Bonjour. Nous sommes Sandrine et Silvère, du blog voyager aux Etats Unis. Com.
Après près de 30 ans passés sur les routes américaines avec nos quatre enfants, et près de 15 ans à accompagner les voyageurs dans la préparation de leur périple aux USA, nous voici à partager avec vous notre expérience et surtout notre passion des États Unis.
Alors c'est parti. Laissez-nous vous faire voyager aux États Unis.
Bonjour. Bienvenue dans ce nouvel épisode de voyager aux États Unis Le podcast.
Bonjour.
Alors aujourd'hui, Silvère, nous allons parler d'un sujet d'actualité brûlant, à savoir les élections présidentielles américaines.
Exactement. On va tout vous dire sur les élections. On va vous dire ce qu'on pense en bien et en mal.
Non, non, non. Attends, attends 2 min. Le sujet n'est pas ces élections américaines qui auront lieu dans quelques semaines, mais bien les élections présidentielles en général.
Ah, d'accord.
Nous allons vous expliquer son fonctionnement, répondre à des questions telles que “qui peut voter ?”, “Comment se fait le choix des candidats ?”, “Quelles sont les règles de dépenses des campagnes,” par exemple. Enfin, nous allons essayer de vous donner des clés pour mieux comprendre ces élections présidentielles américaines. Mais avant de commencer, je vous conseille de vous installer très confortablement, car le sujet est vaste. Et Silvère, qui a fait des études en sciences politiques, peut être très prolixe sur le sujet. D'ailleurs, notre dernier podcast juste sur les meilleurs burgers, fait déjà 52 min. Autant dire que rester dans ce timing va être vraiment un véritable défi. Du coup, ne soyez pas surpris si je coupe parfois Silvère ou le presse. Tu es d'accord, Silvère?
Ça marche pour moi.
Alors allons y. Alors on va peut être commencer, justement, pour mieux comprendre les élections présidentielles américaines, par une brève. Une brève, tu m'as entendu ?, Histoire du système politique américain.
Oui.
Et même juste avant ça, en guise d'introduction, je voudrais repréciser juste un point. C'est qu'un système politique, des institutions, c'est toujours, toujours le fruit d'une histoire. Et si on ne comprend pas cette histoire, on ne peut pas comprendre pourquoi et comment se sont fait les choses. C'est toujours très facile de juger les autres systèmes politiques en disant mais c'est absurde. Comment est ce qu'ils font ça”” sans comprendre pourquoi ils en sont arrivés là et quelles sont les différences ? Moi, je trouve qu'il y a un exemple qui est excellent pour comprendre ces différences, c'est de prendre deux valeurs qui sont en réalité les mêmes en France et aux États Unis, mais de voir que leur application est complètement différente. Et cette application. Et cette différence d'application, elle est liée à l'histoire différente des pays. Donc, exemple très simple, la laïcité, c'est une valeur qui est extrêmement forte en France et qui est extrêmement forte aux États Unis. Ces deux pays sont construits, depuis la Révolution française, et les États Unis, depuis leur création, en tout cas depuis la révolution américaine, sur le concept de laïcité. Et pourtant, l'application de cette règle n'a pas du tout les mêmes effets en France. Et là, c'est uniquement lié à la façon dont l'histoire s'est créée. Donc rapidement, en France, la laïcité, elle émerge dans un contexte particulier, celui de la Révolution française, où on va mettre fin à l'ancien régime. La laïcité, c'est la séparation de l'Église et de l'État. Voilà, c'est clair pour tout le monde. Et donc, cette séparation de l'Église et de l'État, elle arrive dans un contexte où l'Église fait partie d'un des trois états. Il y a la noblesse, le clergé et le tiers état. Et donc du coup, on va abolir la noblesse et on va essayer de sortir l'Église de l'État. Et donc ça va se faire au prix d'une lutte assez longue, etc. Et c'est pour ça que, par exemple, en France, lorsque dans l'école publique, on va interdire le port du voile, pour nous, c'est logique que c'est une question de laïcité. C'est-à-dire qu'on ne veut pas que l'Église rentre dans la sphère publique, on veut qu'elle reste dans la sphère privée. Et c'est normal que l'État, du coup, mette cette chose, ça paraît logique à un Français. Pour un Américain, c'est complètement l'inverse. Alors que c'est la même notion. Au nom de la séparation de l'Église et de l'État, il serait impensable que l'État interdise à quelqu'un de porter un signe religieux. Pourquoi ? Parce que l'Histoire des Américains est différente. Eux, leur histoire, c'est que les 1ᵉʳˢ fondateurs des États Unis, c'est des protestants. Des protestants qui ont fui l'Angleterre, parce qu'ils étaient maltraités et pourchassés pour leurs idées puritaines, et ils sont partis aux États Unis. Et quand ils ont décidé de créer un État, la 1ʳᵉ chose à laquelle ils ont pensé, c'est de faire en sorte que l'État qu'ils avaient pourchassé hors de l'Angleterre ne puisse pas leur imposer sa vision de la religion. Et donc, pour eux, la laïcité s'applique sur le fait que l'État doit en aucun cas dicter le comportement des individus. Donc on a vraiment, à chaque fois, c'est une claire volonté de séparer l'église et de l'État. Mais ça peut arriver à des résultats complètement inverses dans la réalisation, parce qu'on a des histoires différentes. Du coup, revenons en quand même à l'Élection présidentielle des États Unis et à son histoire. Alors, l'histoire du système politique américain. Il faut juste rappeler que les États-Unis, c'est un pays qui est né d'une guerre d'indépendance d'une ancienne colonie. Donc c'est une ancienne colonie anglaise qui va chercher son indépendance par rapport à la puissance anglaise en 1776. Mais ce n'est pas une guerre décoloniale comme on l'entendrait aujourd'hui, parce que ce sont les colons eux-mêmes qui vont chercher leur indépendance, pas les gens qui auront été colonisés. Donc il faut bien coloniser. Le motif 1ᵉʳ de la guerre d'indépendance, c'est une révolte contre la tyrannie, qui est symbolisée par l'expression no taxation without representation. C'est à dire que les colons, ce qu'ils ne pouvaient plus supporter, c'est le fait d'être imposés, mais de ne pas être représentés au parlement anglais, c'est-à-dire qu'en fait on leur imposait des taxes, mais ils ne les votaient pas. Et donc c'était le début de leur représentation de la tyrannie. Du coup ils ont fait la guerre contre leur ancienne puissance tutélaire, ils ont gagné leur indépendance par la force, et ils ont donc créé un nouvel état fédéral, qui est la fédération de toutes les anciennes colonies d'origine. Et ils vont former un nouveau gouvernement, ils vont se donner un nouveau gouvernement pour présider à leur destinée. Et ce gouvernement, il va y avoir beaucoup de discussions pour savoir de quelle forme il va être. Une partie des gens voulaient reproduire un système à l'anglaise, avec un roi et un parlement et un système de vote, etc. Mais finalement, au bout d'un certain nombre de discussions, ce sera le choix d'une république constitutionnelle qui sera fait avec un système politique assez particulier, puisque c'est un système à pouvoir énuméré, c'est -à-dire qu'on va donner au gouvernement fédéral un nombre limité de pouvoirs. Et tout le reste des pouvoirs qui ne sont pas cités dans la constitution, ils reviennent soit aux États chacun de leur côté, soit au peuple. Donc il y a une très, très grande importance de la séparation des pouvoirs. Une séparation des pouvoirs aussi bien horizontale, donc entre les différents niveaux que sont l'exécutif avec le président, le vice président, le législatif avec le Congrès, qui est constitué de la Chambre des représentants et du Sénat, et évidemment le judiciaire avec la Cour suprême. Mais aussi une séparation verticale du pouvoir entre le gouvernement fédéral et les États fédérés qui retiennent une grande partie du pouvoir politique.
Mais du coup là, on va se concentrer, nous, sur cette élection fédérale, sur l'élection du président.
Voilà.
