Visiter New York City à pieds – Circuit 4 à New York : Lower Midtown

Voici le quatrième circuit de notre série découverte de New York à pieds. Il est consacré à Lower Midtown, de l’Empire State Building au Madison Square Garden, en passant par Union Square, le Madison Square Park, et le Elevated Park de la High Line.

 

 

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Et si vous partez à New York, n’oubliez pas de jeter un oeil aux articles du blog sur New York, notamment sur la problématique particulièrement sensible de la réservation d’hôtel à New York, et la liste des hôtels que nous avons le plus conseillé cette année.

(Itinéraire mis à jour en Octobre 2022)

Circuit 4 : Lower Midtown

Empire State Building – Madison Square Park – Union Square – Washington Square – Greenwich Village – High Line Park

lower-midtown

Ce circuit très varié est une boucle qui peut être démarrée en n’importe quel point. Nous préconisons cependant de démarrer au croisement de la 34th St et de la 8th Avenue, où se trouve la station de métro 34 St – Penn Station (lignes A, C et E). Dans l’angle nord-ouest de l’intersection se trouve l’hôtel New Yorker et sa célèbre enseigne géante qui orne l’édifice art déco de 43 étages ouvert en 1930. Seules 900 chambres demeurent sur les 2500 construites à son ouverture, le reste de l’immeuble étant occupé par l’actuel propriétaire de l’édifice, l’Église de l’Unification, plus connue du grand public sous le nom de … Secte Moon. La secte Moon est une organisation religieuse d’origine chrétienne à tendance sectaire (elle tire d’immenses bénéfices de l’embrigadement de ses fidèles), qui a connu un véritable essor pendant la guerre froide, de par l’engagement de son fondateur, le révérend Sun Myung Moon, contre le communisme. Né dans l’actuelle Corée du Nord, l’influence du révérend Moon en Asie était un outil utile pour les occidentaux afin de lutter contre l’expansion du communisme dans la région. Mort en 2012, son mouvement religieux dont il confondait les finances avec ses propres deniers l’avait rendu milliardaire. Depuis le mouvement est en perte de vitesse mais subsiste malgré tout en s’appuyant notamment sur un empire financier diversifié dont l’immeuble de l’hôtel New Yorker est un élément central, et le QG de la secte.

A sa création, l’hôtel était alimenté par sa propre centrale électrique en sous-sol. Il est difficile de se rendre compte de la taille de l’établissement dans ses premières années. Outre les 2500 chambres, l’hôtel disposait de 5 restaurants. L’échoppe du barbier de l’hôtel alignait 42 fauteuils de barbier pour satisfaire la clientèle de l’établissement. Elle employait 20 manucures, tandis que pas moins de 95 standardistes opéraient le commutateur téléphonique de l’hôtel, et 150 lessiveuses étaient nécessaires pour laver la montagne de draps que produisait l’établissement chaque jour. L’existence d’un aussi grand hôtel à cet emplacement se justifiait par la proximité avec la gare de Pennsylvania Station qui avait été construite en 1910, un bloc plus bas sur la 8ème avenue.

Descendez donc d’un bloc la 8th Avenue vers le sud. 

Sur votre gauche, le mythique stadium du Madison Square Garden où jouent entre autres les Knicks, l’équipe de basket NBA de New York, et les Rangers, l’équipe de hockey sur glace NHL de la ville. Comme nous le verrons plus tard dans le parcours, il s’agit de la quatrième version (la plus moderne évidemment) de cette salle de spectacle mythique, qui donnait autrefois sur le Madison Square Park. D’une capacité de 20 000 spectateurs, on y organise des concerts géants, des matchs de boxe, des shows de patin à glace ou de cirque. Et c’est sur l’emplacement de cette salle que se trouvait originellement la gare de Pennsylvania Station qui s’étendait sur deux blocs entiers (comme le Madison Square Garden aujourd’hui qui va de la 33ème rue où vous vous trouvez jusqu’à la 31ème rue, et s’étend entre la 8ème et 7ème avenue). Inaugurée en 1910, elle fut construite par une société privée de chemin de fer, la  Pennsylvania Railroad qui lui donna son nom. L’intérêt principal de cette gare était de connecter directement les lignes longues distances de la Pennsylvania Railroad qui desservaient l’Ouest de New York (le New Jersey et la Pennsylvanie notamment) avec le système de trains de banlieue de la Long Island Rail Road (ou LIRR) à l’Est de Manhattan. Le gain de temps était très appréciable, si bien qu’à son ouverture, la gare pouvait accueillir jusqu’à 144 départs ou arrivées de train chaque heure sur ses 22 voies, soit près de 1000 trains par jour en semaine. Les lignes de train concurrentes de la Pennsylvania Railroad opéraient toutes des terminaux sur la rive opposée de l’Hudson River, dans le New Jersey. Aussi fallait-il prendre un ferry pour rejoindre Manhattan. Disposer d’une gare au centre de Manhattan était un avantage considérable pour la Pennsylvania Railroad, qui allait faire de Pennsylvania Station la plus grande gare de New York et des Etats-Unis. Mais l’activité de la gare régressera malgré tout pendant la grande dépression, avant de connaître un nouvel essor pendant la seconde guerre mondiale, alors que le gouvernement fédéral imposa à la gare d’accueillir les trains des compagnies concurrentes pour faciliter la mobilité des soldats et nourrir l’effort de guerre. En 1945, 100 millions de passagers passèrent par Pennsylvania Station. Mais avec la fin de la guerre, l’essor de la voiture et surtout de l’aviation naissante, le trafic ferroviaire allait finir par s’effondrer : dans les années 60, il fut décidé de raser la gare en surface, car elle était devenue beaucoup trop grande par rapport au trafic. On conservera néanmoins les quais qui étaient situés en sous-sol de la station, et on construira en surface le Madison Square Garden qui ouvrira ses portes en 1968. Ainsi, même si le splendide bâtiment d’origine n’existe plus, la gare de Pennsylvania Station (ou Penn Station) existe toujours, pour l’essentiel sous le Madison Square Garden. C’est de là que partent notamment les lignes Amtrak (l’opérateur public de train longue distance créé en 1971 pour maintenir sous perfusion publique les dernières lignes ferroviaires intercités aux USA) à destination de Philadelphie ou Washington.

A quoi ressemblait cette gare monumentale aujourd’hui disparue ? Une première réponse se trouve de l’autre côté de la 8ème avenue, juste en face du Madison Square Garden, dans le bâtiment de la James A. Farley Post Office, l’ancien bureau de poste principal de la ville, lui aussi d’une taille surréaliste, et qui occupe 2 blocs entiers, comme l’ancienne gare. En effet, ce bâtiment des postes fut construit en face de la gare, au-dessus des voies ferrées, et dans un style très proche de celui de la Pennsylvania Station des origines. Pour avoir néanmoins une vision plus précise de cette gare géante, vous pouvez également vous référer à cette photo datant de 1910, à la fin des travaux.

Le James A. Farley Post Office avait été construit à cet emplacement pour bénéficier d’un accès direct aux voies ferrées qui véhiculaient l’essentiel du courrier au début du XXème siècle. La façade principale de l’édifice est constituée d’une colonnade de style corinthien (la plus grande au monde), portant au fronton cette inscription sur toute la largeur du bâtiment : “Neither snow nor rain nor heat nor gloom of night stays these couriers from the swift completion of their appointed rounds” (Ni la neige, ni la pluie, ni la chaleur, ni l’obscurité de la nuit n’entrave ces postiers dans l’accomplissement efficace de leurs tournées). Ouverte 24h/24 jusqu’en 2009, ce bureau de poste et centre de tri monumental souffrira finalement du remplacement progressif du courrier papier par l’avènement des messageries électroniques. Trop gros, en inadéquation avec les besoins de l’époque, il finira par être fermé par les services postaux et le bâtiment sera revendu à la ville de New York. Il fut alors décidé de transformer l’ancien bureau de poste en une nouvelle gare, donnant un accès plus agréable aux voies de chemin de fer de la Pennsylvania Station, enterrée sous le Madison Square Garden. C’est donc une nouvelle gare moderne et lumineuse (avec le percement d’une verrière monumentale) qui a ouvert ses portes en 2021, sous le nom de Moynihan Train Hall, derrière l’architecture classique de l’ancien bureau de poste. Son nom lui a été donné en hommage au sénateur Daniel Patrick Moynihan, décédé en 2003, qui avait lancé le projet d’une reconstruction de la Pennsylvania Station d’origine, lui qui, encore enfant pendant la grande dépression, avait travaillé comme cireur de chaussure dans les couloirs de la gare. Finalement, la transformation du bureau de poste, dont l’architecture avait été calquée sur celle de la gare voisine, était sans doute la meilleure des solutions pour refaire naître la Pennsylvania Station, tout en valorisant un bâtiment historique inoccupé et lié à l’histoire de la première gare.

Pour mieux comprendre l’architecture de cette nouvelle extension à la gare souterraine de Penn Station, voici une coupe représentant à la fois le James A. Farley Post Office (appelé sur ce plan Farley Building) et  le Madison Square Garden, et la gare sous-jacente, qui s’étend en réalité sous l’ensemble des deux bâtiments. Le Moynihan Train Hall à proprement parler est en jaune sur le plan.

Prenez à droite dans la 33rd St pour longer le James A. Farley Post Office / Moynihan Train Hall. Les gratte-ciels ultra modernes dans le prolongement de la 33ème rue en face de vous sont ceux du Hudson Yard que vous explorerez en toute fin de circuit. Ce nouvel espace a été construit par-dessus les voies ferrées qui débouchaient autrefois à l’air libre à l’arrière de l’ancienne poste. Vous constaterez aussi que la 33ème rue monte progressivement, partant à l’intersection de la 8ème avenue du bas de marches de l’ancien bureau de poste, pour arriver au milieu du bloc, au niveau de la passerelle d’accès au premier étage du Moynihan Train Hall sur votre gauche, le bâtiment s’enfonçant progressivement dans le sol sur toute sa longueur. 

Entrez dans le Moynihan Train Hall. Dans le hall d’entrée de la 33rd St, levez les yeux pour découvrir au plafond le vitrail de l’artiste New-Yorkais Kehinde Wiley, célébrant l’avènement de la breakdance dans les ghettos de New York dans les années 60-70. Puis empruntez les escaliers ou escalators pour descendre d’un niveau, jusqu’au Food Hall. Une belle sélection d’enseignes propose des cuisines variées mais un peu chères. Vous y trouverez notamment un Chopt (la chaîne en vogue de salades composées sur mesure), mais aussi pour le petit déjeuner un H&H Bagels (prenez par exemple un egg sandwich), ou un Jacob’s Pickles qui offre pour une quinzaine de dollars de goûter 5 types de pickles différents. Le pickling est une méthode de conservation des aliments (principalement des légumes) qui consiste à les plonger dans une solution acide et salée, généralement du vinaigre aromatisé avec des herbes. C’est ce qu’on connaît chez nous principalement avec le cornichon, mais c’est utilisable avec n’importe quel légume. Cette méthode de conservation a été importée à New York par les immigrés d’Europe de l’Est au début du XXème siècle (mais elle est également répandue en Asie). Chez Jacob’s Pickles, vous pourrez goûter certes différents types de cornichons, mais aussi des carottes, des betteraves, et même des haricots verts ou des œufs durs préparés en pickles.  A noter que Jacob’s Pickles sert aussi des sandwichs de poulet frit dans la tradition du sud des USA, servi dans des biscuits (petits pains au lait ribot). Très bons mais vraiment trop chers à notre goût.

Traversez ensuite la gare jusqu’à l’entrée opposée de la 31st St, pour découvrir au plafond une autre œuvre d’art originale, avec un lustre moderne composé de dizaines de gratte-ciels descendant du plafond pour former une metropolis imaginaire composée pour partie des tours les plus iconiques des plus grandes villes de la planète (vous devriez en reconnaître certaines). 

Puis rejoignez le grand hall sous l’immense verrière centrale. Vous constaterez peut-être (si le problème n’a pas été résolu d’ici là), qu’il manque cruellement un élément central d’une salle d’attente de gare : des bancs. En effet, il avait été décidé de limiter le risque d’occupation de la gare par les SDF en supprimant toute possibilité de s’asseoir dans les espaces ouverts au public, ce qui ne va pas sans poser problème au sein d’une gare ferroviaire. Il existe par contre un très bel espace d’attente avec des sièges au fond du hall, la Ticketed Waiting Room, accessible uniquement aux passagers munis de billets. Vous pouvez y jeter un oeil depuis l’extérieur, et tenter d’apercevoir les magnifiques photos de l’artiste Stan Douglas, qui a recréé à partir de photos d’époque et de décors reconstitués par ordinateur et de figurants, des mises en scène à l’intérieur de l’ancienne Pennsylvania Station, donnant une idée de la magnificence de cette gare aujourd’hui disparue. 

Au sud du grand hall, une Magnolia Bakery est également une très bonne option de petit déjeuner sur le pouce. Cette chaîne de pâtisserie américaine fondée à New York en 1996 à West Village, doit initialement sa renommée à ses cupcakes. C’est d’ailleurs plus ou moins cette enseigne qui a lancé la grande mode des cupcakes à la fin des années 90. Vous y trouverez également de nombreuses spécialités américaines traditionnelles ou revisitées de très bonne facture, notamment d’excellents brownies, blondies ou lemon bars, que nous recommandons vivement.

Enfin, rejoignez l’angle sud-est du grand hall pour ressortir au croisement de la 31st St et de la 8th Avenue. Une fois dehors, vous pouvez remonter les immenses escaliers devant la façade principale du James A. Farley Post Office afin de rejoindre ce qui reste du bureau de poste central : la salle des guichets a été conservée et sert toujours de bureau de poste classique (sans salle de tri etc…). Vous aurez néanmoins un aperçu de la beauté de l’ancien bâtiment, et si des automates remplacent aujourd’hui l’essentiel des guichets, ont été conservés pour le souvenir de nombreux artefacts de l’ancien Post Office, comme les boîtes aux lettres en poste restante où l’on pouvait venir chercher son courrier sans disposer d’adresse fixe dans la ville. 

A noter également à l’angle de la 8th Avenue et de la 31st St, la petite échoppe de New York Pizza Suprema sert depuis 1964 des pizzas qui concourent régulièrement pour le titre de meilleure pizza de New York. 

Prenez ensuite vers l’est sur la 33rd St le long du Madison Square Garden jusqu’à l’angle de la 7th avenue. En face sur votre droite se dresse (ou se dressait) l’Hotel Pennsylvania, construit en 1919 par la Pennsylvania Railroad en face de Penn Station. Cet hôtel géant de 22 étages disposait de 2 200 chambres à son ouverture, ce qui en faisait le plus grand hôtel du monde. Il n’en restait “que” 1700 en 2020 quand il ferma définitivement ses portes, mais l’établissement n’était plus que l’ombre de lui-même : vieillissant, très difficile à rénover, il s’adressait alors à un marché du voyage discount et possédait parmi les pires évaluations des sites de notation d’hôtel pour la ville de New York. Il est désormais programmé à la démolition pour laisser la place à un mega gratte-ciel de plus de 400 mètres de haut, soit un peu plus haut que l’Empire State Building ainsi que plus haut que l’ensemble des gratte-ciels du Hudson Yard.

L’architecture de la nouvelle tour prévoit notamment des terrasses arborées tous les 4 étages. Elle est pour l’instant connue sous le nom (sans doute provisoire) de PENN15.

Remontez la 7th Avenue d’un bloc vers le nord jusqu’à l’angle du magasin Macy’s. L’Empire State Building apparaît sur votre droite dans l’alignement de la 34th St. Macy’s est une chaîne de grands magasins qui prend son origine au milieu du XIXème siècle. Le magasin phare de l’enseigne, s’étend le long de la 34th St entre Herald Square et le 7th Avenue, sur deux bâtiments qui ont été rattachés entre eux. L’entrée et le bâtiment principal donnent sur Herald Square, vous allez donc entrer par l’arrière du complexe. Ce magasin phare (flagship store) a ouvert ses portes en 1902. Dix ans plus tard, son propriétaire de l’époque, qui avait racheté l’affaire après la mort du fondateur, Rowland Hussey Macy en 1895, mourrait dans le naufrage du Titanic avec sa femme. Après avoir frôlé la faillite au début des années 1990, Macy’s fut finalement racheté par un concurrent qui choisit de convertir tous ses magasins à l’enseigne Macy’s, pour profiter de la renommée de la marque. Aujourd’hui, le groupe possède près de 800 magasins aux Etats-Unis. Macy’s présente également chaque année depuis 1924 la traditionnelle Thanksgiving Day Parade, un défilé géant de 3h entre Central Park et le magasin d’Herald Square. La parade est célèbre pour ses ballons géants représentant des jouets célèbres, ses marching bands, ses invités spéciaux et même la participation des plus gros shows et comédies musicales de Broadway. La parade est télévisée chaque année et rassemble un peu moins de 50 millions de téléspectateurs. 

