite de l’entrée principale au 1 broadway. Vous trouverez, enchâssé dans le sol, la Ticker Tape Parade Strip du Maréchal Joffre, qui fut accueilli à New York le 9 mai 1917, soit un mois après la déclaration de guerre du Congrès américain signant l’entrée dans le premier conflit mondial des Etats-Unis aux côté des Anglais et des Français. Environ 150 mètres plus haut sur Broadway, juste avant le drugstore Duane Reade, vous pourrez également trouvé la Ticker Tape Parade Strip du Maréchal Pétain, honoré en 1931 en tant que commandant en chef des forces françaises pendant la Première Guerre Mondiale, et devant le 45 Broadway, celle du Général de Gaulle, célébré le 27 août 1945, quelques mois après la reddition sans condition de l’Allemagne nazie.

Mais revenons à l’immeuble du One Broadway. S’il accueille aujourd’hui les bureaux et une agence de la Citibank, de nombreux indices sur la façade dénotent du passé glorieux du bâtiment. Construit en 1884, sur l’emplacement de l’ancien quartier général de Georges Washington à New York, l’immeuble de bureaux fut occupé à partir de 1920 par la International Mercantile Marine Company, la société de transport maritime de JP Morgan, qui possédait la très célèbre White Star Line qui opéra sous ses pavillons les plus grands bateaux, dont le RMS Titanic. Contournez le bâtiment en tournant à droite sur Battery Place: sur la façade sud de l’immeuble, cherchez les sceaux des villes de Paris et Cherbourg, et notez les inscriptions au-dessus des deux portes d’entrée de ce qui est actuellement une succursale de la Citibank. Sur la porte de droite, la mention “First Class” et sur la porte de gauche, la mention ‘Cabin Class” sont là pour rappeler qu’à l’époque, les passagers en première classe n’avaient pas à faire la queue aux mêmes guichets que les passagers en classe économique. Pendant toute la première partie du 20ème siècle, la pointe sud de Manhattan, côté Hudson River, était le cœur de l’activité du transport de passagers transatlantique en paquebot. 

Au sud du parc, vous pouvez admirer l’impressionnant bâtiment des douanes (Alexander Hamilton U.S. Custom House), bâti au tout début du 20ème siècle, qui nous rappelle que New York fut longtemps le principal port des États-Unis, accueillant non seulement les immigrés qui vinrent en nombre d’Europe peupler l’Amérique pendant tout le 19ème siècle et la première moitié du XXème siècle, mais aussi et surtout des marchandises qui allaient inonder le pays, via le canal Erié (projet monumental qui relie l’Hudson River aux grands lacs) puis le chemin de fer.

Ce bâtiment nous rappelle aussi que jusqu’en 1913, les États-Unis n’avaient pas d’impôt fédéral sur le revenu : la quasi-totalité du budget fédéral était alors constituée par les taxes douanières, New York représentant à elle seule au milieu du XIXème siècle près de 75% des recettes budgétaires du pays. On comprend mieux la majesté de l’édifice aujourd’hui transformé en Musée des cultures amérindiennes (National Museum of the American Indian, fermé le week-end). Le musée est gratuit, d’un intérêt plutôt limité, car plus centré sur les cultures et arts indiens que sur leur histoire. Vous pouvez cependant pénétrer librement dans le bâtiment pour admirer l’immense rotonde qui accueillait à l’époque les activités publiques des douanes. Ce bâtiment se trouve également à l’emplacement exact du fort en bois de la Nouvelle Amsterdam, construit en bordure directe de la baie : Bowling Green était à cette époque, presque les pieds dans l’eau. Tout l’espace de Battery Park que nous allons traverser maintenant fut donc gagné sur la mer au début du XIXème siècle. 

Entrez dans Battery Park et prenez légèrement sur la droite pour rejoindre la statue de Giovanni da Verrazzano qui nous rappelle le destin français de la ville de New York. Car si la première colonie européenne sur la pointe sud de Manhattan fut la hollandaise Nouvelle Amsterdam en 1613, suite à la cartographie de la baie de New York par le navigateur anglais Henry Hudson en 1609 (Hudson laissera son nom à l’Hudson River qui longe Manhattan), c’est bien le navigateur italien Giovanni da Verrazzano qui avait le premier découvert la baie de New York en 1523, près d’un siècle auparavant. Son expédition périlleuse (seul un navire sur quatre atteindra les côtes de l’Amérique) passera à la postérité puisque son nom a été donné au Verrazano-Narrows Bridge, le pont suspendu qui relie Brooklyn et Staten Island. Mais ce que tout le monde a oublié, c’est que Verrazzano explorait l’Amérique du Nord pour le compte du roi de France, François 1er, et qu’il nomma ce nouveau territoire la Terre d’Angoulême (ou Nouvelle Angoulême), en référence directe à François 1er, qui fut duc d’Angoulême avant d’être roi de France.

Rejoignez maintenant le Castle Clinton. Le nom du parc (Battery Park) provient des batteries de canons qui ceinturaient la côte à cet endroit et qui constituaient les premières lignes de défense de la ville dès sa création. Plus tard, ce simple alignement de canon sur la pointe de Manhattan évolua en un ensemble de forts assurant la protection du port de New York et l’accès à l’East River et l’Hudson River, avec un fort sur l’île de Governor Island que vous devriez apercevoir sur votre gauche en regardant vers le sud, et un fort sur un petit îlot rocheux à quelques dizaines de mètres de la berge de Manhattan. Le fort circulaire de Governor Island constituait l’East Battery, tandis que le fort juste à la pointe de Manhattan formait la West Battery.

Mais il est plus connu sous son nom actuel de Castle Clinton, et se tient aujourd’hui au beau milieu de Battery Park, le reste de la côte ayant depuis été gagné sur la mer. Il fut originellement construit sur un petit îlot rocheux séparé de la côte, avant que l’îlot ne soit gagné par l’extension progressive de la côte vers la baie. 

Bâtis au tout début du XIXème siècle, ces deux forts ne connurent jamais le combat et furent assez vite reconvertis pour d’autres usages : Castle Williams (East Battery sur Governor Island) servit de baraquement aux soldats pendant la guerre de sécession, puis de prison. Castle Clinton fut rapidement transformé en centre d’accueil pour les immigrés (des célébrités comme Harry Houdini, Nikola Tesla ou Joseph Pulitzer arrivèrent aux États-Unis par ses murs), fonction qu’il occupa jusqu’à la construction de Ellis Island, l’île/bâtiment que vous observez juste à droite de Liberty Island, le rocher qui héberge la Statue de la Liberté. Le Castle Clinton (à l’époque Castle Garden) fut alors reconverti en théâtre, puis au tournant du XXème siècle en aquarium (c’était alors l’une des attractions les plus visitées de la ville) avant d’être laissé à l’abandon pendant de longues années après la seconde guerre mondiale. Le bâtiment passa même à deux doigts de la démolition lors de la construction du tunnel qui rejoint Brooklyn en passant sous Battery Park, mais fut finalement sauvé et reconverti en National Monument. Le Castle Clinton tient son nom actuel de DeWitt Clinton, éminent Maire de New York puis Gouverneur de l’Etat de New York, qui fit édifier le Canal Erié, projet pharaonique achevé en 1825, qui, en permettant de relier l’Hudson River et les Grands Lacs, fit du port de New York le principal embarcadère de marchandises du pays et le centre économique de l’État naissant.

Le Castle Clinton (ou plutôt sa cour) se visite librement, et sert aujourd’hui principalement de portail d’accès au ferry qui permet de se rendre sur Liberty Island et Ellis Island. 

Continuez vers le sud, en traversant le Battery Bosque, un jardin aménagé au début des années 2000, avec notamment sur votre droite une fontaine / splash pad où les enfants (et les plus grands) peuvent se rafraîchir en été. Juste derrière le East Coast Memorial est un monument dédié aux nombreux soldats de la marine américaine tombés pendant la bataille de l’Atlantique, durant la seconde guerre mondiale. Enfin, le Seaglass Carousel est un manège original, tout en verre et usant de jeux de lumière pour simuler un univers sous-marin extraordinaire.