Et c'est un terme intéressant parce qu'en réalité, il n'y a pas d'élection fédérale aux États-Unis. Et on va voir pourquoi, voyons. Alors en fait, l'élection du président des États-Unis, elle est décidée. Enfin, la façon dont doit être nommé ou élu le président des États-Unis, elle est décidée dans la constitution, par l'article deux de la constitution. Il y avait quatre clauses qui géraient ça. Et puis elle a été modifiée par le 12ᵉ amendement. C'est l'ensemble de ces éléments de la constitution et du 12ᵉ amendement qui fondent comment est élu le président. Et en fait, il y avait eu une discussion à l'époque pour savoir. Il y avait les partisans dans la création de la constitution, ceux qui voulaient un grand vote national populaire dans l'ensemble de la population pour nommer le président, et ceux qui pensaient que c'était le Congrès qui devait choisir le président. Et in fine, ils ont décidé ni l'un ni l'autre. Ils ont décidé que chaque État disposerait d'un certain nombre de grands électeurs et choisirait comment ils nommeraient ces grands électeurs.
C'est pour ça que tu dis que ce n'est pas une élection fédérale.
Exactement. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de vote fédéral. On va voir pourquoi. Et donc du coup, au départ, quand les États, on leur a donné ce pouvoir de nommer les grands électeurs pour choisir le président, ils n'ont pas procédé à des votes. La plupart d'entre eux ont choisi une méthode de nomination par les assemblées législatives locales des États de chaque État. Et donc chaque État se décidait et ensuite ils recevaient un quota de grands électeurs qui était égal au nombre de représentants qu'ils avaient au congrès. Et du coup il donnait mandat à l'ensemble de ses représentants pour aller voter pour l'élection présidentielle à Washington. Voilà. Après, il y a d'autres stipulations dans la constitution. Notamment l'article deux précise que le candidat à la présidentielle, enfin, que ne peut être élu président qu'une personne qui est née américain, un natural born american. Donc ça veut dire soit quelqu'un qui est né aux États-Unis, puisque quand on est aux États-Unis, on est Américain de fait, soit quelqu'un dont les parents étaient Américains. Mais ils ont rajouté aussi le fait qu'il doit avoir au moins 35 ans lorsqu'il est investi président et qu'il ait résidé aux États-Unis au moins 14 ans, ce qui empêche des gens qui auraient vécu toute leur vie à l'étranger de revenir et d'être élus directement président.
Mais revenons, moi j'aimerais bien revenir justement aux différents types d'élections qui diffèrent en fonction des États en fait.
Alors effectivement, du coup, quand on vote aux États Unis, on va voter grosso modo tous les deux ans. Il y a des élections à intervalles réguliers, à peu près tous les deux ans. Il y a des exceptions, mais grosso modo c'est ça, on va voter pour plein de choses différentes en même temps. Alors c'est pour des raisons pratiques, fondamentalement, il n'y a rien qui oblige à. Chaque État pourrait décider d’une douzaine d'élections pour les élections locales, les maires, les juges, les shérifs, les shérifs au niveau du comté, etc. Pour simplifier les choses, tout le monde place les élections à peu près au même moment, et donc tous les deux ou tous les quatre ans, on va voter pour des choses différentes. Donc le président des États-Unis, on va voter tous les quatre ans, mais la chambre des représentants, c'est tous les deux ans, le Sénat, c'est tous les six ans avec en fait il y a 1/3 qui est renouvelé tous les deux ans. Et après ils vont voter aussi pour leur assemblée locale. Tous les deux ans ou tous les quatre ans, ils vont voter aussi pour leur gouverneur, ils vont voter pour le board of education du comté, c'est-à-dire en gros pour savoir qui va présider le système des écoles publiques du comté, etc. Etc. Donc ils votent vraiment pour beaucoup, beaucoup de choses. Dans beaucoup d'endroits, vous pouvez voter pour 40 ou 50 élections différentes en même temps. Donc ça, on reviendra dessus après.
Le mode pratique des élections.
Mais du coup, le mode d'élection en fait pour le président est le même dans tous les états.
Alors justement, donc non, là on s'est interrompu. Donc on a décrit qu'au départ tous les états avaient choisi par simplicité de nommer leurs grands électeurs dans le collège électoral qui allait lui-même décider quel président on allait choisir. Ils allaient le nommer directement par leur propre congrès. Au fil des années, un certain nombre d'états ont commencé par décider que ben non. Ils allaient donner la voie directe au peuple, et donc ils allaient faire élire leurs grands électeurs directement par le peuple, par un suffrage populaire. Il y a eu tout au long du 19ᵉ siècle, une croissance progressive du nombre d'états qui faisaient cela. Et puis finalement, ils se sont tous alignés entre eux.. Et aujourd'hui, il n'y a aucun État qui n’élise pas ces grands électeurs par un vote direct du peuple à l'intérieur de l'État. Mais ce n'est pas constitutionnel, c'est juste le choix de chaque état. Rien n'empêcherait demain la Californie de dire “écoutez, nous, on va changer notre façon d'élire nos grands électeurs pour la présidentielle. Et maintenant, ce sera déterminé de telle ou telle ou telle façon”. C'est leur choix le plus strict. Il n'y a rien au niveau fédéral qui contraigne un État à adopter le suffrage universel pour choisir les grands électeurs.
Pour les votes à la présidentielle. Voilà. Et là, tu me disais tout à l'heure, en aparté en fait, qu'il y en a certains qui vont voter dans quelques semaines pour à peu près, ils auront 60 choix à faire. 60 élections ?
Oui, tout à fait. Ils vont voter là, effectivement, pour les élections de 2024, ils voteront pour le président. Ils voteront pour leurs représentants à la Chambre des représentants au niveau fédéral. Certains d'entre eux voteront pour leur sénateur. Mais après, ils vont voter localement pour leurs représentants à la Chambre des représentants et leurs sénateurs au niveau de l'État où ils sont. Et ils vont voter pour tout ce qu'on a dit, pour leur shérif, pour le procureur, le juge et tout un ensemble de choses. Et ça peut monter jusqu'à 50 ou 60 élections, en fait, votes.
Voilà ce qu'ils font en une seule fois.
Ok. Donc revenons donc là. On a vu un petit peu l'histoire du vote.
Petite précision encore par rapport à cette histoire de collège électoral. Dans les faits, tous les États ont pris la décision de faire que le vainqueur du scrutin à l'intérieur de leur État, pour la présidentielle, fasse basculer l'intégralité des grands électeurs de l'État en faveur de ce candidat. Tous les États sauf un. Il y a encore un État qui ne fait pas pareil. Donc c'est le principe du Winner Stakehold. C'est-à-dire que si en Californie, il y a des gens qui votent démocrate, eh bien, des grands électeurs de Californie seront pour le candidat démocrate. Et les républicains, ils n'auront rien. Il y a encore un dernier État, je ne me rappelle plus. C'est lequel qui a un système semi proportionnel, c'est-à-dire qui alloue quand même une partie de ses grands électeurs proportionnellement. Et d'ailleurs, il y a beaucoup de gens qui souhaitent la fin de ça, puisque la majorité se trouve privée du poids qu'elle aurait si elle était dans un système comme les autres. Mais voilà, ça reste encore. Mais encore une fois, ce n'est pas une règle constitutionnelle.
Chaque État peut décider de faire autrement.
J'aimerais bien aussi qu'on parle des attributions du Président et du Vice-Président.
Alors elles sont assez différentes. En fait, il faut vraiment voir le vice-président comme un remplaçant du président en cas de défaillance. Mais dans ses fonctions quotidiennes, le vice président, il est surtout, il préside le Sénat, c'est ça sa fonction principale. Mais il n'a pas du tout les attributions du Président qui sont de promulguer les lois, qui a un droit de veto, qui va faire les décrets, qui va nommer les. Comment s'appellent les fonctionnaires fédéraux ? Les juges fédéraux. Les juges à la Cour suprême. Le président a un pouvoir assez important. Le vice président n'a qu'un pouvoir assez relatif. Son pouvoir est quand même important au Sénat, parce qu'en cas d'égalité au Sénat, c'est son vote qui pourra départager le Sénat. Donc ça peut ponctuellement être important. Il va pouvoir diriger aussi les débats au Sénat. Mais fondamentalement, son rôle est plutôt d'attendre soit une défaillance du président. C'est arrivé plusieurs fois. Un président qui meurt en exercice, par exemple quand Kennedy a été assassiné, ou quand Roosevelt est mort avant la fin de son mandat, c'est le président qui a pris la suite. Et puis surtout, il attend surtout l'élection suivante où le président ne se présenterait plus. Et c'est vrai qu'il n'y a pas d'obligation à ce que ce soit le vice président sortant qui prenne la place du président, mais disons qu'il a un bon boost sur la possibilité d'être choisi comme candidat.