Traversez Macy’s pour rejoindre Herald Square et la façade du magasin principal. La construction d’un magasin aussi grand, aussi au nord de Manhattan à l’époque était un pari risqué car l’essentiel des commerces se trouvaient beaucoup plus au sud. Macy’s affréta même une navette gratuite entre la 14ème rue et la 34ème rue pour aider la clientèle à faire le choix de faire ses courses plus au nord.

Si vous prenez un peu de recul et regardez dans l’angle gauche de la façade, vous apercevrez un immense sac Macy’s rouge en guise d’enseigne géante. La présence de cette enseigne en forme de sac est liée au fait que lorsque Macy’s a racheté le terrain pour construire ce magasin, l’ensemble du bloc n’était pas libre. Un petit immeuble subsistait dans l’angle donnant sur Broadway et refusait de vendre. Il avait en réalité été racheté avant Macy’s par un concurrent, voisin du précédent magasin principal sur la 14ème rue. Certains le soupçonnent d’avoir voulu forcer Macy’s à lui revendre son ancien magasin de la 14th St, ou même carrément d’avoir été secrètement mandaté par un plus gros concurrent, qui opérait à New York ce qui était considéré comme le “plus grand magasin du monde”, et qui craignait d’être détrôné par le nouveau projet de Macy’s. Ce qui finit par arriver, car Macy’s refusa de céder au chantage et construisit finalement son magasin géant en contournant le petit bâtiment dans l’angle. Au bout de quelques années, Macy’s était le premier annonceur publicitaire sur la façade du bâtiment d’angle, qu’on surnomma le Million Dollar Corner après sa vente pour la somme record d’1 million de dollars en 1911. A ce jour, Macy’s n’est toujours pas propriétaire de ce bâtiment pour lequel il paye une petite fortune pour le droit de le faire disparaître sous son enseigne en forme de sac, désormais devenue iconique. A noter qu’en 2021, Macy’s assigna préventivement en justice le propriétaire du bâtiment, après avoir eu vent de tractation auprès d’un géant de la vente en ligne (très certainement Amazon), pour revendre les droits d’affichage sur la façade du bâtiment à l’expiration du contrat avec Macy’s, et faisant valoir qu’un accord datant de 1963 donnait la priorité à Macy’s sur cet emplacement publicitaire. Le propriétaire nia toute tractation avec un tiers et à ce jour, le sac Macy’s est toujours en place. Voici une photo du magasin en 1908, où l’on voit plus en détail le bâtiment dans l’angle.

Au centre du square, un monument marque la localisation de ce qui fut autrefois le plus grand quotidien de New York, le New York Herald qui a donné son nom à la place. Le Herald fut imprimé depuis 1835 jusqu’en 1924 et était le quotidien au plus fort tirage dans tous les Etats-Unis. Son propriétaire, Gordon Bennett était obsédé par les hiboux : le Herald Building fut donc couronné de 26 statues de hiboux dont les yeux brillaient la nuit grâce à des ampoules électriques vertes.  Deux de ces hiboux furent récupérés lors de la destruction de l’immeuble et flanquent les deux côtés du Monument (et leurs yeux brillent toujours la nuit). On retrouve également au centre du Monument la statue de Minerve et la cloche qui ornaient la façade du Herald.

Le Herald Building fut détruit en 1921 et en 1924, le Herald fut racheté par son rival, le Tribune. Les deux journaux fusionnèrent pour former le New York Herald Tribune. Sur cet autre cliché de Macy’s en 1907, on aperçoit en bas à droite la façade du New York Herald, ainsi que les rails du métro aérien qui passait au-dessus de la 6ème avenue à l’époque.

Enfin sur ce dernier cliché, pris exactement au même endroit, mais au niveau de la rue, on reconnaît le grand magasin Macy’s avec le million dollar corner dans l’angle sur la gauche, l’immeuble du New York Herald sur la droite, ainsi que le métro aérien tout à fait à droite, mais surtout l’ambiance dans les rues de New York avant l’arrivée de l’automobile, où se croisaient les piétons, les carrioles à cheval mais surtout les très nombreux tramways qui occupaient l’essentiel de l’espace de circulation, parfois sur deux niveaux puisqu’un tramway passait même en dessous de la ligne de métro aérien !

Remontez d’un bloc vers le nord sur la 6th Avenue, jusqu’à l’angle de la 36th St. Le bâtiment dans l’angle nord-ouest de l’intersection, avec ses colonnades néo-classiques est le Haier Building, l’actuel siège américain de la marque chinoise d’électroménager Haier. Mais son architecture est assurément celle d’un établissement bancaire new-yorkais du début du XXème siècle. Il fut en réalité érigé en 1922 pour servir de siège à la Greenwich Savings Bank, et fut occupé par des banques jusqu’au début des années 2000, avant son rachat par Haier. Aujourd’hui l’essentiel du bâtiment est occupé par des bureaux, à l’exception de l’immense hall bancaire qui a été converti en salle de balle que l’on peut louer pour des événements (le Gotham Hall). 

Prenez à droite dans la 36th St pour rejoindre la 5ème avenue. Essayez de regarder en descendant cette portion de la 36ème rue, l’incroyable diversité des bâtiments qui peuvent s’aligner sur seulement un bloc, tant en termes de styles architecturaux que de taille, usage etc.. De petits immeubles de 3-4 étages, très étroits, jouxtent des établissements hôteliers très récents de plusieurs dizaines d’étages. Certains immeubles arborent des façades vieillissantes mais ô combien ouvragées comme au numéro 21 par exemple. Juste en face, le Clinton Hall est une petite chaîne de bar/restaurant qui se développe à New York. A mi-chemin entre un Beer Garden et un Sport Bar, ils servent des classiques de la gastro-omie américaine, revisités en version décadente (Fondue Burger, Grilled Cheese Doughnut, gaufres/gâteau géant à partager …). Pas donné mais franchement étonnant et fun. 

A l’angle de la 5ème avenue, le Yankees Clubhouse est une boutique d’articles siglés à l’effigie des Yankees, une des deux équipes de baseball de New York, mondialement connue pour ses casquettes au logo NY. Vous y trouverez tout ce qui concerne l’équipe, du porte-clés aux maillots des joueurs, en passant par les casquettes qu’on peut même faire personnaliser.

Prenez à droite dans la 5th Avenue, afin de rejoindre deux rues plus bas, le pied de l’Empire State Building. Vous constaterez qu’en bas de la tour, il est difficile de la reconnaître, car sa construction en escalier éloigne progressivement le sommet de l’extérieur de la tour à sa base : le sommet est ainsi invisible une fois au pied de la tour. Ainsi, si l’Empire State Building est sans doute le bâtiment que l’on voit le plus d’un peu partout dans Manhattan, on peut facilement passer juste à côté sans s’en apercevoir si l’on y prête pas attention. Du haut de ses 381 mètres et 102 étages, le gratte-ciel domine toujours New York, même si l’Empire State Building qui était redevenu la plus haute tour de New York après l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center (WTC), n’est désormais plus que le 7ème plus haut building de la ville, ce qui témoigne de l’intense fièvre de construction verticale des dernières années. Construit en 1931, il fut le plus haut building du monde jusqu’en 1972 (et la construction du WTC). L’Empire State Building fut construit en à peine plus d’un an, en pleine crise de 29, par 3400 ouvriers dont plusieurs centaines d’indiens Mohawk (le même peuple que la tribu des Mohicans du livre de Fenimore Cooper), réputés pour leur absence de vertige et employés à la soudure des poutrelles métalliques. Son nom lui a été donné en hommage à l’Etat de New York, surnommé l’Empire State. A cause de la baisse rapide des coûts de la main-d’œuvre pendant cette période de profonde dépression, le projet coûta presque moitié moins que les estimations initiales. Mais mal placé, dans un quartier à l’écart des grands centres de transport (Grand Central, Penn Station, Port Authority Bus Terminal), inauguré au beau milieu d’une récession laissant vacant des immeubles entiers de bureaux suite aux faillites en série, ce fut un désastre économique : la tour resta très longtemps sous-exploitée. La première année, la station d’observation pour les touristes au sommet de l’édifice fit un chiffre d’affaires équivalent à l’ensemble des loyers des occupants des 100 autres étages. Le Building commença à produire un profit en 1950 seulement, et fut vendu l’année suivante pour la plus grosse somme jamais déboursée à l’époque dans une transaction immobilière. Dernier détail amusant : le mat qui domine le building et le rend si facilement reconnaissable et d’où King Kong se suspend dans le célèbre film, fut construit à l’origine comme … un poteau d’amarrage pour les dirigeables, dont l’Empire State Building était censé devenir le premier grand port d’attache. Cette vision d’avenir ne prit jamais forme et aucun dirigeable n’appareilla jamais au sommet de la tour.  

L’observatoire situé au sommet de l’Empire State Building est le plus ancien des 5 observatoires actuellement ouverts au public à Manhattan, puisqu’il est ouvert depuis l’inauguration de la tour en 1931. Ce n’est pas celui que nous conseillons en priorité, mais il a néanmoins de vrais atouts : sa localisation, tout d’abord, dans une zone peu construite de Lower Midtown. C’est un gratte-ciel isolé au milieu d’une zone de constructions basses. On a du coup une vue dégagée à 360 degrés, sur Midtown comme sur Downtown. L’observatoire est en extérieur, ce qui est assez agréable. Et enfin, cela reste un bâtiment historique mythique. On lui préfèrera cependant le Summit One Vanderbilt pour un observatoire à Midtown, plus haut, plus moderne et offrant une palette d’expériences plus larges, ou le One World Observatory en haut du One World Trade Center, qui est le plus haut de Manhattan et offre des vues incroyables de Downtown et de la baie de New York. Si vous avez l’intention de monter au sommet de l’Empire State Building, nous conseillons vivement de le faire un matin à l’ouverture, en arrivant au moins 15-20 minutes avant l’ouverture de la tour afin d’être dans les premiers à monter. Vous éviterez les foules trop importantes, et la vue depuis le haut de la tour au soleil du matin est juste à couper le souffle (et bien plus impressionnante que de nuit de notre point de vue). Les billets sont désormais horodatés, donc la réservation est quasi obligatoire.

Descendez ensuite la 5th Avenue d’un bloc, puis prenez à droite sur la 32ème rue qui traverse le tout petit quartier de Koreatown. Le quartier coréen n’a cependant pas grand chose à voir en surface avec son équivalent chinois de la pointe sud de Manhattan : l’immigration coréenne est relativement récente. Le “quartier” s’est structuré à partir des années 80 autour d’une librairie et de quelques restaurants coréens. Aujourd’hui, sur à peine un bloc de long, on trouve cependant une centaine de sociétés et commerces coréens, supermarchés, restaurants, bars ou magasins d’électronique, empilés les uns sur les autres dans les étages comme on peut le voir couramment en Asie. En outre, il y a toujours une certaine activité dans l’artère, ne serait-ce qu’à cause de la douzaine de restaurants ouverts 24h/24. Koreatown abrite également quelques commerces japonais, du fait de la proximité des deux cultures, et s’étend progressivement vers l’Est dans la 32ème, en direction de Madison Avenue. C’est là notamment que vous pourrez goûter à un japanese cheesecake chez Keki Modern Cakes. Cette spécialité pâtissière japonaise qui semble se répandre comme une traînée de poudre aux États-Unis ces dernières années est une version plus légère, plus aérée, du cheesecake new-yorkais traditionnel. C’est un excellent exemple des enrichissements culturels à double sens : introduit au Japon après la seconde guerre mondiale par les soldats américains stationnés dans l’archipel, le cream cheese et le cheese cake ont lentement été incorporés dans la culture culinaire japonaise, avant de revenir aux USA teinté d’un twist japonisant. 

Arrêtez-vous pour visiter la Food Gallery 32 : entrer dans food court coréen (et un peu japonais) est comme se téléporter directement au cœur de l’Asie. On y trouve de nombreuses échoppes de restauration dans une ambiance assez étonnante. Entre les buns gourmets de Mama à l’entrée, la cantine coréenne de Gochujang (cantine au sens propre, ils qualifient leur sélection de comfort food coréenne de Korean School Food), le Korean BBQ de Kobeque, le katsu curry (plat de comfort food japonais à base de porc ou poulet frit sur une base de riz arrosée d’un ragoût de curry) de Roll&Katsu Kitchen, les ramens de Noona Noodles ou encore le poulet frit coréen de Pelicana Chicken à l’étage, décliné en un nombre invraisemblable de sauces, le choix est pléthorique. Vous y trouverez même un Coin Karaoké, pour vous essayer au karaoké sur les derniers titres des meilleurs groupes de K-pop (les boys bands coréens).

Et si vous souhaitez vous essayer à une cuisine coréenne authentique, le Woorijip Korean Restaurant juste en face de la Food Gallery 32 est une très bonne option, pas chère et avec un très large choix.

Poursuivez dans la 32nd St jusqu’à l’intersection de Broadway et de la 6th Avenue, au niveau du Greeley Square. Le Greeley Square est le symétrique du Herald Square que vous pouvez ré-apercevoir un peu plus au nord, puisque les deux espaces triangulaires sont créés par le même croisement de Broadway et de la 6ème avenue

Il est nommé en hommage à Horace Greeley, l’éditeur du New York Tribune, le journal concurrent du New York Herald, avec lequel il finira par fusionner pour créer le New York Herald Tribune. On trouve d’ailleurs une statue de Horace Greeley au milieu du square.

Sur la 32nd St, juste après l’intersection de la 6ème avenue, peut être pouvez-vous encore apercevoir l’enseigne mythique du Jack’s 99 cents store dont tout l’immense rez-de-chaussée ne vendait que des produits à 99 cents. Les magasins de produits à “tout à 1$” sont très populaires aux Etats-Unis. La chaîne Dollar Tree opère plus de 4800 magasins sur tout le territoire américain, et il existe de nombreuses autres enseignes sur ce créneau. Les Jack’s 99 cents stores étaient au contraire des magasins locaux, propre à Manhattan et celui sur la 32ème rue était assurément l’un des plus grands, et le plus connu. Il n’aura pas résisté à l’inflation post-covid qui rend quasi impossible de vendre des produits à moins d’un dollar, encore moins au cœur de Manhattan. Espérons que sa célèbre enseigne ne soit pas démontée et demeure en souvenir de cette institution.

Juste derrière le Jack’s 99 cents, le Gimbels’ Bridge est un skybridge (une passerelle aérienne entre deux immeubles) de style Art Déco et décorée d’une façade de cuivre, qui reliait sur 3 étages l’immense magasin Gimbels (désormais un centre commercial, le Manhattan Mall) sur votre droite, à son annexe, qui jouxte le 99cents store. Gimbels était une chaîne de grand magasin fondée à Philadelphie et qui s’était installée à New York au cœur de ce qui allait devenir le Garment District, le quartier de la mode et du prêt à porter.

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Il est important de rappeler le rôle de New York dans la création de l’industrie du prêt à porter. Grâce à l’afflux de main d’œuvre immigrée très peu chère pendant tout le XIXème siècle, les confections de New York purent très tôt produire des vêtements à très bas coût, d’abord orientés vers le bas du marché naissant du vêtement. Les premiers gros clients des manufactures de vêtement de Manhattan dans la première partie du XIXème siècle furent les grandes plantations esclavagistes du sud qui trouvaient plus rentable d’acheter des vêtements à New York que de voir leurs esclaves perdre du temps hors des champs de coton pour confectionner les leurs. Puis la guerre civile au milieu du XIXème créa une demande très importante pour les uniformes militaires, des capacités de production que New York réorienta avec succès dans le prêt à porter grand public dès la fin de la guerre. A la fin du XIXème siècle, le textile était de loin la première industrie de la ville et en 1910, 70% de la production nationale de vêtement féminin et 40% de la mode masculine étaient produites à Manhattan. Avec la proximité d’une production aussi prolixe, la ville ne tarda pas à ouvrir d’immenses magasins de prêt à porter, des Department Stores géants qui allaient ensuite essaimer un peu partout dans le reste des Etats-Unis. Le plus grand et le plus connu est sans conteste Macy’s, installé depuis 1902 deux blocs plus haut sur la 6ème avenue. Gimbels fut un concurrent féroce de Macy’s depuis son implantation à l’angle de la 6ème avenue et de la 32ème rue en 1910. Gimbels allait notamment introduire les premiers “bargain basement”, des rayons entiers de bonnes affaires dans les sous-sols du magasin, pour écouler la marchandise invendue et attirer toujours plus de clients. Gimbels avait également construit son magasin de manière à ce que la station de métro souterraine voisine débouche directement à l’intérieur du magasin, ce qui est toujours le cas aujourd’hui dans le Manhattan Mall. Cet afflux direct de clients potentiels à l’intérieur du bâtiment était un vrai atout, mais avec un revers inattendu : à sa fermeture définitive en 1986, le magasin affichait le plus haut taux de perte pour vol à l’étalage au monde. Gimbels, qui dans les années 60 possédait 53 magasins dans tout le pays, pour moitié sous l’enseigne Gimbels, pour moitié sous l’enseigne Saks Fifth Avenue (une autre chaîne de magasins rachetée en 1923) fit faillite au milieu des années 80. Les magasins Gimbels fermèrent définitivement tandis que l’enseigne Saks fut revendue. Le magasin de la 6ème avenue ferma également et fut transformé en centre commercial (le Manhattan Mall, au demeurant assez peu intéressant). Le skywalk qui reliait auparavant le magasin principal à une annexe de l’autre côté de la 32ème rue fut condamné mais jusqu’ici jamais détruit.

