Visiter New York City à pieds – Circuit 5 à New York : Midtown Manhattan

Voici enfin le cinquième et dernier circuit de notre série découverte de New York à pieds. Il est consacré à Midtown Manhattan, de Times Square à Central Park. Découvrez les grattes ciels de midtown, la gare de Grand Central, le Chrysler Building, le Rockefeller Center et les grands espaces de Central Park.

 

 

N’oubliez pas de consulter nos autres circuits de découverte de New York.

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Et si vous partez à New York, n’oubliez pas de jeter un œil aux articles du blog sur New York, notamment sur la problématique particulièrement sensible de la réservation d’hôtel à New York, et la liste des hôtels que nous avons le plus conseillé cette année.

(Itinéraire mis à jour en Octobre 2022)

Circuit 5 : Midtown Manhattan

Times Square – Grand Central – United Nations – Rockefeller Center – Central Park

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Le circuit est une boucle : nous le faisons partir ici de Times Square par commodité, mais sur le fond, on peut le prendre à partir de n’importe où. Si vous cherchez un breakfast restaurant pour bien démarrer la journée, le Westway Diner, le Evergreen Diner, le Red Flame Diner, ou encore le Comfort Diner proposent des petits-déjeuner américains typiques, dans un décor de diner également très typique et pour un coût relativement raisonnable pour le quartier (notamment le Westway et l’Evergreen, un cran moins cher que les autres). 

Notre circuit commence donc à Times Square, une intersection formée par le croisement de Broadway et de la 7th Avenue, entre la 42th st et la 47th st, donc sur une longueur de 5 blocs. Avec 50 millions de visiteurs par an, c’est l’attraction la plus visitée de New York et des Etats-Unis. La chambre du commerce de New York estime même que 22 cents de chaque dollar dépensé par les touristes à New York sont dépensés sur Times Square. Autrefois dénommée Longacre Square, l’intersection prit son appellation actuelle en 1904 quand le New York Times déplaça ses bureaux dans un nouvel immeuble construit à la pointe sud de la place. Le New York Times re-déménagea pourtant dès 1913 mais le nom resta, et la popularité de l’emplacement ne cessa d’augmenter pendant tout le premier tiers du XXème siècle, Times Square accueillant un nombre croissant de théâtres, restaurants et hôtels, mais aussi très vite son habit de lumière avec les premières publicités lumineuses dès 1904. A partir des années 30 et de la grande dépression, le quartier commença à se transformer et perdit progressivement de son strass. Certains théâtres fermèrent et furent remplacés par des saloons et autres maisons closes. La population la plus aisée quitta le quartier pour les nouveaux quartiers résidentiels de l’Upper East Side. Mais Times Square continua d’être le cœur de la ville, là où toute la population de New York se retrouvait instinctivement pour les grands événements comme à l’annonce de la capitulation des Japonais qui sonna la fin de la seconde guerre mondiale.

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A partir des années 60 et 70, le quartier déclina encore un peu plus et devint celui des sex shops et des peep shows, de la délinquance, le Times Square de Taxi Driver, ou de Midnight Cowboy. En cela, Times Square est emblématique du déclin de New York pendant toutes ces années avant le rebond des années 90-2000. A partir de 1990, la ville et l’Etat de New York investissent pour redorer le blason de Times Square et du quartier des théâtres dans son ensemble. Six théâtres sont rachetés et rénovés par la New 42nd Street, une organisation à but non lucratif créée pour l’occasion, et la Times Square Alliance, un collectif de commerces du quartier, finance la propreté et la sécurité des quelques blocs autour de Times Square. Dans le même temps, la police des New York est reprise en main et applique de nouvelles stratégies qui font reculer la délinquance. Les graffiti disparaissent des métros de New York. En une dizaine d’années le quartier est transformé, la ville aussi. Pour quiconque a visité New York jusqu’au tout début des années 90, le changement est radical.  

Commencez votre exploration de Times Square par le nord, depuis la 47th St, la partie également surnommée Duffy Square. On y trouve notamment sur le terre-plein central, les marches au-dessus du kiosque du TKTS, une institution de Broadway qui écoule depuis 1961 des tickets invendus, à moitié prix, mais uniquement le jour du spectacle. Vous pouvez donc acheter des billets à partir de 10h pour les shows en matinée (= l’après midi), ou 15h pour les shows du soir. Evidemment, les spectacles qui vendent régulièrement toutes leurs places ne sont que rarement proposés au TKTS, et les places écoulées ne sont pas forcément les mieux placées. Les billets tournent autour de 75$, pour des places valant souvent presque 150$. Evidemment les emplacements varient et il est plus difficile d’obtenir 4 places côte à côte qu’une place isolée. A noter que les lignes de queue sont souvent très importantes et commencent avant l’heure d’ouverture du kiosque. Il peut être plus intéressant de tenter sa chance dans les autres kiosques TKTS désormais ouverts au South Street Seaport, à Downtown Brooklyn ou au Lincoln Center. Mais vérifiez bien les horaires et les conditions sur le site du TKTS avant : https://www.tdf.org/nyc/8/Locations-Hours. Si vous êtes joueurs, le site http://broadwayforbrokepeople.com/ compile les offres de tickets à prix cassés souvent proposés par les théâtres, soit en nombre très réduits (les places partent alors très très vite), soit par tirage au sort (mais souvent, c’est deux tickets maximum par transaction). A noter également, le site http://www.broadwaybox.com/ qui propose d’imprimer des coupons de réduction à présenter au théâtre pour avoir des remises sur les tickets restant le jour du show (toujours dans la limite des places disponibles), mais aussi d’avoir des remises jusqu’à 30% environ sur certaines places en achat en ligne, même à l’avance.

A l’angle nord-est de la 46th St et de la 7th Avenue, la récente rénovation de la façade de ce qui était autrefois un magasin de chaussure, le The Show Folks Shoe Shop Building donne un aperçu de ce qu’a pu être Times Square au début du siècle dernier, avant que les façades soient toutes recouvertes d’écrans géants et autres panneaux lumineux. Il y a encore peu, toutes ces décorations et statues en façades étaient masquées par un écran géant. Times Square est la seule place aux Etats-Unis, et peut-être au monde où le règlement municipal contraint les propriétaires d’immeubles à placer des publicités et autres néons lumineux sur leurs façades. Ici, la réglementation de zonage n’indique pas un indice de luminosité maximal à ne pas dépasser pour les enseignes des magasins, mais un indice de luminosité minimal pour chaque façade donnant sur l’intersection. Si on démarre la journée par Times Square, il faut évidemment y retourner le soir une fois la nuit tombée, pour les lumières et l’ambiance. 

A l’angle sud-est de Broadway et de la 44ème, le rez-de-chaussé de l’immeuble est occupé par le studio de télévision de Good Morning America, le télématin américain, diffusé quotidiennement depuis 1975. Le studio est entièrement vitré côté Times Square aussi vous pouvez voir les stars du petit écran américain en direct tous les matins. Ils font même souvent des séquences en direct depuis l’extérieur, directement sur le trottoir de Times Square et viennent régulièrement saluer le public des fans de l’émission devant les studios. Juste au-dessus, les news tickers d’ABC News et d’ESPN égrènent respectivement les dernières nouvelles du monde et les derniers résultats sportifs. A noter que le studio est également utilisé en après-midi ou en soirée pour d’autres émissions, notamment des Spéciales élections.

Juste en face, le Paramount Building est l’un des rares grands immeubles sur Times Square à avoir survécu à la modernisation récente du quartier. Inauguré en 1927, à l’apogée de la grande époque de Broadway, il accueillait notamment le Paramount Theatre, une salle de cinéma géante de 3600 places qui faisait la promotion des plus grands films de la Paramount. La salle était équipée de l’un des plus grands orgues de cinéma jamais construit, conçu à la fois pour accompagner en musique les films muets mais aussi pour leur fournir des dizaines d’effets sonores et bruitages. Le Theatre fut fermé dans les années 60, converti en espace de bureau avant de terminer en salle de restaurant, opéré à ce jour par Hard Rock Café. 

A la pointe sud de Times Square, entre la 7th Avenue et Broadway, un immeuble entièrement recouvert d’écrans lumineux domine un kiosque du NYPD, la police de New York. Il s’agit du One Times Square, et cet immeuble caché est célèbre à plus d’un titre. Tout d’abord, inauguré en 1904, haut de 25 étages et 11m, cet étroit building a été construit pour accueillir le siège du New York Times. C’est lui qui donna son nom à la place.

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Depuis 1992, c’est le seul immeuble de bureau de Manhattan sciemment laissé entièrement vide par son propriétaire, qui juge que les revenus des écrans publicitaires sur l’ensemble des 4 façades du building dépasse de loin le loyer des bureaux à l’intérieur du building. A ce titre, ce magnifique building est aujourd’hui totalement invisible sous sa couverture de lumière, et entièrement désert. A noter également que c’est sur le toit de cet immeuble qu’a lieu le traditionnel Ball Drop de la nouvelle année sur Times Square. Une boule de lumière descend le long d’un mat de 43 mètres, en 60 secondes, à partir de 11h59 pour décompter les secondes avant le nouvel an. Cette mise en scène, inventée par le New York Times, date du 31 décembre 1907. Elle attire 2 millions de curieux transis de froid tous les ans sur Times Square. Le Ball Drop a eu lieu sans discontinuer depuis 1907, sauf en 1943 et 1944 où les restrictions de sécurité pendant la seconde guerre mondiale interdisaient d’allumer des lumières de nuit sur la ville de peur d’éventuels bombardements. 

Juste derrière le One Times Square, se trouve une tour de verre, la Time Square Tower, qui domine les publicités lumineuses du One Times Square. Son histoire est comme un concentré de celle de Times Square. En effet, lors de la construction du siège du New York Times, se trouvait juste derrière, le Metropole Hotel. Or c’est sur le toit de cet hôtel que fut installé en 1904 le premier panneau publicitaire électrique lumineux de Times Square, pour des jupons en soie.

Avec l’importance croissante que prenait la publicité de rue sur Times Square, les propriétaires de l’hôtel commencèrent à recouvrir progressivement les murs du bâtiments avec des panneaux publicitaires : bientôt, on ne distinguait plus vraiment l’allure de l’immeuble sous-jacent, un destin que suivrait des années plus tard le One Time Square. 

On décida alors de remplacer l’hôtel par un nouveau bâtiment, le Heidelberg Building (qui sera également connu sous le nom de Crossroads Building), pensé comme un gratte-ciel de 20 à 30 étages. Mais manquant de budget pour un projet d’une telle envergure, le promoteur se contenta finalement de construire la structure métallique d’une tour de de 17 étages, mais ne bâtit que les 7 premiers étages, d’où dépassait de manière incongrue un squelette de métal bien plus élevé. L’idée était alors d’utiliser la structure métallique pour installer des publicités sur la partie haute, afin de réunir les fonds pour terminer la tour initialement imaginée.

Malheureusement, invisibilisé depuis Times Square par l’immeuble du New York Times, beaucoup plus haut, l’échafaudage publicitaire n’intéressa pas les annonceurs qui jugeaient qu’aucun passant n’aurait jamais les panneaux de publicité dans son champs de vision. Le Heidelberg Building servit finalement une seule fois pour un projet publicitaire : en 1912, Harry Houdini réalisa une de ses premières grandes évasions en étant suspendu par les pieds, entravé par des cordes, depuis le dernier étage de la tour métallique du Heidelberg Building, devant une foule de plusieurs milliers de badauds. Finalement la tour envisagée ne fut jamais terminée et personne ne fit plus attention à l’échafaudage métallique qui surplombait le Heidelberg Building. Longtemps laissé à l’abandon, il fut finalement vendu à la ville et détruit en 1984, dans les premiers travaux annonciateurs du renouveau de Times Square.

L’emplacement sera laissé vacant pendant 20 ans Et ce sera finalement la Time Square Tower, une tour de verre de 48 étages qui sera inaugurée en lieu et place du Heidelberg Building en 2004. Mais ses promoteurs ne referont pas les erreurs des précédents propriétaires: ce sont les étages inférieurs de la tour qui seront recouverts de publicités lumineuses, la partie haute de la tour restant vierge de toute publicité. Longez le One Time Square par la droite (7th avenue)  jusqu’à la Time Square Tower, et le croisement de la 42ème rue.

La 42nd Street est une des rues les plus emblématiques et les plus connues de Manhattan. Elle concentre un nombre impressionnant de bâtiments célèbres : le QG des Nations Unis sur l’East River, à l’est, le Chrysler Building, la gare de Grand Central, le Bryant Park et la New York Public Library, ou encore les nombreux théâtres du Theatre District dans lequel vous vous trouvez. Autant de points que nous rejoindrons le long de ce circuit. La 42ème rue fut même un temps la frontière nord de Manhattan. Si le plan de la ville conçu en 1811 prévoyait de bâtir sur l’ensemble de l’île de Manhattan, en partant de la pointe sud où se trouve la vieille ville historique, cela se fit progressivement : en 1835, il fut décidé de libérer tous les terrains jusqu’à la 42ème rue, qui fut donc un temps la limite nord de la ville. Ceci explique la localisation du Grand Central Terminal, la gare ferroviaire la plus célèbre de New York : la législation de l’époque prévoyait que les trains ne pourraient circuler que tirer par des chevaux en dessous de la 42ème rue. Aussi lorsque Cornelius Vanderbilt, le magnat du rail, décida de construire un énorme dépôt ferroviaire à Manhattan, il le situa sur la 42nd St. Cela explique également pourquoi la Lincoln Highway, la première route transcontinentale reliant New York à San Francisco, démarre officiellement à Times Square, au niveau de la 42ème rue, qui était à l’époque la frontière de la ville. 

La portion de la 42nd Street sur laquelle vous vous trouvez, de part et d’autre de Broadway, constitue le cœur du Theatre District, qui connut son âge d’or au début du XXème siècle. La disponibilité d’espaces de construction vierges à la bordure nord de la ville encouragea l’édification de nouveaux théâtres, plus grands et plus modernes que Downtown. L’arrivée en 1899 des premières lignes de trolleys électriques, puis du métro en 1904 acheva de conférer au quartier toute son attractivité. La crise des années 30 sera le début de la longue descente aux enfer du Theatre District, qui s’accéléra après la seconde guerre mondiale, culminant dans les années 70 où la 42nd St était surtout synonyme de cinéma pornographique, peep show, revendeur de drogue, attirant une faune nocturne peu recommandable dans tout le quartier. Comme vous pouvez le constater, Times Square et le Theatre District ont su rebondir à la toute fin du XXème siècle pour redevenir un aimant à touristes et une centre de l’entertainment à Manhattan. Les théâtres ont été rénovés et “Broadway” compte aujourd’hui 41 théâtres de plus de 500 places (les théâtres de moins de 500 places, généralement destinés à des pièces ou des shows plus avant-gardistes, étant considérés comme off-broadway). 

Sur votre droite, partant vers l’ouest, se trouve la portion de la 42nd St comptabilisant le plus de théâtres sur un seul bloc, entre la 7ème et la 8ème avenue. La plupart d’entre eux furent rachetés par l’Etat de New York en 1990 dans un effort pour revitaliser et préserver le quartier. Mais l’étincelle qui marquera réellement le début du renouveau de la 42ème rue, fut lorsque Disney racheta le New Amsterdam Theatre. Construit en 1903, cette salle de 1700 places connut son premier âge d’or au début du XXème siècle avant de connaître comme les autres un long déclin à partir des années 30. Transformé en cinéma un peu avant la guerre, le New Amsterdam suivit l’effondrement progressif du quartier, se délabrant chaque année un peu plus. Reflétant la montée de la délinquance à New York en général et à Times Square en particulier dans les années 70, deux agents de sécurité y furent abattus durant un cambriolage en 1976, et un client y fut poignardé 3 ans plus tard. Lorsqu’il ferma ses portes en 1983, c’était un cinéma proposant exclusivement des films de kung fu, et c’était le seul cinéma du quartier à ne pas projeter de films pornographiques. Disney hésita longtemps avant de se lancer dans l’aventure, tant la réputation du quartier était à l’opposée des valeurs de l’entreprise. Mais ils finirent par croire en un possible renouveau pour la 42nd St : encouragé par les récents succès de la Petite Sirène et de la Belle et la Bête, deux films d’animation portés par des chansons directement inspirées du style des comédies musicales, Disney décida d’adapter la Belle et la Bête sur scène, et de relancer les grandes comédies musicales populaires. Et quel meilleur endroit que Broadway et la 42nd St pour cela. L’initiative de Disney fut l’étincelle qui amorça le renouveau de ce qui sera désormais appelé la New 42nd St et dont vous pouvez voir le résultat tout autour de vous. Pari mille fois gagné pour Disney, qui enchaîna après le succès de Beauty and the Beast par le raz de marée de la comédie musicale du Roi Lion qui restera à l’affiche du New Amsterdam pendant 10 ans, avant de déménager au Minskoff Theatre, pas très loin sur Broadway, où il joue toujours (avec plus de 9000 représentations, et 1 milliard de $ de recettes, c’est le troisième show étant resté à l’affiche le plus longtemps sur Broadway).

Si vous souhaitez alléger ce circuit, vous pouvez passer le petit crochet d’un kilomètre jusqu’à la 8ème avenue et la 39ème rue en tournant à gauche sur la 42nd Street. Sinon prenez à droite en passant devant le New Amsterdam Theatre et toutes les autres enseignes lumineuses de la rue.

DETOUR 1 (1 km)

Ce qui était jadis une artère mal famée, où s’alignaient les sex-shops et les dealers ressemble aujourd’hui plus à Disneyland qu’à autre chose : ici désormais tout brille, même l’enseigne du métro, ou celle du McDonalds. Restaurants, salles de théâtre ou de cinéma, attractions touristiques comme Madame Tussaud (musée de cire). A noter pour plus tard, au milieu du bloc sur votre gauche l’enseigne Dave & Buster’s : cette chaîne de restaurant/salle d’arcade propose un large choix de comfort food américain, et surtout d’immenses salles d’arcades avec tous les derniers jeux vidéo du moment. 

C’est un endroit sympa avec des enfants et ados, notamment si l’on profite des Half Price Wednesdays, où tous les jeux sont à moitié prix le mercredi. Juste en face, le Target est une grande surface américaine qu’on trouve généralement dans les grands Malls (centre commerciaux) en périphérie des centre villes, mais qui ouvre progressivement des magasins en centre ville. Même si le choix n’est pas aussi varié que dans des petits supermarchés locaux de centre ville, les prix sont vraiment nettement plus avantageux.

Rejoignez le croisement de la 8th Avenue. Là, deux blocs plus haut sur votre droite se trouve le Shake Shack de la 8ème, et un bloc plus bas sur votre gauche, son outsider et concurrent direct, Schnipper’s Quality Kitchen. En face de vous, la gare routière de New York, le Port Authority Bus Terminal, qui déverse sur Manhattan tous les matins des milliers de travailleurs pressés résidant dans les banlieues éloignées. A l’angle de la gare routière, la Carlo’s Bakery, une des boutiques du Cake Boss, le pâtissier italien star de New York, rendu célèbre par son show de téléréalité où on le suit avec son équipe, dans la confection des plus gros et extravagants gâteaux décorés et thématisés. Sa boutique principale n’est évidemment pas ici, mais sur l’autre rive de l’Hudson River, à Hoboken. On reste évidemment dans de la pâtisserie américaine assez banale au-delà des décorations, et les prix sont vraiment très élevés.