Pour voir de plus près la Statue de la Liberté qui fait face au Battery Park, deux options s’offrent donc à vous : 

Première option : les Statue Cruises (payantes et avec réservation à l’avance obligatoire) permettent de se rendre à la fois sur Liberty Island, pour approcher la Statue de la Liberté de très près, et sur Ellis Island, aujourd’hui transformé en musée de l’immigration. Autrefois, on pouvait prendre des billets spéciaux pour entrer à l’intérieur de la statue et monter jusque dans la couronne, mais cette option n’est plus disponible depuis le Covid et pour une durée indéterminée à l’heure où nous écrivons ce guide. Il reste la possibilité de rentrer à l’intérieur du piédestal, mais c’est nettement plus limité et nous ne conseillons pas forcément cette option. L’escapade prend un certain temps : attente du Ferry, traversée pour Liberty Island, visite du petit (mais très beau) musée de la Statue de la Liberté, photos autour de la Statue, reprise d’un nouveau Ferry, arrêt possible (mais pas forcément recommandé) à Ellis Island et visite du Musée de l’Immigration, retour en Ferry : il faut compter 2 à 3 bonnes heures au minimum, une petite demi-journée. C’est une option qui ne manque pas d’intérêt, mais si vous n’êtes sur New York que pour quelques jours, nous lui préférons aisément la seconde option. Et si vous avez plus de temps, nous conseillons d’intégrer plutôt la visite de la Statue de la Liberté avec une escapade sur Jersey City (cf notre circuit 6).

Seconde option : vous pouvez prendre le ferry (gratuit) pour Staten Island, qui passe juste devant Liberty Island, et permet également d’avoir une vue saisissante sur la pointe sud de Manhattan au départ et à l’arrivée. Le ferry opère 24h/24. Il est nécessaire de descendre du Ferry à Staten Island pour remonter dans le ferry suivant pour revenir sur Manhattan. Au retour, si le temps le permet, la plate-forme inférieure à la poupe du ferry est ouverte et offre le meilleur point de vue pour admirer la skyline de Manhattan. Essayez d’éviter les heures de pointe (début de matinée et fin d’après-midi) quand les résidents de Staten Island empruntent en masse le ferry pour aller ou rentrer du travail. Les meilleures vues sur la Statue de la Liberté sont évidemment de jour, mais prendre le ferry (pourquoi pas une seconde fois) à la tombée du jour offre un spectacle saisissant alors que la ville s’allume progressivement sous vos yeux.

 

Quelques mots sur la Statue de la Liberté : l’idée de construire un colosse dans le port de New York germa de notre côté de l’Atlantique. Les premières discussions entre Edouard de Laboulaye, homme politique républicain français et Auguste Bartholdi, sculpteur alsacien lui aussi très attaché à la République datent de la fin du règne de Napoléon III mais le projet fut réellement lancé au lendemain de la défaite française dans la guerre franco-prussienne de 1870. La France, doublement affaiblie par la défaite militaire et le renversement de Napoléon III, connaît un passage chaotique lors du soulèvement parisien de la Commune : l’aspiration partagée au retour au calme, la crainte du désordre insurrectionnel et révolutionnaire pousse la majorité des Français à une certaine défiance vis à vis de la République, et les premières élections accouchent d’un parlement où les royalistes sont très largement majoritaires, mais heureusement partagés entre légitimistes et orléanistes. Dans ce contexte, les Républicains comptent leurs maigres forces et redoutent le retour de la monarchie. Edouard de Laboulaye, cherchant un projet pour fédérer les bonnes volontés républicaines en France, décide de lancer la construction d’un colosse célébrant la liberté qui pourrait être dressé dans le port de New York, dans la jeune république américaine. Bartholdi qui avait déjà travaillé sur un projet d’un immense phare pour le canal de suez qui aurait pris la forme d’un colosse comme celui de la Rhodes antique, dessinera le modèle. Tous deux espèrent, en célébrant la République outre-atlantique, refédérer un front républicain en France. Ils choisissent le jeune et brillant ingénieur Gustave Eiffel pour créer l’armature métallique de la statue, et identifient un petit îlot bien placé dans le port de New York pour recevoir le futur colosse, qu’on espère pouvoir inaugurer le 4 juillet 1876, un siècle après la déclaration d’indépendance américaine. Par un appel aux dons, c’est le peuple français républicain qui est sollicité pour financer la construction de la statue, tandis que les Américains financeront la construction de l’immense piédestal. Le projet pris vite du retard par rapport aux objectifs, et quand il fut clair que la date du 4 juillet 1876 ne saurait être atteinte, Bartholdi pressa la construction de la seule main tenant la torche, et la fit exposer à Philadelphie lors de l’exposition pour le centenaire de la déclaration d’indépendance. Le succès fut manifeste, mais il faudra attendre que l’éditeur du New York Post, Joseph Pulitzer, prenne l’initiative d’une grande souscription nationale pour réunir enfin les fonds suffisants pour achever ce grand projet : Pulitzer promis de publier dans son journal le nom de tous les souscripteurs, aussi faible soit leur contribution. 120 000 répondirent à l’appel. La statue fut entièrement construite en France, à Paris, avant d’être démontée entièrement et envoyée par bateau à New York. Ce n’est finalement qu’en Octobre 1886, 10 ans après la date initialement escomptée que fut inaugurée l’oeuvre intitulée “La Liberté éclairant le monde”, scellant l’amitié de toujours entre les peuples français et américains : de fait, la plaque commémorative sur le piédestal rappelle que la Statue est un cadeau du peuple de la République Française en l’honneur de l’alliance des deux nations pour obtenir l’indépendance des États-Unis d’Amérique, et qui atteste de l’amitié éternelle entre les deux peuples.

Edouard de Laboulaye aura finalement gagné son double pari, même s’il mourut trop tôt pour pouvoir assister à l’inauguration : la Statue fut bien construite, et la République survécut aux assauts monarchiques. Les monarchistes pourtant majoritaires à la chambre mais incapables de se mettre d’accord sur un nouveau souverain, et persuadés que le gouvernement qui devrait entamer la difficile reconstruction du pays après la défaite de 1870 serait impopulaire, laissèrent s’installer provisoirement une 3ème République, dont le rapide succès acheva de convaincre les Français de la solidité du modèle républicain.

Une fois que vous aurez bien dépassé Liberty Island avec le Ferry, passez de l’autre côté du Ferry et regardez vers le sud : le passage maritime entre Brooklyn et Staten Island forme The Narrows, qui relie la baie de New York à l’océan atlantique. Ce défilé (relativement) étroit assure une très bonne protection de la baie interne de New York contre la puissance de l’océan, faisant de cette baie un port naturel exceptionnel. La formation de cette baie est relativement récente et date de la dernière ère glaciaire (il y a 10 à 20 000 ans) : un vaste glacier empruntait l’actuel cours de l’Hudson River et venait se jeter dans l’océan. Techniquement, la baie de New York est un fjord, creusé par le glacier. L’île de Manhattan est une bande rocheuse directement dans l’axe du glacier, fortement érodée et recouverte de gros rochers déposés par le glacier dont on peut trouver des restes dans Central Park. Comme tous les fjords, la baie est très profonde, et peut accueillir les plus gros bateaux. Le défilé des Narrows qui a ouvert cette baie sur l’Atlantique a probablement été creusé par le glacier à la fin de la dernière glaciation, dans la bande de terre qui reliait à l’époque Staten Island à Brooklyn. Auparavant, le débouché principal de l’Hudson River passait de l’autre côté de Staten Island.

Le premier Européen à découvrir cette baie fut l’italien Giovanni da Verrazano en 1524, plus d’un siècle avant l’anglais Hudson. Mais Verrazano ne pénétra pas réellement dans la baie, jetant l’ancre au milieu des Narrows, où il fut accueilli par une délégation de Lenape qui pagayèrent jusqu’à son bateau. Le pont que vous pouvez apercevoir relie Staten Island à Brooklyn et traverse les Narrows. Inauguré en 1964, il fut nommé Verrazano Narrows Bridge en hommage au navigateur italien, et reste le pont suspendu le plus long des États-Unis, après avoir été le plus long au monde à la date de sa construction.

Une fois revenu sur Manhattan, vous pouvez maintenant quitter Battery Park en rejoignant Water St (dont le nom indique que la berge de Manhattan longeait autrefois cette rue) que vous suivrez en direction de l’est.  

Au croisement de Broad St, vous pouvez voir sur votre gauche à l’intersection de Pearl St, la Fraunces Tavern que vous avez aperçue plus tôt. La première maison construite sur l’emplacement actuel de la Fraunces Tavern date de 1671 et était celle d’un des premiers maires de New York, le premier né dans la ville (donc d’ascendance hollandaise, mais sujet britannique de fait). 