Revenez sur Broadway, que vous allez descendre vers le sud, jusqu’à la 29th St. Cette portion de Broadway était à la fin du XIXème siècle le cœur du quartier des théâtres, et accessoirement du red light district de Manhattan. En fait, ce quartier n’a pas cessé de migrer vers le nord au fur et à mesure de l’urbanisation de la ville. En effet le quartier des plaisirs s’est toujours développé légèrement en marge de la ville, au-delà des zones résidentielles denses, afin de profiter des prix plus bas des terrains. Au fur et à mesure que ces quartiers périphériques se retrouvèrent progressivement rattrapés par l’urbanisation résidentielle, ils durent se déplacer toujours plus au nord de Manhattan. Ainsi les théâtres originellement situés juste au nord de Downtown Manhattan, vers Houston St, vinrent progressivement s’établir le long de Broadway dans le quartier où vous vous trouvez après la fin de la guerre de sécession, et le boom économique qui s’ensuivit. Avec les théâtres arrivèrent également les saloons, les bars, les établissements de jeu, et bien entendu les bordels et la prostitution. Le quartier pris alors le surnom de Tenderloin, un terme qui deviendra bientôt une appellation générique dans les grandes villes américaines pour désigner le red light district où se concentraient les activités semi-légales et notamment la prostitution. Tenderloin signifie “filet mignon”, et son origine n’a rien avoir avec une quelconque comparaison anatomique des filles de joie. C’est un capitaine de police, Alexander Williams, qui apprenant qu’il était muté dans le quartier des saloons et des maisons closes, déclara avec satisfaction (apparemment sans que cela ne choque grand monde à l’époque) : “I’ve been having chuck steak ever since I’ve been on the force, and now I’m going to have a bit of tenderloin.” (“je mange du steak depuis que j’ai rejoint la police, maintenant je vais enfin avoir un peu de filet”). Il faisait juste référence au fait que ses pots-de-vin allaient considérablement augmenter en travaillant dans ce quartier chaud, ce qui en dit long sur le niveau de corruption de la police de New York à l’époque (un problème qui mit vraiment longtemps à disparaître, puisque des scandales de corruption généralisés secouèrent la police de New York jusque dans les années 70, comme le retrace par exemple le film Serpico avec Al Pacino).

A l’angle de la 31st street, sur votre gauche, un bâtiment attire l’attention par son architecture quelque peu étonnante pour New York, mais qui témoigne parfaitement de l’époque et de l’évolution du quartier. En effet, l’immeuble au 1234 Broadway arbore des toits mansardés, et un choix architectural qui ne dépareillerait pas dans le Paris du Baron Haussmann. Construit en 1868, soit juste au sortir de la guerre de sécession, ce bâtiment hébergeait le Grand Hotel, un hôtel relativement luxueux qui entendait bien profiter de la présence des théâtres voisins, et de tous les établissements de “loisirs” du Tenderloin. D’ailleurs, comme on le voit sur cette photo datant du tout début du XXème siècle, un théâtre, le Wallack’s Theatre jouxtait l’hôtel à l’époque.

Le choix d’une architecture de style Second Empire (qu’on appellerait haussmannienne chez nous), reflète l’influence de l’image de Paris comme capitale du spectacle à l’époque, au moment même où la folie du cancan débordait la France pour débouler outre-atlantique où il sera vite renommé “French can-can”.

Mais le développement résidentiel du quartier allait progressivement pousser le Theatre District et le Tenderloin toujours plus loin du centre historique de la ville, toujours sur Broadway, mais au nord de la 42ème rue où il se trouve toujours aujourd’hui. Le Wallack’s Theatre qui jouxtait le Grand Hotel fut rasé pour être remplacé par une manufacture alors que le Garment District (le quartier de l’habillement) se développait en lieu et place de l’ancien Tenderloin. L’immeuble de style industriel (aujourd’hui transformé en bureaux) est d’ailleurs toujours là, juste à droite de l’ancien hôtel. The Grand évolua quant à lui d’hôtel de luxe à hôtel bas de gamme, puis à hôtel résidentiel miteux, ce qu’il reste toujours à moitié car une bonne partie de ses chambres sont aujourd’hui converties en chambres/studios loués sur AirBnB à moindre coût.

Un second théâtre (aujourd’hui également détruit et remplacé) existait même juste en face du Grand Hotel, le Bijou Theatre. Avec un nom de consonance française et une adaptation d’Offenbach comme première production, il témoignait lui-aussi encore de l’influence de Paris sur le monde du music-hall en cette fin de XIXème siècle.

Continuez sur Broadway jusqu’à l’angle de la 29th St. où le Gilsey House Building, sur votre gauche est également un ancien hôtel de luxe, inauguré en 1871, qui arbore une façade en cast iron (habillage de fonte) typique de la fin du XIXème (comme on en trouve énormément à Soho, cf circuit 3a), mais avec la particularité d’un toit à la Mansart haut de 3 étages et en accord avec le style second empire des décorations de façade. L’hôtel ferma en 1911 suite à des disputes juridiques entre les propriétaires des murs et la société opérant l’hôtel et fut longtemps à l’abandon voire menacé de démolition. Finalement, il finit par être racheté en 1980, et entièrement rénové en appartement. Lui aussi faisait face à l’époque à deux théâtres aujourd’hui disparus : le Daly’s Theatre (un temps opéré par la même famille que le Bijou Theatre un peu plus haut dans la rue, et qui sera transformé en cinéma muet au début du XXème siècle avant de fermer), et le Imperial Music Hall à l’angle. On retrouve la trace de ces théâtres, ainsi que des hôtels Grand et Gilsey sur ce plan de l’époque, issu des fonds de la New York Public Library.

A l’angle de la 29th St, sur le trottoir opposé à la Gilsey House, se trouve le Milk Bar, un établissement qui transforme les petits-déjeuner en dessert. On y trouve notamment des glaces à l’italienne, au lait aux céréales. Un concept qui a ses limites, les céréales du petit-déjeuner américain étant vraiment trop dominées par le sucre : au final, tout semble avoir un goût de lait sucré et de saveurs artificielles.

Puis tournez à gauche sur la 29th St. pour rejoindre l’angle de la 5th Avenue, avant de poursuivre d’un demi-bloc sur la 29th St jusqu’à la très étonnante Church of the Transfiguration sur votre gauche, également connue sous le nom informel de Little Church Around the Corner. Cette petite église épiscopale (le nom américain des églises de tradition anglicane après la guerre d’indépendance et la séparation avec l’église Anglicane du Royaume-Uni)  est intéressante à plus d’un titre. Construit en 1849, ce petit écrin néogothique a toujours fait preuve d’une grande tradition de tolérance et d’accueil. Ce fut par exemple le cas durant les draft riots de 1863 : en pleine guerre de sécession, le président Lincoln avait promulgué la conscription obligatoire des hommes en âge de combattre, tout en permettant aux plus fortunés d’y échapper en réglant une taxe de 300$. La minorité pauvre irlandaise de New York se rebella contre la loi de conscription, organisant des émeutes, initialement tournées contre le gouvernement, mais qui allaient se transformer en émeute raciale visant les populations noires de New York, ainsi que les sympathisants abolitionnistes notoires. Dernière vague d’immigration arrivée à New York après la grande famine qui frappa l’Irlande de 1845 à 1852, les Irlandais étaient très pauvres, employés dans les métiers les plus difficiles et les plus dégradants et bénéficiaient d’un niveau de vie et d’une reconnaissance sociale souvent inférieure à la population noire de New York. La fureur des émeutes se tourna donc contre cette population noire qui n’était pourtant aucunement la cause de leurs déboires, et avant que l’armée puisse rejoindre New York, les émeutiers avaient incendié un orphelinat pour les enfants noirs, ainsi que de nombreuses maisons d’habitants noirs ou d’abolitionnistes notoires. En plein cœur des émeutes, le fondateur et recteur de la Church of the Transfiguration, George Houghton, donna asile à des dizaines de familles afro-américaines dans son église, puis alla confronter les émeutiers qui voulaient les déloger. L’Église était également connue pour sa tolérance envers les acteurs de théâtre, qui à l’époque encore étaient souvent considérés comme des parias par les hommes d’église. C’est à cette époque que lui vint son surnom de Little Church Around the Corner, une appellation donnée par les acteurs de Broadway pour désigner l’église tolérante à leur égard et située juste à un bloc des théâtres où ils jouaient.  

Evidemment, au-delà des aspects historiques, le lieu marque par son aspect hautement pittoresque. Cette magnifique petite église, à moitié cachée derrière un jardin semi-sauvage, et désormais encastrée entre les gratte-ciels de Manhattan offre un cadre particulièrement propice pour des photos originales. Si l’on se positionne sur la droite de l’Église, on aperçoit d’ailleurs l’Empire State Building percer au-dessus des toits. Le gratte-ciel moderne et design à l’arrière de l’Eglise sur sa gauche est le 277 Fifth Avenue, une tour résidentielle de 55 étages datant de 2018. Elle fait partie de cette nouvelle génération de “petites” tour très fines, construite à usage résidentiel, afin de maximiser les vues depuis tous les appartements. C’est également le cas de la Madison House, la tour de 66 étages datant de 2019, un peu plus en retrait, qu’on aperçoit sur la droite derrière l’Église, ou encore du Sky House, le gratte-ciel immédiatement situé à droite de l’Église, datant de 2005 et également haut de 55 étages. 

Poursuivez jusqu’à l’angle de Madison Avenue, où vous trouverez deux immeubles emblématiques du début du XXème siècle. Sur votre droite, le James Hotel occupe un immeuble de style Beaux-Arts (un style architectural venue de France et directement héritier du style Second Empire développé sous le règne de Napoléon III), datant de 1904. Sur le trottoir opposé de Madison Avenue, le Emmett building est pour sa part un édifice de 16 étages de style néo-Renaissance édifié en 1912 par le docteur Thomas Addis Emmet, un chirurgien réputé de l’époque. Il habitait auparavant une belle maison sur le même emplacement, et après avoir racheté les maisons de ses voisins, il les rasa toutes pour faire construire le Emmett building, un immeuble à usage commercial, mais dont il se réserva tout le dernier étage pour loger dans une immense et luxueux penthouse (appartement sur les toits), accessible via un ascenseur personnel. Ces deux buildings sont assez emblématiques de l’évolution du quartier, appelé NoMad, ou North of Madison Square Park, de par leur localisation au nord du Madison Square Park que nous allons rejoindre maintenant, en descendant Madison Avenue vers le sud. 

Un bloc avant de rejoindre le Madison Square Park, sur votre gauche se dresse le très massif New York Life Building, à l’angle nord-est du Madison Square Park. Conçu en 1926, son toit était à l’origine entièrement doré à la feuille d’or. Aujourd’hui, on n’utilise plus de feuille d’or pur mais on a conservé l’aspect doré du toit de la tour centrale, qu’on peut apercevoir si l’on prend un peu de recul en s’enfonçant de quelques dizaines de mètres dans la 27th St à droite. Ce toit singulier en pointe dorée en fait l’un des buildings les plus facilement reconnaissables de la skyline de Manhattan : vous pourrez ainsi aisément reconnaître l’emplacement du Madison Square Park depuis l’un des observatoires au sommet d’un haut building.

Le New York Life Building fut bâti sur le site d’un ancien dépôt ferroviaire, converti en 1874 en une immense salle de spectacle pour accueillir des représentations du cirque Barnum, puis différentes manifestations, shows ou expositions. Après avoir changé plusieurs fois de nom, l’édifice prit finalement celui de Madison Square Garden en référence au parc à l’angle duquel il avait été construit.

Finalement, cet édifice fut rasé en 1889, et un nouveau Madison Square Garden fut construit sur le même emplacement. Pendant 35 ans, cette nouvelle salle de spectacle géante accueillit les matchs de boxe, les orchestres symphoniques et opéras, les cirques Barnum et Ringling en tournée, et même la Convention de 1924 pour nommer le candidat démocrate à la présidentielle. Enfin, en 1925, le Madison Square Garden, deuxième du nom,  fut de nouveau rasé, et une nouvelle salle de même nom reconstruite plus au nord sur Midtown (mais toujours pas sur l’emplacement de l’actuel Madison Square Garden à Penn Station, qui est la quatrième version de la salle). Il y a donc bien une relation directe entre le Madison Square Park et le Madison Square Garden, bien qu’aujourd’hui la salle de spectacle mythique de Manhattan soit située bien loin du parc du même nom. 

Le New York Life Insurance Building, un gratte-ciel en escalier de 40 étages, fut enfin construit en 1928 sur l’emplacement des deux premiers Madison Square Garden, pour accueillir le siège social de la compagnie d’assurance du même nom (qui occupe toujours les lieux, et est aujourd’hui la troisième plus grosse société d’assurance vie aux Etats-Unis). Continuez sur Madison Avenue jusqu’à rejoindre l’angle du Madison Square Park, puis traversez la 26th Street et avancez encore d’un demi bloc sur Madison Avenue, le long du parc mais sur le trottoir de gauche. Sur votre gauche, l’immeuble du Appellate Division Courthouse of New York State, la cour d’appel de l’Etat de New York, avec sa façade de temple grec donnant sur la 25th St. Dans l’angle arrière du bâtiment, donc sur Madison Avenue, une colonne factice a été rajoutée en 1990, au pied de laquelle se trouve une sculpture en bas relief : elle représente une photo aérienne du camp de concentration d’Auschwitz, prise par un avion américain en août 1944, 6 mois avant sa libération par les russes. Le bas relief est agrémenté de l’inscription “Indifference to Injustice is the Gate to Hell” (l’indifférence à l’injustice est la porte de l’enfer”), un message à la portée double selon qu’on l’applique à la photo d’Auschwitz ou au bâtiment (une cour de justice) sur lequel il est gravé. En tout cas la sculpture est sans doute un des mémorials de l’Holocaust le plus petit et le plus discret qui soit, passant totalement inaperçu à l’immense majorité des passants.

Traversez Madison Avenue et pénétrez dans le Madison Square Park en longeant l’aire de jeu sur votre droite : le Police Officer Moira Ann Smith Playground est une aire de jeux très sympathique, avec des sprinklers rafraîchissants pour les enfants en été. Ce playground est dédié à une officier de police qui était rattachée au Madison Square Park et au quartier environnant, mais qui le 11 septembre 2001, fut dispatchée pour aider à l’évacuation des tours jumelles frappées par deux avions en plein vol. Elle fut ainsi parmi les premiers policiers à pénétrer dans la tour 2 du World Trade Center. Elle s’installa à la sortie des escalators et s’attacha à maintenir le flux des rescapés qui descendaient des étages, en direction des bouches de métro. Agitant dans la pénombre (l’électricité avait été coupée) sa lampe torche en direction de la sortie, elle répétait sans cesse “Don’t Look ! Keep Moving”. “Ne regardez pas, continuez d’avancer”. Sur la plaza derrière elle, les corps des personnes bloquées dans les étages supérieurs (au-dessus du point d’impact de l’avion de ligne) continuaient de s’écraser dans un fracas étourdissant tandis qu’ils sautaient du haut des tours pour échapper aux flammes. Elle resta à son poste jusqu’au bout et mourut ensevelie sous l’effondrement de la tour. Elle fut la seule femme officier de police à donner sa vie dans l’attentat meurtrier ce jour-là.