Juste derrière le Port Authority Bus Terminal, l’ancien McGraw Hill Building, entièrement recouvert de céramiques bleu-vert lui donnant cette teinte si particulière. Achevé de construire en 1931, c’était le siège de la société d’édition McGraw Hill. Au tout début des années 40, c’est dans un bureau de ce building que Martin Goodman démarra un petit magazine de bande dessinée intitulé Marvel Comics. Il avait engagé comme assistant le très jeune cousin de sa femme, Stanley Lieber. Ce dernier allait au cours des 20 années suivantes se révéler d’une infatigable imagination en créant les personnages des 4 fantastiques, de Hulk, de Iron Man, de Thor, des X-Men et bien entendu le très new-yorkais Spider-Man, sous le pseudonyme de Stan Lee.

Tournez à gauche sur la 8ème avenue et avancez jusqu’au nouveau QG ultra moderne du New York Times. A ses pieds, les cuisines ouvertes du Schnipper’s vous concocterons des burgers saignants (demandez votre burger “rare”) et des hots dogs très savoureux, cuits devant vous si vous vous installez au comptoir. La meilleure adresse de burger de New York pour les uns, juste derrière Shake Shack selon les autres. Autant dire qu’il vous faudra goûter les deux pour trancher ! Leur carte est par ailleurs très large. Leurs hot dogs sont très bons, ainsi que leurs très copieuses salades. Par contre les prix ont pas mal augmenté ces dernières années, ce qui en fait désormais une enseigne moins intéressante que le Shake Shack.

Trois autres options pour manger à quelques blocs : un Wendy’s et un Arby’s se font face sur la 8th Avenue entre la 40th et 39th Street, ainsi qu’un Popeyes Louisiana Kitchen sur la 40th St et un 2 Bros Pizza à l’angle de la 8th Avenue et la 38th St. Autant d’enseignes où l’on peut manger pour peu cher en choisissant bien, et dont vous trouverez le descriptif détaillé dans notre guide Manger à New York. Enfin, sur votre gauche sur la 37th St, le El Sabroso est une échoppe de spécialités de poulet sud américaines on ne peut plus original, puisque son petit comptoir est bien caché derrière les deux portes d’un monte charge industriel … Vraiment sympa et atypique, pas cher et bon. 

Continuez sur la 8th Avenue jusqu’à langue de la 39th St, et prenez à droite vers l’est pour rejoindre la 7th Avenue. Sur votre droite, le Drama Book Shop est une librairie spécialisée dans le théâtre et les comédies musicales qui répond aux besoins des milliers d’artistes en devenir qui viennent tenter leur chance à Broadway comme aux professionnels les plus aguerris. En continuant le long de la 39th St jusqu’à la 7ème avenue, vous remarquerez de très nombreux grossistes et détaillants en tissus, des deux côtés de la rue. Vous êtes en réalité au cœur du Garment District, le quartier du textile de Manhattan. Si aujourd’hui ce sont surtout les showrooms et sièges sociaux des grands créateurs qui font de New York une des capitales mondiales de la mode qui se concentrent dans ce quartier, le Garment District était autrefois un quartier industriel où s’alignaient les petits ateliers de production comme les grandes usines de prêt-à-porter. On pourrait même dire que le concept de prêt-à-porter a émergé à New York, dans la première moitié du XIXème siècle, à une époque où la majorité des gens cousaient encore eux-mêmes leurs vêtements. Un des tous premiers débouchés pour l’industrie du vêtement naissant, fut les tenues de travail pour les esclaves des plantations du sud des Etats-Unis. Leur temps de travail aux champs étant trop précieux pour leurs propriétaires, ces derniers commencèrent pas acheter des vêtements tout fait, afin que leurs esclaves puissent consacrer ce temps aux tâches agricoles. Puis ce furent les besoins naissants de l’armée en uniformes qui continua à alimenter les ateliers, et permit l’essor progressif d’une industrie à bas coût. L’arrivée continue de nouveaux immigrés permettait de trouver une main d’œuvre qualifiée tout en maintenant les prix bas. Avec la vague d’immigration en provenance de l’Est de l’Europe, dont beaucoup de tailleurs juifs ou polonais expérimentés, les produits manufacturés allaient rapidement monter en gamme, ouvrant la voie au prêt-à-porter comme nous le connaissons, après la première guerre mondiale. A la fin du XIXème siècle, l’industrie de l’habillement était de loin la plus importante de New York, et en 1910, 70% des habits achetés par les femmes aux Etats-Unis, et 40% de ceux achetés par les hommes étaient produits à Manhattan. Tout au long du XXème siècle, l’activité de production allait progressivement migrer dans des usines plus modernes hors de Manhattan, puis hors des frontières américaines, vers le Mexique ou l’Asie, mais le quartier conserva son rôle dans la gestion et la création.

En arrivant à l’angle de la 7ème avenue, qu’on appelle également Fashion Avenue, vous apercevrez en face de vous sur la gauche la sculpture “Needle Threading A Button” représentant comme son nom l’indique une aiguille et un bouton de chemise. Installée dans les années 70 et plusieurs fois transformée ou rénovée depuis, elle atteste de l’empreinte de l’industrie textile sur le quartier et sur Manhattan. Juste à côté, une sculpture en bronze plus traditionnelle représente un tailleur en train d’actionner une machine à coudre, hommage au père de l’artiste, un immigré juif, tailleur de profession, qui travailla dans le Garment District à son arrivée aux Etats-Unis.

Tournez à gauche dans la 7th Avenue pour remonter de deux blocs vers le nord. Sur votre droite à l’angle de la 40th St, la bannière de Midtown Comics signale l’entrée discrète du magasin de bande dessinée situé sur tout le premier étage de l’immeuble en angle, et dédié à ce genre littéraire typiquement américain, en partie né à New York comme nous l’avons vu, et à tous ses produits dérivés. N’hésitez pas à y faire un tour si vous êtes amateurs. Enfin rejoignez de nouveau l’angle de la 42nd St en longeant la Times Square Tower, pour terminer ce détour en tournant à droite (vers l’Est) dans la 42ème..

Continuez sur la 42nd St en direction de l’Est. Sur votre gauche, à l’angle de Broadway, la haute tour du One Five One Building (anciennement 4 Times Square) mesure plus de 250 mètres de haut pour 51 étages. Il est assez facile de la reconnaître de loin, car elle arbore des enseignes lumineuses géantes H&M sur ses 4 faces à son sommet. Le géant du prêt-à-porter fait ainsi la promotion de son immense magasin au pied de la tour. Et vous vous demandez sans doute pourquoi ce building est le seul et unique à arborer de telles enseignes lumineuses à son sommet ? Ce ne sont pourtant pas les occasions qui manquent au vu du nombre de hautes tours, d’immortaliser sa marque dans la Skyline de Manhattan… Et bien c’est tout simplement parce que c’est interdit par les règles du code de la construction de la ville (qui régit la hauteur des buildings, et ce qu’ils peuvent arborer sur leurs façades), afin que la Skyline ne se transforme pas en espace publicitaire géant. Mais le One Five One est exempté de ces contraintes, car il fait partie du 42nd Street Development Project, le programme de renouveau urbain de Times Square, qui avait obtenu de pouvoir déroger aux règles communes de construction pour faciliter les investissements autour de Times Square et assurer son renouveau.

Continuez sur la 42nd St en direction du Bryant Park. En débouchant sur la 6th Avenue, la 42nd St est bordée par deux géants de verre. A votre droite, le Three Bryant Park, un gratte-ciel de 192m et 41 étages construit au début des années 70 mais dont toutes les façades de verres ont été remplacées et modernisées récemment. Sa dénomination change régulièrement en fonction de ses occupants : encore récemment appelé MetLife Tower, la tour est désormais connue sous le nom de Salesforce Tower alors que le géant de la Silicon Valley en a fait son QG sur la côte Est. A votre gauche, la Bank of America Tower, qui culmine à 366m, aisément reconnaissable avec son architecture biseautée (notamment sur la face nord, plus visible quand on remonte la 6ème avenue vers le nord), et la flèche qui la coiffe (difficilement visible depuis le pieds de la tour, il faut prendre un peu de recul). Inauguré en 2009, pour un coût de construction pharaonique de 1 milliard de $, l’édifice était à sa construction le troisième plus haut de New York City si on intègre sa flèche, juste derrière le One World Trade Center et l’Empire State Building. Depuis, 5 autres nouveaux bâtiments de plus de 380 mètres ont fait leur apparition dans le ciel de Manhattan en moins de 5 ans, reléguant la Bank of America Tower à la huitième place du podium. A noter que cette tour accueille au rez-de-chaussée un atrium ouvert au public, l’Urban Garden Room, à l’angle de la 43ème rue et de la 6ème avenue, avec des tables et des chaises en libre accès. Pratique notamment en hiver ou mi-saison, pour manger une commande à emporter (il y a notamment un Shake Shack et un Chopt à deux pas).

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Pour continuer sur les librairies atypiques, à l’angle de la 41st et de la 6th Avenue, juste en face du Bryant Park, la librairie Kinokuniya New York est spécialisée dans les importations et traductions en provenance du Japon. Leur sélection est immense, que ce soit en manga ou en magazines japonais, et on y trouve toutes sortes de gadgets asiatiques et même un café avec des spécialités du levant. 

Bryant Park est une petite bouffée d’oxygène au milieu d’un océan de buildings et d’asphalte, toujours animé notamment à la belle saison avec de nombreuses activités gratuites tout au long de la journée, du cours de yoga au cinéma en plein air. On y trouve une grande pelouse, terrain de picnic improvisé pour tous les employés de bureau des buildings alentour, des jeux de sociétés en libre service ou encore une patinoire et un marché de Noël en hiver.

Sur le côté nord du parc, le long de la 42nd St, le Grace Building qui date de 1974, à la forme si particulière, incurvée dans la partie basse, tapissé de pierres blanches qui contrastent avec les fenêtres sombres, a une silhouette particulièrement reconnaissable. Son nom lui vient de la société de produit chimique qui l’a fait bâtir, la W.R. Grace Company, mais il n’est pas sans faire écho à une certaine grâce de son architecture épurée, qui fut longtemps iconique dans le paysage des gratte-ciels modernes de Manhattan, alors qu’aujourd’hui ce bâtiment est un peu perdu dans la multiplication des nouvelles tours. Les amateurs de Comics auront reconnu l’immeuble à la surface duquel le surfeur d’argent se propulse comme si c’était une vague géante, poursuivi par la torche humaine, dans le deuxième opus de l’adaptation cinématographique de la bande dessinée des 4 fantastiques.

Tout le début de la scène est en réalité une poursuite aérienne dans le ciel de Midtown Manhattan, en partant du Rockefeller Center où a lieu le mariage qui est interrompu, puis en passant par le sommet du Chrysler Building avant de redescendre sur Bryant Park via le Grace Building, et de s’engouffrer vers l’est dans la 42nd street où vous vous trouvez. La scène se poursuit ensuite dans le Queens–Midtown Tunnel, qui est bien dans l’alignement de la 42ème rue, sauf que le plan où les deux poursuivants s’engouffrent dans le tunnel n’a pas été tourné devant le bon tunnel : c’est l’entrée du Lincoln Tunnel, côté New Jersey qui a été utilisé, sans doute parce que l’entrée du Queens–Midtown Tunnel manquait singulièrement de cachet. Vous pouvez voir cette scène sur Youtube.

De l’autre côté du parc, la bibliothèque municipale de New York, la très iconique New York Public Library est une superbe bibliothèque dans les sous-sols de laquelle débute le mythique film 100% new-yorkais Ghostbuster. L’entrée est libre comme la consultation des livres : si vous aimez les bibliothèques à l’ancienne, l’atmosphère est magique. La New York Public Library est la deuxième plus grande bibliothèque aux Etats-Unis juste derrière la Library of Congress de Washington DC, et la quatrième plus grande au monde. Elle fut bâtie progressivement tout au long du XIXème siècle par la fusion de plusieurs grandes bibliothèques privées de New York, pour l’essentiel avec des fonds privés de très riches donateurs comme John Astor, un négociant de fourrure qui devint le premier multimillionnaire des Etats-Unis grâce à ses investissement dans le foncier et l’immobilier New Yorkais. Aujourd’hui la bibliothèque de New York comprend plus de 200 branches au quatre coins de la ville, mais l’épicentre de l’institution est la New York Public Library Main Branch sur Bryant Park, ouvert en 1911, et comprenant au rez-de-chaussée une immense et splendide salle de lecture connectée à des kilomètres de rayonnages sur 7 étages en sous-sol. C’est également la dernière institution de New York à utiliser un système de communication pneumatique. Il faut savoir que New York est l’une des villes au monde où les systèmes pneumatiques ont été le plus développés, et conservés en activité le plus longtemps : nés à la toute fin du XIXème siècle, ils n’ont été entièrement démantelés par les services postaux de New York que dans les années 50. Un réseau de plus de 30 km reliait 22 centres postaux entre eux, véhiculant jusqu’à 100 000 lettres par jour soit le tiers de tout le courrier échangé à New York. Un tube pneumatique traversait même l’East River par le Brooklyn Bridge. Les tuyaux sont pour la plupart encore sous les pieds de New Yorkais et un start-up imagine même de les utiliser pour faciliter le passage de la fibre optique dans les sous-sols de la ville.

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Autre curiosité à ne pas manquer si vous visitez la Public Library : le Children’s Center, la bibliothèque des enfants, expose les peluches originales de Winnie l’Ourson. En effet, l’auteur des livres de Winnie l’Ourson (écrits dans les années 20) était le père d’un petit garçon nommé réellement Christopher Robin (l’enfant de l’histoire), et les personnages du livre, Winnie, Tigrou et ses amis étaient les “vrais” peluches de son fils, aujourd’hui exposées à New York. 

Rejoignez l’angle de la 42ème rue et de la 5ème avenue. Dans l’angle en face à droite, un bel immeuble de 1917 porte au fronton le nom de la Astor Trust Company. Cette banque n’avait pas été fondée par le John Astor dont nous avons parlé plus haut, le grand magnat de l’immobilier à New York, mais par John Jacob Astor IV (4ème du nom, donc), son arrière-petit-fils, et héritier d’une partie de la fortune colossale de son aïeul. Outre le fait d’être richissime, John Jacob Astor IV était aussi un ingénieur et inventeur patenté, qui déposa des brevets aussi bien pour un nouveau frein de bicyclette que pour une turbine. Passionné de technologie, il publia même en 1894, un roman de science-fiction, racontant la vie en l’an 2000, avec un réseau téléphonique, une génération solaire de l’électricité, la généralisation du transport aérien, et même les voyages spatiaux jusqu’à Saturne et Jupiter. Mais la vie très riche (dans tous les sens du terme) de John Astor sera fauchée à seulement 47 ans : alors qu’il voyage en Europe avec sa femme, cette dernière tombe enceinte. Astor décide de rentrer aux Etats-Unis avant l’accouchement et embarque à Cherbourg sur le … Titanic. Après la rencontre avec l’iceberg, sa femme put embarquer dans un canot de sauvetage, mais John Astor dû rester sur le navire conformément aux instructions de l’équipage en attendant que toutes les femmes et les enfants aient pu embarquer sur les canots. Il coula avec le navire, laissant derrière lui une fortune de 87 millions de $ de l’époque (plus de 2 milliards de $ d’aujourd’hui), et un fils qui naîtra 4 mois plus tard, et portera le nom de John Jacob Astor VI.

A la même intersection, immédiatement sur votre gauche, le 500 Fifth Avenue est un colossal gratte-ciel de 60 étages pour 212 mètres de haut qui ne passera jamais à la postérité, car il fut inauguré la même année que l’Empire State Building qui le surpasse de très loin avec ses 102 étages. Mais il demeure un excellent témoignage de ces buildings massifs emblématiques des années 30. Jetez un œil vers l’est dans l’alignement de la 42nd St, vous verrez surgir la Chrysler Tower à trois ou quatre blocs devant vous. 

A cette intersection, vous pouvez poursuivre l’itinéraire en partant à gauche sur le 5th Avenue pour un détour d’un peu moins d’un kilomètre, ou continuez tout droit sur la 42ème rue pour rejoindre directement l’esplanade piétonne entre le One Vanderbilt et Grand Central Station.

DETOUR 2 (1 km)

Tournez à gauche dans la 5th Avenue, que vous remonterez jusqu’à la 47th St. La 5ème avenue est un peu pour New York ce que les Champs Elysées sont à Paris : une rue aux loyers commerciaux exorbitants, mais où les commerces s’installent néanmoins, pas tant pour le chiffre d’affaire qu’ils peuvent y faire, que pour la publicité qu’ils peuvent en recevoir et l’exposition de leur marque sur une avenue emblématique et prestigieuse. Pourtant, la 5ème avenue n’a pas toujours été une rue commerçante. Au contraire, elle était au XIXème siècle bordée de manoirs et demeures luxueuses, constituant un quartier résidentiel très huppé de New York, notamment après la fin de la guerre de sécession (ce qu’elle reste toujours dans sa partie nord, qui longe Central Park). Mais au début du XXème siècle, il fut décidé d’élargir l’avenue en rognant sur les constructions qui la bordaient, et en diminuant la taille des trottoirs. De nombreuses demeures furent alors démolies, et le quartier évolua en une artère commerciale très haut de gamme, notamment dans la partie juste en dessous de Central Park que nous traverserons plus loin. 

En remontant en direction de la 47ème rue, vous trouverez déjà de nombreuses enseignes plus ou moins prestigieuses, qui cherchent toutes à avoir une devanture sur la 5ème : les amateurs de chaussures de tennis Vans pourront s’arrêter à leur flagship store (au sens propre “vaisseau amiral”, mais ici magasin porte-drapeau, vitrine de la marque) sur votre gauche après la 44th St. Juste avant, les curieux ou amateurs de souvenirs originaux pourront faire un tour au Five Below, une enseigne qui se développe rapidement, en vendant tous ses produits à prix rond, et jamais plus que 5$. Ces magasins prennent progressivement la suite des dollars stores ou 99cents stores, des bazars qui promettaient de vendre tous les produits du magasin au prix unique de 1$ (ou 99 cents), mais qui ont de plus en plus de difficultés à s’ajuster à l’inflation. Sur le trottoire d’en face, un peu avant l’intersection de la 45th St, vous trouverez également une boutique NBA pour les amateurs de basket pro américain. 

Traversez la 45th St : sur votre droite, vous passez devant la façade art déco du Fred F. French Building érigé en 1927, et à l’époque le plus haut building sur la 5th Avenue avec ses 38 étages. La richesse des détails de ses ornements décoratifs est à la fois emblématique du style art déco de l’époque, mais également de l’inspiration mésopotamienne des nombreux motifs (comme les chevaux ailés sur les frises en bronzes). Ces références proche-orientales sont extrêmements fréquentes à une époque où l’on redécouvre les merveilles architecturales de l’Egypte ou de l’Assyrie et où l’on se passionne pour les fouilles archéologiques (Lord Carter découvre la tombe de Toutânkhamon en 1922 par exemple).