On n'a pas parlé de ceux qui peuvent voter. Qui peut voter en fait aux élections américaines ?
De la même façon, comme on a dit. Du coup il n'y a pas de scrutin fédéral, les scrutins sont bien locaux. C'est bien chaque État qui organise son scrutin pour envoyer ensuite ses grands électeurs.
Et aussi les autres personnes.
Donc ça dépend de chaque état. Alors il y a quand même des lois fédérales qui font qu'il y a un certain nombre de choses communes. Donc par exemple, l'âge légal pour voter c'est 18 ans dans tous les États Unis. Ça c'est fédéral. Il faut être un citoyen américain pour voter aux élections fédérales. Ça c'est aussi une contrainte qui est pour tout le monde. Mais par contre il y a des états qui peuvent rajouter des contraintes supplémentaires, une contrainte évidente. Par exemple, il y a des états qui ne permettent pas aux prisonniers à l'intérieur des prisons de voter. Et il y a des États qui ne permettent pas aux gens qui ont été condamnés pour un certain nombre de crimes de voter. Donc on peut être privé de ses droits civiques si on est un convicted felon, mais ce n'est pas le cas partout. Donc là il y a une différence selon les États, vous aurez le droit de voter ou pas s'il y a ces choses là. Et d'ailleurs ça a été le cas dans le temps puisque le droit de vote n'a pas été universel immédiatement. Au début il n'y avait que les hommes qui votaient par exemple, pour faire simple. Et le droit de vote des femmes, il s'est fait.
C'était dans le Wyoming.
Exactement, c'est le Wyoming qui est le 1ᵉʳ état en 1869, à avoir autorisé les femmes à voter. D'ailleurs, c'était un problème lorsqu'ils avaient autorisé les femmes à voter alors qu'ils n'étaient pas encore un état de l'Union, c'était encore qu'un territoire. Donc pour les élections locales, ils autorisaient les femmes à voter. Il y avait le suffrage universel. Et quand ils ont voulu devenir un état, on leur a demandé d'abandonner ça et sinon ils ne pouvaient pas rentrer dans l'Union et ils ont dit ben non. Et du coup sous la pression, on leur a accordé cela. Et donc ça a été le 1ᵉʳ état où les femmes ont pu voter et voter notamment pour la présidentielle et autres. Ça a été suivi par l'Utah, le Colorado, l'Idaho, beaucoup les états de l'ouest, les états pionniers, en fait les États peu peuplés où tout le monde participait, on trouvait ça plus logique de toute façon, tout le monde partageait la dureté de la vie. Et il faudra attendre 1920 et le 19e amendement à la constitution pour que ce soit une obligation fédérale et que le droit de vote des femmes soit le même partout. Mais ce n'est pas les seules personnes qui n'ont pas pu voter tout de suite.
Avec la ségrégation.
Avant la ségrégation, il y a une autre donnée qui est un peu plus complexe à gérer. Ça a été les Native American les indiens d'Amérique, donc eux, au départ, n'ont pas forcément le droit de vote. Mais ça ne part pas d'une idée de leur priver de leurs droits civiques. Ça part de l'idée qu'on considérait, on leur donnait un statut de reconnaissance que les peuples amérindiens étaient des nations séparées. Ils avaient le droit de s'autogérer. Ils n'étaient pas soumis aux mêmes lois. Ça reste en partie vrai. C'est pourquoi il y a des casinos dans les terres tribales indiennes, parce qu'ils ne sont pas soumis aux lois de l'État dans lequel ils sont, et donc ils peuvent choisir de mettre des casinos, même s'il est à. Donc au départ, ils ne votaient pas, mais c'était logique qu'ils ne votent pas aux élections fédérales, puisqu'ils étaient considérés comme une nation séparée. Au fil des années, on a bien vu que c'était un peu absurde. Et il faudra attendre le Indian Citizenship Act en 1924, pour qu'on reconnaisse qu'ils seront des citoyens américains à part entière. Et donc aux élections locales, ils votent pour leur système tribal, comme ils le souhaitent, et aux élections fédérales, ils votent comme des citoyens comme les autres. Et puis évidemment, il y a la question des noirs américains, alors pas réellement des noirs américains, au départ, des esclaves. Donc effectivement, les esclaves ne votaient pas. Ça paraît logique, ils ont été privés de leur liberté tout court, donc ils n'allaient pas avoir la liberté de voter. La question s'est posée surtout du coup, après l'abolition de l'esclavage, à partir de 1870. Donc il y a eu pendant un temps, un moment où tous les noirs, et les anciens esclaves surtout, ont pu voter. Et très, très vite, les États du Sud ont cherché des moyens de contourner le suffrage universel pour ne pas laisser les noirs voter. Donc il y a plein de moyens différents. On a fait des règles sur le fait que par exemple, vous ne pouviez voter si votre grand-père avait voté, mais évidemment, si vous étiez descendant d'esclaves, ce n'était pas possible. Après, on a fait des tests d'alphabétisation pour empêcher. Une partie, évidemment, ça ciblait les noirs, mais de fait, ça touchait d'autres personnes. Les blancs, très pauvres, étaient aussi privés du droit de vote de ce fait là. Et du coup, c'est assez fou, c'est de se dire que pendant l'esclavage, il y avait des noirs qui votaient parce qu'ils n'étaient pas esclaves, s'ils avaient été affranchis, etc. Et après l'esclavage, en fait, il n'y avait quasiment plus aucun noir qui votait dans certains États du Sud parce que justement on avait contourné la chose. Donc il faudra attendre les années 60 pour que vraiment, le Civil Right Act de 1964 et ensuite il va y avoir le Voting Right Act en 1965 qui va là mettre fin définitivement, très tardivement, à toutes les mesures de ségrégation et permettre à tout le monde de voter normalement.
Alors il y a un autre, une autre partie intéressante que je trouve aussi par rapport aux élections françaises à chaque fois, c'est le choix des candidats avec le système des primaires et des cautus.
Oui, oui, on peut en parler maintenant si on veut. Alors effectivement, les candidats à la présidentielle sont choisis par un système de vote également. Alors ça, c'est pas dans la constitution puisque de fait dans la constitution, il n'y a aucune disposition en ce sens. Mais disons que l'organisation progressive des choses dans un système à deux parties, on reviendra là dessus, a créé ce besoin de faire émerger des personnalités au niveau national. Ce qu'il faut bien comprendre aux États-Unis, c'est qu'il y a des personnalités politiques locales parce qu'elles sont connues, parce qu'elles sont gouverneurs, parce qu'elles sont sénateurs dans leur état, etc. Mais comme chacun est concentré sur sa politique locale, on a plus de difficultés à faire émerger des figures politiques nationales. Et donc du coup on avait ce besoin de permettre un peu à tout le monde de se présenter, etc. Donc c'est le système des primaires qui permet cela.
Alors comment est-ce que ça marche ?
Donc en gros, chaque parti va avant les élections, l'année qui précède, va mettre en place des élections à l'intérieur du parti, on va dire, pour choisir son candidat. Il y a deux systèmes qui existent et qui sont concurrents, c'est les primaires et les caucus. Les primaires, c'est vraiment une élection. On va aller voter d'ailleurs souvent les mêmes jours, etc. On va les voter aux primaires et ensuite celui qui aura obtenu le plus grand nombre de voix sera,
ll faut avoir la carte du parti, j'imagine.