Après avoir cédé la propriété à son beau-fils, ce dernier fit construire l’édifice que vous avez devant les yeux en 1719 avant de le vendre à Samuel Fraunces en 1762, pour le convertir en taverne, qui devint vite le lieu de rassemblement des patriotes américains, favorables à l’indépendance. Quand en août 1775 les indépendantistes américains s’emparèrent des canons de Battery Park, ils ouvrirent le feu sur un navire de guerre anglais qui répliqua en tirant sur la ville, et un boulet de canon perfora le toit de la Fraunces Tavern. Après la guerre, une fois l’indépendance acquise et que les dernières troupes anglaises eurent quitté la ville (bien tardivement, New York fut la dernière ville évacuée par l’armée britannique bien après la fin des combats), George Washington y tint son dîner d’adieu et y salua une toute dernière fois ses officiers de l’armée continentale. L’immeuble fut même un temps le lieu de réunion du Congrès avant que la constitution soit écrite et ratifiée. Quand Washington revint à New York en tant que premier président des États-Unis, et avant que la capitale fédérale ne soit déplacée à Washington D.C., l’édifice servit également de ministère des affaires étrangères, du trésor et de la guerre. Le bâtiment fut victime de nombreux incendies, réparé plusieurs fois, deux étages furent même ajoutés, si bien qu’on ne sait plus très bien aujourd’hui à quoi ressemblait l’édifice d’origine. Il accueille aujourd’hui une taverne, un restaurant et un musée qui expose de nombreux objets et peintures du New York colonial et révolutionnaire.

Revenez sur Water St et continuez vers le nord-est : juste avant l’immeuble du 55 Water St, sur votre droite, des escalators installés entre deux immeubles permettent de monter au Elevated Acre, un parc en terrasse qui donne sur l’East River. La vue est magnifique, le lieu étonnant et vous pourrez admirer le défilé des hélicoptères sur l’héliport installé sur la jetée à votre droite.

Redescendez par les mêmes escalators : en face de vous, de l’autre côté de Water St, un food court, le Urbanspace Pearl St permet de traverser l’immeuble et rejoindre Pearl St. Une vingtaine de stands de nourriture du monde constituent ce food hall. Tout est bien appétissant, mais les prix restent élevés, entre 10 et 20$ le plat. Traversez le néanmoins pour rejoindre Pearl St. Les immeubles en face de vous vous replongent directement dans le Downtown de la fin du XIXème siècle. Tournez à gauche dans Pearl St puis rejoignez l’angle de Coenties Alley. Sur votre gauche, vous trouverez une enseigne Insomnia Cookies. Cette chaîne de pâtisseries spécialisées dans les cookies préparés en continue tout au long de la journée, et vendues encore tièdes. Lancé à New York en 2003, leur marque de fabrique est de rester ouvert tard le soir (d’où leur nom). On en trouve maintenant aux 4 coins des Etats-Unis, principalement à proximité des campus universitaires qui constituent une grosse clientèle pour la marque. Les cookies sont bons et la carte est variée, mais un peu chers pour leur taille.

Dans l’angle opposé de l’intersection, sous l’arcade d’un immeuble moderne, vous trouverez une dalle de verre qui laisse transparaître les fondations d’une taverne plus ancienne encore que l’immeuble de la Fraunces Tavern, la Lovelace Tavern, datant de 1670. C’est durant les travaux de construction de l’immeuble Goldman Sachs du 85 Broad St dans les années 80 que ces vestiges furent exhumés. On crut un temps avoir découvert les restes du Staat Huys, le city hall de la Nouvelle Amsterdam (qui était également une taverne, ça ne s’invente pas), mais il s’agissait en réalité d’une structure voisine édifiée par le second gouverneur de New York, et qui eut également une double fonction officielle en tant qu’annexe du City Hall voisin, et commerciale en tant que taverne. Vous avez donc sous vos pieds les structures les plus anciennes du New York colonial parvenues jusqu’à nous. En bifurquant à droite le long de l’immeuble, toujours sous l’arcade, un peu avant Stone St, vous trouverez une plaque métallique représentant le plan de la Nouvelle Amsterdam, et marquant l’emplacement de l’ancien City Hall. 

Prenez ensuite à droite sur Stone St et parcourez une des plus anciennes rues de New York, une des rares encore pavées, aujourd’hui rue piétonne bordée de restaurants. A noter également, la Mill Lane  sur votre gauche aux deux tiers de Stone St : cette petite ruelle est la dernière section de la désormais disparue Mill St, la rue dans laquelle se trouvait le premier (et à l’époque unique) moulin de la Nouvelle Amsterdam.

Rejoignez l’angle de William St. Directement sur votre droite, l’immeuble du 1 Hanover Square héberge depuis 1914 l’India House, un club privé très sélect. Mais le bâtiment date de 1851 : construit pour abriter le siège de la Hanover Bank, il fut aussi le site de la création du New York Cotton Exchange en 1870, lorsque l’industrie du coton était à son apogée. 

Prenez à gauche sur William St et continuez jusqu’au croisement de Wall St. En chemin, à l’angle de Pearl St puis de Exchange Place se dresse sur votre droite le 20 Exchange Place, un gratte-ciel art déco de 1931, haut de 226 mètres pour 57 étages. La grande différence entre les gratte-ciels de Downtown et ceux de Midtown est l’absence de recul par rapport aux tours, dû au tracé des exiguës des rues : du coup, c’est à peine si on remarque ce géant de métal et de pierre.  Conçu pour héberger le siège social d’un trust bancaire et financier, il sera transformé en tour résidentielle dans les années 90. Sur le trottoire opposé, toujours à l’angle de Williams St et Beaver St, le Open Market est un deli proposant les petits-déjeuners les moins chers de Downtown : le breakfast sandwich avec un oeuf brouillé dans un bagel est à 1.99$ (1$ de plus pour deux oeufs ou fromage) ! Pensez-y si vous logez dans le quartier.

Poursuivez sur l’étroite William St jusqu’à l’angle de Wall St. Vous avez de nouveau atteint les anciennes limites de la Nouvelle Amsterdam. En regardant à droite dans l’alignement de Wall St, vous n’auriez été il y a 3 siècles qu’à 150 mètres de l’East River, qui coulait le long de l’actuelle Pearl St. Si maintenant vous regardez de l’autre côté sur Wall St, en direction du New York Stock Exchange et de Trinity Church que vous apercevez dans l’alignement de Wall St, le premier immeuble sur votre droite, qui porte l’inscription The Trump Building, est en réalité le 40 Wall St que nous avons déjà vu tout à l’heure quand nous étions à l’intersection de Wall St et Broad St.

Du fait de la faible largeur et de l’encaissement des rues du quartier, il est très difficile de se faire une idée précise de la taille de cette tour une fois à ses pieds. Cet immeuble dont la construction fut lancée en 1928 était destiné à être le plus élevé au monde, dépassant à la fois le Woolworth Building qui détenait le précédent record, et le Chrysler Building alors également en construction à l’autre bout de la ville. Pour assurer leur record, les ingénieurs travaillant sur le 40 Wall St (ou Bank of Manhattan Trust building) réhaussèrent leur projet de 3 étages en fin de chantier afin d’être sûrs de surpasser le Chrysler Building. Mais ce dernier fut coiffé in extremis d’une flèche (qui en fait par ailleurs toute la beauté), et ravit le titre de plus haut building au monde au 40 Wall St (qui ne détint le record que moins d’un mois). Évidemment, un débat virulent par presse interposée opposa architectes et commanditaires des deux immeubles pour savoir si la flèche du Chrysler Building devait ou non être incorporée dans la taille totale de l’immeuble, mais il fut de courte durée : à peine 11 mois plus tard, l’Empire State Building dépassait très largement les deux prétendants, réglant définitivement la querelle. Au cours des années, le gratte-ciel se dégrada faute d’un entretien suffisant, et à la fin des années 80, les bureaux étaient pour la plupart inoccupés, le coût des restaurations nécessaires pour les remettre en état et aux normes du temps étant trop important pour ses propriétaires de l’époque. Finalement, en 1995, ce sera Donald Trump qui obtiendra de louer la tour pour une somme relativement modeste, en échange de l’engagement de le rénover entièrement. Dans le cadre du bail, la tour fut renommée The Trump Building, même si Donald Trump n’est pas le propriétaire des murs, mais en a l’usufruit.