A l’intersection de la 46th St, regardez sur votre gauche pour apercevoir la façade emblématique de l’International Gem Tower. Si elle vous semble briller de mille reflets telles les faces d’un diamant, ce n’est pas une coïncidence : l’entrée principale du building donne sur la 47th St, dont la portion située entre la 5ème et la 6ème avenue est connue comme Jeweler’s Row ou encore le Diamond District, le quartier des diamantaires de New York. La rue héberge également des restaurants casher et une synagogue, car le quartier est dominée depuis la seconde guerre mondiale par des commerçants juifs orthodoxes originaires pour la plupart de Anvers ou d’Amsterdam, et qui ont fuit les persécutions nazi en s’installant à New York. Il s’échange ainsi ici plus de 400 millions de $ de diamants ou pierres précieuses chaque jour. 90% des diamants entrant aux Etats-Unis passent par le Diamond District. Selon les sources, entre 2500 et 3500 sociétés spécialisées dans le commerce et la taille de diamant travaillent dans ce seul bloc. Les juifs orthodoxes y sont toujours ultra majoritaires, et des transactions à plusieurs millions de $ s’y effectuent tous les jours, sans contrat écrit, par une simple poignée de main accompagnée de la formule “mazel und brucha” (“bonheur et bénédiction”) qui cèle le deal de manière irrémédiable. Les contentieux (très rares) sont rarement portés devant les juridictions ordinaires, mais traités par des tribunaux hébraïques. Une condamnation équivaut à une radiation de fait de toutes les places de marchés de diamant gérées par des juifs de par le monde, une perspective qui calme toute velléité de manquer à sa parole dans ce milieu très fermé.

Puis tournez à droite dans la 47th St. En arrivant au croisement de Madison Avenue, sur votre droite, le 390 Madison, est un building blanc et transparent, avec de multiples terrasses, récemment entièrement recréé sur la base d’un immeuble somme toute assez banal des années 50 qui lui a servi de squelette. Comme l’atteste le rez-de-chaussée avec cet écran arrondi géant qui trône au milieu du lobby, le building appartient à la JPMorgan Chase, le plus gros consortium bancaire aux Etats-Unis.   

Juste en face, de l’autre côté de Madison Avenue, l’immense tour d’argent du 383 Madison Avenue, anciennement appelée Bear Stern Tower s’élève vers le ciel. Achevée de construire en 2001, c’était le siège de la Bear Stern, la première banque à faire faillite lors de la crise des subprimes de 2008 (plus précisément, la première banque à faire faillite et à ne pas être secourue). Au moment de la faillite de l’établissement bancaire, le prix du building pesait dans ses comptes plus lourd que tous les autres avoirs financiers de la banque réunis. C’est finalement la JPMorgan Chase qui rachètera les restes de Bear Stern après sa faillite, héritant du bâtiment dans lequel il déménagea (provisoirement) son quartier général de Manhattan. Mais si vous vous dites que la combinaison du 390 Madison et du 383 Madison, cela fait beaucoup comme espace de bureau pour une seule banque, détrompez-vous ! Juste en face de la Bear Stern Tower, se trouvait au 270 Park Avenue, l’ancienne JP Morgan Chase Tower, un gratte-ciel de 52 étages construit à la fin des années 50 pour héberger le siège de l’Union Carbide, un géant de la chimie. Il a été démoli entre 2019 et 2021, et reste à ce jour le plus haut building jamais démoli dans le monde (en dehors d’un acte de terrorisme évidemment, auquel cas le World Trade Center serait évidemment devant). Il doit laisser place à une nouvelle tour titanesque qui fera le double de hauteur de l’ancienne, ce qui en fera la 4ème plus haute tour de Manhattan. A l’heure où nous écrivons ces lignes au printemps 2022, les travaux ont à peine commencé, et personne ne sait précisément à quoi ressemblera le nouveau building, JP Morgan Chase étant particulièrement discret sur l’allure de son futur QG. En tout cas, la combinaison de cette nouvelle tour, et de l’ex-Bearn Stern Tower et du 390 Madison fera de cette intersection un immense campus urbain au cœur de Manhattan pour la JP Morgan Chase.

Poursuivez sur la 47th St entre le chantier de la nouvelle JPMorgan Chase Tower et le 383 Madison, puis tournez à droite dans Vanderbilt Avenue. Cette avenue atypique ne fait que 5 blocs de long, entre la 42ème et la 47ème rue, coupant les blocs compris entre Park Avenue et Madison Avenue. Elle doit sa création à la construction de la gare ferroviaire de Grand Central Terminal que nous allons rejoindre, qui est construite dans l’alignement de Park Avenue (les voies ferrées passant sous Park Avenue), et doit son nom à Cornelius Vanderbilt, la magnat du train qui fit construire Grand Central.

A l’angle de la 45th St, un viaduc sur votre gauche passe par-dessus la 45ème rue. En fait, comme la gare de Grand Central est construite dans l’alignement du Park Avenue, le trafic routier de Park Avenue s’engouffre au niveau de la 46ème rue, à l’intérieur du Helmsley Building (construit dans l’alignement de la gare). A l’intérieur du Helmsley Building, le trafic automobile de Park Avenue est réorienté pour contourner Grand Central Terminal qui est construit plus bas. En sortant du Helmsley Building, le trafic routier emprunte de chaque côté de Grand Central un viaduc pour franchir la 45ème rue, puis longe en hauteur le MetLife Building puis Grand Central, avant de se rejoindre au sud de Grand Central, en empruntant un nouveau viaduc par dessus la 42ème rue avant de redevenir Park Avenue. Sur la photo ci-dessous, datant de 1944, vous voyez Grand Central Terminal depuis le sud de Park Avenue : on voit bien le trafic routier venant de Park Avenue s’élever pour franchir la 42ème rue au moyen d’un viaduc, puis contourner toujours en hauteur la gare ferroviaire. Le building qui s’élève à l’arrière de Grand Central est la partie centrale du Helmsley Building, devant lequel vous vous trouvez, à l’emplacement où le trafic contournant Grand Central par la gauche sur la photo, passe par dessus la 45ème rue, et s’engouffre dans le Helmsley Building pour ressortir sous la tour central du bâtiment (celle de la photo), de nouveau dans l’alignement de Park Avenue.

Sous le viaduc, se trouve l’entrée du Urbanspace Vanderbilt qui accueille une quinzaine d’enseignes de la gastronomie new-yorkaise dans un de ces nouveaux food halls à la mode de Manhattan. Tacos à la mode japonaise, bols végétariens, sandwich gourmet dans un pain pretzel, viandes braisées, soupes ramen, soul food ou tapas, il y en a pour tous les goûts même si les prix sont un peu élevés. Nous recommandons particulièrement les variations de doughnuts de Dough mais également les étonnants donuts de spaghettis de Pop Pasta.  

Continuez sur Vanderbilt Avenue jusqu’à l’angle de la 43ème rue. La dernière portion de Vanderbilt Avenue jusqu’à la 42ème rue est désormais piétonne. Elle sépare à votre gauche Grand Central Terminal, et le tout nouveau gratte-ciel du One Vanderbilt.

Avant de pénétrer dans cette gare ferroviaire mythique, jetez un œil à la façade ouest de la gare en face de vous. Difficile d’imaginer que derrière une partie de cette façade se trouve un … court de tennis. Et pourtant, le Vanderbilt Tennis Club dispose d’un court de tennis tout ce qu’il y a de plus moderne, bien caché dans l’enceinte de Grand Central Station, et ce depuis les années 60. Sachez néanmoins qu’il vous en coûtera entre 100 et 250$ de l’heure pour échanger quelques revers en plein cœur de Manhattan. Regardez la photo ci dessous et essayez de deviner sur l’extérieur de la façade où se cache le court de tennis : 

 

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En face de Grand Central, le One Vanderbilt est un méga gratte-ciel (supertall skyscraper) de 93 étages qui fait l’angle avec la 42ème rue. Il fait 397 mètres de haut, et est surmonté d’une flèche monumentale de 30 mètres qui porte sa hauteur totale à 427 mètres, presque une fois et demi la Tour Eiffel. Sa forme très légèrement pyramidale (sa base est carrée, mais son sommet est plus étroit que sa base) lui donne une allure un peu plus élancée que son volume massif aurait pu engendrer. Mais si le One Vandebilt sera assurément reconnu dans les années qui viennent comme un gratte-ciel incontournable dans la skyline de Manhattan, c’est assurément à cause de son observatoire perché au 73ème étage, sobrement intitulé The Summit. Déboulant en pleine crise du COVID dans un marché saturé par déjà 4 autres observatoires, The Summit va sans aucun doute devenir très vite l’observatoire de référence à Manhattan car il cumule tous les avantages des autres : il est très haut, il est situé au coeur de Midtown Manhattan, avec une vue totalement inédite en surplomb du magnifique Chrysler Building, un panorama imprenable sur le sud de Manhattan avec l’Empire State Building au premier plan. En termes de point de vue, il a assurément le meilleur emplacement des observatoires de Midtown. Mais ses créateurs ont également su en faire une expérience fun et interactive : jeux de miroir, visite sur 3 étages, balcons de verre suspendus au-dessus du vide, espace extérieur, bars, restaurant. Tout est fait pour susciter la curiosité, l’émerveillement et arracher aux visiteurs des exclamations de surprise à répétition. Si vous ne devez faire qu’un seul observatoire à Manhattan, The Summit est assurément celui que nous conseillons. Comptez au moins deux heures, voire un peu plus pour cette expérience, donc choisir un horaire en tout début de journée nous parait une bonne option.

 

Puis pénétrez dans Grand Central. Le hall principal conduit aux différents quais construits en sous-sol. Ses 67 quais en fond la plus grande gare ferroviaire au monde par la capacité d’accueil en nombre de trains. Ouverte en 1871, elle fut réaménagée plusieurs fois, notamment en 1913. La voûte céleste du plafond du hall principal a été rénovée en 1998 car elle était entièrement noire à cause des dépôts de tabac au plafond. La vue des étoiles qu’elle représente est inversée par rapport à leur position naturelle si l’on regarde le ciel, car cette représentation est fondée sur un ouvrage médiéval qui représentait les étoiles “vues du dessus”, de la position du créateur.

Descendez ensuite au hall des restaurants (Dining Concourse), son incroyable bar à huîtres (Oyster Bar), mais également son food court avec toutes ses petites échoppes offrant une nourriture variée et de qualité. Nous vous encourageons notamment à goûter aux spécialités pâtissières de la Magnolia Bakery : muffin, lemon bar, blondie, et tout ce qui vous fera envie. Vous y trouverez également un Shake Shack qui présente l’originalité de proposer des breakfast sandwichs le matin : un vrai régal, totalement addictif. Juste devant le Oyster Bar, une double voûte est soutenue par 4 piliers dans les angles : en parlant bien contre le mur, dans un des angles, vous pouvez discuter avec quelqu’un positionné dans l’angle opposé, le son parcourant le chemin au plafond le long de la voûte avant de redescendre jusqu’à votre interlocuteur. 

Essayez de ressortir par la sortie Est sur Lexington Avenue, en traversant le Grand Central Market : en sortant sur Lexington, juste à gauche et sur votre trottoir quand vous sortez du Grand Central Market, le Graybar Building est cet immense édifice de brique qui hébergeait le siège de la Graybar jusqu’en 1982. Cette société est atypique par plus d’un point : avec un chiffre d’affaire annuel de 6 milliards de dollars, ce fournisseur de matériel électrique et de communication est entièrement possédé par ses 8300 employés, et ce depuis 1929, année où les employés se cotisèrent tous pour racheter la compagnie à son précédent propriétaire, la Western Electric. Autre élément méconnu : Elisha Gray, le cofondateur de la société déposa un brevet pour l’invention du téléphone, le même jour que Graham Bell, même si l’histoire ne retint que le nom de Bell. Élément amusant concernant l’édifice : les montants métalliques qui soutiennent le porche à l’entrée du Graybar Building sont dessinés comme des cordes d’amarrage d’un bateau, avec le dispositif conique pour empêcher les rats de monter sur le navire, et les rats sculptés en prime.  

Traversez Lexington Avenue, retournez-vous et regardez en direction de l’entrée de Grand Central, via le Grand Central Market, par laquelle vous êtes sortie. Elle est surmontée d’un aigle américain, et dans l’encadrement des buildings qui encadrent cette entrée, vous apercevez la flèche caractéristique du One Vanderbilt qui pointe entre les immeubles.

De l’autre côté de la 43ème rue, en face de vous, se trouve le Chrysler Building, chef d’œuvre Art Déco, probablement le plus beau building de Manhattan. Bâti pour abriter le siège social du constructeur automobile, on s’amusera à rechercher les éléments architecturaux qui rappellent les bouchons de radiateur des vieilles Chrysler des années 20/30. Si vous êtes en semaine, n’hésitez pas à vous aventurer dans le lobby, lui aussi magnifique.

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Puis rejoignez de nouveau la 42ème rue : sur le trottoir opposé et sur votre droite, le Chanin Building est également un exemple marquant d’architecture Art Déco, antérieur au Chrysler Building. Haut de 56 étages, il était à sa construction en 1927-1929, le 3ème plus haut building de Manhattan. Un titre qu’il ne gardera pas bien longtemps, le début des années 30 voyant l’apparition de toute une flopée de grattes-ciels tous plus hauts les uns que les autres, de la Chrysler Tower à l’Empire State Building en passant par le 40 Wall Street.

Dans l’angle opposée à la gare de Grand Central, en face de la Chrysler Tower et du Chanin Building, un gratte-ciel métallique assez atypique occupe le 4ème angle de l’intersection de Lexington Avenue et de la 42nd Street. C’est le Socony–Mobil Building, qui reprend l’allure des grands buildings des années 20-30 comme son voisin le Chanin Building, mais avec une couverture métallique des façades, comme s’il avait été rénové et modifié plus récemment. En réalité, cette tour massive date du milieu des années 50, et vous la voyez comme elle a été conçue à l’origine, avec son extérieure en vitres teintées bleu foncé sur les 4 étages inférieurs, et un bardage métallique très atypique sur les étages supérieurs. Ce sont pas moins de 7000 panneaux d’acier inoxydable qui furent utilisés, une première à l’époque, et qui fit assez peu d’émule, le Socony–Mobil Building demeurant jusqu’à aujourd’hui le plus grand gratte-ciel à couverture extérieure métallique dans le monde. 

Tournez à gauche et reprenez votre progression vers l’est sur la 42ème rue, en direction de l’East River, et de l’autre côté le Queens. A l’intersection de la 3ème avenue, vous pouvez soit choisir de continuer vers l’Est sur la 42ème rue pour un troisième détour (1.4 km) jusqu’aux Nations Unies en bordure de l’East River, soit prendre direction à gauche sur la 3rd Avenue pour remonter directement jusqu’à l’intersection de la 48th Street où la jonction avec la fin du détour se fera. Si vous choisissez cette option plus courte, vous pouvez en profiter pour faire une incursion sur votre droite au niveau de la 44th St, jusqu’aux Summit appartments, une tour résidentielle moderne de 41 étages, qui offre à son pied des opportunités pour de très belles photos, avec sa forme trapézoïdale, ses balcons dans les angles, et la sculpture miroir positionnée juste à sa base. Sur le trottoir opposé, sur la droite du Even Hotel, une fresque murale de l’artiste brézilien Eduardo Kobra, représentant un autre artiste, Roy Lichtenstein. Les fresques murales de Kobra semblent envahir New York ces dernières années. Il faut dire que son style coloré, optimiste, qui refuse la provocation, est particulièrement propice au street art et fait l’unanimité avec ses thématiques centrées autour de l’idée de la recherche de la paix et de l’unité. Ici, Kobra a dépeint un grand artiste américain du pop art, Roy Lichtenstein : sur la partie gauche de la fresque, une représentation de l’artiste photo réaliste et colorée, fidèle au style de Kobra, et sur la partie droite, il imite le style propre de Roy Lichtenstein, qui emprunte à genre de la bande dessinée américaine des années 40-50. Lichtenstein s’est en effet notamment connaître pour ses toiles imitant les techniques d’impression couleur des Comics, avec une prépondérance pour les personnages féminins mis dans des situations mélodramatiques, et un jeu sur le double sens du texte de la bulle. Vous avez forcément déjà croisé une de ses oeuvres, dont voici un exemple :

En revenant sur la 3ème avenue pour poursuivre jusqu’à la 48th Street, profitez, en face de vous, d’une vue dégagée sur la Chrysler Tower. Puis rejoignez l’angle de la 48ème rue.

DETOUR 3 (1.4 km)

Depuis l’angle de la 3ème avenue et la 42ème rue, poursuivez vers l’est sur la 42nd St. Sur votre droite, une petite allée discrète, Kempner place, sépare l’hôtel Westin du Daily News Building. Jetez un œil dans la ruelle : une immense et étonnante fresque murale occupe l’essentiel du mur de l’hôtel sur la droite. Juste après Kempner place, le Daily News Building est un gratte-ciel de 36 étages de style Art Déco, construit à la toute fin des années 20 pour accueillir la rédaction du New York Daily News, le premier quotidien américain à choisir le format tabloïd, plus petit que les journaux traditionnels. Faisant une place importante aux photographies, au sport, aux commérages et choisissant une ligne éditoriale sensationnaliste, il va devenir, quelques années après sa création, le premier quotidien de New York dans les années 20-30, et tirait en 1947 environ 2.4 millions d’exemplaires quotidiens, et le double le week-end. Choisissant une ligne moins politisée, plus populiste que ses rivaux, le Daily News cherchait avant tout le scoop et le scandale, comme en 1928 où un reporter du journal utilisa une caméra miniature attachée à sa jambe pour prendre une photo volée de l’exécution de Ruth Snyder sur la chaise électrique. Ruth Snyder était la première femme à être exécutée à New York en 40 ans. Elle avait assassiné son mari après 7 tentatives avortées, après lui avoir fait prendre une assurance vie dont elle était la bénéficiaire.

Le lobby du Daily News Building semble tout droit sorti d’une planche de Superman ou Spiderman, avec son globe géant en rotation. N’hésitez pas à entrer si c’est encore possible. 

Encore un peu plus loin, après la 2ème avenue, sur le trottoir du gauche cette fois, un autre hall impressionnant est celui la Ford Foundation, qui contient un jardin dans un atrium d’une hauteur démesurée. N’hésitez pas à entrer également. Juste après la Ford Foundation, le Tudor City Garden est également un havre de paix au milieu de cette jungle de béton. On y accède par deux escaliers de part et d’autre de la 42ème rue. Nous vous conseillons de prendre l’escalier de droite, puis de traverser la 42nd St via le Tudor City Bridge qui enjambe la 42ème. Vous aurez un beau panorama jusqu’à la Chrysler Tower et le One Vanderbilt dans l’alignement de la 42ème, et de l’autre côté vers le siège des Nations Unies. Puis continuez sur Tudor City Place et ses étonnants petits immeubles, avant de prendre à droite sur la 43ème rue, où vous descendrez les escaliers pour rejoindre le site de l’ONU. 

Si c’est à San Francisco que naissent les Nations Unies en 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale, c’est bien à New York que le siège des Nations Unies s’établira en 1951, dès l’achèvement des travaux du complexe que vous avez devant les yeux. On y trouve notamment l’assemblée générale des Nations Unies, le conseil de sécurité, mais pas la cour de justice internationale qui siège à La Haye aux Pays Bas. Le territoire sur lequel s’étend le campus des Nations Unies a été cédé par la famille Rockefeller qui possède également le complexe de Tudor City que vous venez de traverser. Ce territoire est considéré comme hors du sol américain en vertu d’un traité avec le gouvernement américain qui lui garantit l’extraterritorialité. Le plan du complexe ne fut pas l’œuvre d’un seul architecte, mais d’un consortium de spécialistes représentant une dizaine de pays membres, dont Le Corbusier, pour la France qui aura une grande influence sur le projet final. 