Traversez le Madison Square Park vers l’Ouest et ressortez sur la 5ème avenue, que vous traverserez également pour rejoindre un petit square (Worth Square) logé entre Broadway et la 5th avenue, au milieu duquel un obélisque marque l’emplacement de la tombe du général Worth, un héro des guerres séminoles (contre les indiens séminoles de Floride) et de la guerre américano-mexicaine pour le contrôle du Texas. Depuis ce square, vous avez un peu de recul sur le Madison Square Park et une vue panoramique sur les différents immeubles qui l’entourent. Inauguré en 1847, le Madison Square Park est en effet cerné par un grand nombre d’édifices notoires et a connu de nombreuses destructions et reconstructions au fil des années. Sur votre droite, dans le prolongement de Broadway, vous apercevez l’iconique Flatiron Building, cet immeuble en pointe, de forme triangulaire qui a donné son nom au quartier, le Flatiron District. Nous y reviendrons plus en détail dans quelques minutes en passant devant. Un peu plus à gauche, deux tours très modernes surnagent au-dessus des buildings : la One Madison, donnant directement sur la parc, avec son architecture originale en forme de caissons, et un peu en retrait, une tour de verre biseautée dans les angles, la Madison Square Park Tower. Ces deux immeubles modernes sont d’autres exemples récents de tours résidentielles comme il en pousse de plus en plus sur Manhattan depuis quelques années. A la différence des grands gratte-ciels construits jusqu’ici à New York, ce sont des immeubles résidentiels de standing, et non des bureaux et sièges sociaux de grands groupes. C’est pourquoi ces tours sont hautes mais construites sur une base de petite taille, les appartements résidentiels exigeant le maximum d’espace en façade contrairement aux bureaux où le cœur des tours accueille de grands open spaces sans vue directe sur l’extérieur. Ces bâtiments sont ce qu’on appelle des super-slenders, ou encore des pencils towers : le ratio entre leur surface au sol et leur hauteur est bien plus faible que pour des gratte-ciels traditionnels.

La One Madison (celle de droite donc) est une tour résidentielle de luxe de 60 étages achevée en 2013. Chaque étage accueille un unique appartement, avec vue à 360 degrés sur Manhattan, sauf tout en haut de la tour où les 3 derniers étages sont combinés dans un triplex avec une terrasse suspendue à 190 mètres du sol. Si vous êtes intéressés, et que vous avez les 14 millions de $ demandés, il reste des appartements de libre. Vous serez alors les voisins du top model Gisele Bundchen et de son mari, joueur star de football américain. Le triplex du dernier étage a été pour sa part acheté par le magnat des médias Rupert Murdoch (New Corp, The Wall Street Journal, la Twentieth Century Fox, …) : comme il trouvait le penthouse sur 3 étages entiers trop étroit à son goût, il a également acheté l’appartement situé à l’étage directement en dessous, le tout pour 57 millions de $.

En décalé un peu à l’arrière gauche du One Madison, la Madison Square Park Tower est une magnifique tour de verre sortie du sol en 2017. C’était à son inauguration le plus haut building entre Midtown et Downtown. Sur un principe assez proche de la One Madison, il s’agit également d’un immeuble résidentiel de luxe, avec 64 étages et 83 appartements. Mais difficile de déceler au premier regard les spécificités architecturales exceptionnelles de ce bâtiment, qui n’aurait pu voir le jour sans une multitude d’avancées technologiques extrêmement récentes. En fait, cette tour n’aurait pas pu voir le jour il y a seulement une quinzaine d’années. En effet, si vous regardez attentivement la forme légèrement biseautée de la tour, vous pouvez percevoir que la façade ouest (celle qui regarde en direction du Flatiron Building), est non seulement oblique, mais elle est en dévers : concrètement, le sommet de la tour est plus large que sa base. Mais ce que vous ne pouvez voir d’ici, c’est que la base de la tour est encore plus fine. En réalité, la tour a une surface au sol d’environ 300 mètres carrés: un rectangle de 19 mètres de côté sur 16 mètres de profondeur. Elle s’élève alors à la verticale sur 5 étages. A cette hauteur, un porte-à-faux lui permet de s’étendre au-dessus du bâtiment voisin (qui était classé et donc impossible à détruire), pour arriver à une largeur de 28 mètres sur toujours 16 mètres de profondeur. A partir de là, la tour s’élève avec un second porte-à-faux, nettement moins incliné, mais qui se prolonge sur toute la hauteur du gratte-ciel, lui permettant d’atteindre au sommet une largeur de 38 mètres, soit le double de sa largeur à la base. Il s’étend alors quasiment entièrement sur toute la surface de son voisin. Cette prouesse technique repose sur une évolution des matériaux et techniques de construction, mais a également nécessité des études complexes en soufflerie, afin de s’assurer que la forme choisie pour le bâtiment ne crée pas trop de pression du vent sur les côtés de la tour. En effet, ces super-slenders towers, c’est-à-dire ces tours ultrafines ne peuvent pas être aussi rigides qu’une construction plus large. Et soumises à la pression du vent sur toute leur hauteur, elles finissent par osciller dans le vent, jusqu’à pouvoir donner le mal de mer à leurs occupants. Les essais en soufflerie permettent de trouver la forme qui occasionnera le moins de pression du vent sur les murs. Mais comme cela n’est pas suffisant pour une tour comme la Madison Square Park Tower, dont la largeur au sommet est deux fois supérieure à celle de l’assise de la tour à la base, les ingénieurs qui l’ont conçue ont installé dans les derniers étages un amortisseur harmonique (tuned mass damper), à savoir un contrepoids mobile de près de 500 tonnes, qui du fait de sa masse extrêmement élevée, ne va pas bouger avec la tour quand celle-ci se met en mouvement, mais restera à peu près fixe. Ce contrepoids est relié à la tour elle-même par un système d’amortisseurs qui vont limiter les oscillations de la tour en s’appuyant sur ce point fixe. Autant dire que la Madison Square Park Tower est un prodige d’architecture et de construction de pointe.

Mais revenons à notre panorama. Encore un peu plus à gauche, la Met Life Tower, qui date de 1909, facilement identifiable avec son architecture inspirée du campanile de la place Saint Marc à Venise, et ses immenses horloges. Les 4 horloges (sur les 4 côtés de la tour) sont chacune hautes de 3 étages comme vous pouvez le vérifier en regardant les fenêtres de chaque côté. Les chiffres des heures mesurent 1m20 de hauteur chacun, et les aiguilles des minutes pèsent une demi-tonne. La tour est une addition au building originel de 11 étages, juste à sa droite, construit en 1893. Elle fut le plus haut bâtiment de New York depuis sa construction en 1905, jusqu’à l’édification du Woolworth Building en 1913 (cf Circuit 1). Ce fut le siège de la Metropolitan Life Insurance depuis sa création jusqu’en 2005, année où l’immeuble fut vendu. Pendant 10 ans, la tour changea de main 5 fois, et autant de fois de projet de réaménagement. Finalement en 2015, c’est un hôtel de luxe géré par Marriott mais propriété du fond d’investissement d’Abu Dhabi qui investit les 50 étages de la tour. 

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Toujours plus à gauche, la grande tour noire du New York Merchandise Mart, typique des gratte-ciels verre et acier des années 70. Et enfin tout à fait sur la gauche, vous avez enfin le recul suffisant pour voir correctement le toit pyramidal doré du New York Life Insurance Building. Puis descendez sur Broadway en direction de la 23rd St : à l’angle de la rue sur votre droite, vous trouverez un Lego Store. Sur sa façade le long de la 23ème rue, une immense fresque en lego habille les vitrines. Le choix de l’emplacement n’est pas anodin : l’immeuble au pied duquel le Lego Store est installé est plus connu sous le nom de Toy Center. Construit en 1909, l’édifice est vite devenu le cœur de l’industrie du jouet aux Etats-Unis à partir de la première guerre mondiale et de la baisse soudaine des importations de jouets européens. Dans les années 80, on estimait que les quelques 600 entreprises locataires des bureaux du Toy Center comptaient pour 95% des transactions de jouets aux Etats-Unis, un marché de 4 milliards de $. L’entrée principale du bâtiment se trouve à une vingtaine de mètres un peu plus haut sur le 5th Avenue, juste en face de la Sidewalk Clock, installée en même temps que l’édifice et qui porte encore le nom d’origine du bâtiment, le Fifth Avenue Building. Cette très belle horloge est un point de vue idéal pour les photographes, de par son alignement idéal avec le Flatiron Building au second plan. N’hésitez pas à aller y immortaliser quelques clichés. 

 

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Le même bâtiment héberge également un Eataly, cette chaîne italienne de restaurants et épicerie fine qui essaime depuis une dizaine d’années dans les grandes capitales du monde. Mais si vous avez un creux, vous avez pas mal d’autres options à proximité immédiate : en rentrant de nouveau dans le Madison Square Park, vous tomberez immédiatement sur le petit pavillon du Shake Shack. C’est d’ailleurs ici-même, au Madison Square Park qu’en né le Shake Shack en 2001, d’abord sous la forme d’un simple food cart de hot dogs à l’intérieur du parc. En 2004, obtenant l’autorisation de s’installer dans un kiosque en dur, ils élargirent leur menu pour servir des burgers, des frites et des milkshakes. La qualité de leurs smashburgers a beaucoup fait pour lancer la nouvelle fièvre du better burger, et redonner ses lettres de noblesse à un sandwich délicieux, longtemps martyrisé par les enseignes de la restauration rapide. Les ShackBurger sont ainsi vraiment des burgers d’exception : le pain est bon, la sauce est bonne, la viande est succulente. Et on ne parle pas ici de burgers gastros au foie gras ou aux truffes, mais bien d’un burger tout simple, classique mais ô combien succulent. Cette institution de New York a ensuite commencé à essaimer doucement sur la côte Est pour finir par s’établir progressivement dans les grandes métropoles américaines. C’est assurément une des meilleures adresses (si ce n’est la meilleure) pour goûter un burger de qualité. Pour un burger juteux et goûteux, laissez-vous tenter par un ShackBurger (le single est suffisant et bien équilibré, nous ne conseillons pas forcément le double). Les Chick’n Shack, burgers au poulet sont également excellents.  Et pour les végétariens (et les autres d’ailleurs), le burger au champignon est exceptionnel : un champignon portobello farci au fromage, pané et frit remplace la viande. Attention les prix sont un peu élevés, mais ils le valent. Notre option pour ne pas trop grever votre budget : ne prenez que des burgers, sans frites et sans boissons (il y a de l’eau en libre service dans tous les Shake Shack). Pour faire court, c’est pour nous la rolls des burgers aux Etats-Unis. Et à 7-8$ le burger, ce n’est plus forcément plus cher que les fast food traditionnels, McDonald compris. Alors pourquoi s’en priver ? Par contre, la queue est souvent longue au kiosque du Madison Square Park, donc autant profiter des autres emplacements moins encombrés de l’enseigne, comme celui de Battery Park City, Upper West Side … Vous trouverez également d’autres enseignes de restauration sympas le long de la 23rd St, au sud-est du parc, de part et d’autre de la One Madison Tower. On peut ainsi citer un Chop’t, la chaîne de salade à la mode, juste à droite de la One Madison, qui propose des salades créées à la demande à partir d’une très large gamme de produits frais de qualité, et hachés menu (chopped) juste devant vous.  Ou un Sticky’s Finger Joint juste à gauche de la One Madison : cette petite chaîne locale vous propose de déguster des fingers de poulet frit nature (entier ou en petits morceaux “poppers”), en sandwich, que vous pourrez accompagner de différentes sauces ou mélanges “signature” (tel que le salted caramel pretzel) mais aussi des loaded fries (des frites agrémentées de sauces, et de différents aliments parfois insolites comme par exemple les bacon mac fries, des truffle parm fries  mais aussi des s’more fries avec des marshmallows et du chocolat). Vous pouvez également faire un tour au Arby’s voisin : cette chaîne de fast food à base de sandwich de rosbeef a été créée en 1964 dans l’Ohio. La plupart des sandwichs sont servis chauds, dans des pains à burger, mais ils proposent également quelques sandwichs froids façon Deli. Les sandwichs sont accompagnés de “curly fries” (frites en tire bouchon). Cela change des chaînes de burger habituelles. Une bonne option est de prendre une sélection de sliders, des mini-sandwichs aux goûts variés (dont le Pizza Slider, plutôt amusant), et de se partager un French Dip Sandwich, un sandwich au rosbeef à tremper dans un bol de jus de viande pour bien imbiber le pain et la viande de jus. A noter également leur Ultimate Chocolate Shake, au chocolat Ghirardelli. Ils ont aussi souvent des promos intéressantes, type le Coke Float à 1$, ou les sliders et les small shake à 1$ entre 14 et 17h … Idéal pour faire une pause snack avant de repartir.

Puis rejoignez enfin le fameux Flatiron Building. De son vrai nom d’origine, le Fuller Building, cet immeuble de 22 étages est considéré comme l’un des tout premiers gratte-ciels au monde. Achevé de construire en 1902, c’est l’un des tout premiers buildings à structure entièrement métallique (c’est-à-dire que le poids de l’immeuble est porté uniquement par un squelette d’acier et non par les murs et la maçonnerie).   

flatiron

Le terme de flatiron pour un immeuble d’angle de forme triangulaire est lié à sa ressemblance avec un fer à repasser également triangulaire, appelé parfois flatiron (“fer plat”). Il avait été construit par la Fuller Construction Company, une société d’architecture et de construction qui décida de faire de son siège une démonstration technologique en construisant un immeuble très haut (22 étages), sur une base étroite, et de surcroît triangulaire, ne permettant pas de maintenir une assise suffisante pour un immeuble aussi haut, avec les techniques de maçonnerie habituelles. Seule l’utilisation d’un squelette en acier permis une telle prouesse à l’époque, une technique qui se généralisera très vite dans la construction de gratte-ciels et permis d’atteindre des hauteurs inimaginables quelques années auparavant (l’Empire State Building un excellent exemple de gratte-ciel à structure métallique). Seule l’arrivée beaucoup plus tardive des structures en béton modernes permit beaucoup plus récemment d’atteindre de nouveaux records. Mais à l’époque, la technique était très innovante, et d’ailleurs les locaux se rassemblaient devant le chantier et faisaient des paris pour savoir jusqu’où les débris du building seraient propulsés quand il serait inévitablement écroulé par un vent un peu trop violent. Cela n’arriva évidemment jamais, les ingénieurs de Fuller ayant calculé à l’époque que le bâtiment pouvait soutenir des vents 4 fois plus puissants que possibles à New York. En revanche, ce qu’ils n’avaient pas envisagé c’est que la forme inhabituelle et la position particulière du Flatiron Building dans l’alignement de Broadway et de la 5ème avenue, causerait des bourrasques de vent imprévisibles au niveau du sol en fonction de la direction des vents. Les jours de vent, les abords du building devinrent le rendez-vous régulier des curieux, qui tentaient d’apercevoir les jambes des promeneuses dont les jupes étaient régulièrement soulevées par le vent. Une particularité suffisamment étonnante pour qu’on retrouve des cartes postales d’époque évoquant le phénomène.

 

Puis redescendez la 5th Avenue d’un bloc vers le sud, et tournez à gauche derrière le Flatiron sur pour revenir sur Broadway, avec une vue splendide sur la Madison Square Park Tower. Sur votre droite à l’angle de Broadway et de la 22ème rue, se trouve le Wizard World Harry Potter New York, une immense boutique dédiée au fameux sorcier britannique, que vous pouvez explorer si vous êtes fan (ou moins fan) de la série de livres et de films. Elle est vraiment très bien achalandée, incroyablement décorée, et propose aussi bien des expériences en réalité virtuelle que la possibilité d’étancher sa soif en dégustant une butterbeer au bar de la boutique.

A noter sur le trottoir, juste dans l’alignement de la sortie du magasin sur Broadway, à droite du feu tricolore, une peinture minimaliste du street artist Paul Richard, représentant Batman. Un petit morceau d’art quasi anonyme d’un artiste qui joue volontairement sur l’inattention des passants (en espérant qu’elle n’ait pas été effacée depuis). 