Pour rejoindre Pine St, au lieu de continuer sur William St, nous vous proposons plutôt de traverser l’immeuble du 60 Wall St dont l’impressionnant atrium est ouvert au public en semaine. A cause des mesures de sécurité depuis le 11 septembre, il y a de moins en moins de buildings dont les halls sont ouverts au public (ce qui est bien dommage, car cela a toujours été une tradition à New York), donc autant en profiter lorsque cela est possible. Une fois traversé le bloc via l’Atrium, vous débouchez sur Pine St et vous prendrez sur votre droite. 

Au-dessus de vous sur votre gauche se dresse le 70 Pine St, un autre building d’exception de la période Art Déco. La rue est tellement étroite qu’il est vraiment difficile de se rendre compte de la forme de cette tour. Approchez-vous de son entrée : entre les deux séries de portes, sur le pilier de séparation, juste au-dessus du niveau des portes, une miniature de la tour a été intégrée dans la décoration Art Déco et vous permet de mieux vous rendre compte de son architecture générale. Et si vous regardez attentivement sur le côté de la miniature (qui est représentée à un angle de 90 degrés par rapport à la position effective de la tour), vous verrez qu’elle intègre elle-même une miniature de la miniature.

Achevée en 1932, elle était le 3ème plus grand gratte-ciel au monde juste derrière l’Empire State Building et le Chrysler Building, et juste devant son voisin du 40 Wall St. La tour étant relativement étroite par rapport à sa taille, il n’y avait pas beaucoup d’espaces pour les ascenseurs, aussi furent installés des ascenseurs à double niveau, desservant simultanément deux étages (double deckers). Encore récemment, l’immeuble appartenait à la société d’assurance AIG, jusqu’à son naufrage dans la crise des subprimes. Contrairement à Lehman Brothers qui fit faillite le 15 septembre 2008 dans l’effondrement des valeurs immobilières, AIG fut la première société à échapper à la faillite et à bénéficier d’un plan de sauvetage de la Réserve Fédérale, le 16 septembre 2008, soit 24h après la chute de Lehman Brothers. Malgré le sauvetage, AIG dut se séparer de nombreux actifs dont cet immeuble, cédé pour 105 millions de $ à un promoteur pour le convertir en immeuble d’habitation. La somme peut paraître faible quand on connaît le prix de construction des projets de tours résidentielles dans Manhattan, qui dépassent le milliard de $, mais le coût de rénovation pour convertir l’immeuble est évidemment énorme et à prendre en compte. L’immeuble dispose d’un observatoire art déco offrant une vue absolument exceptionnelle sur la ville, qui n’avait jamais été ouvert au public : dans le cadre des récentes rénovations, un restaurant, Saga (dont le menu est à près de 300$ par personne), s’est installé dans le 64ème étage de la tour, avec une terrasse extérieure. Juste au-dessus, un bar, le Overstory occupe un étage, et dispose d’une terrasse extérieure faisant tout le tour du bâtiment. Enfin, au tout dernier étage, l’observatoire Art Déco doit prochainement rouvrir comme une extension du restaurant Saga.

Continuez sur Pine St jusqu’à South St et aux voies sur berge (une sorte de voie express surélevée). Prenez sur votre gauche sur South St et rejoignez l’angle de John St. Si vous êtes avec de jeunes enfants, vous pourrez alors vous arrêter un moment à l’Imagination Playground, un petit jardin transformé en parc de jeu expérimental assez étonnant : sable, jets d’eau (l’été), blocs de construction en mousse, toboggans et structures d’escalade, tous les enfants pourront y trouver leur compte et faire une petite pause avant de continuer. A noter que lors des travaux pour la création de ce parc, on a retrouvé dans le sous-sol les restes de deux quais en bois. Vous entrez en effet dans le quartier du South Street Seaport, sur la rive de l’East River, une rive qui n’a cessé d’être repoussée plus loin dans la rivière au fil des années.

Sur la carte ci-dessus qui date du XVIIIème siècle, le travail d’extension de la ville au-dessus des fleuves avait déjà commencé. Si Water St était bien la limite naturelle de Manhattan sur l’East River, toute la zone surlignée en bleu sur la carte avait déjà été gagnée sur l’eau. Auparavant, la rive de l’East River était au niveau de l’actuelle Pearl St (Queen St sur cette carte pré-révolutionnaire de 1766). L’extension au-dessus de l’eau se faisait généralement par la construction de jetées s’avançant au-dessus du fleuve, pour permettre l’accès aux bateaux. Puis, des années plus tard, l’espace entre deux jetées était rempli avec de la terre, des rochers, des détritus, tandis que les jetées étaient prolongées un peu plus loin au-dessus de l’eau. L’Imagination Playground est construit sur un quai qui n’apparait pas encore sur la carte ci-dessus, car un peu postérieur. Le lieu était connu comme le Burling Slip. Un slip était une partie des quais qui s’enfonçait à l’intérieur des terres pour permettre aux bâteaux d’accoster directement le long des rues, et non au bout d’une jetée. Sur la carte ci-dessus, vous pouvez repérer plusieurs d’entre eux, dont le Beckman’s Slip, à la lisière de la zone surlignée en bleu. Le Burling Slip, au-dessus duquel vous vous trouvez, était juste à droite du Beckman’s Slip, mais un bloc plus avancé sur la rivière (car postérieur à cette carte).

Traversez South St en passant sous la voie express (FDR drive), et rejoignez la Pier 16 qui fait partie du South Street Seaport Museum. Deux bâteaux historiques y sont amarrés en permanence et on peut les visiter gratuitement (mais un billet à réserver en ligne est néanmoins requis, cf plus loin). Le premier, sur votre droite, est le Wavertree, un splendide trois mâts conçu en 1885 en Angleterre pour le transport de marchandises.  Après avoir opéré pendant deux ans pour le transport de la jute entre l’Inde, où elle était produite, et l’Écosse, où elle était filée et tissée, le bateau bascula dans une activité de tramping. Le tramping consiste à prendre un chargement quelconque à destination d’un port, puis arrivé dans ce port, trouver une autre cargaison à prix intéressant à véhiculer dans un troisième port, et ainsi de suite, sans plan de navigation préalablement établi, en profitant des offres les plus intéressantes se présentation à chaque étape. Il fit alors le tour du monde pendant une vingtaine d’années, passant par le port de New York en 1896. Puis après avoir démâté lors d’un passage mouvementé du Cape Horn, le navire fut vendu sur place plutôt que réparé : il servit d’entrepôt flottant au Chili, puis de barge pour transporter du sable sur les fleuves à Buenos Aires, en Argentine. L’ancien voilier sera finalement acheté par le South Street Seaport Museum en 1968 et restauré pour retrouver l’allure de sa jeunesse. Le second bâteau amarré à la Pier 16 est le Lightship Ambrose, un bateau phare des US Coast Guards construit en 1908, et qui servit de phare flottant à l’entrée de la baie d’Hudson jusqu’en 1932. La baie d’Hudson est composée de deux baies successives. La Upper Bay dans laquelle se trouve Manhattan est séparée de la Lower Bay par un détroit étroit, les Narrows (aujourd’hui traversée par le Verrazano-Narrows Bridge). Pour entrer dans la Lower Bay depuis l’Océan Atlantique, on emprunte le Ambrose Channel, un couloir maritime dont l’entrée était marquée la nuit par un phare flottant. Il est possible de visiter le Lightship Ambrose gratuitement dans le cadre d’une visite guidée d’une demi-heure. La réservation préalable est obligatoire. La flotte du South Street Seaport Museum comprend également deux autres bâteaux : le Schooner Pioneer est une goélette de 1885, utilisée à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle pour le transport de marchandise, qui propose des escapades à voiles dans la baie d’Hudson et le port de New York. Le prix est de 50$ par personne (70$ pour la sunset cruise au coucher du soleil), et les participants sont invités à participer aux manœuvres en hissant les voiles etc. sous la direction du skipper. Et enfin le Tugboat W. O. Decker, un remorqueur en bois datant de 1930, construit à Long Island City et originellement équipé d’un moteur à vapeur avant d’être rééquipé d’un diésel. Il opère des visites de la baie, jusqu’à la Statue de la Liberté, Ellis Island et Liberty Island pour une trentaine de $ par personne.