Alors non, il n'y a pas de carte du parti. Alors oui. Sa spécificité américaine pour pouvoir voter dans les primaires. Les législations locales dans chaque État, quand vous vous inscrivez sur les listes électorales, vous pouvez choisir de vous inscrire comme démocrate, comme républicain ou comme indépendant. Si vous vous inscrivez comme démocrate, vous avez le droit de voter aux primaires démocrates. Si vous vous inscrivez comme républicain, vous avez le droit de voter aux primaires Républicaines et indépendant aucun des deux alors et indépendant aucun des deux. Si vous choisissez de ne pas être aligné par les partis, vous pourrez choisir ensuite parmi les candidats qu'on vous aura proposés, mais vous ne pourrez pas choisir le candidat lui-même. Donc ça veut dire qu'effectivement les Américains se déclarent d'un parti s'ils veulent pouvoir participer, ce qui est une grosse partie des gens. Il y a un peu plus, on va dire, il y a 1/3 démocrate, 1/3 républicain et un peu plus d’un tiers à chaque fois et le reste d'indépendants.
Alors ça c'est le système des primaires. Alors ça c'est le système des primaires, donc avec un système de vote.
Alors les caucus c'est un système encore plus à l'ancienne. Du coup pour la désignation des candidats, ce qui va se passer, c'est qu'on va se réunir localement dans une salle municipale, dans différents lieux par circonscription, de toutes petites circonscriptions. Et dans chacune de ces circonscriptions, le jour du caucus, il va y avoir des débats, il va y avoir des échanges et on va voter et on va décider à main levée. Il y a plein de règles qui existent, qui sont différentes partout, etc. Et ensuite chaque caucus va élire des délégués qui vont eux-mêmes se rassembler et élire d'autres délégués, etc. Et l'ensemble de ces gens-là vont pouvoir ensuite participer à la convention nationale. Donc en fait aux primaires, quand vous votez, vous ne votez pas directement pour le candidat, vous votez pour un grand électeur. Les caucus choisissent aussi des grands électeurs. Et l'ensemble de ces grands électeurs vont se retrouver durant l'été qui précèdent les élections nationales pour choisir leurs candidats lors de la convention nationale démocrate et la convention nationale républicaine. Et donc là il y a plusieurs milliers de délégués comme ça qui ont été élus pendant les primaires, qui se retrouvent et qui vont ensuite, alors soit participer à des débats et voter. Alors auparavant, en fait, comme il y avait beaucoup de candidats différents et la façon dont se faisaient les campagnes une fois qu'on avait voté aux primaires, on ne savait pas encore qui allait être choisi comme candidat à la fin, parce que c'était vraiment des tractations qui avaient lieu pendant la convention qui allait faire émerger le candidat. Aujourd'hui en réalité, le système est fait pour que quand la convention arrive, le candidat, il est déjà connu parce que le nombre de délégués qu'il a lui permet d'être sûr d'être élu.
Donc c'est plus une sorte de processus formel pour introniser. Et du coup, les deux partis, à savoir Démocrates et Républicains, ont chacun un mode de fonctionnement différent, ou les deux sont. Oui, d'accord. Ils ne sont pas obligés d'avoir du tout le même. Il y a des États où il y a à la fois des primaires et des caucus, mais pas pareil chez les Républicains et Les Démocrates. Chez les Démocrates, c'est un peu plus compliqué aussi, parce qu'ils ont ce qu'ils appellent des super électeurs. Ça veut dire qu'il y a un certain nombre des électeurs à la convention ne sont pas désignés par les votes, ils sont désignés par le parti. Ça a fait beaucoup de bruit il y a certaines années, parce qu'ils ont de plus en plus de super électeurs et ça donne un poids de l'organe du parti pour décider, pour orienter un petit peu les votes. Mais du coup, c'est un système qui a beaucoup, qui a beaucoup d'intérêt, notamment sur la capacité à faire émerger des candidats qu'on ne connaissait pas forcément avant. C'est à dire que chez nous, à la présidentielle, c'est très compliqué de faire émerger un candidat de nulle part, parce qu'il faut déjà être connu pour se présenter directement à l'élection. Aux États-Unis, il y a ce fait que les primaires ne sont organisées pas toutes simultanément. Alors c'est la grosse différence avec les élections présidentielles. Les élections présidentielles, tout le monde vote le même jour. On y reviendra, mais dans les primaires, ça va se passer sur plusieurs mois. Les 1ʳᵉˢ primaires vont être. C'est traditionnellement l'Iowa et le New Hampshire qui lancent la danse. Et puis après, progressivement, il y a d'autres états, il y a d'autres états, et ce que ça permet, ça permet à des petits candidats de se concentrer sur des petites élections et essayer de percer. Si vous arrivez à percer dans les primaires de l'Iowa ou du New Hampshire, vous pouvez vous faire un nom national et puis là, du coup, enclencher une dynamique qui va progressivement vous permettre. Voilà. Vous n'êtes pas obligé d'arriver d'entrée de jeu avec une force de frappe sur l'intégralité du pays. Et ça, ça permet l'émergence. Par exemple, Obama, ce n'était pas du tout gagné. Au départ de son run présidentiel, il n'était pas du tout certain que ce soit lui. Et progressivement, il a gagné. Ça a été le cas de Trump aussi. Quand Trump s'est présenté, personne n'y croyait à l'intérieur du parti puisqu'il n'avait aucun appui dans ce parti par rapport à des ténors qui étaient là depuis très longtemps. Mais il a gagné des points à chaque primaire et progressivement il l'a construit. Du coup ce mode de fonctionnement en avalanche fait qu'en général, à peu près à la moitié des primaires, assez clair qu'il y a un candidat qui est devant et donc du coup les autres se retirent parce que d'abord ils n'ont pas envie de perdre de l'argent alors qu'ils sont sûrs d'avoir perdu. Et comme les autres se retirent, le candidat qui est en tête, il va avoir de plus en plus d'électeurs et donc à la convention, il arrive et il est sûr de la remporter. Petite différence avec comment ça pouvait se passer avant ? Originellement le. Comment s'appelle ? Le vice président.
En fait le collège électoral qui est élu pour élire le président. Il vote pour le président et il vote pour le vice président et en fait, enfin il vote non pardon, c'est moi qui dis une bêtise. Et en fait originellement celui qui avait le plus de voix, qui avait la majorité, il était le président. Et le 2ᵉ il était vice président. Donc en fait le vice président était un opposant politique. Il y avait cette dualité qui faisait qu'au plus haut niveau du pouvoir, on avait en gros les deux 1ᵉʳˢ. Mais au fil du temps ça devenait de plus en plus absurde. Et donc du coup maintenant, actuellement on connaît le nom du vice président. Alors justement parce qu'en fait maintenant les grands électeurs vont voter deux fois. Une fois pour le président, une fois pour le vice président, et du coup ils vont voter forcément deux fois pour leur même parti. Ils vont pas voter une fois pour un parti, une fois pour l'autre parti. Donc du coup on va avoir les deux. Ce qui veut dire que du coup le choix du vice président, il a lieu à quel moment ? Il a lieu au moment de la convention nationale démocrate ou républicaine, donc à la fin des primaires. C'est-à-dire que lors de la nomination du président, il va annoncer son vice président et ça va être un choix assez stratégique. Soit ça va être un choix politique interne pour justement peut être quelqu'un qui a été très bon, qui va se désister pour lui, mais gagner la vice présidente, ça c'est longtemps fait. Soit on va chercher une personnalité qui va pouvoir permettre d'avoir un poids particulier dans l'élection qui va venir pour aller cibler tel ou tel groupe de personnes alors je ne sais pas si c'est plus clair dans votre esprit, mais ça vous montre la complexité, effectivement, de ces élections et de ce mode de fonctionnement.
Maintenant, on peut voir. Slivère, on peut parler du calendrier des élections ?
Oui, oui. Je regarde juste mes notes pour voir si on n'a rien oublié. Mais oui, on peut parler du calendrier des élections. Donc les élections présidentielles, elles ont lieu tous les quatre ans. Et le jour de l'élection, il a été fixé. Alors il n'est pas précisé dans la constitution. Donc ça s'est fixé plus tard. C'est en 1845 que le jour actuel a été mis le même partout et pour tout le monde. Et donc, c'est le 1ᵉʳ mardi qui suit le 1ᵉʳ lundi de novembre.
Alors pourquoi un mardi ?