Si vous vous approchez de la berge, en regardant le fleuve, sur votre gauche, vous verrez le Queensboro Bridge, qui traverse Roosevelt Island. Pour les cinéphiles, c’est le pont qui est sur l’affiche du film Manhattan de Woody Allen. Pour les plus jeunes cinéphiles, c’est du haut de ce pont que le Green Goblin précipite Mary Jane et que Spider-Man doit choisir entre sauver celle qu’il aime et les passagers du téléphérique de Roosevelt Island dans le premier opus de l’adaptation cinématographique de Spider-Man. 

En remontant vers le nord la 1ère avenue pour longer les Nations Unies, vous passez devant de nombreux buildings et tours dont beaucoup hébergent les délégations des États membres aux Nations Unies (un peu comme des ambassades auprès de l’ONU). Ainsi à l’angle de la 45th St, on peut même trouver la Mission permanente américaine auprès des Nations Unies (United States Mission to the United Nations). En dehors du lobby sous verrière qui en forme la base, cet immeuble inauguré en 2011 ressemble plus à un blockhaus de béton brut qu’à autre chose. Il est encadré par deux tours de verre bleu foncé de 40 étages chacune (One United Nations Plaza et Two United Nations Plaza), qui hébergent les administrations de nombreux programmes financés par l’ONU, ainsi que les délégations de nombreux pays, sans compter un hôtel Hilton de 500 chambres dans les étages supérieurs des deux buildings.

A l’angle de la 46th St, une autre tour, plus intéressante architecturalement parlant, le Türkevi Center, est une lame de verre de 36 étages, à la façade Est incurvée et bombée, et dont la base accueille le consulat de Turquie et la délégation turque à l’ONU, décoré dans un style oriental très stylisé et moderne qui n’est pas sans rappeler l’Institut du Monde Arabe à Paris.

Poursuivez jusqu’à l’angle de la 47th St, pour arriver devant la Trump World Tower, un gratte-ciel résidentiel de luxe de 72 étages (ce sont des appartements, pas des bureaux). Compter 3000/3500 $ par mois pour un studio, à partir de 4500$/mois pour un deux pièces. Les deux pièces à l’achat commencent autour de 1 million de $ et les appartements du sommet tournent autour de 28 millions de $. Plus c’est haut, plus la vue est belle, plus c’est cher. Initialement, les deux derniers étages formaient un duplex de 1800 m2, mais proposé à l’achat à 58 millions de $, il peinait à trouver acquéreur, aussi il fut découpé en 4 appartements plus “modestes” de 450 mètres carrés chacun. La vue vers le ciel au pied de la tour noire et sobre est assez impressionnante.

Remontez ensuite la 47ème rue d’un bloc vers l’Ouest, en faisant un petit détour par le Katharine Hepburn Garden le long des immeubles sur votre gauche, petit havre de paix et de verdure dans un océan de béton. Les jardins ont été nommés en son honneur, moins par reconnaissance de la carrière de l’artiste de cinéma, que par ses efforts pour limiter la construction de hauts building dans ce quartier où elle a vécu de longues années à la fin de sa vie.

Prenez à droite sur la 2nd avenue, puis à gauche sur la 48th Street pour revenir à l’intersection de la 3rd Avenue, et rejoindre le circuit principal.

Dans la 48ème rue, à 50 mètres du croisement avec la 3rd Avenue, se trouve sur le mur d’un building, le World’s largest chess board, le plus grand échiquier du monde. Attention il ne s’agit pas d’une simple fresque, c’est un vrai échiquier sur lequel se jouent de vraies parties. Chaque jour, un employé sur un chariot élévateur vient bouger les pièces selon les indications des deux joueurs engagés dans une partie publique mais finalement assez discrète. Le drapeau sur la gauche de l’échiquier indique quel joueur doit faire le prochain mouvement (ou bien indique un échec et mat en fin de partie). Et dans l’angle opposé de la 3rd Avenue, une fresque murale tout en hauteur, également signée Kobra, représente Albert Einstein à vélo. 

Continuez d’un bloc sur la 3rd Avenue vers le nord. A l’angle de la 49ème, directement sur votre droite, une sorte grande banquette rouge est suspendue sous l’arcade d’un l’immeuble. Cette installation urbaine intitulée “Big Red Swing” oscille lentement comme une balançoire géante si l’on s’assoit. En face, sur votre gauche, une nouvelle fresque de Kobra, intitulée “Braves of 9/11” et représentant un pompier de New York au chevet des victimes de l’attentat du World Trade Center. Dans l’angle opposé, un restaurant historique, Smith & Wollensky, opère depuis 1977 dans un building très ancien, de seulement deux niveaux, qui jure avec les gratte-ciels environnants. Ce steakhouse huppé dans lequel les stars ont leurs habitudes, a pris la suite en 1977 d’une véritable institution new-yorkaise, le Manny Wolf’s qui était sans doute à l’époque le plus vieux steakhouse de Manhattan. Il avait en effet ouvert ses portes en 1897, dans le même bâtiment qui était utilisé au XVIIIème siècle comme un atelier de confection de fouets pour les cochers. Autant dire que vous avez devant vous l’un des plus vieux bâtiments du quartier. Voici une photo du Manny Wolf’s en 1940 : à quelques détails près le lieu n’a pratiquement pas changé, alors que les immeubles environnants ne sont plus du tout les mêmes.

En fait, la tour de verre sur laquelle s’appuie actuellement le restaurant, a remplacé l’immeuble de brique que l’on voit sur la vieille photo : dans les années 1980, un feu a fait d’énormes dégâts dans le restaurant. Le propriétaire était à deux doigts de mettre les clés sous la porte et de vendre l’immeuble pour rembourser ses dettes. Sans nul doute aurait-il été remplacé par une bâtiment plus haut. Mais finalement, il réussit à vendre ses droits verticaux (“air rights”) à l’immeuble voisin, qui pu construire la tour de verre qui s’y trouve actuellement. En effet à Manhattan, chaque parcelle de terrain a été vendue à l’origine avec un droit de construction pour un certain nombre de mètres carrés de surface habitable totale. Selon les quartiers, le nombre de mètres carrés utilisés et donc la hauteur des bâtiments constructibles est variable. Mais un promoteur peut revendre ses mètres carrés inutilisés aux bâtiments directement adjacents : ces derniers peuvent alors s’élever plus haut que le plafond autorisé dans le quartier, mais avec la contrepartie que ses voisins resteront plus bas que le plafond autorisé, ayant cédés définitivement leurs droits à pouvoir rebâtir plus haut sur leur parcelle. 

Prenez à gauche sur la 49th St pour rejoindre Lexington Avenue où vous tournerez à droite. Sur le trottoir opposé, se trouve le Waldorf Astoria, ou tout du moins l’arrière du bâtiment de cet hôtel géant et luxueux constitué de deux tours. Le premier Waldorf Astoria n’a cependant pas été construit à cet emplacement, mais plus bas sur Manhattan, à l’intersection de la 34ème rue et de la 5ème avenue, sur le bloc sur lequel sera finalement construit l’Empire State Building (obligeant le Waldorf Astoria à déménager à son nouvel emplacement). L’histoire de la création du Waldorf Astoria à partir d’une incroyable dispute familiale est plus qu’étonnante : en 1893, William Waldorf Astor, un des descendants de John Astor, le magnat de l’immobilier de Manhattan, se fache avec sa tante Caroline Webster Schermerhorn Astor. Les deux manoirs qui leur servent de résidence principale sont voisins sur la 5ème avenue, entre la 33ème et la 34ème rue. William Waldorf Astor décide alors de déménager loin de sa tante, et rase sa demeure familiale, pour construire un hôtel de luxe de 13 étages et 450 chambres juste à côté du manoir de sa tante. Il nomme l’hôtel le Waldorf. Il s’attire les foudres des riches propriétaires du voisinage, troublés par les nuisances causées par un si grand bâtiment dans leur quartier calme et huppé. Évidemment, puisque c’était l’objectif, sa tante en est fort importunée ce qui n’améliore pas les relations familiales déjà tendues. Le cousin de William Waldorf Astor, qui n’est autre que John Jacob Astor IV, celui qui périra dans le Titanic (cf l’étape de Bryant Park), convainc sa mère de déménager pour un quartier plus calme, rase à son tour la maison familiale, et construit en 1897 un hôtel encore plus grand, haut de 17 étages, juste à côté du Waldorf. Il le nommera, l’Astoria, en référence au patronyme familial. Finalement, le différend familial finira par être mis de côté et les deux établissements voisins furent reliés entre eux par une allée couverte. Le Waldorf Astoria était né. Puis dans les années 20, la concurrence de nouveaux hôtels plus modernes conduisirent les propriétaires à revendre le terrain du Waldorf Astoria aux promoteurs de l’Empire State Building, et lancer la construction du nouvel hôtel que vous avez devant les yeux, dont le financement avait été finalisé juste avant le krach de 29 : avec ses 47 étages et 1508 chambres, c’était le plus haut et le plus grand hôtel au monde à son ouverture en 1931. L’une des deux tours hébergeait non seulement des chambres d’hôtels, mais également 100 suites gigantesques, dont une partie étaient louées à l’année pour servir de résidence principale à de riches New-Yorkais ou des célébrités (Marilyn Monroe y séjourna plusieurs mois, l’ancien président Eisenhower pendant 2 ans, et le président Herbert Hoover pendant 30 ans jusqu’à sa mort en 1964).

A l’heure où nous écrivons ces lignes (avril 2022), le Waldorf Astoria est fermé pour une rénovation complète de plusieurs années. Apparemment, une réouverture de l’hôtel n’est pas prévue avant 2024, tandis que les résidences privées de la Waldorf Tower auraient déjà partiellement rouvert. En attendant, il n’est plus possible de pénétrer dans l’hôtel et ses somptueuses parties communes. Si lorsque vous visitez vous constater qu’il est de nouveau ouvert et accessible, vous devriez pouvoir pénétrer dans le Waldorf Astoria par l’entrée sur Lexington Avenue, monter au premier étage, et traverser l’hôtel de part en part à travers les différents lobbys, pour rejoindre l’entrée principale sur Park Avenue. Sinon, continuez sur Lexington jusqu’à l’intersection de la 51st St.

DETOUR 4 (0.4 km)

Traversez donc le Waldorf Astoria depuis Lexington jusqu’à Park Avenue, en admirant le luxe des parties communes. Quand vous passerez devant les ascenseurs, vous vous rappellerez qu’en 1936, Jesse Owens, un athlète noir américain inconnu du grand public remporta aux Jeux Olympiques de Berlin 4 médailles d’or, une première dans l’histoire des Olympiades : Hitler quitta le stade pour ne pas avoir à serrer la main de l’athlète noir qui avait tenu tête aux champions allemands aryens. Auréolé de son incroyable victoire, Jesse Owens rentra aux États-Unis avec la délégation américaine et fut fêté en héros en défilant sur Broadway dans le Canyon of Heroes sous une pluie de confettis et serpentins. Il rejoignit alors le Waldorf Astoria, hôtel le plus luxueux de la ville pour une cérémonie en son honneur. Mais la salle de réception étant située dans les étages, Jesse Owen fut contraint de la rejoindre par les monte-charges avec les bagages et les portiers, car la politique ségrégationniste de l’hôtel n’autorisait pas les noirs dans les ascenseurs ouverts à la clientèle…

Une fois ressorti sur Park Avenue, passez de l’autre côté de la rue pour mieux contempler la façade de cet hôtel mythique. En débouchant sur Park Avenue vous constaterez également que cette avenue est particulièrement large: en fait, avant d’être une avenue, c’était le passage des voies ferrées arrivant à Grand Central qui furent par la suite enterrées. Sur votre gauche, Park Avenue est coupée un peu plus bas par le Helmsley Building, un immeuble de 35 étages au style Beaux-Arts de 1929 qui masque Grand Central juste derrière, et partiellement le Pan Am Building – aujourd’hui MetLife Building – construit juste au-dessus de la gare ferroviaire dans les années 60. On peut voir le trafic routier s’engouffrer dans le Helmsley Building où il sera dérouté vers la droite et en hauteur, pour ressortir de l’autre côté du bâtiment, sur le viaduc au-dessus de la 45th St sous lequel vous étiez tout à l’heure.

Puis prenez vers le nord sur Park Avenue jusqu’à l’angle de la 51st, où vous tournerez à droite en longeant St. Bartholomew’s Church. Puis rejoignez l’angle de Lexington Avenue et de la 51st Street.

A l’intersection de Lexington Avenue et de la 51st Street, le General Electric Building domine le carrefour du haut de ses 50 étages. Le sommet de sa tour rappelle la flèche d’une cathédrale mais les pointes symbolisent en réalité une onde électrique. Comme beaucoup de ces gratte-ciel, il a été construit au tout début des années 30. A sa base, un autre petit food hall Urbanspace rassemble une petite dizaine d’enseignes de street food gourmet (mais le prix reste élevé), ainsi qu’un Schnipper’s.

Continuez sur Lexington Avenue vers le nord pendant un bloc de plus. Juste avant l’angle de la 52ème rue, sur le trottoire de gauche, devant la devanture du restaurant français L’entrecôte – Relais de Venise, une série de grille de ventilation du métro ont été rendues célèbres par Marilyn Monroe dans le film “7 ans de réflexions” (oui, c’est nettement moins glamour sans Marilyn …). Mais si vous vous retournez, vous avez un bel alignement avec le Chrysler Building.

Continuez sur Lexington vers le nord et arrêtez-vous à l’angle de la 53ème rue. Sur votre droite, dans l’encadrement des deux buildings géants qui se font face à l’angle de la 53rd St, vous verrez dépasser un bloc plus bas la silhouette du Lipstick Building. Cette allure en forme de tube de rouge à lèvre lui est conféré par la nécessité des lois de zonage qui ont contraint l’immeuble, du fait de sa taille, à réduire sa surface à partir d’une certaine hauteur (afin de ne pas trop obscurcir les rues avoisinantes). 

lipstick-building

L’angle de Lexington et de la 53ème rue où vous vous trouvez concentre d’impressionnants buildings modernes : à votre droite, le 599 Lexington Avenue est un gratte-ciel de 200 mètres de haut pour 50 étages, construit dans les années 80 : son design a vraiment très bien surmonté l’épreuve du temps, car on dirait vraiment qu’il est de construction plus récente. A sa base, un magasin Amazon Go. Cette nouvelle génération de mini-supérette de quartier (convenience store) fonctionne entièrement sans caisse. A l’entrée du magasin, il vous faut vous identifier, soit avec l’application Amazon (si vous l’avez déjà sur votre téléphone, il faudra juste la basculer sur la localisation USA dans les paramètres), soit avec le nouveau service de paiement Amazon One : approchez-vous du terminal, insérez une carte de paiement, puis approchez la paume de votre main du lecteur. Ça y est, vous êtes inscrit ! Vous pouvez désormais payer dans n’importe quel point de vente acceptant Amazon One, juste en présentant la paume de votre main. Entrez dans le magasin Amazon Go en présentant votre paume sur le lecteur au niveau des tourniquets d’entrée (une seule personne à besoin de le faire dans votre groupe). Des caméras vous identifient automatiquement. Prenez ce que vous voulez dans les rayons, puis quittez le magasin sans vous préoccuper de quoi que ce soit : votre carte de paiement associée à Amazon One ou votre compte Amazon sera directement débitée de ce que vous avez pris en rayon (des caméras et de l’intelligence artificielle suivent tous les clients, et regardent ce qu’ils prennent ou reposent dans les rayons). Une expérience dystopique assez troublante…

De l’autre côté de Lexington Avenue, le Selene Building au 610 Lexington est une tour de verre transparente très moderne, et uniquement résidentielle. Inauguré en 2019, ce gratte-ciel propose une centaine d’appartements sur ses 63 étages, des prestations haut de gamme avec une piscine couverte, et même un restaurant étoilé au Michelin. 

Continuez encore un bloc sur Lexington : à l’angle de la 54ème, l’étonnante St Peters Church se glisse sous l’immense Citigroup Center, un gratte-ciel de 59 étages datant de 1977, et qui repose sur son squelette central et 4 pilotis monumentaux, qui, au-delà de stabiliser le building, contiennent les escaliers d’évacuation d’urgence. En fait, avant l’érection de cette immense tour, l’ancienne église St Peters s’élevait sur ce site. Ils acceptèrent de céder le terrain pour construire la tour, mais à la seule condition qu’une nouvelle église soit érigée dans l’un des angles, qu’elle soit une édifice bien distinct et séparé du gratte-ciel, et qu’au moins 63% de l’Eglise ne soit pas surplombée par le gratte-ciel. Pari tenu, et qui explique la structure atypique de la base de la tour. St Peters est également connue pour être l’église de la communauté des jazzmen de Manhattan. Le service funéraire de Miles Davis, par exemple, eut lieu dans cette église, avant qu’il soit enterré dans un cimetière du Bronx.

En dépassant la 54th St, vous pouvez de nouveau jeter un œil sur la droite pour apercevoir l’arrière du Lipstick Building évoqué plus haut. Continuez jusqu’à l’angle de la 55th Street et la Central Synagogue, une des plus anciennes synagogues des Etats-Unis, construite en 1870, dans une style néo-mauresque en vogue à l’époque. Si elle a l’air presque neuve, c’est qu’un feu qui avait démarré sur un chantier de rénovation de la synagogue a faillit la faire entièrement partir en fumée en 1998 (une scénario qui rappelle de tristes souvenirs aux Parisiens …).  Du coup elle fut entièrement rénovée dans les années qui suivirent. 

Tournez à gauche dans la 54ème rue. Sur votre droite, la façade rose miroir du Concorde Hotel est unique à Manhattan et permet au bâtiment de s’offrir à peu de frais une reconnaissance immédiate dans la multitude des façades new-yorkaise. Construit en 1985 comme une tour résidentielle de 35 étages, l’édifice fut finalement très vite converti en hôtel, mais il n’a été ouvert à la réservation du public que beaucoup plus récemment, en 2018. Pendant les 30 années précédentes, sous le nom de Fitzpatrick East 55th Street Hotel, il hébergeait uniquement les employés de la compagnie aérienne British Airways en transit sur New York. 

Continuez jusqu’à l’angle de Park Avenue. En regardant de l’autre côté de l’avenue, légèrement sur votre droite, vous verrez émerger une tour étroite et très très haute derrière les immeubles. Il s’agit du 432 Park Avenue, la plus haute tour résidentielle au monde lors de son inauguration en 2015. Elle culmine à 426 mètres et aurait coûté un milliard de dollars. Sa finesse par rapport à sa hauteur a posé quelques problèmes de conception, car elle n’était pas assez rigide pour absorber d’éventuels vents violents. Pour cette raison, des ouvertures sur deux étages entièrement vacants sont positionnées à intervalles réguliers pour laisser passer le vent à travers la tour : on les voit très bien sur la façade.