Poursuivez ensuite vers le nord le long des berges aménagées de l’East River jusqu’à la Pier 17. C’est ici que se trouvait autrefois le Fulton Ferry (dans l’alignement de Fulton St). En fait, l’emplacement fut utilisé pour opérer un ferry depuis l’époque coloniale anglaise. Mais c’est Robert Fulton qui allait changer la face de New York. Né dans une ferme de Pennsylvanie en 1765. Démarrant à Philadelphie une carrière de peintre, le jeune Fulton est aussi un passionné de mécanique et inventeur à ses heures perdues. A 23 ans, il embarque pour l’Europe et travaille en Angleterre dans la construction de canal, où il commence à expérimenter avec l’idée de construire des bâteaux à vapeur. Puis il déménage à Paris, et travaille pour Napoléon sur le prototype du premier sous-marin opérationnel au monde, le Nautilus. L’Empereur aurait souhaité utiliser un tel engin pour s’opposer à la supériorité britannique sur les mers du globe qui mettait un frein à ses ambitions. Finalement, Fulton retournera en Angleterre, et fournira à la Navy Britannique les premières torpilles. Mais après la bataille de Trafalgar signant la défaite définitive sur mer des français face à la marine britannique, Fulton ne se sentant plus d’une grande utilité, décide de rentrer aux Etats-Unis après 2 ans d’exil. Il développe alors la première compagnie de transport utilisant un bâteau à vapeur de son invention, sur l’Hudson River, en 1807. Il travaille également à la construction des premiers Steamboats destinés à opérer sur le Mississipi, dans le nouveau Territoire de Louisiane, que les américains ont racheté à Napoléon. Enfin, parallèlement, en 1814,  Fulton obtient la concession du ferry entre Manhattan et Brooklyn, sur l’East River et installe ses steamboats sur la Pier 17. L’explosion du transport à vapeur dans le port de New York va permettre un essor rapide de New York qui n’est alors plus une île enclavée et difficile d’accès, entraînant le développement rapide de Brooklyn, Jersey City, Hoboken … Ce sera finalement la construction des premiers ponts, et notamment du Brooklyn Bridge en 1883 qui marquera le début de la fin pour les ferrys. Ils opèreront cependant encore de nombreuses années, et d’ailleurs existent toujours de nos jours (avec le East River Ferry sur l’est de Manhattan), même s’ils véhiculent une portion infinitésimale du trafic entre Manhattan et ses quartiers voisins.

Aujourd’hui la Pier 17 accueille une terrasse donnant sur l’East River et sur laquelle sont organisés des concerts en été. Plusieurs restaurants sont également installés sur la terrasse qui offre une vue imprenable sur le Brooklyn Bridge. Contournés la terrasse pour accéder à la partie nord de la jetée, et découvrir ce splendide pont reliant Manhattan et Brooklyn. Le Brooklyn Bridge est un des plus anciens ponts suspendus des Etats-Unis. Le pont fait presque 2 km de bout en bout. Il fut inauguré en 1883, après 14 ans de travaux, 27 morts (sans compter les 12 morts piétinés dans une panique une semaine après son ouverture, suite à une rumeur selon laquelle le pont allait s’effondrer). Il fut pendant 20 ans le plus long pont suspendu au monde. Le pont a toujours été piétonnier, et pendant les premières années, un tramway le traversait, puis une ligne de métro l’emprunta avant qu’il ne soit converti pour le trafic autoroutier. 

 Retournez vers South St, et repassez sous l’expressway pour rejoindre l’angle de Beekman St. Vous êtes en bordure du South Street Seaport, le quartier historique du premier port de marchandise de New York. Ici les quais étaient jadis remplis de bâteaux déchargeant leur marchandise sur Manhattan, et d’entrepôts pour stocker ces marchandises avant leur réexpédition. à l’angle de Beekman St, sur votre gauche, se trouvait le Fulton Fish Market aujourd’hui remplacé par un centre commercial dans un bâtiment plus moderne mais de volume similaire au marché historique.

Le bâtiment historique fut construit en 1822 pour remplacer un marché en plein air datant, lui, de 1807. Le marché était essentiellement un marché de gros, pour les professionnels, et si originellement il était approvisionné directement par des bâteaux depuis les jetées du South Street Seaport, progressivement, les poissons y furent acheminés par camion ou par train. En 2005, le marché fut délocalisé dans des entrepôts modernes et beaucoup moins exigus au centre du Bronx, et le Fulton Fish Market remplacé par un centre commercial, alors que le quartier avant définitivement achevé sa mue d’un quartier d’entrepôt à un quartier historique et touristique. Dans la photo ci-dessus, on peut voir le marché depuis l’angle de Beekman St où vous vous trouvez. Sur la gauche du marché, on reconnaît facilement l’immeuble à l’angle de Fulton St, avec ses toits mansardés caractéristiques. Mais surtout, vous pouvez constater qu’à l’époque, les plus grands gratte-ciels de Downtown Manhattan apparaissaient dans la skyline au-dessus du marché. De nos jours, ils sont invisibles, cachés devant des immeubles construits dans les années 80-90. Sur la photo, on reconnait clairement au centre le 70 Pine St ainsi que sa droite, le 40 Wall St.

Si depuis la même intersection, vous regardiez vers la droite, le long de South Street, vous pouviez voir des dizaines d’entrepôts complémentaires, de grossistes en produits de la mer, comme l’atteste cette photo de la même époque :

Vous constaterez que la plupart des immeubles n’ont pas vraiment changé en quasiment un siècle. On reconnaît notamment sur la droite de la façade du Meyers Hotel : si l’hôtel a depuis longtemps disparu, la brasserie française du Paris Cafe opère toujours au rez-de-chaussée du bâtiment depuis sa construction en 1873. Le restaurant était bien connu des marins au long cours en escale dans le port de New York, et on raconte que des figures aussi célèbres que Thomas Edison, Buffalo Bill, Butch Cassidy et le Sundance Kid ou encore Teddy Roosevelt (qui n’était alors que chef de la Police de New York et pas encore président) ont fréquenté l’établissement. Et c’est dans ce même hôtel que se trouvaient les bureau de la United Seafood Workers Union, le syndicat des ouvriers de l’industrie de la pêche, dirigé par Joseph Lanza, un ancien docker devenu un important parrain de la mafia New Yorkaise, et qui dirigea, tantôt officiellement, tantôt officieusement le Fulton Fish Market jusqu’en 1968. En marge de ses activités illicites dans la mafia, Lanza fut contacté en 1942 par les services de contre-espionnage américain, dans le cadre de l’opération secrète Underworld. Le gouvernement américain demanda la coopération de la mafia, dans un premier temps pour les aider à repérer les U-Boats allemands qui sillonnaient le long des côtes américaines, et prévenir le sabotage dans le port de New York. Accessoirement, il fut demandé à la Mafia qui dirigeait les syndicats de travailleurs portuaires de s’assurer qu’aucune grève ne ralentirait les efforts de guerre. L’opération alla beaucoup plus loin : en approchant Charles Luciano, le parrain d’une des 5 grandes familles de la mafia de New York, qui était alors en prison, les services de contre-espionnage américain réussirent à obtenir des informations essentielles pour la préparation du débarquement américain en Italie, allant même jusqu’à s’assurer la collaboration de la mafia italienne pour renverser Mussolini. Après la guerre, Luciano sera gracié puis expulsé en Italie en échange de sa précieuse collaboration.

Prenez à gauche sur South St, en longeant le Fulton Fish Market en direction de Fulton St, puis tournez à droite dans Fulton St. Sur votre gauche, le South Street Seaport Museum qui opère les visites des bâteaux et excursion en bateau depuis la Pier 16, dispose d’un petit musée gratuit (mais sur réservation) qui retrace l’importance du South Street Seaport dans le développement de la ville de New York, ainsi que sur l’immigration via les lignes de paquebots transatlantiques, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle.

Juste en face du musée, une partie du Fulton Market Mall est occupé par le IPIC Theaters, une chaîne de cinémas qui a fait le choix inverse du multiplex avec salles IMAX et écrans géants : ici le salles ne permettent pas à plus d’une cinquantaine de spectateurs d’assister à une projection, mais l’accent est mis sur le confort des sièges, et le service, avec notamment un large menu de restauration servi directement à votre siège, pendant la projection !