Alors pourquoi un mardi ? Il y a une vraie réalité historique. Oui, tout à fait. Alors mardi, c'est que c'était le jour idéal par rapport au climat, par rapport aux récoltes agricoles et par rapport au culte. À savoir, on voulait que les électeurs. Les électeurs devaient se rendre dans le chef lieu du comté pour voter. Généralement, ils partaient à cheval. Et du coup, on voulait qu'ils puissent aller à l'église le dimanche. Donc ça ne pouvait pas être le dimanche. Ensuite, il fallait le temps de se rendre sur le lieu de vote. Donc on leur laissait le lundi, ils pouvaient voter le mardi matin, rentrer pour être de retour le mercredi, jour du marché. Donc en gros, le mardi, c'est à mi chemin entre le jour de la messe et le jour du marché. Et pourquoi en novembre ? Parce qu'en novembre, on a fini les moissons et on n'a pas encore la. rigueur de l'hiver qui rend plus compliqués les déplacements. Du coup 1ᵉʳ mardi qui suit le 1ᵉʳ lundi de novembre. Ok. Donc c'est le 1ᵉʳ mardi de novembre. Non, le 1ᵉʳ mardi qui suit le 1ᵉʳ lundi. La plupart du temps, c'est le 1ᵉʳ Mardi de novembre,
Si le 1ᵉʳ jour est un mardi, ce sera celui d'après. Ok. Donc ça.
Mais alors moi, j'avais une question. C'est vrai qu'aux États Unis, il y a quatre créneaux horaires. Et du coup, les élections, en fait quand on clôt certaines élections dans certains états, elles ne sont pas terminées dans d'autres. Or, d'autant plus que les heures de vote sont pas les mêmes dans les États ou même à l'intérieur d'un État. Or, on peut voir les résultats quand même, en continu.
Alors effectivement, les résultats pendant la soirée électorale, ils vont s'égrainer tout au long de la soirée. Ce qu'il faut bien voir, par contre, c'est que c'est beaucoup plus. On peut pas. Il n'y a pas ce système en France, en fait, quand on a. Voilà, on fait un. Comme le vote populaire désigne directement le président. En gros, si on fait un sondage de sortie d'urne bien fait, on est à peu près sûr d'avoir le résultat à 20 h aujourd'hui. Aux États-Unis, ce n'est pas possible, puisqu'il y a plein d'élections différentes, et chacune de ces élections peut faire basculer un nombre assez important de grands électeurs d'un côté ou de l'autre. Et donc, dans les élections serrées, le résultat final, on l'aura tard dans la nuit, des fois le lendemain matin, parce qu'il va falloir attendre qu'on ait dépouillé suffisamment de bulletins dans chacun des États qui sont disputés. On n'a pas besoin de savoir le résultat de la Californie, on sait qu'elle va voter démocrate. On n'a pas besoin d'avoir le résultat du Texas, on sait qu'il va voter républicain. Mais en revanche, on va avoir besoin des résultats de chacun de ce qu'on appelle les swing states, les États qui basculent, dans lequel on n'est pas du tout sûr du résultat. Et chacun de ces États peut faire basculer d'un seul coup un grand nombre de grands électeurs d'un côté ou de l'autre. Donc du coup, les résultats, au tout début de la soirée, ils ont assez peu d'intérêt et ils permettent assez difficilement de deviner quel sera le Président.
En France aussi, on ne donne pas les sondages parce qu'on ne veut pas influencer.
Oui, il n'y a aucune règle aux États Unis, et une semaine avant l'élection n'a pas droit de faire. Il n'y a aucune règle en la matière aux États-Unis, publier ce qu'on veut. Mais encore une fois, un sondage national n'est pas forcément à même de donner le résultat de l'élection. D'ailleurs, il y a cette notion du popular vote par rapport au vote des grands électeurs. Le popular vote, c'est le résultat brut des élections, c'est-à-dire en gros, combien d'électeurs ont voté lors de la présidentielle pour tel candidat ou pour tel candidat. Et même si la plupart du temps, à la fin, le candidat qui aura obtenu le plus de voix des électeurs le jour de l'élection sera élu président, ce n'est pas forcément le cas. En fait, dans un cas sur 10, le candidat élu n'aura pas reçu la majorité des voix des électeurs parce que comme on l'a dit, état par état, on va faire basculer des pans entiers dans une direction ou une autre, ce qui permet quand ça arrive. C'est arrivé notamment pour l'élection de Donald Trump en 2016. À chaque fois que ça arrive, on revient sur le truc. Si on avait eu un popular vote comme dans n'importe quel autre pays, eh bien ce n'est pas le même candidat qui aurait été élu. Alors ça c'est un faux, c'est un faux débat, parce que les gens n'ont pas voté à cette élection là. Donc on ne peut pas savoir ce qu'aurait donné un résultat si on prenait en compte le popular vote. Je m'explique simplement.
En Californie, où il y a des Démocrates, on sait le résultat à l'avance, on sait que tous les grands électeurs vont être acquis aux candidats démocrates. Du coup il y a des républicains qui peuvent très bien se dire moi je ne vais pas aller voter, qu'est ce que j'en ai à faire ? Puisque de toute façon le résultat de mon vote ne sert pas à grand chose parce que dans mon état je suis en minorité. Mais si on lui disait demain attention, maintenant ton vote va compter pour l'ensemble et va peut être permettre de faire la bascule, peut être qu'il irait voter. Donc en réalité, on ne peut pas prendre le résultat du vote populaire à une élection où ce n'est pas le vote populaire qui compte pour dire qui aurait gagné. On ne peut pas appliquer la même règle, il faudrait refaire les élections et dans ce cas là, on saurait, on saurait combien de gens auraient voté à chaque endroit. Donc il ne faut pas confondre les choses. Après il y a une raison pour laquelle ce popular vote est moins important que le vote État par État justement. C'est de donner un poids aux ancrages régionaux et au fait que c'est un État fédéral. On n'a pas encore aboli les 50 États et décidé que c'était une seule nation avec un seul système politique, etc. Donc c'est vrai que ça donne du poids aux plus petits États, ou en tout cas les moins peuplés, ça leur redonne un peu de poids et ça leur évite d'être écrasé. C'est vrai que si vous êtes un tout petit État, si vous êtes le Wyoming qui a très très peu, ou le Dakota, qui a très peu d'électeurs, dans une élection au popular vote, votre voix ne compte pas des masses. Dans une élection où l'intégralité de vos votes vont faire basculer d'un côté ou de l'autre, les swing states prennent de l'importance. Donc ce n'est pas le même système.
Revenons au calendrier des élections, parce qu'on est là, on était au jour de l'élection.
Alors du coup, faut repartir avant d'abord. Donc effectivement. Donc, si on vote en novembre, en réalité, l'élection, elle démarre un an avant. Un an avant, c'est-à-dire c'est à l'automne précédent que vont commencer les débats aux primaires. Comme on a dit que les primaires vont avoir lieu entre janvier et mai, quelque chose comme ça. Eh bien, il faut bien que les candidats se soient déclarés avant et qu'ils aient fait campagne. Donc la campagne, elle démarre quasiment à l'été précédent, donc un peu plus d'un an avant les élections. Et pendant tout l'automne, jusqu'à janvier, on va avoir les débats des primaires, les candidats des primaires qui s'affrontent, etc. À partir de janvier et jusqu'à mai, on a les primaires et les caucus, donc là, on rentre dans une phase de vote et de débats, etc. Pendant l'été, on a les conventions nationales qui vont formaliser quel est le choix du président. Et après l'été, on a la campagne présidentielle à proprement parler, puisque là, on a officiellement les candidats. Et la campagne présidentielle, c'est extrêmement court.
En fait, là, finalement, la campagne présidentielle, elle est pas si longue que ça.