Techniquement, cette tour est plus haute que le One World Trade Center, si on lui retirait sa flèche. Ses 85 étages (qui seraient 96 si on intégrait les étages en creux) accueillent près de 150 studios et appartements. Les étages les plus élevés sont dédiés à des penthouses surdimensionnés avec des vues à 360 degrés sur tout Manhattan. L’appartement du dernier étage fait plus de 700m2 et a été vendu dans l’année qui suivit l’inauguration de la tour pour 88 millions de $ à un milliardaire saoudien. Si vous regrettez d’avoir manqué l’occasion, apparemment il serait de nouveau en vente, proposé à 169 millions de $, un prix sans doute négociable. Le prix moyen des appartements de la tour est d’environ 20 millions de dollars, ce qui porterait le prix total initialement payé par l’ensemble des propriétaires à plus de 3 milliards de dollars, ce qui en fait une des opérations immobilières les plus rentables au monde.  

A noter à cette même intersection de Park Avenue et de la 55th St, la vitrine de la concession Ferrari de Manhattan, qui arbore toujours une très belle sélection de voitures de la marque italienne. Tournez à droite sur Park Avenue, et avancez jusqu’à la 56ème rue où vous pouvez faire un petit crochet à gauche si vous le souhaitez pour vous tenir au pied de la 432 Park Avenue. Puis continuez jusqu’à la 57th St où vous tournerez à gauche pour rejoindre Madison Avenue. 

Sur votre gauche, le 432 Park Avenue qui surplombe les autres buildings de la rue. Sur votre droite, sur le trottoir opposé, le Four Seasons Hotel New York est une tour de 208 mètres pour 52 étages. Construit au début des années 90, par un consortium immobilier japonais, pour abriter un hôtel de luxe, avec un coût de construction dépassant 1 million de $ par chambre d‘hôtel, il sera vite revendu au groupe Four Seasons, après l’effondrement du marché immobilier japonais à la fin du XXème siècle. C’est le deuxième plus haut hôtel des Etats-Unis, derrière la tour du 1717 Broadway, qui héberge un Courtyard by Marriott et un Residence Inn du 35ème au 68ème étage. Aujourd’hui, l’hôtel n’est plus la propriété de Four Seasons, même si la marque opère toujours l’hôtel. Il appartient à Ty Warner, un milliardaire américain ayant fait fortune dans les jouets en peluche (vous trouverez souvent dans les grands magasins, des présentoirs près des caisses vendant des petites peluches super mignonnes pour une quinzaine de $, et siglées “Ty”). Au sommet de la tour, la Ty Warner Penthouse Suite est la chambre d’hôtel la plus chère des Etats-Unis, et l’une des plus chères au monde. Occupant le dernier étage, sur 400m2, avec vue à 360 degrés sur tout Manhattan, elle est d’un luxe inégalé : baignoire à jet avec chromothérapie, en onyx de Chine, mur d’eau s’écoulant sur une paroi en bowenite semi-précieuse d’Afrique du Sud, lit à baldaquin en soie thaïlandaise cousue de fils d’or 22 carats … Malgré la somme extravagante de 50 000$ la nuit demandée, ne comptez pas y loger toute votre tribu, car la chambre ne propose qu’un lit king size et un lit d’appoint une place. En revanche, pour ce prix, vous avez droit à une Rolls Royce avec chauffeur attitrée, pendant toute la durée de votre séjour.

Juste à gauche du Four Seasons Hotel New York, le Fuller Building est un gratte-ciel art déco de 40 étages construit en 1929 pour la Fuller Construction Company qui abandonna son précédent siège localisé dans l’immeuble qu’on appelle maintenant le Flatiron Building, et qui s’appelait jusqu’alors … le Fuller Building. Une représentation du Flatiron se trouve dans le hall de l’immeuble, sous forme d’une grande mosaïque au sol. La partie basse du bâtiment est somptueusement décorée. 

Traversez Madison Avenue. A l’angle sud-ouest de l’intersection de Madison et de la 57th St, le IBM Building (désormais 590 Madison) est un gratte-ciel sombre datant de la fin des années 70, début des années 80, soit le point culminant de la domination d’IBM sur l’informatique mondiale, juste avant l’essor de la micro-informatique. Signe des temps, IBM ne possède plus le bâtiment, même s’il continue d’y louer des bureaux, ce qui lui permet de continuer d’apposer son logo à l’entrée du building. Juste en face, de l’autre côté de la 57th St, la LVMH Tower est le quartier général américain du groupe de luxe français aux Etats-Unis. Le rez-de-chaussée est un magasin Dior (qui appartient au groupe LVMH). La tour fait 24 étages, un pour chaque marque majeure du groupe opérant aux Etats-Unis. Le choix architectural pour cette tour ne laisse pas indifférent mais son asymétrie ne fait pas l’unanimité. On aime ou on n’aime pas.

Longez le IBM Building dans la 57th St, et entrez juste après par la porte de verre qui conduit derrière le IBM Building, sous une étonnante véranda géante, un atrium ouvert au public de 1000m2. Il fut construit en vertu du code de la construction (zoning) en vigueur dans les années 60, qui permettaient de dépasser les hauteurs théoriquement autorisées, si une surface importante au sol était dédiée à un espace ouvert librement ouvert au public. En échange de cet atrium, le IBM Building a ainsi pu être rehaussé de 5 étages au-dessus de la hauteur limite autorisée. L’atrium, très agréable en été quand il fait très chaud dehors, ou au contraire en hiver quand il fait froid, possède un petit stand de café, des tables et des chaises, ainsi qu’une mini bambouseraie. 

L’atrium du 590 Madison est lui-même connecté à celui de la Trump Tower, par un passage piéton qui traverse la Trump Tower jusqu’à la 5ème avenue. Entrez pour “admirer” l’atrium de la Trump Tower : difficile de faire plus clinquant et tape à l’oeil. Il faut dire qu’elle fut conçue à la toute fin des années 70, et inaugurée au début des années 80, en plein pendant le renouveau américain des années Reagan. Ressortez sur la 5ème avenue, traversez l’avenue et retournez-vous pour avoir une vue extérieure sur ce gratte-ciel iconique de 58 étages. Alors certes, aujourd’hui, avec ces dizaines de tours de verre ultra-modernes et qui s’élèvent jusqu’au ciel, on a du mal à imaginer que la Trump Tower à la fin du XXème siècle et même au tout début des années 2000, restait un des buildings phares de Manhattan. Il symbolisait la réussite d’un homme très populaire à New York, avant que son image ne soit ternie par son entrée en politique. La Trump Tower reste toujours le fleuron de l’empire immobilier de Trump et sa plus grande réussite. Trump lui-même y possède sa résidence principale dans un penthouse sur deux étages, accessibles par un ascenseur privatif (même s’il vit désormais principalement dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride). Les bureaux de la Trump Organisation sont également dans le building, ainsi que les studios où étaient tournés les épisodes de The Apprentice, le show de téléréalité qui a fait connaître au plus grand nombre Donald Trump entre 2004 et 2017. La Trump Tower a longtemps été “the place to be” à Manhattan : Steven Spielberg ou Michael Jackson y avaient ainsi leurs pied-à-terre new-yorkais.

 

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Remontez la 5ème avenue vers le nord, en direction de Central Park. A l’angle de la 57th St, se trouve Tiffany’s, le grand magasin pour les millionnaires, et un peu plus loin, son concurrent, Bergdorf Goodman à l’angle de 58ème : n’hésitez pas à y faire un tour si vous avez le temps, et à vous effarer sur les prix de ce supermarché du luxe sur 6 étages. 

Sur l’angle opposé du carrefour, un Apple Store sous un cube de verre au milieu de l’esplanade, où vous pouvez également vous attarder s’il n’y a pas 150 mètres de queue. Traversez la place qui fait face au cube de verre de l’autre côté de la 5th avenue, avec en son centre la Pulitzer Fountain. Cette fontaine est le leg à la ville de New York de Joseph Pulitzer, qui fut à la fin du XIXème siècle, un des pionniers de la presse à sensation avec son New York World, et le promoteur d’un nouveau modèle économique où, grâce aux tirages très élevés, la publicité devenait la principale source de revenu du journal, et non plus les subventions politiques ou la vente des journaux. Pulitzer fut aussi l’un des artisans de l’implantation de la statue de la liberté dans le port de New York, utilisant toute l’influence de son journal pour récolter les fonds nécessaires à l’édification du piédestal de la statue. Il reste surtout connu pour le “prix Pulitzer”, qui récompense l’excellence journalistique, et qui fut créé grâce à un leg à sa mort (comme la fontaine).

Dans l’angle sud-ouest de la place, le Paris Theater est une petite salle de cinéma historique, inaugurée en 1948 par Pathé cinéma, afin de tenter de promouvoir le cinéma européen, et français en particulier aux Etats-Unis. Aujourd’hui le Paris Theater est le dernier cinéma de Manhattan à n’avoir qu’une salle unique. Depuis quelques années, il est loué par Netflix pour y projeter ses productions : en effet, pour que les films produits et distribués en exclusivité par Netflix sur sa plate-forme en ligne puissent concourir aux Oscars, il est impératif qu’ils soient sortis en salle. Netflix loue donc une salle à Los Angeles et une à New York pour assurer une sortie minimale du film en salle, tout en conservant une quasi-exclusivité de l’exploitation du film sur sa plate-forme en ligne dans les faits.

Si vous regardez vers l’Ouest dans l’axe de la 58th Street depuis le Paris Theater, vous verrez tout d’abord sur votre gauche, le Solow Building est ses courbes gracieuses. Il n’est pas sans rappeler celles du Grace Building, sur Bryant Park, et ce n’est pas sans raison : en effet, construit au début des années 70, et inauguré deux ans avant le Grace Building, le Solow Building est le premier à proposer cette architecture courbe, qui est une autre façon de gérer les règles de zoning de Manhattan en vigueur à l’époque, et qui limitent la largeur d’un building au fur et à mesure qu’il gagne en hauteur. Cette contrainte avait conduit dans les années 20-30-40 aux architectures en escalier qu’on retrouve sur tous les grands gratte-ciels de cette époque, comme l’Empire State building ou la Chrysler Tower. Ici, l’architecte, au lieu de construire une tour étroite sur une base plus large, choisit de rétrécir progressivement et plus élégamment le bâtiment au fur et à mesure qu’il gagne en hauteur. L’architecte du Solow Building était le même que celui du Grace Building, et pour tout dire, il a utilisé pour le Grace Building un des premiers designs qu’il avait proposé pour le Solow Building.

Beaucoup plus loin sur la 58th Street, vous pouvez apercevoir une tour très étroite et en escalier, qui s’élance vers le ciel. C’est la Steinway Tower, une tour de 435 mètres inaugurée en 2022 (mais achevée de construire en 2019, juste avant le COVID), ce qui en fait la 3ème plus haute de New York, mais surtout la plus fine au monde. La finesse d’une tour est le rapport entre sa hauteur et sa largeur à la base. On considère qu’une tour est fine, lorsque ce rapport dépasse les 10:1 (dix fois plus haute que large). Pour la Steinway Tower, ce rapport est de 24 pour 1. Alors qu’elle dépasse en hauteur la One World Trade Center si on lui retire sa flèche, elle a 7 fois moins de surface habitable. Vous la verrez de plus prêt sur la fin du circuit.

Puis rejoignez le Plaza, en face du Paris Theater, un hôtel de luxe de 20 étages qui donne sur Central Park, inauguré en 1907, et construit dans un style néo-renaissance : en effet, avec un peu de recul, le toit mansardé n’est pas sans évoquer le château de Fontainebleau par exemple. Pénétrez dans l’hôtel par le lobby donnant du côté de la fontaine Pulitzer et rejoignez en son centre le splendide Palm Court qui sert le petit déjeuner, le brunch et l’après-midi le thé, sous une verrière impressionnante. Puis prenez le couloir qui passe à droite du Palm Court pour rejoindre une petite zone de boutiques avec une sortie côté Central Park, à côté de l’entrée des résidents permanents : vous pouvez en effet acheter une suite dans une partie séparée de l’hôtel et bénéficier d’un pied à terre de luxe avec les services d’un hôtel 5 étoiles et vue sur Central Park.

Vous pouvez maintenant rejoindre Central Park pour une bonne bouffée d’oxygène. L’entrée la plus proche se trouve à l’angle sud-est du parc, sur la 5th Avenue. L’idée de bâtir un immense parc au cœur de Manhattan émerge au milieu du XIXème siècle, alors que la ville continue avec régularité son extension vers le nord, selon le plan d’urbanisation conçu en 1811. A cette époque, la surface aujourd’hui consacrée au parc est encore très largement vierge de toute construction, même si quelques bâtiments durent néanmoins être rasés pour libérer l’espace du parc, notamment le petit village de Seneca, fondé par des esclaves noirs américains affranchis, et qui s’étaient installés dans la campagne, loin de la ville. Le parc fut inauguré en 1858, mais ne sera entièrement terminé qu’en 1876. Il mesure finalement 800 mètres de large, sur une longueur de 4 km, ce qui en fait le 5ème plus grand parc de la ville de New York, mais de loin le plus grand de l’île de Manhattan. Mais avec 42 millions de visiteurs par an, c’est le plus visité des parcs urbains des Etats-Unis. Et bien qu’il soit un aimant pour les touristes du monde entier, le parc reste avant tout un lieu à l’usage des habitants de New York, qui représentent plus de 70% des visiteurs chaque année. L’idée de construire un grand parc urbain pour permettre à la ville de respirer est née de la croissance démographique fulgurante de New York dans la première moitié du XIXème siècle : entre 1821 et 1855, la population de New York quadruple, et l’absence de parc de taille significative sur Manhattan finit par se faire cruellement ressentir. Les travaux de terrassement du parc furent titanesques, car cette section de Manhattan était à la fois marécageuse, mais également très rocailleuse, comme l’attestent encore les énormes rochers affleurant qui ponctuent les paysages de Central Park, et qui sont pour la plupart des témoins de l’ancienne vallée glaciaire qui recouvrait autrefois la surface de New York. 

A l’entrée de Central Park sur son angle sud-est, un lampadaire à 5 globes, la Lombard Lamp, a été installée en 1979 : c’est une réplique des lampadaires urbains installé le long du pont de Lombard à Hambourg, offerte par la ville de Hambourg à la ville de New York. Un escalier démarre au pied du lampadaire, et rejoint le Pond, un petit étang artificiel en forme de U qui est l’une des huit étendues d’eau du parc. Longez l’étang par la droite jusqu’à un pont, le Gapstow Bridge. Vous pouvez faire un petit détour pour vous aventurer sur le pont, qui est un très bon point de vue pour prendre des photos de la Skyline de Manhattan s’élevant au-dessus du paysage bucolique du Pond de Central Park. Et si vous vous tournez de l’autre côté, vous apercevrez le Wollman Rink, la plus grande patinoire de New York, généralement ouverte de fin octobre à début avril. Inaugurée en 1950, la patinoire d’hiver accueillit également jusqu’en 1980 d’immenses concerts en été.  Puis, mal entretenue dans les années 70 par une municipalité surendettée dans une New York en quasi perdition, la patinoire dût fermer ses portes. Plusieurs séries de travaux de réaménagement se succédèrent en vain et le Wollman Rink devint le symbole de la totale incapacité des pouvoirs publics de la ville à réussir quoi que ce soit : alors que les premières estimations faisaient état de 2 ans de travaux et 5 millions de dollars d’investissements, 6 ans plus tard et près de 13 millions de $ volatilisés, la patinoire était toujours en incapacité de rouvrir. La municipalité, acculée et totalement décrédibilisée, était sur le point de jeter l’éponge, et de fermer définitivement la patinoire malgré les fortunes déjà dépensées en vain, quand un jeune entrepreneur multimillionnaire de l’immobilier proposa de financer lui même la fin des travaux qu’il estimait à seulement une fraction des dernières estimations des experts. En échange, il gèrerait l’établissement, rembourserait ses investissements par l’exploitation de la patinoire, et donnerait tous les éventuels bénéfices à des associations. Perdue pour perdue, la mairie accepta et la patinoire put rouvrir, avec deux mois d’avance sur le planning des travaux et 750 000$ de dépenses en dessous des prévisions. Cette péripétie fit beaucoup pour assurer une notoriété durable de l’homme d’affaires à New York, comme celui qui “gets things done” (qui “fait le boulot”). Une notoriété qui finalement s’évaporera des années plus tard quand il choisit d’entrer en politique, dans une démarche qui s’avèrera nettement plus clivante. C’était évidemment Donald Trump, dont la Trump Organization gèra le Wollman Rink jusqu’en avril 2021. De la fin de l’automne au début du printemps, la patinoire est ouverte sans réservation, tous les jours à partir de 10h (12$ par personne – 19$ du vendredi au dimanche – 6$ pour les moins de 12 ans – location de patins : 10$).

Revenez depuis le pont jusqu’à l’intersection précédente : prenez le sentier directement à droite en sortant des escaliers que vous avez dû emprunter pour quitter le Pond. Puis prenez la première à gauche, qui vous mènera à la Inscope Arch, qui vous permettra de passer sous la East Drive, une des artères principales du parc, ouverte à la circulation des vélos et des carrioles tirées par des chevaux. Cette arche relie ainsi le Pond au Central Park Zoo vers lequel vous vous dirigez, sans nécessiter de traverser la East Drive. Plusieurs dizaines de ces arches permettent aux piétons de passer sous les artères initialement conçues pour les chevaux, selon un plan de circulation sur deux niveaux (les piétons sur des sentiers passant en dessous des artères principales surélevées). A noter que 4 routes transversales parcourent également le parc dans la largeur, permettant au trafic routier de ne pas avoir à contourner l’intégralité de la longueur du parc pour passer des quartiers West Side à East Side : ces routes sont également légèrement enterrées et quasi invisibles aux promeneurs qui passent par dessus via des ponts sans forcément s’en rendre compte. Toutes les arches conçues pour le trafic piétonnier comme la Inscope Arch disposent d’une architecture et d’un design unique. Après être passé sous l’arche, prenez à gauche sur Park Road en direction du Central Park Zoo, un petit mais très sympathique parc zoologique que les enfants reconnaîtront sans doute s’ils ont vu le film d’animation Madagascar (on voit une partie du Zoo depuis l’extérieur).  C’est le plus petit des 4 zoos de New York, et le plus ancien si l’on considère qu’il a pris la suite de la ménagerie installée au même endroit en 1864. Le ticket d’entrée au zoo coûte environ 14$ par personne (9$ pour les moins de 12 ans). Sur votre droite en traversant le zoo (sans entrer dedans), le bâtiment de l’Arsenal héberge aujourd’hui les services administratifs de Central Park. C’est l’un des deux bâtiments à l’intérieur du parc dont la construction est antérieure au parc lui-même. Construit en 1847, il servait initialement de dépôt de munitions pour l’État de New York. Sa fonction militaire d’origine se devine par le choix d’une architecture inspirée des châteaux forts. Mais le bâtiment ne servit pas bien longtemps d’armurerie : il fut incorporé au nouveau parc dès 1857, la ville rachetant l’édifice à l’Etat. Entre 1869 et 1877, il accueillit également la première version du Muséum d’Histoire Naturelle de la ville, qui finit par prendre ses quartiers dans un bâtiment dédié et nettement plus grand à l’Ouest du parc. 