Prenez à droite dans Front St. Au 206 de la rue, sur votre gauche, un corridor ouvert au public permet d’accéder à une petite cours, la Cannon’s Walk, nommée en l’honneur de John Cannon, né à Staten Island en 1670, qui en 1721 construisit les premiers quais au niveau de l’actuelle Water St, et fonda de facto ce qui allait devenir le South Street Seaport. Avant la fin du XVIIIème siècle, les jetées du Cannon’s Wharf furent incorporées dans Manhattan alors que les espaces entre les quais étaient comblés et de nouvelles jetées construites le long de cette nouvelle berge. Les bâtiments commerciaux qui vous entourent furent alors construits sur l’ancien port et la petite courette fut enserrée entre les nouveaux bâtiments, et resta hors de la vue du public pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1983, où il fut décidé de l’ouvrir au public pour commémorer le fondateur des premiers quais sur l’East River. 

Trois immeubles plus loin, toujours sur votre gauche, vous trouverez une des boutiques du Big Gay Ice Cream Shop. Lancée par deux amis dans un food truck en 2009, avant d’ouvrir leur première boutique dans l’East Village, la marque propose des glaces à l’italienne (soft serve) toute simple mais saupoudrée d’ingrédients détonnant et/ou trempée dans des coulis originaux. Ainsi un cornet à la vanille basique sera trempée dans un bain de caramel fondant, saupoudré de sel marin, puis recouvert d’un coulis de chocolat chaud qui se solidifiera au contact de la glace froide (Salty Pimp). Nous n’en dirons pas plus, seulement que leur liste d’ingrédients possibles comprend aussi bien de l’huile d’olive, du piment de Cayenne, de la poussière de pois de wasabi et du sirop de gingembre. C’est plus amusant qu’excellent, mais s’il n’y a pas de queue, vous pouvez tenter l’aventure. 

Continuez jusqu’à l’angle de Beekman St : Front St continuez devant vous pendant encore un bloc, avec de nombreux restaurants installés dans d’anciens entrepôts reconvertis mais qui ont su garder leur apparence d’origine et souvent leurs inscriptions publicitaires peintes sur la brique. Tournez à gauche sur Beekman St puis encore à gauche sur Water St. C’est bien ici que la rive de l’East River se trouvait au début du XVIIIème siècle (d’où le nom de la rue). Avancez jusqu’au 211 Water St où vous trouverez l’échoppe d’imprimerie de Bowne & Co. Si ce magasin d’imprimerie n’a été ouvert à cet emplacement qu’en 1975, en partenariat avec le Seaport Museum, la Bowne & Co, fondée en 1775 est le plus ancien imprimeur de la ville. En fait, quand la Bowne & Co fut absorbée en 2010 par RR Donnelley, un des géants de la communication aux Etats-Unis, la société était tout simplement la plus ancienne société cotée au New York Stock Exchange. Le quartier du South Street Seaport était rempli de société d’imprimerie, car les besoins en tracts publicitaires, affiches, livres de comptes etc… étaient très importants tout autour du port. C’est donc tout naturellement ici qu’il fut décidé de recréer cet atelier d’imprimerie fonctionnant exactement comme au XIXème siècle, et avec le même matériel d’impression mécanique. La boutique se visite comme un petit musée, et vend des souvenirs imprimés dans ses ateliers. Mais elle prend aussi des commandes pour des cartes de visite, invitations, faire-parts etc… imprimés à l’ancienne sur des machines du XIXème.

En face de l’atelier d’imprimerie, se trouve le Titanic Memorial Park, à la pointe duquel trône un petit phare, monument dédié à la mémoire des victimes du Titanic. Ce monument fut construit en 1913, un an après le naufrage du Titanic à l’instigation de Margaret Brown (souvent appelée Molly Brown), une philanthrope de Denver, qui avait fait fortune avec son mari dans l’exploitation minière dans le Colorado. Après avoir rendu visite à sa fille à Paris en 1912, Molly Brown, 45 ans à l’époque, reçoit des nouvelles de son petit-fils aux Etats-Unis, qui est sévèrement malade. Elle s’embarque alors dans le premier paquebot à destinations des Etats-Unis, un tout nouveau bateau qui s’apprête à se lancer dans sa toute première traversée, le Titanic. Quand le navire percute un iceberg par une nuit calme, elle s’active à diriger les passagers vers les canots de sauvetage, et refuse de monter dans les canots elle-même avant toute le monde, jusqu’à ce qu’un membre de l’équipage ne la soulève de force, et la propulse dans le Lifeboat No. 6 qu’on était en train de descendre le long de la coque. Elle assiste alors impuissante, avec le reste des rescapés de son canot, à la disparition du paquebot dans les eaux glacées de l’Océan Atlantique. Réclamant avec insistance que le canot fasse demi-tour pour récupérer d’autres passagers tombés à l’eau, elle est éconduite par le chef de l’embarcation, qui refuse de prendre le risque d’être pris d’assaut par d’autres naufragés. Elle ira jusqu’à le menacer de le faire passer par-dessus bord, mais le Lifeboat No. 6, avec 29 naufragés à bord pour une capacité de 65 passagers ne fera pas demi tour et sera récupéré au petit matin par le Carpathia. Ses efforts pour sauver d’autres passagers seront rendus publics, et elle fut rapidement surnommée par la presse “The Unsinkable Molly Brown”, un nom qui lui restera jusqu’à la fin de sa vie. Un an après le drame, elle lança le projet d’un mémorial pour honorer toutes les victimes du naufrage. sous la forme d’un petit phare qui sera construit sur le toit d’un building de 12 étages, construit la même année sur South St, face aux quais de l’East River. Le bâtiment était le siège de la Seamen’s Church Institute, une association de bienfaisance au service des marins de la ville, gérée par l’Église épiscopale, qui avait démarré son activité dans une église flottante ancrée sur les quais de l’East River en 1844.

Sur la photo ci-dessous, on peut voir dans les années 30, l’immeuble de la Seamen’s Church Institute, avec dans l’angle droit, le phare juché sur le toit, face à l’East River. Lorsque l’immeuble fut finalement abandonné pour être détruit et remplacé par un building plus moderne en 1968, le Mémorial sera démonté pour être préservé, et légué au Seaport Museum qui l’installa 10 ans plus tard à son emplacement actuel. 

Tournez à droite sur Fulton St, et prenez la direction du nord dans cette dernière portion de l’itinéraire. Traversez le début du Pearl St, qui était autrefois sur la rive de l’East River (la côte faisait n’était pas rectiligne dans l’axe de Water St, mais s’enfonçait un peu plus dans les terres au niveau de l’actuelle Beekman St). Le nom de Pearl St date de l’époque hollandaise, mais la rue fut également un temps renommée Queen Street pendant la colonisation anglaise, puis rebaptisée Pearl St après la révolution américaine (on ne pouvait décemment pas conserver une rue en hommage à la reine d’Angleterre après avoir vaincu son mari le roi d’Angleterre). 

A noter également, dans l’angle nord-ouest de l’intersection de Pearl St et Fulton St, fut construit en 1882 la Pearl Street Station par Thomas Edison. Ce fut non seulement la première centrale électrique de New York, mais aussi de tous les Etats-Unis. Des moteurs à vapeur, alimentés au charbon, faisaient tourner 6 dynamos. A son ouverture, la centrale alimentait 82 clients, et 400 ampoules (le premier usage de l’électricité fut l’éclairage des bureaux et ateliers), tous situés dans les blocs environnants. Deux ans plus tard, l’efficacité de cette nouvelle technologie avait conquis plus de 500 clients, et la centrale alimentait plus de 10 000 ampoules dans le quartier. Elle finit néanmoins par être détruite dans un incendie en 1890. Aujourd’hui, un immeuble moderne se tient à l’emplacement de l’ancienne centrale, pionnière de l’industrie électrique aux Etats-Unis (et dans le monde).

Poursuivez sur Fulton St, et traversez Cliff St. Un peu plus haut sur votre gauche se trouve un magasin de Midtown Comics. L’enseigne New Yorkaise est le plus gros vendeur de bande dessinée (comics) aux Etats-Unis. Son premier magasin ouvrit à proximité de Times Square, dans le quartier de Midtown, d’où son nom de Midtown Comics même si l’enseigne a aujourd’hui des magasins dans d’autres quartiers. Il faut dire que New York est le berceau des deux plus grands éditeurs de comics aux Etats-Unis, les rivaux Marvel Comics (Spiderman, Ironman, Hulk …) et DC Comics (Superman, Batman, Wonder Woman …). La ville est également le décor de la plupart des bandes dessinées de super héros. N’hésitez pas à y faire un tour.