Bien que souvent, comme on se doute des résultats bien à l'avance, on peut avoir une idée et un début de débat qui commence bien avant. On a le jour de l'élection, mais ce n'est pas la fin. Alors ça, c'est pas la fin. Ça, c'est le jour de l'élection. Ensuite, on a. Alors, que je dise pas de bêtises, on a le fait qu’ensuite, tous les grands électeurs doivent se réunir État par État pour formaliser leur vote. Alors aujourd'hui, c'est très formel, puisqu'en fait, ils ont été élus avec un mandat clair et que l'intégralité de leurs votes vont aller un candidat. Mais à une époque, ce n'était pas forcément le cas. Donc du coup, c'était important qu'ils se réunissent et puis qu'ils puissent faire leur vote. Donc ça, ils font ça dans les semaines qui suivent les élections. Je n'ai plus la date exacte. Le 12 décembre. Le 12 décembre, ils se réunissent dans la capitale de leur État. Ils vont formaliser le vote de leur État. Et ensuite ce vote va être communiqué à Washington. Et c'est Washington qui va enregistrer le vote des 50 états et pouvoir promulguer les résultats définitifs quelque part début janvier, avant le jour de l'inauguration. Qui est l'investiture. Exactement, qui est le 20 janvier. Ça c'est aujourd'hui. Ça a été avancé. Auparavant l'investiture était en mars, le 4 mars. Parce qu'on avait besoin d'encore plus de temps. Parce qu'il fallait vraiment le temps que toute l'information puisse se propager, que les candidats aient le temps de rejoindre Washington, parce qu'une fois qu'ils ont été élus, il faut qu'ils puissent rejoindre. Voilà. Donc maintenant on n'a plus besoin de ça. Donc l'investiture est en janvier. Ce qui veut dire qu'aujourd'hui on a une période un peu particulière qui est qu'entre le jour de l'élection, grosso modo, même si ce n'est pas officiel, on connaît le futur président et le 20 janvier on a quelques mois de battement dans lequel il y a un président, ce qu'on appelle un président élu. Donc un président élu mais pas encore en fonction, et l'ancien président qui reste en fonction jusqu'au dernier moment et jusqu'au moment où le nouveau président prête serment.
Ok ? Donc voilà pour le calendrier. Maintenant on va revenir à quelques spécificités des élections américaines et notamment sur les dépenses de campagne. C'est un sujet qu'on aime bien en France. Et quid alors aux États Unis ?
On pourrait en faire longtemps parce qu'en fait il y a plein de règles. Elles sont hyper compliquées, mais on pourrait les résumer autrement en disant qu'en fait il y a plein de règles, mais le résultat est qu'il n'y a pas réellement de limite aux dépenses de campagne. Donc dans les faits il est censé y en avoir, Ÿousand. Mais il y a plein de moyens de contourner tout cela. Alors ce qu'il y a c'est une grande transparence. Donc les dépenses de campagne, elles doivent être toutes enregistrées. On sait qui a donné quoi, où, comment, pourquoi. Mais du coup le parti. Alors justement il y a les dépenses du candidat, il y a les dépenses du parti, et donc ça, ça peut être limité en chiffrage. Mais en fait il y a aussi ce qu'on appelle les pac, les political action committee, former un groupe d'actions politiques pour un sujet particulier. Et vous pouvez de façon illimitée récupérer, faire des appels aux dons et récupérer de l'argent et ensuite dépenser cet argent dans le but de l'objectif du PAC. Et donc il y a des packs qui sont là spécifiquement pour faire élire un président. Il y a même des super PAC qui sont des pacs géants. Et ces paks, ils dépensent autant qu'ils veulent.
On a une idée un peu du coût des dépenses aujourd'hui pour une élection présidentielle ?
On atteint le milliard de dollars. Et sur l'ensemble des élections aux États-Unis, sur un an, chaque année, il y a entre 15 et 20 milliards de dollars qui sont dépensés pour les élections en dépenses de campagne. Mais une micro fraction de ça, on parle en dizaines de millions. Donc c'est vraiment, ça n'a rien à voir. Et aussi il faut voir que ces dépenses de campagne, elles sont dépensées à des endroits bien précis. Dire qu'il y a assez peu de dépenses là. Pour le coup, on retrouve ce côté local. On ne fait pas de dépenses nationales. On ne va pas faire une pub nationale partout aux États-Unis pour dire élisée Kamala Harris ou élisez Trump.
Je pense que j'en ai vu moi pourtant.
Tu peux en avoir vu, mais tu l'as toujours vu localement. Donc en fait ce n'est pas des dépenses globales parce qu'elles n'auraient assez peu d'intérêt. En fait, on va dépenser l'argent là où ça compte. Donc par exemple, en ce moment, les meetings, les grands meetings, les grands rallyes qui se passent, ils ont lieu en Pennsylvanie, ils ont lieu en Michigan, ils ont lieu dans des états où il y a une possibilité de faire basculer l'état. Il n'y a quasiment pas de meetings en Californie ou au Texas. Il peut y en avoir un de temps en temps pour se faire plaisir. Mais la réalité est que ça ne sert à rien de dépenser de l'argent dans des endroits où on est sûr déjà du résultat, soit qu'on a perdu dans cet état ou soit qu'on a gagné dans cet état. Par contre, on va pouvoir dépenser des sommes folles sur une élection à l'intérieur d'un état, voire même dans un comté. On va plus précisément parce qu'il y a peut être un comté qui va faire basculer le vote à l'intérieur d'un état et du coup on veut mettre le maximum de poids dans cet endroit là. Enfin après il y a une autre spécificité, c'est qu'on voit quand même aux États-Unis quand on y va. Enfin nous on y va assez souvent et on a été pendant des périodes électorales sachant que vous voyez, enfin ça peut durer longtemps. Et on est vraiment surpris de voir l'opinion de chaque personne s'exprimer. C'est-à-dire que l'on voit des fanions ou des pancartes en disant pour quel shérif ils vont voter ? Ou autre là il y a pour quel candidat. Ils mettent des stickers sur leur voiture. Enfin c'est vraiment assez présent. Et c'est vrai que pour les Français.
Nous qui avons l'habitude quand même plutôt d'être plutôt discret sur nos opinions et autre, c'est un fait qui est assez troublant. C'est vrai que les Américains, comme ils parlent facilement d'argent, ils parlent aussi facilement de politique. En tout cas on va dire ils parlaient c'est peut être entrain de changer, donc on va dire après pourquoi c'est en train de changer ? Mais disons que de tout temps il n'y a pas une énorme polarisation de la vie politique qui fait qu'on est discrédité si on est de tel ou tel parti, lié principalement au fait quand même qu'on est dans un système globalement à deux partis. Quand on est dans un système à deux partis par rapport à un système à 12 partis, en réalité on n'a pas de partis extrêmes ou de partis en marge. On peut avoir des gens qui sont plus ou moins extrêmes à l'intérieur de chaque parti. Il y a une extrême gauche du parti démocrate, il y a une extrême droite du parti républicain. Mais disons que chaque parti représente grosso modo la moitié de la population. Donc voilà on ne peut pas écraser d'un revers de main la moitié de la population. Donc les gens du coup assument assez facilement leurs opinions politiques et du coup effectivement les affichent dans leur jardin avec des yard signs, les affichent sur leur voiture, portent des casquettes oui effectivement, les présidents etc. Donc ça, ça s'est toujours fait et ça n'a jamais été un gros problème. C'est effectivement en train de changer puisqu'il y a une certaine crispation autour de la personnalité de Trump qui fait que le parti républicain.
Les ambiances sont plus tendues quand même.
On a aussi la presse. Quand on regarde la presse dans les années 60, en gros on a les affiliations des journalistes sont à peu près 50 50 entre les démocrates et les républicains aujourd'hui. Si on regarde les affiliations des journalistes, c'est 80, 10, 10. 95, cinq. Donc effectivement, du coup, ça reflète plus la pluralité du pays et ça a tendance à crisper un petit peu. Il y a des choses qui se disent moins, mais il y en a quand même. C'est-à-dire. On peut quand même voir par rapport à la France, il y en a beaucoup plus, beaucoup plus. Et ça, ça pourra vous surprendre si vous allez aux États Unis et si vous êtes en période électorale.
Il y a aussi une spécificité américaine qui est le vote électronique, dans le sens. Nous, on en parle de plus en plus. Sandrine, on va reparler après.
Oui, peut être.