Descendez Broadway sur 2 blocs, jusqu’au croisement de la 20th st. Vous y trouverez la fromagerie Beecher’s (ou Beecher’s Handmade Cheese) qui produit son fromage sur place, au cœur de Manhattan, dans une cuisine vitrée entièrement visible depuis l’intérieur du magasin. N’hésitez pas à goûter leur version du macaroni & cheese (ils proposent souvent des échantillons à déguster) qui est une de leurs grandes spécialités. L’histoire de Beecher a débuté en 2003 à Seattle, quand un ancien imprimeur ayant cédé son affaire familiale décida de se lancer dans la fabrication de fromage artisanal (sans aucune expérience préalable), en ayant pressenti que le marché était prêt pour un renouveau des petites productions locales. Son intuition venait de l’observation de l’évolution du marché américain de la bière à la fin du XXème siècle. En effet, à la fin des années 70, les Etats-Unis comptaient une grosse dizaine de marques de bière, gérées par de grands groupes industriels. Il n’y avait en tout et pour tout que 42 brasseries qui produisaient de la bière pour l’ensemble du marché américain. Suite à une évolution législative rendant plus simple la création d’établissements produisant des boissons alcoolisées, sont apparues progressivement des dizaines de micro-brasseries locales, produisant de petites quantités de bières de qualité, avec une grande variété de goûts, écoulées localement. 40 ans plus tard, il y a plus de 7000 brasseries aux Etats-Unis, et si les Budweiser et autres Coors occupent toujours une part majoritaire du marché de la bière, les petites bières indépendantes pèsent collectivement entre 20 et 30 milliards de dollars. Le fondateur de Beecher’s faisait alors le constat qu’un nombre limité de marques de fromages se partageaient le marché aux Etats-Unis, produisant un nombre extrêmement limité de produits différents. Ainsi, si vous visitez le rayon fromage d’un supermarché américain, vous constaterez que 80% à 90% du rayon est occupé par seulement une poignée de type de fromages différents, à savoir le cheddar, l’american cheese, la mozzarella, le blue cheese, le swiss et le pepper jack. C’est ainsi qu’ouvrit à Seattle la première fromagerie Beecher’s, en plein centre ville, dans un magasin qui produisait son fromage sur place devant les clients. New York fut choisie pour le second magasin/atelier de la marque. 

DETOUR 1 (0.9 km) : les townhouses historiques de Gramercy Park

Depuis la fromagerie Bleecher’s, bifurquez sur la 20ème à gauche et passez devant la maison où est né Theodore Roosevelt en 1858. Théodore Roosevelt connaîtra une vie haute en couleur, alternant successivement les casquettes d’écrivain à succès, gérant d’un ranch de bétail dans le Dakota, avant de revenir à New York briguer sans succès le poste de Maire. Puis il s’engagea dans les Rough Riders pour aller combattre dans la guerre Américano-Mexicaine où il s’illustra de manière qu’à son retour il se fit élire gouverneur de l’Etat de New York, avant de devenir finalement le très populaire 26ème président des Etats-Unis. Son amour de la nature sauvage fit de lui un ardent promoteur de ce qui allait devenir le réseau des National Parks, National Forest et National Monument pour préserver ce qui restait de l’Amérique sauvage découverte par les pionniers. Considéré comme l’un des plus grands présidents américains, son effigie est gravé sur le Mount Rushmore au côté des visages de George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln. Il a également laissé à la postérité son surnom “Teddy”, car c’est en son honneur que les ours en peluche sont appelés des Teddy Bears aux Etats-Unis. Il avait en effet été rapporté que durant une expédition de chasse, on avait capturé et attaché un ours à un arbre, puis proposé au président de l’abattre pour en faire un trophé, mais ce dernier avait refusé de s’abaisser à tuer un animal déjà en captivité, ce qui lui valut cette réputation d’amoureux ou protecteur des ours.

Le fait qu’il soit si peu connu ou reconnu en dehors des Etats-Unis est probablement lié au fait qu’un autre président au nom de Roosevelt connaîtra une postérité encore plus importante au milieu du XXème siècle. En effet, Franklin D. Roosevelt (ou FDR) sera le président du New Deal, pendant la grande dépression, puis celui de l’Amérique en guerre pendant le second conflit mondial. C’est le seul président à avoir été élu 4 fois d’affilée (même s’il n’ira pas au terme de son quatrième mandat, en décédant quelques mois seulement après les élections) et c’est d’ailleurs après son dernier mandat que la constitution fut amendée pour limiter à 2 les mandats des futurs présidents. FDR avait originellement un lien familial extrêmement ténu avec Théodore Roosevelt, mais en épousant Eleanor Roosevelt, sa cousine au 5ème degré, il s’en rapprocha beaucoup, car cette dernière était la nièce de l’ancien président.  

La maison devant laquelle vous passez n’est en réalité pas celle dans laquelle il est né : cette dernière fut en effet rasée pour faire place à un nouvel immeuble, mais peu après la mort du président, elle fut rebâtie à l’identique pour servir de musée à sa mémoire. On peut donc la visiter.

Poursuivez sur la 20th St jusqu’à Park Avenue que vous traverserez, pour continuer toujours sur la 20th St jusqu’à la 3rd Avenue, en longeant le Gramercy Park, l’un des deux seuls parcs privés de la ville. En effet ce joli parc est inaccessible au public : il fut construit en 1831, comme l’élément central d’un lotissement constitué de l’ensemble des constructions qui l’entourent directement. Il est donc possédé en copropriété par tous les propriétaires des lots attenants au parc. A ceci près qu’ils doivent régler des charges annuelles qui s’élèvent désormais à 7500$, pour maintenir leur droit d’accès et d’usage au parc. Les serrures permettant d’accéder au parc sont changées chaque année, et chaque copropriétaire qui a payé son dû reçoit deux clés. Le nombre d’usagers est donc relativement restreint, même si un hôtel construit sur l’une des parcelles de l’autre côté du parc, ainsi que deux clubs privés qui occupent désormais des anciennes résidences mitoyennes, donnent accès au parc à l’ensemble de leurs clients et membres.

Le quartier résidentiel qui entoure le parc est un quartier qui est resté relativement intact et proche de ce à quoi il ressemblait au milieu du XIXème siècle. Il est notamment bordé de jolies Brownstone Townhouses aux façades marrons foncées, d’hôtels particuliers mais aussi de Carriage Houses, ces anciennes remises et étables pour les carrioles et chevaux des riches propriétaires du quartier aujourd’hui transformées en petits cottages.

Continuez sur la 20th St le long du Gramercy Park jusqu’à l’angle sud-est du parc, où l’immeuble du 34 Gramercy Park E, qui date de 1883, est le premier immeuble en “coop” de Manhattan. Ces coopératives résidentielles sont une forme particulière de copropriété, assez répandue à New York, et qui diffère très sensiblement de la copropriété classique, où chaque copropriétaire possède un appartement en propre dans un immeuble, et seules les parties communes sont possédées collectivement par l’ensemble des copropriétaires. Dans une “coop”, vous possédez uniquement des parts dans une coopérative, qui elle-même possède l’ensemble de l’immeuble. Ces parts vous autorisent à occuper un appartement dont vous n’êtes pas directement propriétaire. Ce système permet d’instaurer des règles de conduite extrêmement détaillées et qui dépassent de loin le règlement de copropriété classique. Parmi ces règles, on trouve généralement l’interdiction de revente ou de cession des parts dans la coopérative selon votre bon vouloir : si vous déménagez, vous êtes contraints de céder vos parts à un prix prédéfini (généralement le même que celui auquel vous les avez achetées) à la coopérative qui se chargera de vous choisir un successeur, qui sera validé par l’ensemble des copropriétaires. 

Continuez sur la 20ème jusqu’à la 3rd Avenue, puis prenez à droite dans la 3rd Avenue, et encore à droite dans la 19ème rue. En revenant vers Park Avenue par la 19ème, le bloc sur votre droite entre la 3rd Avenue et Irving Place est surnommé Block Beautiful, et comprend de nombreuses maisons classées, du XIXème siècles pour la plupart. Egalement, sur le trottoir opposé, coincée entre deux immeubles, un très bel exemple de Carriage House (au numéro 124 de la rue).

Puis poursuivez sur la 19ème rue jusqu’à Park Avenue où vous tournerez à gauche pour rejoindre Union Square.

Depuis Bleecher’s à l’angle de la 20th St, continuez sur Broadway pour rejoindre Union Square. A noter en chemin, l’immeuble sur votre gauche, après la 19th St, en face du cinéma AMC, est le siège new-yorkais de Netflix. Si Netflix a son QG principal dans la Silicon Valley, à côté de San Francisco, car c’est avant tout une société de technologie, une start-up née dans la foulée de l’explosion d’Internet, la société est depuis devenue un producteur de contenu, et a par conséquent ouvert des bureaux à Los Angeles, pour profiter du savoir faire d’Hollywood, puis plus récemment à New York, la deuxième place d’importance dans la production cinématographique et télévisuelle aux États-Unis. Rejoignez l’angle nord-ouest de Union Square, au croisement de la 17th St et de Broadway. La présence d’un vaste parc à cet endroit de Manhattan est lié à l’intersection de deux routes majeures dans la campagne de Manhattan, au nord de la ville à proprement parler qui n’occupait initialement que la pointe sud de l’île. Se croisaient en effet ici la Bloomingdale Road, qui suivait l’ancienne piste indienne à travers Manhattan, et qui deviendra Broadway, et la Bowery Road, actuellement la 4ème avenue (qui se prolonge vers le nord en Park Avenue à partir de Union Square). L’angle aigu du croisement de ces deux voies de circulation permettait difficilement d’imaginer des immeubles au niveau de l’intersection, aussi, lors de création du plan de construction de la ville, il fut décidé d’y bâtir un parc, qui prit le nom de Union Square en 1831. Juste après la fin de guerre de sécession, l’accélération de l’urbanisation de Manhattan alors déplacer l’ancien quartier des théâtres (plus bas sur Broadway), autour de Union Square, puis finalement encore un peu plus haut sur Broadway. Ce n’est qu’après le départ de théâtre pour une localisation plus au nord que Union Square prit progressivement l’allure qu’il a aujourd’hui, profitant de la concentration des lignes de métro et tramway à son niveau pour évoluer vers un pôle de vente de marchandises en gros avec la construction d’entrepôts, puis d’immeubles de bureau. Puis, à la fin du XXème siècle, Union Square devint un pôle commercial important à Manhattan, de nombreuses grandes enseignes de la distribution s’implantant tout autour du square. On y trouvait (et on y trouve encore) la plupart des enseignes des Malls (centres commerciaux) des villes périphériques, mais plus rarement dans les centres villes, comme la librairie Barnes and Nobles, le vendeur de nourriture et accessoire pour animaux domestiques Petco, le magasin de fourniture de bureau Staples, le vendeur d’électronique et d’électroménager Best Buy, ou encore un immense magasin ToysRus fermé depuis. Union Square accueille également un farmers market, le Union Square Greenmarket, tous les lundi, mercredi, vendredi et samedi de 8h à 18h. 

En revanche, aucun gratte-ciel majeur ne borde le Square : les hauts buildings que vous apercevez ça et là dans la perspective sont en réalité plusieurs rues en retrait dans le quartier environnant. Cependant, dans l’alignement de la 17th St, en regardant vers l’Est (à votre gauche quand vous débouchez de Broadway); vous apercevrez avec un fronton néo-classique (colonnes et chapiteau), mais surmonté d’une coupole en verre nettement plus moderne. Il s’agit d’un bâtiment historique, le Tammany Hall, qui abritait au XIXème siècle la très influente Society of Saint Tammany. Créée en 1786, juste après la guerre d’indépendance, cette organisation politique était conçue à l’origine comme servant les intérêts des supposés “vrais” américains, en opposition à ceux qui gardaient encore des attaches européennes (via une immigration plus récente ou philosophiquement). Et pour valoriser cette identité américaine, la “Tammany Society” prit un nom inspiré d’un grand chef améridien, Tamanend, leader du clan de la tortue de la nation Lenape, des indiens de la vallée du Delaware. Les réunions du club se tenaient dans des halls appelés “wigwams” (habitation traditionnelle amérindienne), sous l’autorité d’un “grand sachem”, et ainsi de suite, avec tout un décorum inspiré des us et coutumes amérindiennes. Mais très vite, les activités du club évoluèrent vers l’activisme politique local, et le Tammany Hall de New York devint progressivement la “political machine” du parti Démocrate, c’est-à-dire une organisation de terrain, chargée de trouver et d’encadrer les militants, par des techniques généralement hautement clientélistes. Ce fut notamment le cas avec la vague d’immigration irlandaise à New York, qui fut très largement embrigadée dans les rangs des démocrates New-Yorkais, à force d’avantages en nature (un emploi, un logement …) contre une mobilisation sans faille les jours de scrutin. Le pouvoir politique sur la ville des “boss” successifs du Tammany Hall allait ainsi aller croissant pendant tout le XIXème siècle et la première partie du XXème, avec également une dérive progressive du mouvement politique en une sorte de mafia corrompue et corruptrice. De fait, l’organisation sera longtemps étroitement liée aux street gangs de la ville qu’elle utilisait pour ses basses besognes, en échange d’une protection politique (comme le met en scène le film Gangs of New York de Martin Scorsese). Mais le Tammany Hall affaibli par les révélations d’affaires de corruption pendant la prohibition, puis par l’influence grandissante de Franklin Roosevelt au sein du camp démocrate, vit ses forces décliner très rapidement après la guerre, et disparut complètement dans les années 60. Aujourd’hui, le bâtiment qui fut au cœur de la vie politique de New York pendant des décennies, a été converti en espace de bureaux.

Traversez la 17th St et avancez le long de Union Square, dans le prolongement de Broadway. Sur votre droite, le Decker Building, un peu avant l’angle de la 16th St, dénote des édifices environnants, non par sa taille (il ne fait que 11 mètres de large), mais par sa décoration particulièrement soignée (d’inspiration mauresque et vénitienne). Construit en 1892 pour un fabricant de piano, l’édifice est plus connu pour avoir hébergé pendant 5 ans le studio d’Andy Warhol, où furent peintes et reproduites de nombreuses de ses œuvres les plus connues. C’est également dans cette Factory que Warhol tourna des dizaines de films expérimentaux. Juste à sa gauche, directement à l’angle de la 16th Street, l’immeuble de la Bank of the Metropolis date pour sa part de 1902. S’il est également extrêmement étroit sur sa façade donnant sur Union Square, il dispose à la différence du Decker Building, d’une très longue façade sur la 16th Street. Gratte-ciel à structure métallique, il a été construit par la Fuller Construction Company la même année qu’elle inaugurait son siège au Flatiron Building (alors Fuller Building). L’immeuble a été converti à usage résidentiel dans les années 1970.

Puis traversez Union Square en direction de la statue d’Abraham Lincoln, érigée en 1870 soit à peine 5 ans après son assassinat au début de son deuxième mandat, juste après la fin de la guerre de sécession. Rien de bien étonnant à ce que ce président soit honoré sur Union Square, le square de l’Union, lui qui avait tout fait pour éviter l’éclatement de l’Union, et ira jusqu’à une guerre civile fratricide pour garantir le maintien de tous les Etats au sein de l’Union. Puis rejoignez le centre de Union Square où se dresse un immense mât, l’Independence Flagstaff. Ce mât où flotte la bannière étoilée a été érigé en 1926, pour fêter les 150 ans de l’indépendance américaine. Il est d’ailleurs gravé à sa base une citation de Thomas Jefferson, l’un des pères fondateurs de la démocratie américaine : “How little do my countrymen know what precious blessings they are in possession of and which no other people on earth enjoy” (Ô combien peu nombreux sont mes compatriotes à comprendre les précieuses bénédictions qui sont en leur possession, et dont aucun autre peuple sur terre ne profite). En réalité, ce mât monumental a été financé par le Tammany Hall, et devait originellement commémorer la mémoire de Charles F. Murphy, l’un des boss de l’organisation politique qui venait de décéder. Mais à l’époque de son installation, l’association se débattait dans des scandales de corruption à répétition, et l’opinion publique voyait d’un assez mauvais œil l’idée d’honorer sur le square de l’Union, une figure d’une organisation de plus en plus controversée. Aussi fut-il décidé in extremis de transformer le monument en mémorial à la gloire de l’indépendance, sujet nettement moins problématique.

Rejoignez l’allée courant le long du côté Est du square et continuez vers le sud. Vous passerez devant une statue qui vous tourne le dos : vous n’aurez sans doute pas reconnu Gilbert du Motier, plus connu sous le nom de Marquis de Lafayette, militaire et aristocrate français ayant combattu aux côtés des Américains dans la guerre d’indépendance, et particulièrement respecté outre-atlantique. Érigée en 1876, pour les 100 ans de l’indépendance américaine, la statue est l’œuvre de Frédéric Auguste Bartholdi, à qui l’on doit également la statue de la liberté. Elle fut financée par les résidents français de New York de l’époque.

Enfin, au sud du square, se dresse une statue équestre monumentale de George Washington, le président américain le plus respecté par ses compatriotes toutes époques confondues, artisan de l’indépendance américaine et premier président de la toute jeune république. Elle date de 1856 et est la plus ancienne statue dans les collections des New York City Parks. Sortez du square par le sud.