Rejoignez l’angle de Gold St. Jetez un dernier regard à la tour du One World Trade Center dans l’alignement de Fulton St. Le très massif building dans l’angle nord-est de l’intersection (devant vous sur la droite) est le Royal Insurance Building, construit en 1927 pour une compagnie d’assurance anglaise. Il héberge désormais les services d’aide à l’enfance de la ville de New York, et tout le rez-de-chaussée est occupé par une enseigne spécialisée dans le destockage, Lot-Less Closeouts : si vous aimez les bonnes affaires, ils vendent de tout à prix cassé, de la décoration pour la maison à la nourriture en passant par les vêtements. 

Tournez à droite sur Gold St et rejoignez l’angle de Beekman St. Dans l’alignement de Beekman St, en regardant vers le nord (à gauche), se dresse la silhouette d’une tour étrange qui s’élève vers le ciel dans des torsades peu communes de ses façades. C’est le New York by Gehry du 8 Spruce St, un gratte-ciel de 76 étages inauguré en 2011 et dessiné par Frank Gehry, à qui on doit le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles et de nombreux autres buildings aux formes torsadées et aux surfaces métallisées. La tour est l’un des plus grands gratte-ciels entièrement résidentiels au monde (c’était même la plus haute tour résidentielle de New York et même de l’hémisphère occidental à sa construction), et accueille 904 appartements de luxe, tous en location. Depuis, de nombreuses tours résidentielles très hautes et très fines ont poussé à travers New York et l’ont dépassées en taille. Détail peu commun : les 5 premiers étages de la tour sont occupés par une école primaire publique de la ville de New York qui accueille 600 élèves de la maternelle au CM2. 

Tournez à gauche sur Beekman St et remontez la rue vers le nord (en direction du 8 Spruce St). Immédiatement sur votre gauche, se trouve la petite caserne de pompiers de la FDNY Engine 6. Avant la professionnalisation des pompiers de New York, à partir de 1865 (pendant la guerre de sécession), la tâche de circonscrire les incendies incombait aux bonnes volontés du voisinage, ainsi qu’à des brigades de pompiers volontaires, organisées en fraternités souvent rivales. Les origines de la FDNY Engine 6 company remonte à l’époque coloniale, quand en 1756, une bucket brigade de volontaires était créée sur Crown Street (derrière l’appellation de bucket brigade, il faut juste imaginer un groupe de volontaires armés de simples seaux). Elle sera plus tard dotée d’une pompe manuelle, qui sera décorée d’un tigre peint, qui deviendra l’emblème de la compagnie quand elle sera professionnalisée. Près de deux siècles plus tard, les tigres décorent toujours la façade de la caserne, construite en 1903. Le 11 septembre 2001, lorsque le premier avion frappa les tours jumelles, les hommes de la FDNY Engine 6 furent parmi les premiers à répondre, car ils étaient équipés d’une pompe très puissante, qui une fois reliée au système de canalisation anti-incendie des tours, était capable de propulser de l’eau à haute pression jusqu’au sommet des gratte-ciels. Le nom des 6 pompiers en service ce matin-là, et qui furent dispatchés au World Trade Center était inscrit à la craie sur le tableau de service de la caserne. Seuls deux d’entre eux rentrèrent ce soir-là. Le tableau ne fut jamais effacé et est resté en l’état depuis les attentats. Si les portes de la caserne sont ouvertes lors de votre passage, vous pourrez voir le mémorial installé dans le garage de la caserne. Si elles sont fermées, vous pourrez admirer le tigre qui les orne.

Poursuivez sur Beekman St, traversez William St et longez le gratte-ciel du 8 Spruce St  (la base en brique sur laquelle la tour de métal semble posée correspond à l’école publique) pour rejoindre Nassau St. A l’angle de Nassau Street, vous apercevez devant vous dans le prolongement de Beekman Street le Woolworth Building, et sur votre droite, dans le prolongement de Nassau Street, le Municipal Building que nous allons bientôt rejoindre. Tournez donc à droite sur Nassau Street. Rejoignez Spruce St et prenez à gauche pour revenir sur Park Row. A l’angle de Spruce St et Park Row, vous trouverez une statue de Benjamin Franklin qui fait face au City Hall Park et à la mairie de New York, le New York City Hall. Benjamin Franklin est un des pères fondateurs de la république américaine. Figure de la révolution américaine, imprimeur, philosophe, premier ambassadeur des Etats-Unis en France, fondateur du système fédéral des postes après la révolution, il fut aussi un scientifique et un inventeur, le premier à domestiquer l’électricité des éclairs par ses expériences avec des cerfs volants. A l’issue de la guerre d’indépendance, il sera l’un des artisans de la constitution de 1787, qui fonde la démocratie américaine. Mais si les Etats-Unis sont, de fait, l’une des plus vieilles démocraties au monde, le mot «démocratie» n’est tout simplement pas présent dans le texte de la Constitution américaine de 1787, qui insiste sur une autre notion, celle de «république». Car dans l’esprit des pères fondateurs de l’Amérique, la démocratie est avant tout le règne de la majorité, qui peut potentiellement très vite basculer dans la tyrannie de la majorité. A l’inverse, une république est pour eux un gouvernement non pas du peuple (demos-cratos), mais un gouvernement de la Loi. Pour faire simple, les Américains sont moins intéressés par savoir d’où est issu le pouvoir (de la volonté de la majorité ou de la volonté d’un seul homme), mais plutôt de se protéger contre l’arbitraire du pouvoir. Ainsi, la Constitution américaine insiste moins sur les mécanismes d’expression de la volonté du peuple, que sur les mécanismes de limitation du pouvoir du gouvernement. Aussi lorsque Benjamin Franklin, délégués à l’assemblée constituante, sortit de la Old Pennsylvania State House de Philadelphie où ils étaient réunis pour donner un constitution au pays, apostrophé par une passante lui demandant le type de gouvernement qu’ils leur avaient choisi, ce dernier aurait répondu : «A Republic, if you can keep it» (une république, pour autant que vous soyez en mesure de la faire perdurer). On retrouve dans cette citation les deux aspects majeurs des fondements politiques des Etats-Unis. La forme du gouvernement tout d’abord : une république, un gouvernement de la loi. Et une mise en garde au peuple contre son propre gouvernement : «if you can keep it». Le système politique est lui-même conçu de manière à limiter le pouvoir du gouvernement (par la séparation des pouvoirs, pouvoirs eux-mêmes limités et énumérés), mais il sera également du devoir des citoyens de garder le gouvernement sous contrôle. Le deuxième amendement à la Constitution garantissant le droit de porter des armes est par exemple pensé et conçu dans le but de forcer le gouvernement à rester dans ses limites constitutionnelles.

Traversez Park Row pour vous rapprocher du New York City Hall. Inaugurée en 1812, la mairie de New York est le plus ancien bâtiment municipal des Etats-Unis à avoir conservé sa fonction jusqu’à nos jours, avec notamment les bureaux du maire de New York ainsi que la chambre du conseil municipal le New York City Council, qui gère un budget municipal de plus de 100 milliards de dollars. C’est plus que la dépense publique totale d’un pays comme la Suisse, l’Autriche ou la Norvège ! Evidemment, les fonctionnaires municipaux pour gérer un tel budget ne peuvent pas tous tenir dans ce seul bâtiment, surtout lorsqu’en 1898, les 5 grands quartiers de New York (Manhattan, Brooklyn, Bronx, Queens et Staten Island), autrefois des municipalités indépendantes, furent réunies officiellement au sein d’une seule et même entité municipale. Aussi entre 1909 et 1914, fut érigé un gratte-ciel monumental de 40 étages, le Manhattan Municipal Building, qui reste encore aujourd’hui l’un des plus grands bâtiments publics au monde (avec ses 93 000 m2 et ses 2000 employés).