Dépassez l’Arsenal, et passez sous les 3 petites arches qui vous font face. Au-dessus des arches, vous pouvez admirer la Delacorte Clock, une horloge animée qui sonne toutes les demi-heure (entre 8h à 18h) : au sommet, deux singes frappent une cloche, déclenchant une petite parade rotative de 5 animaux jouant de la musique à l’étage inférieur. Juste derrière, vous franchirez deux nouvelles arches consécutives, qui vous feront passer sous le trafic routier de la 65th et de la 66th St, qui se rejoignent un peu plus loin sur votre gauche pour traverser le parc dans toute sa largeur. Entre les 2 arches, sur votre droite, le Children Zoo, une extension du Central Park Zoo destiné aux plus jeunes enfants. Après la seconde arche, prenez la deuxième allée sur votre gauche, pour rejoindre la statue du chien Balto. Balto n’est pas que le personnage d’un dessin animé pour enfant : c’est un chien qui a vraiment existé, et qui a connu la célébrité en 1925, quand une épidémie de diphtérie frappa la petite bourgade perdue de Nome aux confins de l’Alaska. En plein cœur de l’hiver, les conditions météorologiques ne permettaient pas de rallier la ville par avion. La seule alternative pour acheminer les vaccins à la population menacée fut d’organiser un relais d’équipages de chiens de traineaux pour couvrir les plus de 1000 km à travers un blizzard épais, des températures de -35 degrés, et une montagne de 1500 mètres. Le chien Balto était le leader du dernier équipage qui dût faire face aux conditions les plus extrêmes. Cette histoire passionna l’Amérique qui suivait les péripéties de cette folle expédition à travers les journaux et la radio. Des fonds furent récoltés pour édifier une statue au chien Balto, et ce dernier fit même le voyage en avion pour New York afin d’être honoré lors de la cérémonie d’inauguration de la statue, en décembre 1925. Aujourd’hui encore, c’est l’une des statues les plus appréciées du parc, et notamment des enfants.  

Sur la gauche derrière la statue, vous apercevez un sentier en escalier que vous allez emprunter pour rejoindre puis longer la East Drive. Traversez au niveau du deuxième passage piéton, puis continuez en longeant Center Drive pendant environ 75 mètres, jusqu’à apercevoir le toit sur votre gauche, du Dairy Visitor Center and Gift Shop. Entre vous le Visitor Center, un rocher affleurant : partez à la recherche d’un gros clou en fer rouillé planté quelque part dans ces rochers. C’est l’un des très rares clous rescapés de la Grid, mise en place par le Commissioners’ Plan of 1811. En 1807, New York lance un programme de relevé topographique de l’ensemble de l’île de Manhattan dans le but de concevoir un plan de développement de la ville pour les générations à venir. En 1811, un plan complet des rues couvrant toute l’île de Manhattan (encore au 3/4 vierge de toute construction) est adopté, avec ce découpage en rues et avenues régulières à angle droit. A cette époque, la population totale de New York (sur les 5 boroughs, Bronx, Brooklyn, Queens, Staten Island et Manhattan) est d’à peine 120 000 personnes dont 96 000 sur la seule île de Manhattan. Le Grid Plan prévoit déjà un développement pouvant porter à 1 000 000 le nombre d’habitants sur Manhattan, un chiffre qui sera atteint en moins de 60 ans, une vie d’homme. Cette population va encore doubler dans les 30 années suivantes pour atteindre 2 330 000 habitants sur Manhattan à son apogée en 1910, puis redescendra doucement jusque dans les années 80 avant de remonter un peu. Aujourd’hui, 1 700 000 personnes vivent à Manhattan, et 8 500 000 dans toute l’agglomération de New York. La mise en place de cette Grid s’est faite in situ en plantant des gros clous métalliques symbolisant toutes les intersections de Blocs. Il n’en reste quasiment aucun, car toute la surface de Manhattan fut effectivement construite en suivant très fidèlement le plan, sauf à Central Park, un espace naturel qui n’était pas prévu au départ, et qui donc faisait partie des surfaces qui furent préparées pour accueillir cette Grid. Le clou rouillé que vous avez devant vous est à l’intersection exacte de la 65ème rue et de la 6ème avenue.

A partir de là, vous avez deux options pour ressortir de Central Park. Soit la voie la plus directe, en suivant le circuit de base, en diagonale jusqu’à Columbus Circle, situé dans l’angle sud-ouest du parc. Soit de faire un nouveau détour pour vous enfoncer plus au nord dans Central Park, jusqu’à l’American Museum of Natural History et revenir par West Side et le Lincoln Center (environ 4 km de plus), jusqu’à Columbus Circle où les deux options se rejoignent pour terminer le circuit jusqu’à Times Square.

CIRCUIT STANDARD : rejoindre directement Columbus Circle

Poursuivez le sentier le long de Center Drive et changez de trottoir au premier passage piéton. Sur votre droite, un sentier part vers le bas et la droite pour rejoindre l’entrée de la Playmates Arch (par dessus laquelle Center Drive continue), et juste en face, le Central Park Carousel. Ce très vieux carrousel de 58 chevaux de bois date de 1908 même s’il n’a été installé à ce dernier emplacement dans le parc qu’en 1951 (auparavant il était à Coney Island). La qualité de fabrication de ces vieux manèges leur permet encore d’accueillir quelque 250 000 cavaliers chaque année. Il est équipé d’un orgue également d’époque. 

Prenez le sentier qui part à gauche du carrousel pour rejoindre les Heckscher Ball Fields, un ensemble de terrains de baseball / softball que vous longerez par la gauche jusqu’au second point de batte (Heckscher Field 2). Là, un petit sentier part sur votre gauche pour monter jusqu’au sommet du Umpire Rock, la plus grosse protubérance rocheuse de Central Park. Vous êtes littéralement sur la roche-mère qui forme la surface inférieure de l’île de Manhattan. Notez les nombreuses stries et marques à la surface du rocher : elles ont été faites par le glacier qui recouvrait Manhattan il y a 30 000 ans, et qui a râpé la surface de l’île en avançant vers la mer. Ce sont ces mêmes glaciers géants qui ont permis le peuplement originel des Amériques depuis le continent asiatique, en permettant la traversée du détroit de Béring à pied entre l’Alaska et la Sibérie. Le Umpire Rock surplombe le Heckscher Playground, un immense espace de jeu pour enfants, avec également des pataugeoires et sprinklers où les plus jeunes pourront se rafraîchir en été. 

Redescendez de l’autre côté du rocher, pour rejoindre un sentier qui part vers la droite puis la gauche pour passer par-dessus la Pinebank Arch, traverser West Drive et enfin atteindre la sortie sud-ouest du parc au niveau de Columbus Circle. En sortant du parc, sur votre gauche, vous trouverez le U.S.S. Maine National Monument (ou Maine Monument). Ce mémorial a été édifié sous l’impulsion du magnat de la presse William Randolph Hearst, le concurrent direct de Joseph Pulitzer et témoigne de l’influence précoce des médias dans la politique américaine. En effet, l’explosion du cuirassé USS Maine dans le port de la Havane en 1898 allait être l’étincelle qui fera basculer les Etats-Unis dans la guerre hispano-américaine de 1898. L’origine de l’explosion qui coula le Maine reste toujours un mystère, même si la thèse d’un accident à bord du cuirassé reste l’hypothèse la plus plausible. Mais les journaux à scandales de Hearst et Pulitzer firent tout leur possible dans les jours qui suivirent l’accident qui coûta la vie à 261 marins américains, pour jeter de l’huile sur le feu, rivalisant de scoops à moitié fabriqués tendant à démontrer une implication de l’Espagne.

Le New York World de Hearst titra ainsi sans preuve que la cause du naufrage était une bombe ou une torpille, ce qui ne pouvait être que l’œuvre d’un “ennemi” des Etats-Unis, désignant ainsi l’Espagne qui luttait contre l’indépendance de Cuba, sans avoir besoin de la nommer. Si le naufrage du Maine ne déboucha pas immédiatement sur l’entrée en guerre des Etats-Unis, son impact dans l’opinion publique américaine, manipulée par une presse à sensation moins intéressée par la réalité des faits rapportés que par les tirages importants et leur influence politique, allait finir par conduire à la guerre, qui se solda par une défait de l’Espagne qui perdit au profit de la zone d’influence américaine, toutes ses colonies des Caraïbes et du Pacifique. 

 

DETOUR 5 (4 km)

L’option alternative à rejoindre directement le Columbus Circle est donc de pousser un peu plus profondément dans Central Park puis de redescendre sur le Columbus Circle via le quartier de West Side, à l’ouest du parc.

Depuis l’emplacement du clou de la Grid, retournez sur Center Drive, traversez au passage piéton, et prenez le sentier s’orientant vers la droite en face du passage piéton pour rejoindre la statue de Christophe Colomb. Puis vous emprunterez The Mall, une large allée ombragée, bordée de nombreuses statues (principalement des écrivains célèbres) menant vers le nord. Cette esplanade pédestre assez formelle est unique dans l’architecture paysagère de Central Park où prédominent des sentiers naturels qui serpentent dans des paysages reproduisant la nature sauvage, et non un parc à l’anglaise ou à la française.

A l’angle de la première intersection qui part sur la gauche, le Women’s Rights Pioneers Monument représente 3 pionnières du mouvement pour le droit de vote des femmes (Sojourner Truth, ancienne esclave et également activiste pour l’abolition de l’esclavage, Susan B. Anthony et Elizabeth Cady Stanton). Cela semble difficile à croire, mais des plus de 70 statues et monuments de Central Park, cette statue inaugurée en 2020 est la première à représenter des personnages historiques féminin (il existait bien une statue de femme à Central Park avant 2020, mais elle représentait Alice au pays des merveilles, un personnage de fiction). 

Environ 250 mètres plus loin sur le Mall, sur votre droite, le Naumburg Bandshell est un kiosque destiné à abriter un petit orchestre. Depuis 1905, il accueille chaque été les Naumburg Orchestral Concerts, la plus ancienne série de concerts gratuits en extérieur à exister dans le monde. A l’opposé, sur votre gauche, vous apercevez au delà la petite esplanade qui fait face au Naumburg Bandshell, un virage connu sous le nom de “Skate Circle”. C’est en effet ici qu’ont l’habitude de se rassembler les membres de la Central Park Dance Skaters Association, et plus généralement tous les adeptes de la danse sur patin à roulettes. S’ils sont présents, n’hésitez pas à y faire un détour, c’est toujours très impressionnant. 

Puis poursuivez sur le Mall jusqu’à atteindre la Bethesda Terrace. Agencées sur deux étages, ces terrasses marquent la pointe nord du Mall, et surplombent le bucolique Central Park Lake. Sur la partie inférieure, une fontaine représente un ange conférant des pouvoirs de guérison à l’eau du bassin de Bethesda à Jérusalem, une référence biblique du nouveau testament. Contourner la fontaine par la gauche en longeant le lac. Le Central Park Lake est entièrement artificiel : il occupe une zone originellement marécageuse, qui fut entièrement excavée pour laisser place à une étendue d’eau utilisée notamment pour la pratique de la rame (toujours possible depuis la Loeb Boathouse qui est également un restaurant avec terrasse donnant sur le lac). Rejoignez le Bow Bridge, que vous traverserez et continuez sur la gauche en longeant la rive opposée du lac jusqu’au Oak Bridge. De l’autre côté du pont, rejoignez la West Drive que vous prendrez sur la gauche, avant de rejoindre sur votre droite la sortie du parc au niveau de la 77th St. 

En sortant du parc au niveau de la 77th st, vous trouverez à votre droite, l’American Museum of Natural History, et ses impressionnantes collections. C’est un des plus célèbres musées d’histoire naturelle au monde. Fondé en 1877, ses collections valent le coup d’œil, et dépassent de très loin ce qui est visible dans le musée. Plus qu’un simple musée, c’est une énorme institution scientifique, qui salarie 200 chercheurs et finance une centaine d’expéditions scientifiques chaque année. Pour les cinéphiles, c’est le musée du film La Nuit au Musée, et c’est dans son département de paléontologie que travaille le personnage de Ross de la série Friends. Il y a énormément à voir dans cet immense musée, aussi essayez de vous limiter à quelques salles bien choisies selon vos centres d’intérêt si vous ne voulez pas y passer la journée (il y a de quoi). Le prix d’entrée est de 23$ par personne (13$ pour les 12 ans et moins).

Puis descendez Central Park West vers le sud, en longeant une série d’immeubles résidentiels très impressionnants, donnant sur le parc et souvent surmontée de plusieurs tours, notamment le Kenilworth Building, le San Remo Building et le Dakota building. On y trouve parmi les appartements les plus chers de Manhattan (hors des nouvelles mega-tours résidentielles).

Puis tournez à droite dans la 74ème rue. Vous traverserez un quartier résidentiel calme et agréable de Upper West Side, jusqu’à Amsterdam Avenue. Juste à votre droite avant de déboucher sur Amsterdam Avenue, la Levain Bakery propose d’énormes cookies, tout juste sortis du four. Ils sont un peu chers, mais très gros (à partager donc), et surtout à tomber par terre. A ne rater sous aucun prétexte : sans doute les meilleurs de tout New York. La spécialité ? le Chocolate Chip Walnut Cookie, aux pépites de chocolat et aux cerneaux de noix. A noter également que leur Oatmeal cookie est vraiment délicieux.

Tournez à gauche dans Amsterdam Avenue puis traversez devant le Apple Bank Building pour rejoindre Broadway. Lorsqu’on parcourt les Etats-Unis, on est frappé de découvrir le nombre d’enseignes bancaires, et notamment le nombre de petites banques locales. Alors qu’en France une poignée de banques se partagent le marché national, de très nombreux Américains sont clients d’une institution bancaire de proximité, qui dispose de quelques dizaines à quelques centaines de succursales et non d’un réseau national. Ainsi la Oakwood Bank, à Dallas, est la plus petite banque des Etats-Unis : elle n’a que deux agences, et avec à peine 2 millions de dollars de dépôts de ses clients dans ses comptes, elle est 500 000 fois plus petite que la JP Morgan Chase ou la Bank of America. Elle existe pourtant depuis plus d’un siècle, et a eu pendant la plus grande partie de son histoire, que 2 employés en dehors de son directeur. Dans chaque localité, on trouve ainsi des banques dont le nom indique la circonscription géographique limitée. New York ne fait pas exception. La Apple Bank for Savings est née en 1863 sous le nom de Harlem Savings Bank, alors que Harlem n’était encore qu’un simple village au nord de Manhattan. La première agence était au milieu des champs et des fermes. La petite banque provinciale mutualiste saura cependant s’adapter quand la croissance de Manhattan transformera finalement Harlem en un quartier urbain de New York City. A force d’acquisitions d’autres petites banques locales concurrentes, elle finit par ouvrir des agences bien au-delà des limites de Harlem et se résolut à changer de nom pour la Apple Bank for Savings, le surnom de “Big Apple” pour désigner New York se popularisant dans les années 1920, sans que l’origine du surnom ne soit parfaitement claire. Cette banque n’a donc aucun rapport avec le fabricant d’ordinateur et de smartphone. 

A l’angle de Broadway et la 73th Street, The Ansonia est un ancien hôtel construit en 1904 par l’héritier de la Ansonia Clock Company, un fabricant d’horloge de Brooklyn. L’hôtel était l’un des plus luxueux et extravagants de Manhattan : vaste de 1400 pièces, il comprenait un bain truc, une immense piscine, une cuisine centrale dispatchant des repas de chef dans toutes les suites qui étaient pourtant équipées de cuisines. Le lobby arborait une fontaine dans laquelle s’ébattaient des otaries. Et dans les premières années, une ferme urbaine était même installée sur les toits, avec près de 500 poulets et des vaches, fournissant oeufs frais et lait frais pour les résidents : un ancêtre des circuits courts. Si le bâtiment vous marque par son aspect “parisien” qui dénote avec l’architecture de Manhattan, c’est normal : son style haussmannien (la hauteur en plus : il fait 18 étages) est l’œuvre d’un architecte français, Paul-Emile Duboy. Comme beaucoup de grands hôtels, l’Ansonia finit par passer de mode : au milieu du XXème siècle, ses suites géantes furent découpées en petits studios et deux pièces, loués à l’année, et le bâtiment commença à péricliter. Finalement en 1992, il fut définitivement converti en appartements locatifs, et au fur et à mesure des départs des anciens résidents, les studios furent progressivement réassemblés pour constituer de nouveau des appartements de belle taille et de plus haut standing.

Prenez à gauche sur Broadway en longeant le petit square triangulaire jusqu’à l’intersection de la 72th St. De part et d’autre de la 72ème rue, deux petits bâtiments se font face et donnent accès à la 72nd Street station du métro new yorkais. Cette station fait partie de la toute première ligne de métro de New York, inaugurée en 1904. C’est une des très rares stations restantes sur Manhattan à disposer d’une headhouse, un bâtiment d’accès dédié : aujourd’hui, la plupart des stations étant souterraines, elles sont accessibles par des escaliers débouchant directement dans la rue, ou éventuellement dans des bâtiments bordant la rue. Ici, comme ce fut souvent le cas dans les premières stations, on choisit de faire déboucher les escaliers dans un petit bâtiment construit pour l’occasion. Le bâtiment plus au sud, est celui d’origine, inauguré en 1904. Le second plus au nord, d’une forme à peu près similaire mais conçu comme un hall sous verrière, est beaucoup plus récent : il fut rajouté en 2002, pour permettre l’accès en ascenseur aux quais, conformément aux nouvelles législations pour l’accès aux handicapés aux infrastructures publiques. La plupart des headhouses originellement construites ont depuis été remplacées par des accès plus discrets et prenant moins de place dans l’espace public.

Sur votre gauche, à l’angle de Amsterdam Avenue et de la 72nd St, si vous avez un creux (après les cookies de la Levain Bakery, c’est douteux), vous pouvez prendre au passage un hot dog sauce piquante et un jus de papaye au Gray’s Papaya. La première échoppe à vendre des hot dogs accompagnés de jus de fruits exotiques fut celle de Papaya King, en 1932, mais Gray’s Papaya est une institution de New York depuis sa création en 1973 par un transfuge de la franchise originale. Ses hot-dogs sont souvent considérés comme parmi les meilleurs de New York. Un peu plus bas sur la 72nd, vous trouverez également deux autres enseignes de restauration potentiellement intéressantes : Charles’ Pan Fried Chicken est une institution culinaire de Harlem, fondée par Charles Gabriel. Né en 1947 en Caroline du Nord, Charles passe son enfance à récolter à la main le coton avec ses 19 frères et sœurs. Le soir, il regarde sa mère cuisiner pour son immense famille et à l’âge de 17 ans, il part pour New York travailler dans la restauration. Après une vingtaine d’années de dur labeur qui le voient monter progressivement jusqu’au rang de chef, il décide de se lancer en solo, cuisinant d’abord dans son appartement de Harlem, puis dans un food truck. Il y prépare les recettes de son enfance, de la soul food authentique du sud des Etats-Unis : du BBQ évidemment (poulet, pulled pork et ribs), mais avant tout du poulet frit, préparé à la poêle comme à la ferme, plutôt qu’en friteuse. En toute honnêteté, les prix sont franchement élevés, mais si vous prenez une sélection à emporter pour goûter et partager, vous devriez vous en sortir pour un montant raisonnable. Un tout petit peu plus bas sur la 72nd, le Pastrami Queen est une enseigne de Williamsburg, qui met le pastrami à l’honneur. Cette spécialité de charcuterie de bœuf est copieusement servie entre deux tranches de rye bread (pain de seigle). Là encore, c’est assez cher, autour d’une vingtaine de dollars le sandwich, mais c’est très copieux et facile à partager. 