Dernier élément architectural notoire sur Union Square, en face de vous sur la gauche se trouve le Metronome, une installation artistique géante sur la façade de l’immeuble localisé au sud du square, sur la 14th St, entre Broadway et la 4th Avenue. La partie droite évoque à la fois une horloge, l’ondulation à la surface d’un liquide dans lequel on aurait jeté une pierre autour d’un épicentre d’où de la fumée jaillit périodiquement. Sur la partie gauche de l’immeuble, une immense horloge numérique égraine les heures, minutes, secondes et dixième de secondes écoulées depuis minuit, tandis que la partie droite des chiffres compilent les secondes, minutes et heures restant avant le prochain minuit. L’horloge numérique fonctionne ainsi comme un sablier avec le temps s’écoulant de la droite vers la gauche (les numéros à droite diminuent tandis que ceux de gauche augmentent dans le même temps). Parfois, l’horloge numérique est également utilisée pour égrainer le temps restant avant un événement particulier, comme les jeux olympiques, ou plus récemment, le temps supposé restant avant que la concentration de carbone dans l’atmosphère ne rende le changement climatique irréversible.

Si vous avez besoin d’une petite pause pour prendre un verre ou vous rassasier, la cafétéria au premier étage du Whole Foods Market a une vue magnifique sur Union Square : vous pouvez y déguster librement tout ce que vous aurez acheté dans le rez-de-chaussée de cette grande surface bio, aujourd’hui rachetée par le géant du e-commerce Amazon. L’immense salad bar est notamment une bonne option pour ceux qui veulent changer de la street (qui a dit “junk” ?) food.

A noter également, à l’intérieur de l’agence bancaire Capital One qui fait l’angle de Broadway (juste à gauche du Whole Foods Market), se cache un petit coffee shop de la marque californienne Peet’s Coffee. Allez jeter un œil à cette enseigne très répandue dans la baie de San Francisco, elle vous rappellera sans doute autre chose : une atmosphère cozy et moderne, des boissons caféinées variées et originales, préparées à la commande, même les couleurs rappellent la chaîne mondialement connue Starbucks Coffee. Ce n’est pas un hasard, mais pas dans le sens qu’on pourrait croire. En effet, l’enseigne Peet’s Coffee est née à  Berkeley en 1966 sous l’impulsion de son fondateur, Alfred Peet. Cet amoureux du café torréfiait lui-même son café, qu’il importait des 4 coins du monde, pour proposer le meilleur café de la Bay Area. Son commerce prospéra autour de San Francisco. Et Jerry Baldwin, un jeune étudiant de l’Université de Berkeley travailla un temps avec Alfred Peet dans la boutique d’origine de Peet’s Coffee. Puis, une fois rentré à Seattle après ses études, avec deux associés, il lança sa propre enseigne, Starbucks Coffee, sur un modèle vraiment très similaire, qui allait devenir le géant mondial des coffee shops qu’on connaît. Ainsi Jerry Baldwin serait devenu milliardaire en faisant fructifier un concept qu’il aurait volé à Peet’s Coffee ? Pas du tout : le succès planétaire de Starbucks n’arriva qu’après son rachat à ses fondateurs en 1987 par Howard Schultz, un ancien manager de chez Starbucks. Et que firent Jerry Baldwin et ses deux associés après avoir revendu Starbucks ? Ils utilisèrent l’argent de la vente pour racheter Peet’s Coffee, et sont toujours aujourd’hui à la tête de la société.

Descendez donc Broadway. A l’angle de la 13th St sur votre droite, s’élève le splendide Roosevelt Building, érigé en 1893. ll n’est pas nommé en l’honneur de Théodore ou Franklin Roosevelt (le premier ne sera pas président avant 1902, et le second n’avait qu’une dizaine d’année à l’époque de la construction), mais bien parce qu’ils furent financés par des membres de la très riche famille Roosevelt dont sont issus les deux futurs présidents. Les Roosevelts descendent tous d’un immigrant hollandais, Claes van Rosenvelt, arrivé dans ce qui était encore la Nouvelle Amsterdam au milieu du 17ème siècle. En 1652, il acheta une ferme de 50 acres au milieu de Manhattan, alors que la ville n’occupait encore que la pointe sud de l’île. Cet immense terrain fera la richesse de ses descendants, alors que la progression de l’urbanisation vers le nord leur fournira l’opportunité de les revendre à très bon prix plusieurs siècles plus tard. Le Roosevelt Building building présente de magnifiques détails en terre cuite (céramique).

Traversez la 13th St et continuez sur Broadway vers le sud. Sur votre gauche, le Forbidden Planet est un temple de la science-fiction, des comics (bandes dessinées américaines), du manga et de tout ce qui se collectionne de près ou de loin dans la culture populaire. Le magasin (qui fait partie d’une petite chaîne de magasins de science-fiction anglaise, originaire de Londres) doit son nom au film Forbidden Planet, sans doute le plus grand classique du cinéma d’anticipation des années 50, véritable pionnier de la science-fiction moderne. Ce fut en effet le premier film à mettre en scène des voyages humains à la vitesse de la lumière, le premier à se dérouler entièrement sur une planète extrasolaire, le premier à mettre en scène un robot dans un vrai rôle secondaire (Robby the Robot), et le premier film à présenter une bande originale entièrement composée de musiques électroniques. 

Juste à droite du Forbidden Planet, les amateurs de livres d’occasion pousseront la porte du Strand Bookstore, et ses “18 miles (29 km) de rayonnages de livres ”neuf, d’occasion, de collection ou de manuscrits rares”, selon leur slogan (en réalité, le magasin ayant été plusieurs fois agrandi, il possède aujourd’hui plus de 23 miles de rayonnage, mais les propriétaires préfèrent faire leur publicité sur un slogan inchangé). Ce magasin ouvert à la fin des années 20 est aujourd’hui une véritable institution à New York, et un défenseur acharné des commerces indépendants. En 2018, les propriétaires bataillèrent contre la ville pour tenter d’empêcher que leur immeuble soit classé monument historique, jugeant qu’ils n’avaient rien demandé et que le statut ne ferait qu’augmenter leurs charges à cause des réglementations pléthoriques. En 2020, en plein pandémie, le Strand licencia de manière spectaculaire la quasi totalité de ses salariés pour dénoncer le fait de ne pas être connu un “essential business” autorisé à ouvrir ses portes pendant le confinement partiel de la ville. C’était la première fois en 93 années d’activité, malgré la grande dépression et la seconde guerre mondiale, que Strand avait recours au licenciement.

Descendez encore un bloc sur Broadway en passant devant le Flight Club sur votre gauche, la mecque des chaussures de basket, exposées sur les murs de la boutique comme dans un musée. Le choix est immense, pour des modèles souvent très rares, mais les prix sont en conséquence, souvent plusieurs centaines de dollars la paire, parfois plus … À visiter comme une curiosité si vous n’êtes pas un collectionneur averti de sneakers

Rejoignez l’angle de la 11ème rue. Un peu plus bas sur Broadway, vous apercevez la flèche et la façade de la Grace Church, une très belle église épiscopale de style néo-gothique française, datant de 1847. C’est un des rares bâtiments à avoir été construit en marbre de Sing Sing. La prison d’Etat de Sing Sing, localisée au nord de New York City, sur l’Hudson River, est une prison de haute sécurité qui fut fondée en 1826. Mais quand les premiers prisonniers arrivèrent sur place, ils purent constater qu’aucun bâtiment n’avait encore été construit : ce sont les prisonniers eux-mêmes qui extrayèrent les blocs de marbre de la carrière voisine pour bâtir leur propre prison. Une fois celle-ci construite, ils continuèrent l’excavation du marbre qui permit de bâtir notamment le State Capitol de l’Etat de New York, et la Grace Church de Manhattan. La prison de Sing Sing est surtout connue pour avoir hébergé pendant des années la chaise électrique qui sera utilisée dans l’éxécution de 614 détenus entre sa mise en service en 1922 et l’abolition de la peine de mort dans l’Etat de New York en 1972.

Tournez à droite sur la 11th St, et rejoignez University Place. Le quartier change quasi instantanément. Loin de l’agitation commerciale de Broadway, on bascule dans le quartier étudiant de NYU, la New York University dont les bâtiments essaiment dans les rues alentour, notamment autour de Washington Square Park. Alors que la hauteur des bâtiments résidentiels décroît, vous commencez à voir apparaître les fameux escaliers et échelles métalliques sur les façades des buildings. Cette caractéristique architecturale fortement ancrée dans l’imaginaire de la ville de New York est née de l’évolution progressive des législations sur le risque incendie, alors que se multipliaient dans la première moitié du XIXème siècle, les catastrophes médiatisées dans lesquelles des familles entières périssaient dans les flammes faute d’avoir pu évacuer à temps un immeuble dont l’escalier avait été condamné par la progression de l’incendie. Aussi fut-il décidé d’obliger les immeubles hébergeant plusieurs familles d’avoir au moins deux escaliers distincts. La plupart des petits buildings étaient trop exigus pour permettre d’installer un second escalier à l’intérieur du bâtiment, aussi on les installa en façade, soit comme des rajouts sur d’anciens édifices à mettre aux normes, soit en intégrant désormais directement ces escaliers métalliques dans l’architecture des nouveaux bâtiments.

Prenez à gauche dans University Place, une artère qui ne s’étend que sur 7 blocs en longueur, entre le Washington Square Park et Union Square. A noter que dans le cadre du programme Open Streets de la ville de New York, cette rue est piétonnière le week-end, de 8h30 à 21h. Après avoir dépassé la 10th St, sur votre gauche, le Bob’s Bagel est une échoppe locale de bagels notamment fréquentée par les étudiants. Les bagels font désormais partie du patrimoine culinaire de New York City, et de tous les Etats-Unis, mais ils ont été rapportés de Pologne par les immigrés juifs ashkénazes dans la deuxième partie du XIXème siècle. Ces petits pains ronds en forme d’anneau sont élaborés à partir de farine de blé, de levure, d’eau et de sel, mais ont la particularité d’être d’abord cuits un court instant dans l’eau bouillante avant d’être dorés au four. Cela donne au bagel une texture très dense, un peu pâteuse et fondante à l’intérieur, et légèrement croustillante à l’extérieur. La version la plus new-yorkaise du bagel (et aussi la plus select) est le “Bagel with lox and schmear”, un bagel coupé en deux, tartiné avec du cream cheese, et recouvert de saumon fumé (lox).

En croisant la 8th St, vous pouvez jeter un œil au Village Party Store, un bazar de costumes et d’articles de fête qui vous rappellent qu’Halloween est bien une institution encore très vivante aux Etats-Unis, et notamment dans le quartier de Greenwich Village dans lequel vous entrez progressivement, et où se déroule chaque année la Village Halloween Parade, la plus grande parade d’Halloween au monde. Défilent ainsi d’immenses chars animés, des marionnettes géantes (squelettes et autres créatures de la nuit …), une cinquantaine de fanfares, et des dizaines de milliers de badaux costumés, le port d’un costume d’Halloween étant l’unique obligation pour pouvoir participer au défilé.

Continuez encore un demi-bloc sur University Place et tournez à droite sur Washington Mews, une petite rue semi-privée qui coupe en deux le bloc entre la 8ème rue et le Washington Square Park. C’est l’un des derniers exemples de contre-allée comme il en existait beaucoup à une époque, et qui permettait de desservir les maisons situées côté rue, par des arrières cours où se trouvaient les écuries (les parkings de l’époque en somme). Les écuries d’hier sont aujourd’hui des petites maisons de ville qui s’arrachent à prix d’or, et qui d’ailleurs sont louées à long terme par NYU qui y loge certains professeurs, ou bien les a transformées en bureaux. Une fois que vous aurez atteint la 5ème avenue, prenez deux fois à gauche pour revenir de l’autre côté, sur Washington Square North, où vous pourrez admirer les maisons au style très anglais qui bordaient tout le parc originellement. 

Traversez Washington Square Park, cœur du quartier étudiant de NYU (New York University) dont le campus est dispersé dans de nombreux immeubles adjacents (quasiment tous les bâtiments sur la bordure Sud et Est du parc font partie du campus de l’Université). Rejoignez tout d’abord la Washington Square Arch. Imaginez maintenant qu’en 3 siècles cet espace autour de vous fut successivement l’emplacement d’un village d’indien Lenape avant qu’ils ne soients chassés, puis des champs cultivés par des esclaves noirs, puis des champs propriétés des mêmes esclaves une fois affranchis par la Compagnie des Indes Hollandaises. Puis l’espace fut racheté par la ville pour servir de cimetière pour les indigents (il reste environ 20 000 personnes enterrées sous vos pieds), puis de terrain d’entraînement pour la milice (military parade ground). Ce n’est qu’en 1889, pour l’anniversaire des 100 ans de l’élection de Washington comme premier président des Etats-Unis que le parc prit son nom définitif, et que l’arche en sa mémoire fut finalement construite (sur le modèle de l’Arc de Triomphe de Paris).

Le tiers le plus à l’ouest du parc était également séparé de la partie est par un cours d’eau, la Minetta Creek, qui s’écoulait depuis une source proche de l’actuel Union Square, jusqu’à l’Hudson River. Progressez vers l’angle nord-ouest du parc. Sur la gauche avant la sortie dans l’angle, se trouve un arbre assez massif, surnommé Hangman’s Elm. Cet orme est l’un des plus vieux arbres de toute l’île de Manhattan, les forêts d’origine ayant été pour la plupart coupées pour faire place aux constructions (et avant cela aux cultures), et quasiment tous les arbres présents dans les parcs ayant été replantés depuis. On estime qu’il a plus de 300 ans et la légende voudrait que les traîtres étaient pendues à ses plus hautes branches pendant la révolution américaine (une affirmation sans doute infondée, car situé sur la rive ouest de la Minetta Creek, il était sur un terrain privé, et non dans la partie publique à l’est de la rivière.

A noter que l’immeuble que vous apercevez derrière cet arbre, et qui fait l’angle, fut pendant quelques années la résidence privée d’Eleanor Roosevelt, après le décès de son mari Franklin Delano Roosevelt au début de son deuxième mandat présidentiel (Franklin Roosevelt était atteint de poliomyélite et se déplaçait le plus souvent en fauteuil roulant, même s’il était rarement photographié avec, pour des raisons de communication publique).

Rejoignez l’angle sud-ouest du parc, où se trouvent des bancs et des tables incorporant des échiquiers, où des joueurs d’échecs vous proposent de les affronter dans une partie rapide (blitz) pour quelques dollars. Mais attention, le niveau est élevé et les joueurs qui attendent aux tables gagnent leur vie ici. On les appelle des chess hustlers, au sens propre des arnaqueurs aux échecs. Ils ne trichent pas forcément, mais se sont de vrais embobineurs, qui feront tout pour vous faire asseoir à leur table et lâcher un billet de 5$. Ils peuvent proposer une partie à 5$, un pari à 5 ou 10$ au gagnant du match, où même un petit cours ou un puzzle à résoudre. Mais quand ils jouent en mode compétitif, certains ne reculent devant rien pour gagner : déconcentration, détournement d’attention, et parfois même un déplacement illégal ou un échange de pièces plus ou moins discret ! Ce sont tous de très bons joueurs, mais surtout ils sont particulièrement rompus au jeu rapide qui est pratiqué sur ces bancs (personne ne jouera une partie d’une heure avec vous), et savent mettre la pression même aux plus grands joueurs pour les déconcentrer.

Quittez le parc par la sortie dans l’angle sud-ouest et continuez sur West 4th Street en direction de la 6th Avenue. La 6ème avenue est la séparation officieuse entre Greenwich Village à l’Est (autour du Washington Square Park), et West Village à l’Ouest (on utilise également l’appellation générique de Greenwich Village pour désigner l’ensemble des deux quartiers réunis). L’appellation de “village” ne provient pas du fait que ces quartiers fonctionnent comme des petits villages à l’intérieur de la ville, mais bien du fait que cette partie de Manhattan abritait de petits villages entourés de fermes dès l’époque coloniale hollandaise.

De l’autre côté de la 6ème avenue, vous pouvez apercevoir l’échoppe de Papaya Dog. Historiquement, la première échoppe à vendre des hot dogs accompagnés de jus de fruits exotiques fut celle de Papaya King, en 1932. Le concept fit des émules, dont Gray Papaya et Papaya Dog. Ce dernier avait toujours plus ou moins été la version à moindre coût de la formule gagnante, qui resta longtemps célèbre pour ses petits-déjeuner à 1$ dans l’échoppe qui faisait face à l’Empire State Building et qui n’aura pas résisté à la pandémie du Covid. Comme vous pouvez le constater sur les prix affichés sur la devanture, l’inflation a fait son œuvre et le Papaya Dog d’aujourd’hui peut difficilement prétendre à proposer un repas pour une bouchée de pain comme naguère. 

Tournez à gauche dans la 6ème avenue et longez le petit parc puis les terrains de street basketball (officiellement West 4th Street Courts, mais généralement appelés The Cage par les habitués) derrière les grillages. En général, il y a toujours de bons joueurs qui squattent les terrains, mais l’été, il y a des tournois informels à 18h tous les jours de la semaine, et à 15h, 16h30 et 18h tous les week-ends. Sachez que des stars de la NBA ont usé leurs semelles sur ces terrains. On y joue un basket musclé, moins aérien et en mouvement que le basket traditionnel, notamment à cause du fait que les terrains sont vraiment petits et qu’on manque de place.