Le Municipal Building se trouve sur votre droite, dans le prolongement de Park Row. Passez derrière le New York City Hall et longez la Tweed Courthouse pour rejoindre Chambers St. Construit juste derrière la mairie de la ville entre 1861 et 1872 (puis son extension entre 1877 et 1881), ce tribunal est le symbole de la corruption qui minait New York au XIXème siècle. Elle tire en effet son nom de William M. Tweed, surnommé le Boss de New York, qui dirigeait le très influent Tammany Hall, une organisation politique née juste après la révolution américaine, et qui allait devenir la “political machine” du parti Démocrate, c’est-à-dire une organisation de terrain, chargée de trouver et d’encadrer les militants, par des techniques généralement hautement clientélistes. Ce fut notamment le cas avec la vague d’immigration irlandaise à New York, qui fut très largement embrigadée dans les rangs des démocrates New Yorkais, à force d’avantages en nature (un emploi, un logement …) contre une mobilisation sans faille les jours de scrutin. Le pouvoir politique sur la ville des “boss” successifs du Tammany Hall allait ainsi croissant pendant tout le XIXème siècle et la première partie du XXème, avec également une dérive progressive du mouvement politique en une sorte de mafia corrompue et corruptrice. De fait, l’organisation sera longtemps étroitement liée au street gangs de la ville qu’elle utilisait pour ses basses besognes, en échange d’une protection politique (comme le met en scène le film Gangs of New York de Martin Scorsese). William M. Tweed fut sans doute le plus corrompu et le plus puissant des dirigeants du Tammany Hall. Nommé par jeu d’influence au New York County Board of Supervisors, il eut la charge de superviser la construction du tribunal. Ce fut pour lui et ses alliés politiques, l’occasion d’immenses détournements d’argent public. Ces détournements expliquent en grande partie la durée exceptionnelle des travaux du bâtiment: plus les travaux duraient longtemps, plus Tweed et ses alliés pouvaient détourner des fonds publics dans leur intérêt. Et une fois construit, le tribunal fonctionna comme un outil de plus à la solde des politiciens véreux et corrompus qui dirigeaient la ville sous l’influence de Tweed. Aujourd’hui, l’ancien tribunal héberge l’administration des écoles de la ville.

Rejoignez Chambers St. Juste en face de la Tweed Courthouse, au 49 et 51 Chambers St, vous pouvez admirer la façade du Historic Emigrant Industrial Savings Bank building. Inauguré en 1912, soit à peine deux ans après le Woolworth Building avec lequel il partage un style architectural évident, l’immeuble était le plus grand building bancaire des Etats-Unis au moment de sa construction. Avec son plan au sol en forme de H, il apparaît depuis la rue comme une paire de tours de 17 étages. C’était le troisième bâtiment construit sur cet emplacement par la Emigrant Savings Bank, la plus ancienne caisse d’épargne de New York. Fondée par des immigrants irlandais en 1850, elle amassa des fortunes considérables en protégeant les économies des familles immigrées, irlandaises dans un premier temps, puis de tout provenance (notamment d’Europe de l’Est). Le bâtiment fut converti en immeuble d’habitation en 2017.

Prenez à gauche sur Chambers St, en longeant le 280 Broadway Building. Il fut construit en 1846 par Alexander Turney Stewart, un commerçant extrêmement innovant qui avait fait fortune en expérimentant dans ses boutiques successives de Broadway, des techniques de vente nouvelles comme les prix fixes, l’achat de ses marchandises en cash plutôt qu’à crédit, et le self service. Il ouvrit finalement au 280 Broadway son Broadway son immense A.T. Stewart Dry Goods Store, aussi connu sous le nom de Marble Palace à cause de sa façade en pierre alors que la brique était d’usage sur les bâtiments commerciaux à l’époque. Ce nouveau concept de magasin géant fut tout simplement le premier Department Store (grand magasin) des Etats-Unis, ouvrant la voie à de nombreux autres. En 1917, le bâtiment qui avait depuis été transformé en bureaux fut racheté par The Sun, un quotidien lancé à New York en 1833, au prix avantageux d’un penny, lançant la mode de la penny press, sous le format tabloïd, plus petit et moins cher que ses prédécesseurs. Il fut publié jusqu’en 1950 où le titre disparut après une fusion du journal avec un quotidien concurrent. A l’angle de Chambers St et Broadway, l’horloge en bronze de 750 kg qui dépasse de la façade affiche encore la devise du Sun : “The Sun, it shines for all” (Le Soleil, il brille pour tous). Plus original, dans l’angle un peu plus haut sur Broadway, une “horloge” similaire affiche non pas l’heure, mais la température : normal quand on s’appelle The Sun ! A savoir également, l’horloge fut conçue par la International Time Recording, une division à l’époque de la International Business Machines. Cette société originaire de l’Etat de New York avait été fondée en 1911, et concevait de l’outillage mécanique de précision pour les entreprises, notamment des machines à calculer pour les besoins en comptabilité. La International Business Machines existe toujours, à toujours son SQ à Armonk à une cinquantaine de kilomètres au nord de Manhattan. Elle a depuis pris le tournant de l’électronique, en devenant le leader mondial de l’informatique naissante dans les années 50 à 70, mais elle est plus connue sous ses initiales : I.B.M. … D’ailleurs les ingénieurs d’IBM pouvait admirer l’horloge chaque fois qu’ils sortaient de leur QG New Yorkais, situé en face dans l’angle au 270 Broadway pendant les années 30-40. Ce même immeuble hébergeait les bureaux du U.S. Army Corps of Engineers, la division des ingénieurs de l’armée américaine. A partir de 1942, c’est dans cet immeuble que germa un projet secret, originellement dénommé “laboratoire de développement des matériaux de substitution”. Mais il fut vite considéré que même ce nom cryptique pouvait éveiller les soupçons des services de renseignement ennemis, et le projet département prit simplement le nom de la localisation de son quartier général, au 270 Broadway, le “Manhattan District”, qui travaillait donc sur le …. Projet Manhattan. Le Projet Manhattan, piloté depuis ces bureaux, utilisa beaucoup de calculateurs IBM dans ses laboratoires de Los Alamos, où fut conçue et développée dans le plus grand secret … la première bombe nucléaire américaine.

Vous venez de terminer notre boucle de découverte de Downtown Manhattan. Si vous avez encore de l’énergie et du temps, sachez que vous êtes à deux pas du départ du Circuit 3a à la découverte de Soho, et du Circuit 2 à la découverte du Brooklyn Bridge, Dumbo et Brooklyn Height.

Vous avez apprécié ce début de circuit ? Découvrez l’intégralité de ce circuit, ainsi que nos 6 autres circuits de découverte de New York dans un package complet comprenant les cartes détaillées avec tous les points d’intérêt, le tracé des itinéraires sur les cartes, le texte intégral et illustré de description des 7 circuits au formats PDF, Kindle et ePub, imprimable ou chargeable dans vos téléphones portables. 

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Crédits Photo :

Aerial

City Hall Park 

Woolworth Building

St Pauls Chapel

Broadway – Canyon of Heroes

One Liberty Plaza

World Trade Center

Battery Park City

Shake Shack

Irish Hunger Memorial

Hudson River Park – North Cove Marina

Winter Garden – World Financial Center

9/11 Memorial

Zuccotti Park

Trinity Church

Wall St

Bowling Green

Charging Bull

Alexander Hamilton Custom U.S. Custom House

Castle Clinton

Castle William / Governor Island

Ellis Island

Statue of Liberty

Staten Island Ferry

Verazzano Narrows Bridge

Fraunce’s Tavern

Stone St

40 Wall st / The Trump Building

70 Pine St / AIG Building

South Street Seaport

New Amsterdam Market

Brooklyn Bridge

 

Sources :

4 Commentaires

  1. Alexis

    Merci à Sandrine et Silvere pour le blog et ces itinéraires.
    Nous avons fait les 5 itinéraires en famille en 2016, et c est un super souvenir, plein de découvertes, d excellentes adresses, une tres bonne façon de faire, et de marcher. Nous avons goûté de tout. Une immersion totale dans New York.
    Bravo

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  2. Ané

    Super!!!Le meilleur site que j’ai trouvé sur NY. Nous partons à Noel à New York pour 5 jours en famille et votre site est une vraie mine d’or. Idéal pour découvrir NY à pied en s’instruisant et se cultivant et pour faire plaisir à tout le monde shopping et repas typique. Merci pour tout

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  3. laurence

    Magnifique descriptif, bien plus riche que les autres que j’ai déjà lus ! Merci, grâce à vous je paufine mon itinéraire pour mon prochain séjour à NY !
    Avez-vous mis en ligne vos autres circuits ?? Merci !

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  4. olivier

    c’est un circuit touristique très intéressant. Je pense que la visite du mémorial du 11 septembre doit vraiment être marquant !

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