On parle des partis. Oui, les partis politiques. Donc je viens de le citer. On le dit depuis le début. Il y a les démocrates, il y a les républicains. On est dans un système globalement biparti, mais en réalité, il n'y a aucune. Aucune structure, aucune obligation, ni fédérale, ni nulle part pour un bipartisme dans la structure institutionnelle. On n'est pas dans un pays à biparti. Il se trouve que l'organisation a fait qu'au cours du temps, c'est devenu un système à deux partis, mais ce n'est pas une obligation. D'ailleurs, il n'y a pas que deux candidats aux élections présidentielles. Il y a un candidat du Green Party. Il y a des micro candidats comme ça de temps en temps. Il y a d'ailleurs des candidats qui font des percées. Ross Perrotte, en 92, qui avait fait 15 et qui avait fait du coup chuter le candidat républicain parce qu'il avait plus mangé des voix d'un côté que de l'autre. Aux élections qui étaient là, il y avait le candidat Kennedy qui se présentait pour les présidentielles et qui pouvait voilà. Il s'est retiré depuis. Mais voilà, il peut y avoir des 3ᵉˢ candidats.
Alors pourquoi est ce qu'il y a ce système à deux partis ?
C'est vraiment une évolution qui s'est faite progressivement. En fait, quand le système politique américain est né, les pères fondateurs de la constitution, ils ne pensaient pas qu'il allait avoir des partis politiques, eux. Ils pensaient qu'il y aurait des personnalités qui émergeraient et qui discuteraient et que ça ferait comme ça. C'est ce qui s'est passé à la 1ʳᵉ élection. Le 1ᵉʳ président des États Unis, c'est George Washington, et il est indépendant. Il ne fait partie d'aucun parti. Il a été élu parce que c'était la personnalité la moins clivante et la plus rassembleuse, etc. Mais dès les élections suivantes, tout de suite, les candidats vont rassembler des gens autour d'eux, ça va créer des partis. La 1ʳᵉ grosse opposition de partis aux États-Unis, ça va être entre Hamilton et Jefferson, qui ont deux visions assez différentes de comment doit se créer les États-Unis. Et donc autour d'Hamilton, on a la création du parti des fédéralistes, et autour de Jefferson, on a le Democratic Republican Party. Donc le parti de Jefferson s'appelait le parti républicain démocrate, c'est assez marrant. Et justement en fait, c'est ça l'ancêtre du parti républicain démocrate. La vision de Jefferson va gagner, le Federalist party va progressivement disparaître et ensuite ce sera dans les héritiers de Jefferson qu'il va y avoir une scission. Et du coup le parti va se séparer en deux. Il y a une partie qui va garder le nom de Democratic Party et l'autre partie qui va prendre le nom de National Republican. Les National republicans ne vont pas bien marcher, ils vont s'effondrer de leur côté. Donc le Democratic Parti, lui, il naît vraiment de cette scission là. Pour le parti républicain, il faudra attendre les élections 1854, celle de. Comment ça s'appelle ? Non, de 1860. Par contre, les élections d'Abraham Lincoln qui va être le 1ᵉʳ élu au nom de ce nouveau parti républicain qui va juste s'appeler Republican Party. Et donc à partir de cette date là, à partir de l'ère de Lincoln, on aura les républicains et les Démocrates, donc les deux ancêtres du parti républicain démocrate de Jefferson.
Et ce seront ces deux partis là qui vont ensuite régner jusqu'à maintenant.
C'est bon ? Tu as autre chose à rajouter sur le bipartisme donc.
Non, si ce n'est que de dire qu’ après, en fait, cette présence a été tellement importante et forte qu'elle est rentrée institutionnellement, localement, puisque. Parce que donc du coup, on a le système des primaires qui peut être organisé dans les lois des États, le fait qu'on se déclare comme démocrate ou républicain sur les listes électorales, donc c'est rentré.
Pas au niveau fédéral, puisque de toute façon le niveau fédéral n'organise aucune élection, mais au niveau local. Ces deux partis, maintenant sont vraiment ancrées. Alors maintenant, moi j'aimerais bien qu'on revienne au vote électronique parce que c'est un sujet en France on a du mal. On ne voit pas comment c'est possible, ça pose 10000 questions. Alors qu'aux États-Unis c'est le cas en fait depuis de nombreuses années, non ?
Alors il y a deux choses différentes, il faut bien voilà, les votes aux États-Unis sont comptés par des machines depuis très longtemps et on n'appelle pas encore ça du vote électronique. Il faut bien séparer deux choses.
Ouais.
Il y a deux choses bien différentes en fait, dans la plupart des endroits où on n'a pas encore le vote électronique qui est en train de s'implanter progressivement et de plus en plus ça. Les Américains quand ils votent, en fait ils n'ont pas du tout ce principe de prendre un bulletin et le mettre dans une enveloppe parce que le problème c'est qu'il faudrait qu'ils prennent 60 bulletins pour les 60 élections et ça deviendrait quelque chose de compliqué. Donc en fait leur bulletin de vote, c'est une grande feuille sur lequel il y a une grande fiche sur lequel on va cocher ou faire un trou sur chacun des candidats pour chacune des élections souhaitées.
Un peu comme un quiz.
Exactement. Un peu comme un quiz.
Ils adorent ça.
Exactement. Alors avant on faisait des trous dans la feuille, ce qui permettait d'avoir des machines de lecture électronique qui allaient faire passer une lumière pour savoir exactement si on avait fait le trou sur le candidat un ou le candidat deux. Et comme ça les machines allaient pouvoir tabuler les résultats de manière automatique. Maintenant ces machines à tabulation optique ont été remplacées par des scanners. Donc dans la plupart des endroits vous allez voter sur une feuille et ensuite cette feuille va être scannée et c'est une machine qui va ensuite dire ben voilà, il y a eu cette feuille, elle a dit tel résultat pour telle action, tel résultat pour telle action, tel résultat pour telle action, etc. Et effectivement de plus en plus ces machines, ça c'est le traitement électronique des résultats, voilà. Mais il y a bien dans ce cas là, il y a bien un bulletin papier qui existe juste qu'il est compté de manière mécanique. Et de plus en plus c'est remplacé par des machines à voter électroniques sur lesquelles vous votez directement sur des écrans tactiles pour ne pas avoir l'intermédiaire de la feuille qui va être ensuite relue derrière et donc directement dans le système va être enregistré vos votes. Alors le problème de ça, c'est que c'est très très peu transparent, c'est très pratique, ça permet effectivement de faire 60 élections le même jour et d'avoir les résultats relativement rapidement. Mais quand on est habitué au système français dans lequel on va dans un isoloir, on met un petit bulletin dans une petite enveloppe. Cette enveloppe, elle va dans une urne transparente, au vu et au su de tout le monde. Cette urne ne sera pas ouverte avant le soir où les bulletins vont être décomptés publiquement devant tout le monde, un par un, etc. Etc. La capacité, la confiance qu'on a dans la réalité du vote en France, elle est quasi totale. C'est quasi impossible de truquer une élection en France parce que tout le monde peut voir que dans sa circonscription, les choses sont difficilement truquables, etc. On peut éventuellement, très localement, sur une élection municipale, essayer de faire quelque chose. Sur une élection nationale, ça relève de l'exploit. Il n'y a quasiment aucune fraude aux États Unis. La complexité, c'est-à-dire que ce n'est pas la même chose partout, il n'y a pas le même nombre de candidats, ce ne sont pas les mêmes machines. Ici, c'est des machines à voter, ici, c'est des machines électroniques. Ici, il y a des scanners. Quand les scanners lisent, des fois ils n'arrivent pas à lire un bulletin. Le bulletin est mis de côté. Il y a des employés qui viennent, qui les recopient sur un bulletin propre. On garde l'ancien bulletin, nouveau bulletin, on fait ça sur des millions de bulletins. Maintenant se rajoute la complexité du vote par correspondance, où les bulletins sont envoyés par la poste, sans la difficulté de savoir, dans un vote par correspondance, qui a voté. Le vote anticipé, c'est-à-dire qu'aux États-Unis, on va donc là, on dit par exemple que l'élection, ce sera en début novembre prochain. Mais en réalité, dans beaucoup d'états, l'élection est déjà ouverte. Vous pouvez déjà aller voter. Et donc vous allez voter maintenant et votre bulletin va être conservé jusqu'à novembre prochain. Et