Continuez sur la 6th Avenue et traversez la West 3rd Street, puis poursuivez jusqu’à l’intersection suivante où vous tournerez à gauche sur Minetta Lane puis à droite sur Minetta Street  : vous oublierez l’espace d’un instant que vous êtes dans une mégalopole de 10 millions d’habitants, en comprenant pourquoi ce quartier a conservé son surnom de The Village. La Minetta Street est une petite allée qui suit l’ancien cours de la Minetta Creek, la rivière qui traversait le Village. Elle a été depuis progressivement recouverte, après avoir été théoriquement détournée un temps par un système de canalisation vers l’Hudson River. En réalité, il est assez probable que la rivière continue de couler dans le sous-sol de Manhattan, plus ou moins le long de son cours originel. En attestent les inondations en cave de certains immeubles sur son tracé, ainsi que les difficultés rencontrées sur des chantiers de construction sur son ancien lit. Sur cette ancienne carte de Manhattan, on retrouve à la fois le tracé primitif des rues de la ville, très proche du tracé actuel, et celui de la Minetta Creek, qu’on voit bien prendre sa source à proximité de Union Square, traverser le Washington Square Park, et suivre la Minetta Street (en haut à gauche) :

Avancez jusqu’au milieu de la rue, à l’endroit où elle fait un léger angle . Sur votre gauche, au-dessus du restaurant mexicain (apparemment fermé depuis le Covid), on note la présence d’une ancienne enseigne sur le mur en briques du bâtiment indiquant : “Fat Black Pussycat theatre”. Cette petite salle de concert/night club connût son apogée pendant les années 50 et 60, celles de la Beat Generation et du début de la folk music. Le jeune Bob Dylan, encore inconnu du grand public chantait régulièrement dans cette boite, au tout début des années 60, et il y aurait écrit son premier grand tube, Blowin’ in the Wind, en 1962. 

Juste après l’angle, l’immeuble du 5-7 Minetta Street, toujours sur votre gauche, est un des plus anciens du quartier. Il aurait plus de 200 ans, et fut sans doute construit quand la Minetta Street faisait encore partie de Little Africa, un des quartiers noirs de Manhattan, développé autour des fermes et champs cultivés par les anciens esclaves de la colonie hollandaise. On peut aisément deviner qu’il est beaucoup plus ancien que les autres immeubles environnants, du fait de son enfoncement dans le sol : il n’a pas été construit en dessous du niveau de la rue, c’est la chaussée qui s’est progressivement élevée, laissant le rez-de-chaussée de l’immeuble à moitié enterré. Et c’est justement dans ce rez-de-chaussée que le réalisateur Sidney Lumet choisit de faire loger Al Pacino dans son film Serpico, comme on peut le voir sur cette image tirée du film :

Tourné dans les années 70, le lieu n’a pas vraiment changé, même la couleur de l’immeuble est restée la même. En revanche, à l’époque, le Fat Black Pussycat était encore en activité comme on peut le deviner à l’arrière-plan.

Le film de Sidney Lumet raconte l’histoire véridique de Frank Serpico, un agent de la police de New York qui, à la toute fin des années 60, dénoncera la corruption généralisée dans les rangs de la police de la ville, sans pouvoir obtenir l’oreille de ses patrons. Il finira par recevoir une balle en plein visage, au cours d’une opération anti-drogue où ses collègues de travail semblent lui avoir refusé tout appui, avant de le laisser se vider de son sang sans appeler les secours. Serpico survivra, mais finira par quitter le NYPD, isolé, incapable de continuer à faire son travail correctement. Pourtant, son histoire finira par avoir des répercussions sur l’organisation de la police de New York qui sera profondément réformée dans les années qui suivirent. Travaillant dans le quartier de Williamsburg, Serpico habitait effectivement bien dans le Village, mais quelques rues plus loin. Le film de Sidney Lumet dépeint avec vivacité et vérité le New York de la fin des années 60, début des années 70.

Rejoignez l’angle de Minetta Street, Bleecker Street et de la 6ème avenue. Puis traversez la 6ème pour vous engouffrer dans Bleecker St, où vous découvrirez un quartier italien authentique, moins connu que la fameuse Little Italy, mais aussi moins touristique.  Immédiatement sur votre gauche, après le Sweetgreen (une chaîne de salade à la demande similaire à Chop’t), se trouve la pâtisserie de Molly’s Cupcakes. Vainqueur de la première saison de Cupcake Wars en 2009 (une émission culinaire faisant affronter les meilleurs pâtissiers de cupcakes des Etats-Unis), cela reste une des meilleures adresses pour goûter cette spécialité américaine (les cupcakes étant des mini muffins fourrés et/ou nappés d’un glaçage). D’autant que les prix restent raisonnables par rapport à beaucoup d’autres pâtisseries. Notre préféré était le Peanut Butter Chocolate Cupcakes (aka snickers cupcakes), mais il semble avoir été remplacé par une version beurre de cacahuète nutella. Également, à l’angle de Carmine St, sur votre droite, face au petit square, Joe’s Pizza sert d’excellentes pizza by the slice à des prix raisonnables. Mais attention, si vous avez faim, gardez de la place, car la suite de la rue est pleine de bonnes adresses en matière de gastronomie locale !

Un peu plus haut sur Bleecker St, le Murray’s Cheese Shop est une véritable institution new-yorkaise qui possède ses propres caves pour affiner ses fromages, et prépare sa mozzarella fraîche tous les jours en boutique. Faites un tour dans la fromagerie, mais n’hésitez pas non plus à pousser la porte de leur Murray’s Mac & Cheese à l’angle de Leroy St pour partager un Murray’s Melt, un sandwich au pain épais et au mélange secret de fromage fondu : à tomber par terre, la rolls des grilled cheese sandwichs. Ils proposent aussi leurs déclinaisons de mac&cheese (macaronis au fromage), en version classique ou gourmet (aux oignons caramélisés, bacon, voire même au homard). Prenez des échantillons snack mac à différents goûts, ou partagez un énorme family mac à plusieurs, mais là encore, le marathon gastronomique n’est pas terminé.

Juste après la fromagerie Murray’s, la boutique voisine, Faicco’s Italian Specialties vaut également le coup d’œil, voire de fourchette ou de dent ! Et pour une petite touche de sucré, le Cones Ice Cream Artisans à l’angle de Morton St est une bonne option (les prix sont par contre un peu élevés, n’hésitez pas à partager un gros pot 4 parfums pour alléger la note comme votre estomac). Leur glace au maïs (corn ice cream) est une de leur spécialité originale. A noter également plus haut sur Bleecker St, à l’angle de la 7th avenue, Bleecker Street Pizza, qui reçoit régulièrement le prix de la meilleure pizza de New York. La slice de cheese pizza est à 3.50$. Elle est très bonne, mais de là à dire que c’est la meilleure de New York … A vous de voir si le cœur vous en dit.

Prenez à gauche sur Morton St. Sur votre gauche, The Doughnut Project propose un large assortiment de donuts gourmet : c’est cher (4-5$ le donut), mais ici le donut est élevé au rang de spécialité pâtissière sophistiquée, avec des goûts et des associations de saveurs inédites et souvent très originales. Avant d’être la nourriture préférée de la police américaine (en tout cas si l’on en croit les Simpson’s), le donut (ou doughnut) est une recette hollandaise de beignet. Mais ce sont bien les Américains qui vont lui donner sa forme traditionnelle en anneau. On distingue les donuts «normaux», qui sont confectionnés avec une pâte à beignet qui a préalablement levé, et les cake donuts, préparés à partir d’une pâte à gâteau non levée (généralement plus petits et plus denses).  Dans les deux cas, les donuts sont ensuite frits, puis le plus souvent glacés (glazed) (ou parfois simplement saupoudrés de sucre et de cannelle dans le cas des cake donuts). Le goût est donc principalement apporté par la recette du glaçage. Il existe aussi des donuts sans trou central, souvent ronds mais parfois aussi carrés, qui peuvent être remplis de crème (filled donuts). Enfin, les doughnuts holes sont des petits beignets tout ronds qui correspondent à la pâte retirée du centre des donuts en anneau. Avant de devenir un problème de santé publique, les qualités hautement nutritives du donut furent utilisées par l’Armée du Salut qui en distribuait pendant la Première Guerre mondiale et la Grande Dépression : un effort salué chaque premier vendredi de juin à l’occasion du National Donut Day

Au croisement de la 7th Avenue, vous pouvez faire une petite incursion vers le nord pour jeter un œil à la devanture du Greenwich Locksmiths, entièrement composée de milliers de clés soudées entre elles. Puis revenez sur Morton St et tournez à droite sur Bedford St. En traversant ces rues, c’est à peine si vous entendez la circulation, et à certaines heures les enfants jouent au football dans la rue, comme dans une lointaine banlieue résidentielle. 

La petite maison en brique rouge sur votre droite au 70 Bedford St date de 1807, ce qui en fait l’une des plus anciennes maisons de New York. Le deuxième étage n’était pas présent à l’origine et a été rajouté en 1858. Sur le trottoir opposé, au 75 1/2 Bedford St vous passerez devant l’immeuble le plus étroit de New York : large de seulement 2m90, il est cependant assez profond, offrant au final un peu plus de 90 m2 habitable sur ses 3 niveaux. Cary Grant aurait habité cette maison au début des années 20, lorsqu’il montait sur les planches du Cherry Lane Theatre, un théâtre situé pas très loin et qui louait la maison pour loger ses acteurs. Si vous êtes tenté, sachez qu’elle est estimée à un peu plus de 4 millions de $, ce qui fait cher du mètre carré. Le fait qu’elle soit numéro avec un “½” dénote qu’aucun bâtiment n’existait à cet emplacement lorsque la rue fut numérotée. Et en effet, cet espace entre les deux buildings adjacents était la voie d’accès appartenant à la maison à sa droite, utilisée pour aller garer la carriole à cheval derrière le bâtiment. Cette maison, au 77 Bedford Street, est la plus ancienne de tout le Village, datant probablement de 1799. Lorsqu’elle fut édifiée, il n’y avait aucun autre bâtiment alentour. Et elle était entièrement en bois, la façade de brique sur Bedford Street ayant très probablement été rajoutée plus tard, au milieu du XIXème siècle. Avancez jusqu’au coin de la rue, et vous constaterez que les autres façades de la maison sont en bois. Quant aux deux ouvertures sur des murs de briques, ce sont simplement les faces arrières des deux cheminées que l’on voit pointer au-dessus de la maison. Elles ne furent pas recouvertes de bois probablement pour éviter les risques d’incendie.  

Prenez à gauche sur Commerce St. Sur votre gauche, le Cherry Lane Theatre n’était qu’un silo à grain pour une ferme voisine lorsqu’il fut construit en 1817. Il fut successivement converti en brasserie, puis en entrepôt à tabac, avant d’être racheté par une troupe d’acteurs pour en faire un théâtre en 1923. C’est ici que joua le jeune Cary Grant lorsqu’il était logé par le théâtre au 75 1/2 Bedford St. Le Cherry Lane Theatre est le plus ancien théâtre “off-broadway” de New York (la notion de broadway theatre ou off-broadway theatre n’a rien à voir avec la localisation du théâtre, mais avec sa taille : les premiers font plus de 500 places, tandis que les secondes font entre 100 et 500 places). Spécialisé dans le théâtre alternatif et d’avant garde, il fut l’un des premiers à jouer les pièces du théâtre de l’absurde et notamment de Samuel Beckett dans les années 50. Dans les années 80, les jeunes acteurs John Malkovich et Gary Sinise firent leurs premiers pas sur ses planches.

Juste après la jonction avec Barrow St, un petit portail  sur votre droite, entre deux immeubles du 72 Barrow St, conduit à une cour intérieure bordée d’immeubles qui donne un aperçu du calme qu’on peut finalement trouver au cœur de New York, loin de la furie de Wall St ou Times Square. Poursuivez sur Barrow St jusqu’au croisement de Hudson St. Sur le trottoir d’en face à droite, se trouve l’entrée du St Luke in the Fields Garden, un autre havre de paix insolite au cœur du Village. Normalement vous pouvez traverser le jardin, poursuivre derrière l’église et ressortir de l’autre côté de l’église de St Luke in the Fields (“Saint Luc dans les champs”), dont le nom atteste d’une époque reculée où cette partie de Manhattan était encore un petit village au milieu des champs. 

Sur la page suivante, nous avons superposé deux plans de Manhattan. Celui du haut date de 1766, 10 ans avant la révolution américaine et la déclaration d’indépendance. Celui du bas date de 1865, soit la fin de la guerre de sécession. 120 ans séparent les deux “photographies” de Manhattan et permettent de se rendre compte de l’évolution fulgurante de la ville. Pour comparer spatialement les deux plans, les deux points de repère principaux sont l’axe de la Bowery Lane sur le plan du haut, et de la Bowery Avenue sur le plan du bas, en diagonale sur la droite. Les deux tracés n’ont pas bougé et se superposent à peu près. Le second repère est le tracé de la Minetta Creek, dans la partie supérieure de la carte. Sur la carte du bas, le cours d’eau est déjà enterré depuis quelques années, mais a été représenté en superposition car la carte a été commandée par le Council of Hygiene and Public Health of the Citizens Association, et représente toutes les sources d’eau et zones humides enterrées, pour des raisons sanitaires. On peut alors placer facilement le Washington Square Park sur la carte du haut, à peu près à l’intersection de la Monument Road qu’on voit descendre du haut de la carte, et de la Minetta Street dont on sait qu’elle coupait le tiers ouest du parc. La Minetta Street où nous étions tout à l’heure se trouve au niveau de la petite bosse sur le tracé de la rivière, quand on la suit vers la droite depuis le Washington Square Park. Et l’intersection où vous vous trouvez, à l’angle de Barrow St et Hudson St est identifiable sur la seconde carte (en haut à gauche). Rapportée sur la première carte, l’intersection existait déjà, et un jardin cultivé se trouvait déjà à l’emplacement du futur St Luke in the Fields Garden en 1766 (point rouge ci-dessous) :

L’Église de St Luke in the Fields et ses jardins a été érigée en 1820, soit 54 ans après le premier plan et 45 ans avant le second. Les maisons construites entre 1799 et 1807 que nous avons vues un peu plus tôt étaient bien isolées au milieu des champs à l’époque de leur construction. 

Retraversez Hudson St et prenez Grove St en face de l’entrée de l’église. Quand la rue oblique légèrement vers la gauche, sur votre droite, un petit portail, normalement fermé et avec la mention “Private Court – No Trespassing” laisse entrevoir une autre cour intérieure de toute beauté, le Grove Court. On y aperçoit un alignement de 6 petites Townhouses de briques rouges, qui datent de 1853. A l’époque, le quartier logeait surtout les moins fortunés et était considéré comme un district populaire peu désirable pour la bourgeoisie new-yorkaise. Aujourd’hui, il faut compter un peu moins de 4 millions de $ pour l’une de ces anciennes maisons ouvrières.

grove-court

Puis, l’angle de Bedford St et Grove St, juste au-dessus du petit restaurant The Little Owl dans l’angle à droite, vous reconnaitrez peut-être une façade mythique du quartier. Il s’agit de l’immeuble de la série Friends, qui apparaît dans la quasi totalité des 240 épisodes de la série. Évidemment, l’appartement de Monica Geller, repaire de la bande, n’a jamais réellement été à cet endroit, mais c’est bien cette façade qui était présentée comme étant celle de l’immeuble.  Tous les intérieurs étaient en réalité tournés … dans les studios de la Warner … à Burbank en Californie, derrière les collines d’Hollywood. Et oui, la série new-yorkaise la plus mythique n’a pas été tournée à New York. Même la majorité des plans en extérieurs furent tournés autour de Los Angeles ou dans les décors des studios Warner Bros. Et ces scènes en extérieurs sont d’ailleurs extrêmement peu nombreuses, non pas à cause du fait que la série était tournée à des milliers de kilomètres de New York, mais parce que l’alchimie de la série repose sur le fait que les tournages en studio avaient lieu devant un public. En effet, les décors étaient conçus comme des scènes de théâtre, et des gradins avaient été installés pour permettre à des spectateurs d’assister aux tournages, et de réagir en live au jeu des acteurs. Chaque épisode de 22 minutes était ainsi tourné sur une journée de 6 heures de tournage, et il arrivait souvent que les scènes soient réécrites en fonction de la réaction du public. Les temps de pause entre les répliques les plus drôles pour permettre au public de rire correspondent au véritable temps de réaction du public en live durant le tournage. 