Puis continuez sur Amsterdam Avenue. Vous passerez devant la Lincoln Square Synagogue : que l’architecture résolument moderne de cet édifice religieux ne vous trompe pas, il s’agit d’un congrégation juive orthodoxe, mais d’une tendance acceptant dans les formes une grande part de modernité et d’inclusion dans la vie séculaire du pays (par opposition aux communautés orthodoxes de Brooklyn par exemple qui pour l’essentiel vivent en vase clos et sont essentiellement tournés vers la vie spirituelle). Continuez  jusqu’à l’angle Nord-Ouest du Lincoln Center, qui est assurément l’un des sites culturels les plus importants au monde avec ses 29 salles de spectacles, dont un opéra de 4000 places, une salle de concert de 2800 places accueillant le New York Philharmonic Orchestra, un théâtre de 2700 places accueillant le New York City Ballet, et deux autres théâtres de plus de 1000 places chacun. Traversez le Lincoln Center en diagonale, en passant notamment devant le toit végétalisé en forme de pelouse inclinée qui donne sur Hearst Plaza, puis devant le Metropolitan Opera pour rejoindre Columbus Avenue. Traversez le Dante Park et rejoignez Broadway, que vous descendrez jusqu’au Columbus Circle.

Si vous voulez prendre un verre dans un cadre à couper le souffle, montez au lobby du Mandarin Oriental, un hôtel du Time Warner Center, dont l’entrée est sur la 60ème rue. La vue sur Central Park depuis le lobby au 35ème étage du Time Warner center est magique. Le bar-restaurant (Lobby Lounge) est évidemment très cher. Si vous n’êtes pas très nombreux et savez rester discret, vous pouvez sans problème monter pour jeter un œil à la vue puis redescendre sans vous arrêter pour commander.

Le  Columbus Circle est l’un des très rares ronds-points de Manhattan dont le plan en forme de grille orthogonale n’est pas propice à l’emplacement de places circulaires. Il a été créé dans le plan d’aménagement de Central Park, qui prévoyait un rond point monumental à chaque angle du parc.

Rejoignez l’angle de la 8ème avenue et de la 58ème rue, juste derrière le Museum of Arts and Design, en descendez dans la bouche de métro discrète que vous y trouverez. Cette station de métro qui s’étend sur toute la longueur de la 8ème avenue entre la 57th et la 58th St recèle un petit secret : le Turnstyle Underground Market. Cette allée commerciale est une sorte de food court caché sous la surface de la 8ème avenue. Il n’est pas nécessaire d’utiliser une carte de métro pour y accéder. Vous y trouverez dans une ambiance underground (au sens propre et figuré) assez étrange, une poignée de boutiques et une quinzaine de stands de street food : dumplings, bubble tea, hot dogs, pizza, empanadas, doughnut, pretzel …. il y en a pour tous les goûts. Ressortez tout au bout de cet Underground Market, normalement au niveau de la 57th street, et sur le trottoir opposé à celui par lequel vous êtes entré.

Sur votre droite en regardant vers le sud, une étrange tour moderne semble posée sur un immeuble plus ancien. C’est la Hearst Tower, le siège social de l’empire médiatique fondé par William Randolph Hearst en 1887 lorsqu’il rachète le San Francisco Chronicle, puis quelques années plus tard, le tout jeune magazine féminin Cosmopolitan. En 1928, Hearst décide de se construire un siège de prestige au cœur de Manhattan, et imagine cet immeuble de 6 étages comme la base d’un futur gratte-ciel qui ne verra jamais le jour à cause de la grande dépression. 80 ans plus tard, la Hearst Tower sera finalement achevée, dans une version assurément plus moderne qu’envisagée par son fondateur. Sa forme atypique est dûe à sa structure à maille triangulaire verticale en acier dit « diagrid », utilisée pour la première fois dans un gratte-ciel.

Prenez à gauche dans la 57th St. Un peu après avoir dépassé l’angle de Broadway, sur votre gauche, surgissant derrière la façade ondulée et transparente du magasin Nordstrom, une immense tour très fine s’élance vers le ciel. Il s’agit de la Central Park Tower. Inaugurée en 2021, cette fine tour à l’allure relativement sobre n’en a peut-être pas l’air, mais c’est le deuxième plus haut gratte-ciel de New York derrière le One World Trade Center. Ce qui fait d’elle également le deuxième plus haut gratte-ciel des Etats-Unis, le deuxième plus haut gratte-ciel de tout l’hémisphère occidental, le plus haut building entièrement résidentiel au monde (détrônant le 432 Park Avenue), et la plus haute tour du monde hors Asie si l’on tient compte uniquement de la hauteur du toit (elle est de fait plus haute que la One World Trade Center si on lui retire sa flèche). La Central Park Tower contient 179 appartements de luxe et un club privé localisé au 100ème étage. Elle a coûté la somme extravagante de 3 milliards de dollars à la construction. Si vous vous reculez un peu pour mieux la voir, vous vous apercevrez que la partie droite de l’édifice est construite en porte-à-faux au-dessus de l’immeuble voisin. Pour ce faire, les promoteurs ont dû racheter les droits aériens (air rights) de leur voisin qui ne pourront du coup plus s’élever au-dessus de leur hauteur actuelle. Cela fait de la Central Park Tower la plus haute structure au monde construite en porte-à-faux. Le prix des appartements à l’ouverture de la tour démarrait à 1.5 millions de dollars pour un studio, tandis qu’une vingtaine d’appartements, les plus grands et les plus hauts dépassaient les 20 millions de dollars pièce. Au sommet de la tour, un triplex de 1500m2 dispose de 7 chambres à coucher, 9 salles de bain, une bibliothèque, une salle de sport, une salle de bal, ainsi que son observatoire panoramique privé sur Manhattan. Il était originellement proposé à la vente pour 150 millions de dollars. En septembre 2022, le même triplex était remis sur le marché pour la somme astronomique de 250 millions de $ (un record absolu aux Etats-Unis). Reste à trouver preneur et à ce prix, les candidats ne sont pas très nombreux …

A l’angle de la 7h Avenue se trouve le Carnegie Hall. Construit en 1881 par le magnat de l’acier Andrew Carnegie pour accueillir le New York Philharmonic Orchestra, le Carnegie Hall est l’une des plus prestigieuses salles de concert classique au monde. Andrew Carnegie, l’homme le plus riche du monde à son époque, parfois même considéré comme le plus riche au monde toutes époques confondues, a passé les 18 dernières années de sa vie à donner 90% de son immense fortune à des œuvres de charité, des universités, bibliothèque etc… Il médiatisa son approche du mécénat dans un article, The Gospel of Wealth, encourageant les plus fortunés à suivre son exemple, entraînant une vague de philanthropie sans précédent, dont on retrouve les traces jusqu’à nos jours dans les actions de Bill Gates ou Warren Buffet. Le Carnegie Hall fut la salle de concert principale du New York Philharmonic Orchestra jusqu’en 1962, avant que l’orchestre ne se relocalise au Lincoln Center. Le Hall accueille en réalité 3 salles de concerts, dont la plus grande fait 2800 places. Les plus grands artistes de musique classique – mais aussi de jazz – du XXème siècle ont tous joué dans ses murs.

Avant de poursuivre sur la 57th St, faites un détour d’un bloc au nord sur la 7th Avenue pour admirer la façade du Alwyn Court à l’angle de la 7th Avenue et de la 58th St :  ce splendide building résidentiel de 12 étages a été construit entre 1907 et 1909, dans un style renaissance française. Et de fait, c’est bel et bien les armoiries de François 1er, et notamment la salamandre qui était son emblème, qui ornent l’entrée principale, dans l’angle du building. Ce clin d’oeil des architectes du début du XXème siècle au souverain français n’est pas anodin : si la première colonie européenne sur la pointe sud de Manhattan fut la hollandaise Nouvelle Amsterdam en 1613, suite à la cartographie de la baie de New York par le navigateur anglais Henry Hudson en 1609 (Hudson laissera son nom à l’Hudson River qui longe Manhattan), c’est bien le navigateur italien Giovanni da Verrazzano qui avait le premier découvert la baie de New York en 1523, près d’un siècle auparavant. Son expédition périlleuse (seul un navire sur quatre atteindra les côtes de l’Amérique) passera à la postérité puisque son nom a été donné au Verrazano-Narrows Bridge, le pont suspendu qui relie Brooklyn et Staten Island. Mais ce que tout le monde a oublié, c’est que Verrazzano explorait l’Amérique du Nord pour le compte du roi de France, François 1er, et qu’il nomma ce nouveau territoire la Terre d’Angoulême (ou Nouvelle Angoulême), en référence directe à François 1er, qui fut duc d’Angoulême avant d’être roi de France.

Revenez sur la 57th St et poursuivez d’un demi bloc en longeant le Carnegie Hall. Juste avant le Morton Williams Fresh Market Place (un petit supermarché en sous-sol, très bien achalandé), en face du passage piéton, se trouve l’entrée de la Metropolitan Tower, une tour en verre fumé très foncé, de 218 mètres et 68 étages. Au-delà des 10-15 premiers étages qui forment une base rectangulaire classique, la tour est triangulaire, avec face à vous, l’angle le plus aigu. 

Puis, si vous regardez le feu rouge devant le passage piéton, vous constatez qu’il indique que vous êtes au croisement de la 57th St et de la … 6 ½ Avenue. Non vous n’êtes pas dans le monde magique d’Harry Potter où les quais de gare se déclinent en ½. L’Avenue 6 ½ est en fait un passage piétonnier continu à travers les gratte-ciels de Midtown. Officiellement créée en 2012, cette “avenue” piétonne relie en réalité un ensemble d’espaces privés ouverts au public (Privately owned public space ou POPS) dépendant de multiples buildings et s’étendant sur 6 blocs.  Entrez donc dans la Metropolitan Tower et traversez le building jusqu’à la 56th St.  

Sur votre gauche, sur le même trottoir un peu plus bas, se trouve l’hôtel Parker Meridien. Dans son hall d’accueil se cache (littéralement) un petit restaurant de burger, le Burger Joint. Son côté camouflé façon speakeasy en ont fait une des destinations les plus courues pour un burger à New York. Personnellement, nous trouvons qu’ils sont bons mais un peu chers. Vous pouvez les tester, mais uniquement s’il n’y a pas de queue : ils ne sont pas bons au point de faire plus de 5-10 minutes de queue. Mais le cadre est amusant.

Traversez la 56th St et poursuivez sur l’Avenue 6 ½ en passant sous le CitySpire Center, un très massif gratte-ciel octogonal de 248 mètres de haut et 75 étages, qui accueille des bureaux dans sa partie basse, et des appartements de standing dans le reste de la tour. Le passage souterrain est juste à gauche de l’entrée principale du gratte-ciel. En débouchant sur la 55th St, sur votre gauche, le New York City Center est une étonnante salle de spectacle au style néo-mauresque construite en 1923. Anciennement dénommé le Mecca Temple (“temple de la mecque”), c’était en réalité le premier Temple d’une branche atypique de la franc-maçonnerie américaine, connue aujourd’hui sous le nom de Shriners, mais établie en 1871 comme The Ancient Arabic Order of the Nobles of the Mystic Shrine. Il est intéressant de noter que toute la thématique moyen-orientale et arabisante n’a aucun lien avec les idées propagées par cette société semi-secrète : à la fin du XIXème siècle et au tout début du XXème siècle, on redécouvre les mystères de l’Egypte ancienne, et toute cette civilisations exotique intrigue et apparaît pleine de mystère et de dépaysement, et le choix est purement cosmétique. La scène du New York City Center accueille désormais de très nombreuses productions ou festivals, avec une large place faite à la danse. Juste en face du New York City Center, le Black Tap est une gastro taverne originaire de New York (mais qu’on retrouve aujourd’hui dans quelques autres grandes villes des USA), qui propose des versions décadentes de grands classiques américains : des burgers évidemment, mais surtout des milk shakes gargantuesques, débordant de cookies, marshmallows ou bonbons. Comptez cependant une vingtaine de dollars pour les burgers comme pour les shakes, des prix aussi démesurés que les produits proposés.

Continuez votre parcours entre et sous les buildings de Midtown le long de la 6 ½ avenue.

DETOUR 6 (0.6 km) : visite du MoMA

Si vous souhaitez visiter le Museum of Modern Art (ou MoMa), vous pouvez sortir de la 6 ½ avenue au niveau de la 54th St. Sinon, continuez sur la 6 ½ avenue jusqu’à la 53rd St et sautez ce détour. Le point de jonction entre la version avec et sans détour est l’angle de la 6th Avenue et de la 51st Street, au niveau du MLB Flagship Store (cf plus bas).

Tournez donc à gauche dans la 54th St. Sur votre gauche, après l’hôtel Conrad, un bâtiment relativement anonyme et ressemblant à un parallélépipède noir et blanc arbore l’enseigne du Ziegfeld Ballroom. Ce qui est actuellement une immense salle de bal pouvant être louée pour des événements publics ou privés fut inauguré en 1969 comme le plus moderne (et le dernier) des Movie Palaces de New York. Ces immenses salles de cinéma luxueuses sont apparues à l’âge d’or du cinéma, dans la première partie du 20ème siècle, entre 1910 et 1940, et surtout à la fin des années 20. La construction d’une telle salle de cinéma dotée d’un seul écran à la fin des années 60 est donc assez atypique, mais le Ziegfeld Theatre fut durant des années la plus grande, la plus luxueuse et la plus moderne des salles de cinéma de New York. Avec ses 1152 sièges, son écran géant et ses équipements toujours à la pointe du progrès, c’est le cinéma ayant accueilli le plus d’avant-première de blockbusters hollywoodiens en dehors de Los Angeles. Difficile de l’imaginer si l’on considère l’aspect extérieur somme toute très peu reluisant du bâtiment. Le nom (“Ziegfeld Theatre”) de la salle de cinéma avait été donné en hommage à un théâtre construit en 1927 quelques dizaines de mètres plus bas sur la 54th St, à l’angle de la 6ème avenue, et qui fut démoli en 1966, malgré les protestations publiques, pour faire de la place à un nouveau gratte-ciel que vous pouvez voir entre l’actuel Ziegfeld Ballroom et la 6th Avenue. Le Ziegfeld Theatre de 1927, d’une capacité de 1638 places assises, avait été construit par le plus célèbre impresario de Broadway, Florenz Ziegfeld, Jr. Il était connu notamment pour ses productions extravagantes, les Ziegfeld Follies, des revues de cabarets directement inspirées des Folies Bergère parisiennes. Mais c’est également le producteur de Show Boat, qui est généralement considérée comme la première des Comédies Musicales modernes, créant de facto un nouveau genre capable de s’attaquer à des sujets sérieux, loin des opérettes et revues musicales légères qui constituaient l’essentiel des productions au début du XXème siècle. Show Boat fit sa première à Broadway en décembre 1927, au Ziegfeld Theatre, et révolutionna le genre. Il fut joué pendant 1 an et demi, ce qui était considérable pour l’époque. Mais le premier spectacle à être joué au tout début de l’année 1927 pour la première du Ziegfeld Theatre fut Rio Rita. Ce spectacle musical fut ainsi l’une des dernières productions “légères” et spectaculaires sur Broadway, avant le changement de genre amorcé par Show Boat. Charlie Chaplin assista à la première de Rio Rita au premier Ziegfeld Theatre.  On raconte également qu’en mai de la même année 1927, Charles Lindbergh était au Ziegfeld Theatre, à une représentation de Rio Rita lorsqu’il reçut la nouvelle qu’une météo clémente était en train de s’installer au-dessus de l’Atlantique : il sortit du théâtre en trombe en plein représentation, pour rejoindre sa chambre d’hôtel. Mais incapable de trouver le sommeil, il finit par se rendre à l’aérodrome de New York, le Roosevelt Field, d’où il décola au petit matin pour accomplir la première traversée de l’Atlantique en avion !

Traversez la 6ème avenue et continuez sur la 54th St. Sur votre droite, un gratte-ciel oblique, émerge derrière un autre gratte-ciel plus petit qui fait l’angle avec l’avenue. Il s’agit du 53 West 53 (ou 53W53), dessiné par l’architecte français Jean Nouvel. Cette tour de 77 étages et initialement connue sous le nom de Tower Verre. Sa forme assez étrange (ses façades sont légèrement inclinées sur toutes ses faces sauf une, et jamais avec le même angle) est liée au fait qu’il a été construit à cheval sur 3 terrains dépendant de règles de zoning (règles de constructions) différentes. En effet, à New York, la loi impose aux immeubles dépassant une certaine hauteur, de rester à l’intérieur d’un cône de construction, dont l’angle dépend de la zone dans laquelle il est construit. C’est pour cela qu’on trouve de nombreux gratte-ciels, notamment anciens, construits comme des pyramides à étage (c’est le cas de l’Empire State Building par exemple, qui plus on monte dans les étages, plus on est en retrait par rapport à la rue). Ces règles permettent de garantir qu’un minimum de luminosité puisse percer jusque dans les rues. Ainsi le 53W53 doit respecter des angles de retrait par rapport à la rue à partir d’une certaine hauteur, différents sur 3 de ses faces, construites chacunes dans une zone différente. Ses contraintes ont donc été intégrées dans le design du bâtiment. Néanmoins, pour pouvoir monter aussi haut (le 53W53 est dans le top 10 des plus grands gratte-ciels de Manhattan), les promoteurs ont également dû racheter des droits de construction en hauteur d’immeubles voisins (qui ne pourront donc plus s’élever plus haut qu’ils ne le sont actuellement). Ce marché des droits de construction en hauteur assure que si un gratte-ciel très grand est construit, il ne pourra l’être que dans une endroit relativement dégagé, où le promoteur sera en mesure de racheter des droits de construction en hauteur d’immeubles plus petits et qui le resteront. En l’occurrence, le 53W53 a été contraint de racheter les droits de 3 buildings voisins devant lesquels nous allons passer à présent. Continuez sur la 54th St jusqu’à l’angle de la 5ème avenue. Sur votre droite à l’angle se trouve un splendide hôtel particulier, datant de 1899, et hébergeant un des clubs privés les plus sélects de la ville, le University Club of New York. Fondé à la fin du XIXème siècle par des anciens élèves de l’Université de Yale puis progressivement ouverts aux anciens étudiants des plus grandes facultées américaines, le University Club of New York fonctionne aujourd’hui avec des règles strictes très proches de celles des origines (excepté le fait qu’il a été ouvert aux femmes dans les années 80) : tenue correcte exigée (costume, cravate …), usage des téléphones portables strictement limité, photos interdites, toute familiarité est bannie dans l’enceinte du Club … Dans les années 90, Hillary Clinton qui était alors la First Lady (son mari Bill Clinton étant encore Président à l’époque), en fit l’expérience quand elle fut expulsée sans ménagement du bâtiment après avoir papauté trop bruyamment et familièrement avec une journaliste people qui venait de surcroît de se faire prendre en photo dans l’établissement. Essayez de repérer sur la façade les blasons des plus grandes universités américaines, dont les noms apparaissent en latin sous chaque écusson. Une des raisons pour lesquelles nous faisons l’arrêt devant ce bâtiment est que le University Club of New York a cédé ses droits de construction verticale aux promoteurs du 53W53. En échange d’un paiement de 10 millions de $, le Club a ainsi renoncé à son droit de construire plus haut que l’actuel bâtiment, permettant d’ériger le gratte-ciel de verre voisin. Un abandon finalement peu contraignant pour un bâtiment historique que le club n’a nulle envie de détruire ou remplacer par un building géant.