là il sera dépouillé. Bulletin papier. Un bulletin papier. Conservé dans quoi ? Dans des caisses, on va dire. Voilà. Là, c'est les caisses des gens qui ont voté. Et là, pendant des jours et des jours et des jours, ces bulletins sont là en attente d'être dépouillés le jour J. Pareil pour les bulletins arrivés par la poste. Donc en fait, tout ce qui n'existe pas chez nous pour rendre l'élection la plus roadbate, sont faits les bureaux de vote, c'est un peu comme en France, c'est un peu partout, mais pour donner la dimension, il y a 160, 15000 bureaux de vote aux États Unis. Ça donne un peu les dimensions, voilà. Ils n'ont pas toutes les mêmes règles. Il y a 10000 juridictions électorales différentes, avec des règles qui sont différentes sur à quelle heure on vote, comment est ce qu'on compte, qui doit être présent, qui dépouille ? Aux États-Unis, la plupart du temps, les gens qui dépouillent, c'est des employés. Ce n'est pas l'adjoint du maire, la personne qui est là, les témoins qui viennent pour voter, on vous demande d'assister au dépouillement, c'est des employés. Donc tout ça fait que c'est un système qui n'est pas très transparent, en fait. Et c'est un système qui fait qu'il y a régulièrement des accusations de fraude, en fait, dès que c’est serré. Parce qu'en fait, évidemment, quand les élections, elles sont gagnées de façon assez large, en fait, et c'est pas nouveau tout ça. Dans les années 50, dans les années 60, l'élection de Kennedy, on a dit qu'Elle avait été truquée. L'élection de Truman, on a dit qu'elle avait été truquée, c'est difficile. Alors probablement, il y a eu clairement des irrégularités sur ces élections. Alors revenons au nombre d'irrégularités. Ah, j'arrive pas à dire. Ouais. Il y a une base de données qui recense les procédures judiciaires pour fraude électorale aux États-Unis sur les 10 années. Sur les 12 1ʳᵉˢ années des années 2000, de 2000 à 2012, ils ont recensé. Ils n'ont peut être pas tout, mais ils ont recensé 2068 procédures judiciaires pour fraude électorale aux États-Unis. En France, sur la même période, il y en a une. Ça donne les dimensions. Et ce qui est marrant, c'est que le rapport qui fait ça et qui dit ça, il dit à la fin, il dit ouais. Donc du coup, on regarde le nombre par rapport au nombre d'élections, au nombre de billets, etc. C'est infinitésimal. Donc ça nous fait peur. Parce que nous, si on est 2000 procédures judiciaires pour régularité électorale, on ne dirait pas que c'est infinitésimal. Alors c'est vrai que par rapport au nombre de votes. Mais le problème, c'est que quand il y en a 2000, on peut se demander quelle est la réalité. Alors souvent, c'est probablement des votes à des élections plus locales où les enjeux sont importants. Mais voilà, c'est très, très compliqué. Donc du coup, dès que les élections sont très, très, très serrées, ça a été le cas du coup la dernière fois en 2020, quand Trump a perdu face à Biden. Donc les résultats étaient tellement serrés à certains endroits que la moindre chose bizarre, anomalie, pouvait laisser apparaître que peut être qu'il y avait une fraude et que s'il y avait eu une fraude, le résultat aurait été différent. Mais si on revient en 2000, l'élection où Al Gore perd contre Bush junior, l'élection, elle se perd pareil, mais de trois fois rien, de quelques milliers de votes. Et elle se perd en Floride, sur un basculement de la Floride en faveur des républicains, sur trois fois rien. Et du coup, là, c'est les démocrates qui ont dit, non, il y a eu des irrégularités. Ils ont cherché des irrégularités. Donc on a trouvé un bureau de vote qui avait fermé trop tôt. Et si on avait laissé les gens voter, est-ce que ça aurait été différent ? On a recompté.
La grande difficulté, c'est que quand on se met à recompter, avec ces systèmes, avec ces bulletins, ces tabulations, etc. On ne tombe pas sur la même manière. Jamais. Jamais. Donc, vous voyez, en France, on revient les bulletins, tout le monde peut aller les observer. On les compte, on est obligé de les avoir. Le compte, il est clair. On ne peut pas. Aux États-Unis, s'ils recomptent les bulletins, ils n'arrivent jamais au même résultat. Donc effectivement, dans les élections serrées, c'est compliqué. Il y a vraiment. Les spécialistes américains des systèmes électoraux, ils reconnaissent que si on envoyait les observateurs qu'on envoie dans les pays du tiers monde pour superviser les élections douteuses dans les pays du tiers monde, si on les envoyait aux États-Unis pour superviser les élections américaines, ils nous ne sommes incapables de vous dire si l'élection s'est tenue de façon régulière. Ces élections ne sont pas tenues dans des conditions qui permettent de le vérifier. Et c'est ça, la difficulté. Ce n'est pas le problème de dire s’il y a eu fraude ou est ce qu'il n'y a pas eu fraude ? C'est qu'en réalité, c'est quasi impossible de le savoir, parce que le système est beaucoup trop complexe, de par sa nature décentralisée. Donc effectivement, il y aurait probablement une ambition qui pourrait être de porter une réforme électorale qui ne changerait pas forcément la structure des élections, mais la manière dont elles se tiennent pour apporter plus de transparence. Mais évidemment, localement, elle va se confronter à la volonté des uns ou des autres de faire ou de ne pas faire telle ou telle chose, des procès avant les élections. Aux États-Unis, en ce moment, des procès pour empêcher ou autoriser certaines choses, il y en a eu des dizaines. Des dizaines et des dizaines. Le candidat, par exemple, on va prendre l'exemple de Kennedy junior. Donc sa candidature, c'était une candidature dissidente du parti démocrate. Donc il a voulu se présenter en tant que 3ᵉ parti parce qu'il avait été écarté des primaires, et il ne trouvait pas ça normal. Et du coup, le parti démocrate a tout fait pour l'empêcher de pouvoir s'inscrire dans les scrutins de nombreux États où il aurait pu gêner le résultat du candidat démocrate. À un moment de la campagne, il a décidé de se retirer. Et en se retirant, il a apporté son soutien à Trump parce qu'il a trop d'écarts de pensée avec le parti démocrate. Et à ce moment là, les mêmes avocats du parti démocrate qui lui faisaient des procès pour l'empêcher de se présenter dans certains états sont allés devant les tribunaux pour l'empêcher de se retirer dans les états dans lesquels sa présence pouvait plutôt handicaper les républicains. Donc en fait, c'est vraiment une question , que chacun fait en fonction de ses intérêts localement. Mais plus personne ne respecte une sorte d'équité globale et ne semble vouloir chercher des élections claires et transparentes en temps.
Ce qui me fait peur, c'est qu'on a fait ce podcast pour éclairer nos auditeurs sur les élections présidentielles américaines afin qu'ils comprennent mieux. Mais là, j'ai l'impression qu'ils auront plus de questions qu'au départ.
Oui, mais du coup, ils vont mieux comprendre ce qui va se passer, parce qu'on va faire une prédiction pour les élections qui vont avoir lieu, là, dans quelques semaines. La prédiction, elle est simple, c'est que tout le monde pense que les élections vont être extrêmement serrées. Et du coup, la prédiction, c'est que quel que soit le gagnant, il sera contesté et il sera contesté judiciairement par l'équipe du perdant. Là, c'est une prédiction. On peut parier, on est à peu près sûr de gagner.
Merci pour ta prédiction.
Alors, je regarde et effectivement, félicitations, Silvère. Tu as relevé le défi. Tu l'as fait en un petit peu plus d'une heure, 1 h et 3 min. Bravo. Tu as réussi à te contenir. Alors, j'espère qu'on a bien répondu à vos questions. Alors, je sais que le sujet est vaste, donc vous avez certainement d'autres questions, n'hésitez pas à nous les poser, et ça fera peut-être l'objet d'un autre podcast. Sinon, n'hésitez pas, si vous vous intéressez aux États-Unis et que vous essayez de mieux comprendre, à y aller. On a édité un livre, qui est le dictionnaire insolite des États-Unis, aux éditions Cosmopole, qui est sorti il n'y a pas longtemps, en octobre dernier, donc il peut vous apporter un autre éclairage sur différents points sur les États-Unis. N’hésitez pas à l'acheter, notamment en ligne.
J'espère qu'on aura répondu à toutes vos questions. Merci, à bientôt.
Au revoir.
Nous espérons que vous avez passé un excellent moment à l'écoute du podcast voyager aux Etats Unis.
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