Tournez à droite que la 5th Avenue pour rejoindre l’angle de la 53rd St où vous pourrez contempler la Saint Thomas Church, une magnifique église épiscopale construite en 1914 dans un style néogothique. Les églises épiscopales sont aux Etats-Unis des églises de tradition anglicane (le protestantisme anglais), mais séparée depuis la révolution américaine de la hiérarchie écclésiastique anglaise pour des raisons évidentes, suite à la guerre d’indépendance contre la couronne d’Angleterre. N’hésitez pas à pénétrer dans l’église si elle est ouverte : l’intérieur est aussi grandiose que l’extérieur, notamment l’autel et les vitraux. Si l’église est en si bon état, et si les vitraux semblent neufs après une très coûteuse restauration, c’est que la Saint Thomas Church est le second bâtiment à avoir abandonné ses droits de construction verticale au bénéfice du 53W53. Mais l’ayant fait quelques années après le University Club, alors que le projet de gratte-ciel était beaucoup plus avancé, ils ont pu les négocier pour plus de 70 millions de $, trois fois le prix obtenu par le University Club en proportion de leurs surfaces respectives.

Tournez à droite dans la 53rd St pour revenir en direction de la 6th Avenue. Sur votre droite se trouve le célébrissime Museum of Modern Art (ou MoMa), imaginé au début des années 30 par Abby Aldrich Rockefeller, la femme de John D. Rockefeller, Jr., un des hommes les plus riches du monde, lui-même fils du fondateur de l’empire des Rockefeller, bâti sur l’extraction du pétrole. C’est sans doute le musée d’art moderne le plus richement doté au monde, avec des collections allant des impressionnistes (et notamment la fameuse nuit étoilée de Van Gogh) jusqu’à l’art contemporain. Le bâtiment d’origine a été considérablement modifié et agrandi dans les années 80, avec notamment la construction de la Museum Tower, un gratte-ciel résidentiel qui sépare désormais le musée à proprement parler de la Saint Thomas Church. Plus récemment, le musée s’est encore agrandi de plus de 3000m2, en incluant de nouvelles galeries construites dans la base de la tour 53W53, en échange des droits de construction verticale du musée (plus de 10 millions de $). Le musée est ouvert tous les jours de 10h30 à 17h (19h le samedi), et le billet d’entrée coûte 25$ par personne (mais est gratuite pour les enfants de 16 ans et moins, et le tarif est réduit à 14$ pour les étudiants, et 18$ pour les séniors). Depuis le Covid, la réservation d’un billet horodaté est obligatoire. A noter également que la politique d’admission gratuite les premiers vendredi de chaque mois est désormais réservée aux seuls résidents de New York. N’hésitez pas à visiter en face du musée le MoMA Design And Book Store, une boutique souvenirs qui vend notamment de nombreux objets design exposés dans le département Architecture and Design du musée.

Puis rejoignez la 6ème avenue et prenez à gauche pour rejoindre l’angle de la 51st Street, au niveau du MLB Flagship Store et du Radio City Music Hall où vous reprendrez le cours de l’itinéraire.

A l’angle de la 53rd St, la façade de la City of New York Central Substation est une ancienne substation du réseau de métro originel de la ville : ces bâtiments techniques abritaient à l’origine les générateurs électriques (généralement au charbon) fournissant l’électricité nécessaire au fonctionnement du réseau de métro de New York. Le développement d’un réseau électrique sur l’ensemble de la ville les rendirent progressivement obsolètes. Certains ont été détruits, et d’autres, comme celui-ci, sont encore utilisés comme locaux techniques par la MTA (Metropolitan Transportation Authority), l’autorité de gestion du métro de la ville. A noter que lors de la création du métro de New York, les premières lignes étaient gérées par des sociétés privées. Ce n’est qu’en 1940 que la ville racheta les 3 grands réseaux existant pour les unifier au sein d’un réseau de métro unique et public.

Continuez sur la 6 ½ avenue jusqu’à la 51st St où vous tournerez à gauche pour rejoindre la 6th Avenue, également appelée Avenue of the Americas. Immédiatement sur votre droite à l’intersection, le MLB Flagship Store est la boutique officielle de la ligue majeure de baseball : vous y trouverez maillots et casquettes officiels de toutes les équipes de baseball de la ligue, à commencer par les Yankees et les Mets de New York. 

En face, sur votre droite, se dresse le Radio City Music Hall. Cette autre salle de spectacle mythique servit également de salle de cinéma géante jusqu’à la fin des années 70. La salle accueille également chaque année depuis 1933 le traditionnel spectacle de Noël, “Spectacular”, un spectacle musical avec la troupe des Rockettes qui fait vivre la grande tradition du music hall avec 140 danseurs sur scène et un final incluant systématiquement une ligne impressionnante de danseuses sur toute la largeur de la scène, parfaitement synchronisées dans leur jeté de jambe.

Le Radio City Music Hall fait partie du Rockefeller Center. Cet ensemble de 19 buildings s’étend sur 3 blocs entiers, 90 000 m2. Financé intégralement par John D. Rockefeller Jr, au beau milieu de la crise des années 30, le chantier titanesque employa 40 000 personnes et dura 9 ans. Ce lieu est connu mondialement pour héberger chaque année un arbre de Noël géant et une patinoire dans la Lower Plaza. L’immeuble le plus haut du complexe est le General Electric Building, surnommé The Rock, qui offre une vue imprenable sur Manhattan. 

Rejoignez l’angle de la 50th St. A votre gauche l’entrée principale du Radio City Music Hall, et à votre droite, de l’autre côté de la 50th St, la façade arrière du Rockefeller Center et l’entrée des studios NBC où est notamment enregistré le Tonight Show de l’animateur star Jimmy Fallon. On remarque dans l’angle du Rockefeller Center un tout petit immeuble avec un opticien Warby Parker au rez-de-chaussée, et deux étages au-dessus. Lorsque les plans du Rockefeller Center ont été établis, il a fallu racheter l’ensemble des immeubles qui occupaient les 4 blocs qui formeront finalement ce complexe. Mais quelques propriétaires minoritaires refusèrent de vendre, dont celui de l’immeuble qui vous fait face. Au lieu d’attendre encore une opportunité pour racheter cette parcelle, il fut décidé de modifier légèrement les plans du Rockefeller Center pour contourner ce petit immeuble qui demeura jusqu’à nos jours un appendice extérieur collé à l’immense complexe.  

Prenez la 50th St pour rejoindre la 5th Avenue. En face de vous, la très belle St Patrick’s Cathedral, siège de l’archidiocèse catholique de New York qui date de 1910.  Positionnez vous juste en face de la cathédrale, devant le International Building, un gratte-ciel qui fait partie du complexe du Rockefeller Center. Le International Building a été construit en retrait de la 5ème avenue, notamment pour ne pas contrevenir aux lois de zonages en vigueur à l’époque: en ne construisant pas sur toute la surface du bloc à pleine hauteur, on pouvait ainsi augmenter la hauteur maximale autorisée sur une portion limitée de la surface de construction. Ainsi, deux structures nettement plus basses, de six étages de haut seulement, donnent directement sur la 5ème avenue, reléguant le gratte-ciel plus en retrait, mais ouvrant une très belle perspective sur cette tour. La structure de gauche est connue sous le nom de Palazzo d’Italia. Deux autres structures similaires furent également construites un bloc plus bas sur la 5ème avenue, La Maison Française d’une part et le British Empire Building. L’idée pour ces bâtiments était d’héberger des administrations et/ou entreprises regroupées par nationalités (d’où leurs noms). La quatrième structure, à votre droite, n’ayant pas trouvé preneur à l’époque de sa construction, fut finalement simplement appelée International Building North. Entre le Palazzo d’Italia et le International Building North, une immense statue représente le titan Atlas, portant le monde sur ses épaules. C’est une des deux statues les plus connues du complexe du Rockefeller Center avec celle du titan Prométhée, son frère, qui surplombe la patinoire et que vous verrez dans quelques instants. C’est aussi la plus grande, et sans doute l’une des plus photographiées avec le gratte-ciel du International Building en perspective.

Maintenant, regardez avec plus d’attention la façade du International Building North, au 636 de la 5ème Avenue (actuellement occupé par un Lego Store), et admirez le bas relief en surplomb de la porte. Sculpté par un immigré italien en 1936, l’oeuvre intitulée “La Jeunesse menant L’Industrie” est à un témoignage de la foi immense dans le progrès et le futur dont l’Amérique était porteuse dans les années 30, mais aussi du manque de recul de l’époque sur les moyens de ce progrès : l’individu sur le char montrant du bras la direction du progrès à la jeunesse n’est autre que Benito Mussolini, dont le mouvement était alors vu comme porteur de nombreux espoirs (du moins tel que vu de l’autre côté du globe). Ironiquement, le fils du sculpteur donnera sa vie sous les drapeaux américains quelques années plus tard en combattant en Europe aux côtés des alliés, contre les forces de l’axe.

N’allez évidemment pas y voir un quelconque positionnement politique caché autre que l’air du temps de l’époque, retraduit par les milieux artistiques avant-gardistes : vous en aurez la démonstration dans quelques instants. Revenez sur vos pas sur la 5ème avenue, et traversez la 50th Street, avant de prendre à droite à travers The Channel Gardens, une allée piétonne entre La Maison Française et le British Empire Building, ponctuée de petites fontaines et de sculptures, et menant à la Rockefeller Plaza, qui est transformée chaque hiver en patinoire à ciel ouvert (The Rink At Rockefeller Center). La place (et la patinoire en hiver) est surplombée par la statue dorée de Prométhée dont nous avons parlée un peu haut. Prométhée comme Atlas étaient dans la mythologie grecque des Titans, qui ayant participé à la guerre entre les dieux de l’Olympe et les Titans, et ayant livré aux hommes de nombreux savoirs secrets (comment se diriger grâce aux étoiles pour Atlas, et le secret du feu pour Prométhée), furent condamnés par Zeus à souffrir pour le reste de l’éternité. Ainsi Atlas fut condamné à porter le ciel (ou le monde) sur ses épaules, et Prométhée à être enchaîné à un rocher, et avoir son foie dévoré par un aigle à jamais. Contourner la statue de Prométhée par la gauche et prenez à gauche dans l’allée piétonne, le long du restaurant italien Lodi. Inspectez la façade de l’immeuble à votre gauche et vous trouverez deux bas reliefs de part et d’autre des portes du building, représentant clairement le rapprochement des travailleurs de l’industrie (sur la gauche de la porte) et de l’agriculture (sur la droite de la porte) : la faucille et le marteau, emblème du mouvement communiste-léniniste international, est ainsi représenté au beau milieu d’un temple du capitalisme américain, construit par un baron du pétrole multimilliardaire. Quand on vous disait de ne pas prendre l’hommage discret à Mussolini pour une quelconque inclinaison politique des Rockefeller, mais comme une trace des influences de l’époque sur les artistes en vogue.

Un peu plus loin, à l’angle de la 48th St, la boutique du Nintendo World, sur deux étages, offre aux amateurs de jeu vidéo l’occasion de tester les dernières nouveautés de la marque japonaise, mais aussi des centaines de t-shirts Mario, de peluches Kirby et autres gadgets japonisant. La boutique héberge aussi dans quelques vitrines un sympathique petit musée de la marque.

Revenez sur vos pas et tournez à gauche dans la 49th Street. Sur votre droite, le mythique magasin de jouets FAO Schwarz : fondé en 1862 à Baltimore, c’est la plus ancienne ancienne enseigne de jouet aux Etats-Unis. Son magasin phare sur la 5ème avenue, à l’angle de Times Square (aujourd’hui fermé), passera à la postérité en 1988 dans une scène culte du film Big avec Tom Hanks, où ce dernier danse sur un piano-tapie électronique géant. L’enseigne fera finalement faillite au début des années 2000, avant d’être rachetée par une groupe spécialisé dans la revalorisation de marques, qui rouvrira ce magasin du Rockefeller Center.

Continuez en direction de la 6ème avenue, en passant devant l’entrée principale des studios NBC, qui est également celle de l’observatoire du Top of the Rock, au sommet du plus haut gratte-ciel du Rockefeller Center. En rejoignant la 6ème avenue, sur votre droite, la Magnolia Bakery occupe le rez-de-chaussée d’un petit immeuble de 3 étages dont l’histoire est similaire à celle du bâtiment du deux étages situé à l’angle de la 50th St et occupé par un magasin d’optique : ses propriétaires ayant refusé de vendre leur immeuble au complexe du Rockefeller Center, ce dernier fut construit en contournant l’immeuble qui s’appuie désormais sur son géant de voisin. N’hésitez pas à aller y chercher un encas sucré : cette chaîne de pâtisserie américaine fondée à New York en 1996 à West Village, doit principalement sa renommée à ses cupcakes. C’est d’ailleurs plus ou moins cette enseigne qui a lancé la grande mode des cupcakes à la fin des années 90. Vous y trouverez également de nombreuses spécialités américaines traditionnelles ou revisitées de très bonne facture, notamment d’excellents brownies, blondies ou lemon bars, que nous recommandons vivement.

Avant de regagner Times Square, passez devant le McGraw-Hill Building sur la 6ème avenue (entre la 48 et la 49ème rue). Cet immeuble caractéristique est l’immeuble central d’un triptyque de 3 immeubles communément appelé XYZ. Leur style, leur mode de construction et l’époque à laquelle ils furent bâtis rappellent sans conteste les défuntes tours jumelles du World Trade Center.

Continuez vers Times Square par la 49th St, mais tournez à gauche au milieu du bloc entre la 6th et la 7th avenue, pour passer entre deux immeubles et sous une petite cascade au moyen d’un étonnant tunnel en plexiglas. Puis tournez à droite sur la 48th.

 

A l’angle de 7th Avenue et de la 48th St, vous pouvez apercevoir sur votre droite le M&M’s World et plus bas dans la 7ème avenue sur votre gauche, le Hershey’s Chocolate World, les boutiques souvenirs des deux grands géants du chocolat aux Etats-Unis. Il est amusant de noter qu’au-delà de ce face à face commercial sur Times Square, les deux sociétés sont liées par une collaboration inattendue qui ne transpire que par les deux lettres énigmatiques de la marque aux petits chocolats de toutes les couleurs. En effet, à la fin du XIXème siècle, Milton S. Hershey, après avoir fait fortune dans les caramels, développe un nouveau procédé de fabrication du chocolat au lait, et crée une usine en Pennsylvanie, lançant la marque Hershey Chocolate. L’usine deviendra une ville (au sens propre du terme, qui existe toujours en Pennsylvanie, et qui a le nom de Hershey), et la marque, le plus gros fabricant de chocolats et autres confiseries chocolatées aux Etats-Unis. Pendant ce temps, au tout début du XXème siècle, un autre entrepreneur se lançait à Minneapolis avec son épouse dans la confection de barres chocolatées. Il s’appelait Franklin Clarence Mars, et il construisit son succès sur une barre caramel chocolat qui nous est bien familière, mais dont le nom aux Etats-Unis n’est pas Mars, mais Milky Way, puis dans les années 30, sur la barre Snickers. Son fils, Forrest Mars, alla s’installer au Royaume-Uni où il lança la barre Milky Way sous le nom de barre Mars que l’on connaît à travers le monde sous cette appellation, sauf aux Etats-Unis. Pour embrouiller un peu plus les choses, la Mars Corporation lança une barre sans caramel, qui fut nommée Milky Way hors des Etats-Unis (le nom Milky Way étant aux Etats-Unis celui de notre barre Mars), et 3 Musketeers aux USA. A la mort de son père, Forrest Mars hérita de la Mars Corporation et continua à développer l’entreprise (qui est toujours détenue majoritairement par la famille Mars, la seconde famille la plus riche des Etats-Unis). Mais pendant la seconde guerre mondiale, le rationnement du chocolat compliqua les affaires de Mars. Il se trouve alors que la société Hershey avait convaincu le gouvernement américain de lui allouer prioritairement les importations de chocolat, Hershey travaillant pour l’armée américaine en fournissant les G.I. en tablettes de chocolat. Mars proposa alors à Bruce Murrie, fils du président de la Hershey Company de l’époque, de créer une joint venture, pour produire et commercialiser des petits bonbons en chocolat, recouverts d’une pellicule de sucre colorée, des confiseries qui fondent dans la bouche, mais pas dans la main. La société s’appellerait Mars & Murrie, ou M&M’s Company, et aurait accès via Bruce Murrie au chocolat Hershey. Après la guerre, Mars reprit son autonomie et racheta les parts de Murrie, mais le nom, lui, restera, témoignage discret de la coopération d’un jour entre les deux frères ennemis du chocolat aux Etats-Unis.

Puis pour terminer la découverte du paysage gastronomique sucré et chocolaté des USA, vous pouvez continuer sur la 48ème jusqu’à l’angle de Broadway où vous trouverez une immense boutique Krispy Kreme, l’enseigne numéro 2 du donut en Amérique après Dunkin Donuts, où vous pouvez admirer une étonnante machine automatisée produisant des donuts en continue. C’est assez étonnant si l’on considère la consommation massive de donuts aux Etats-Unis, mais il n’y a que 2 grandes enseignes nationales de Donuts dans tous les Etats-Unis. La plus grosse part du marché revient à des dizaines de milliers de petites boutiques locales indépendantes. Et si Dunkin Donuts a su s’imposer numéro 1, c’est uniquement par le nombre de ses enseignes (plus de 12 000 dans le monde entier). Krispy Kreme est généralement considéré comme produisant les meilleurs donuts des deux enseignes, mais c’est surtout lié au fait qu’ils produisent les leurs tout au long de la journée, proposant un produit plus frais et donc clairement meilleur (les donuts, c’est comme les croissants, ce n’est vraiment bon que s’il a été cuit juste avant). Avant d’être la nourriture préférée de la police américaine (en tout cas si l’on en croit les Simpson’s), le donut (ou doughnut) est une recette hollandaise de beignet. Mais ce sont bien les Américains qui vont lui donner sa forme traditionnelle en anneau. On distingue les donuts «normaux», qui sont confectionnés avec une pâte à beignet qui a préalablement levé, et les cake donuts, préparés à partir d’une pâte à gâteau non levée (généralement plus petits et plus denses).  Dans les deux cas, les donuts sont ensuite frits, puis le plus souvent glacés (glazed) (ou parfois simplement saupoudrés de sucre et de cannelle dans le cas des cake donuts). Le goût est donc principalement apporté par la recette du glaçage. Il existe aussi des donuts sans trou central, souvent ronds mais parfois aussi carrés, qui peuvent être remplis de crème (filled donuts). Enfin, les doughnuts holes sont des petits beignets tout ronds qui correspondent à la pâte retirée du centre des donuts en anneau. Avant de devenir un problème de santé publique, les qualités hautement nutritives du donut furent utilisées par l’Armée du Salut qui en distribuait pendant la Première Guerre mondiale et la Grande Dépression : un effort salué chaque premier vendredi de juin à l’occasion du National Donut Day.

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