Continuez sur Grove St jusqu’à la 7th Avenue. Sur votre droite, au loin dans l’alignement de l’avenue, on aperçoit la tour du One World Trade Center. Tournez à gauche dans la 7ème avenue, et rejoignez l’angle Christopher. Là, juste devant l’entrée du Village Cigars, un petit triangle au sol laisse indifférent les passants. Il comporte l’inscription énigmatique “Property of the Hess Estate Which Has Never Been Dedicated For Public Purposes”. L’histoire de ce petit bout de bitume ne manque pas de piquant. En 1910, un immeuble de cinq étages, propriété d’un certain David Hess, était situé à cette intersection. La nécessité d’élargir certaines rues et de préparer la venue d’une ligne de métro conduisit la ville à exproprier, contre indemnisation, près de 300 immeubles dans le quartier. David Hess résista autant qu’il put, engageant appel contre appel mais dû finalement s’incliner. Il fut exproprié et son immeuble fut rasé. Mais David Hess n’avait pas dit son dernier mot : en inspectant avec minutie le cadastre et l’avis d’expropriation, il finit par conclure que la pointe avant de sa propriété ne tombait pas dans la zone expropriée. Autrement dit, un petit triangle de bitume à l’intersection des deux rues bordant son immeuble était toujours à lui. La ville reconnaissant l’erreur lui demanda de bien vouloir céder ces quelques dizaines de cm2 de chaussée mais Hess refusa. Il fit recouvrir le fameux triangle d’une mosaïque et de l’inscription “Property of the Hess Estate Which Has Never Been Dedicated For Public Purposes” : “Propriété de Hess – N’a jamais été rétrocédé pour un usage public”. Même si le petit triangle de chaussée était foulé au pied chaque jour par des milliers de piétons, il n’en restait pas moins le témoignage indélébile de la persévérance de David Hess. Finalement, en 1938, le Village Shop racheta le bout de triangle pour la somme de 1000$ mettant un terme définitif à l’imbroglio juridique.

Traversez Christopher St, puis traversez la 7ème avenue, et poursuivez sur une cinquantaine de mètres sur Christopher St, en longeant le parc sur votre droite. Sur votre gauche, le Stonewall Inn fut un des hauts lieux du mouvement homosexuel aux Etats-Unis lorsque que des émeutes y éclatèrent après une énième descente de police, à la fin des années 60. Une sculpture “Gay Liberation” de George Segal, ainsi qu’une plaque commémorative installées dans le Christopher Park juste en face rappellent l’importance de cet incident. A tel point qu’il y a quelques années, le petit square et les rues environnantes ont été classées National Monument par le gouvernement fédéral, et un visitor center est en cours d’aménagement dans une partie du Stonewall Inn. Le quartier de Greenwich Village, connu pour son esprit plus tolérant, accueillait dans l’après-guerre la majorité des bars gays de la ville, dont le Stonewall, qui était l’un des plus grands et des plus connus. La police faisait régulièrement des descentes dans ces établissements, selon une sorte de rituel finalement accepté ou du moins toléré par tous, et sans forcément de conséquence majeure ni pour les clients ni pour les établissements eux-mêmes. Les propriétaires du Stonewall étaient d’ailleurs des membres de la mafia de New York qui avaient investi le marché lucratif des établissements de nuit à clientèle homosexuelle, et qui arrosaient régulièrement la police locale pour pouvoir travailler sans trop être dérangé. Certains historiens considèrent même que l’implication de la mafia dans les établissements gay trouvait sa source dans la possibilité pour les propriétaires, de faire chanter les clients aisés (et notamment les banquiers de Wall Street) qui fréquentaient discrètement ces bars en prenant des photos compromettantes. Ce business sous-jacent n’aurait pas plu à la police corrompue qui ne touchait aucune commission illicite sur ces transactions, contrairement aux arrangements en vigueur sur l’alcool par exemple. Ce qui aurait pu expliquer la volonté de la police de frapper plus durement qu’à l’habitude le Stonewall. De fait, dans la nuit du 28 juin 1969, une descente de police non annoncée (généralement des fuites dans la police permettait de s’organiser) dans un Stonewall bondé, conduit à un mouvement de foule contre la police, qui dégénère par un concours de circonstance en émeute. Pendant plusieurs nuits d’affilée, la foule affronte la police et réclame la fin du harcèlement policier. C’est le début des revendications d’un droit à la différence, alors que jusqu’à présent la communauté gay aspirait surtout au droit à l’indifférence. Le résultat direct des émeutes du Stonewall seront une nouvelle forme d’activisme gay, et au premier anniversaire des émeute, l’année suivante, la première des Gay Prides, une manifestation festive qui fera des émules dans tout le pays, puis dans le monde entier.

Regardez maintenant le bâtiment de brique triangulaire, un peu plus bas au croisement de Waverly Place et Christopher St, dans l’alignement de la pointe du square, vous apercevrez le Northern Dispensary, un ancien hôpital pour les pauvres au XIXème siècle qui accueillit entre autre comme patient Edgar Allan Poe lorsqu’il vivait chichement dans ses premières années d’écrivain à Greenwich Village.

Puis revenez sur vos pas jusqu’à la 7ème Avenue, et tournez à droite dans la West 4th street, une rue calme, bordée d’arbres qui surplombent le bitume à la façon d’une canopy road (du moins dans sa partie nord). Vous remonterez la West 4th Street jusqu’à Jane St et la 8th Avenue. En chemin, si vous êtes fans de la série Sex in the City, vous pouvez faire un petit détour par Perry St.

DETOUR 2 (0.3 km) : Sex in the City

Tournez à gauche dans Perry St et rejoignez l’immeuble au 66 Perry St, sur votre gauche. C’est l’immeuble où est censée habiter l’héroïne de la série new-yorkaise Sex in the City, Carrie Bradshaw. Sauf que dans la série, il est localisé dans le quartier chic de l’Upper East Side, et non au milieu du quartier bohème de Greenwich Village ! Essayez de passer devant l’édifice avec discrétion et respect pour ses occupants, qui vivent de plus en plus mal l’afflux de touristes en mal de photos souvenirs. Ils ont même dû installer une chaîne pour interdire l’accès aux marches de la townhouse, où se massaient les fans pour faire leurs selfies. Il faut dire que l’actrice de Carrie Bradshaw n’a pas aidé en allant faire des photos non autorisées devant l’immeuble, pour promouvoir la nouvelle collection de chaussures qu’elle lançait en 2014. D’ailleurs, en bonne commerçante sachant surfer sur la vague, elle a installé sa dernière boutique de chaussures directement à l’angle de Perry St et Bleecker St ! Rejoignez donc l’angle de Bleecker St où se trouve la boutique SJP by Sarah Jessica Parker, et tournez à droite dans Bleecker St, l’artère où se concentrent les boutiques de prêt à porter branchées de Greenwich Village. Avancez d’un bloc jusqu’à l’angle de la 11th St. Vous trouverez sur votre droite la toute première Magnolia Bakery, ouverte en 1996. Cette pâtisserie notamment réputée pour ses cupcakes, a été subitement propulsée à une renommée mondiale en 2007, pour être apparue dans une courte scène aujourd’hui culte, de la série … Sex in the City. Une apparition parfaitement logique, me direz-vous, puisque la pâtisserie est à un bloc à peine de la maison de l’héroïne de la série. Sauf que, rappelez-vous, dans la série, cette maison se trouve à l’autre bout de New York. Quoi qu’il en soit, en dégustant avec sa copine des cupcakes devant la façade de la Magnolia Bakery, la pâtisserie sera hissée instantanément au rang de culte par les fans de la série. A tel point que la pâtisserie introduira une “carrie cupcake” à son menu, au goût vanille, avec un glaçage à la vanille rose, comme dans l’épisode de la série, qui est toujours au menu ! 

Personnellement, on lui préfèrera un plus traditionnel, et toujours délicieux, bar cookie, à savoir un brownie (au chocolat), un blondie (un brownie préparé sans chocolat, qui a un goût légèrement caramélisé) ou un lemon bar (une crème de citron saupoudrée de sucre glace sur une fine pâte de shortbread, ce qui se rapproche le plus de la tarte au citron française dans la gastronomie américaine).

Puis continuez encore un bloc sur Bleecker St avant prendre à droite sur Bank St pour revenir sur la West 4th Street.

Une fois que vous avez atteint la 8th Avenue, remontez la vers le nord (à droite). A l’angle de la 14th St, deux bâtiments construits au tournant du XXème siècle se font face, de part et d’autre de la 14th Street. 

Le premier, à votre gauche, est le New York County National Bank Building, construit en 1907. Il hébergera de nombreuses banques différentes au cours des années, au gré des faillites, fusions et acquisitions, avant de devenir un théâtre off-broadway, une salle de sport, puis plus récemment un musée (le Museum of Illusions consacré aux illusions d’optique). Vous constaterez en dépassant l’angle de la 14ème qu’il est beaucoup plus profond sur sa façade sur la 14th St que sur la 8ème avenue. En réalité, le musée n’occupe qu’une partie du bâtiment, tout l’arrière ayant été converti en 2000 en 11 lofts résidentiels en duplex. A noter juste derrière le building, sur la 14th Street, un Insomnia Cookies. Cette chaîne de pâtisseries spécialisée dans les cookies préparés en continue tout au long de la journée, et vendus encore tièdes. Lancé à New York en 2003, leur marque de fabrique est de rester ouvert tard le soir (d’où leur nom). On en trouve maintenant aux 4 coins des Etats-Unis, principalement à proximité des campus universitaires qui constituent une grosse clientèle pour la marque. Les cookies sont bons et la carte est variée, mais un peu chers pour leur taille.

De l’autre côté de la 8th avenue, un immeuble moderne de métal noir et de verre arbore deux façades bien différentes : des blocs carrés vitrés sur la gauche, et des courbes ondulés aux verres miroirs sur la droite. En réalité, ce sont deux immeubles complètement différents, et deux projets architecturaux séparés, mais qui semblent avoir été conçus de concert. A gauche, ce sont des bureaux en open space, alors qu’à droite, c’est étonnamment un immeuble résidentiel d’appartements modernes. 

De l’autre côté de la 14th Street, sur la gauche, c’est un drugstore CVS qui a élu domicile dans les locaux somptueux d’une ancienne banque. Construit en 1897 pour la New York Saving Bank, l’édifice de marbre blanc, aux allures de temple romain et au dôme de cuivre est emblématique des grands établissements bancaires de cette époque. Abandonné dans les années 60 à la suite d’une absorption par une autre banque, le bâtiment fut rénové dans les années 80 pour accueillir un magasin de tapis, puis une épicerie fine et finalement un drugstore CVS. N’hésitez pas à entrer à l’intérieur, en passant sous l’aigle de bronze qui domine la porte, c’est une pharmacie assurément pas comme les autres.

Puis continuez encore d’un bloc vers le nord sur la 8th avenue jusqu’à l’angle de la 15th St. Le très massif édifice en brique sur votre gauche est actuellement le siège des activités de Google sur la côte Est. Le bâtiment inauguré en 1932 fut construit par le Port Authority de New York comme un hub de transport de marchandises faisant le lien entre les jetées sur l’Hudson River à deux-trois blocs à l’ouest, les lignes de chemin de fer qui passaient autrefois à proximité et le transport par camion. Tout le rez-de-chaussée de cet immense building, ainsi que le sous-sol était dédié à cette activité. Les étages accueillaient pour leur part des bureaux, des showrooms, et d’immenses espaces de confection. Avec la baisse du transport de marchandises à Manhattan au milieu du XXème siècle, l’édifice fut réaménagé en bureaux et resta le quartier général du Port Authority jusqu’à la construction des tours jumelles du World Trade Center. A noter que les attributions du New York Port Authority dépassent de loin les activités et infrastructures du port de New York : il supervise l’essentiel des infrastructures de transport de la ville et ses alentours, y compris les ponts, les tunnels, ou les aéroports de La Guardia ou JFK.

Avec 270 000 m2 de bureaux, l’ex-Port Authority Building est le 4ème plus gros bâtiment de Manhattan en termes de surface, malgré sa hauteur limitée. En 2010, Google qui louait déjà des bureaux à cette adresse racheta l’ensemble de l’édifice pour la coquette somme de 1.9 milliards de $, afin de consolider ses activités sur Manhattan dans un seul bâtiment. Malheureusement à ce jour, Google n’a toujours pas réussi à évincer les autres principaux locataires du building dans les baux sont toujours en cours (notamment Nike ou la Bank of New York), et est contraint de louer des bureaux complémentaires dans d’autres bâtiments alentour. L’aménagement intérieur des locaux de Google est à l’image de ce qu’on attend d’une méga start-up de la Silicon Valley : salles de jeux géantes, salle de lego, cafeteria 3 étoiles invitant régulièrement des chefs réputés pour cuisiner pour les employés (bien entendu, tout est gratuit), terrasse extérieure avec vue imprenable sur Manhattan, et même un Food Truck Court en intérieur, Google utilisant les ascenseurs géants des anciens entrepôts pour faire rentrer les camions de restauration à l’intérieur des bâtiments. Évidemment, on ne peut pas visiter si l’on est pas invité par un employé dûment habilité. 

Juste en face de Google, la pâtisserie Empire Cake propose toute une sélection de cupcakes, cookie bars et autres snack cakes, ainsi  que des versions artisanales de barres chocolatées ou gâteaux industriels américains (twix, snowball, twinkies …). En prime, leurs dernières commandes de gâteaux décorés sont en exposition dans la vitrine et valent le coup d’œil.

Tournez à gauche dans la 15th St vers l’ouest en longeant l’immeuble de Google jusqu’à la 9ème avenue. Vous quittez West Village pour pénétrer dans le Meatpacking District, l’ancien quartier des bouchers et équarisseurs. A l’angle de la 9th Avenue, au rez-de-chaussée de l’immeuble de Google, se trouve un immense Google Store où vous pouvez tester les derniers produits de la marque (téléphones, assistants, domotique …), et acheter des goodies et autres t-shirts siglés Google ou encore YouTube.

Traversez la 9th Avenue, pour rejoindre à l’angle de la 14th St, sur votre gauche, la nouvelle esplanade piétonnière à la jonction de la 9ème avenue et de Hudson St. De là, vous aurez un vue panoramique sur la lisière du Meatpacking District et son évolution récente : à droite de l’immeuble Google (ex Port Authority Building), se trouve le The Porter House Building. Cet ancien entrepôt à vin de 6 étages, construit en 1903, a été récemment converti en appartements/lofts de luxe, avec un ajout d’un second bâtiment moderne aux façades en zinc, haut de 4 étages supplémentaires, et juchés au-dessus de l’ancien entrepôt (et légèrement en porte à faux au-dessus de l’immeuble voisin à sa droite si vous regardez bien). Un exemple parmi tant d’autres des conversions opérées dans un quartier en plein renouveau, et autrefois constitué principalement d’entrepôts et manufactures. Continuez votre tour d’horizon, avec à la droite du Porter House Building, un restaurant historique, le Old Homestead Steakhouse, qui affiche fièrement sur son enseigne lumineuse son identité de plus ancien steakhouse de New York encore en activité, occupant le même emplacement depuis 1868 ! Rien de bien étonnant ceci dit de retrouver un restaurant à viande en bordure du “Meatpacking District”, le quartier des bouchers et équarisseurs (il y en avait plus de 250 dans le quartier en 1900). Si vous aimez la bonne viande, ne salivez pas trop vite cependant : le dry aged steak (steak maturé à sec en chambre froide pendant 40 jours avant d’être servi) pour deux était à 140$ au menu aux dernières nouvelles (pièce pour deux personnes cependant), alors que le Prime Wagyu Beef japonais atteint les 350$ (pour 350 grammes, soit 1$ le gramme). Puis, toujours plus à droite, dans l’angle aigu entre la 9ème avenue et Hudson St, le Little Flatiron Building est un immeuble triangulaire profilé comme le Flatiron. Il a été construit en 1849 pour héberger les ateliers de fabrication de la Herring Safe & Lock Company, qui produisait des serrures et des coffres forts. Aujourd’hui, il est occupé par des bars et restaurants branchés au rez-de-chaussée, et des lofts dans les étages supérieurs. Toujours plus à droite dans notre panorama, un Apple Store a ouvert au rez-de-chaussée des anciens ateliers à l’angle de la 14th St, la marque à la pomme ne pouvant décidément pas laisser Google occuper tout l’espace dans le quartier. Encore un cran à droite, le siège ultra moderne de la startup new-yorkaise Yext atteste de la bonne santé de l’industrie high tech de New York : la Silicon Alley comme on l’appelle désormais est devenue le deuxième pôle de technologie de l’information aux Etats-Unis, derrière la Silicon Valley à San Francisco, et les startups envahissent progressivement l’ancien Meatpacking District. Au rez-de-chaussée du bâtiment, un Starbucks Reserve Roastery, la nouvelle marque premium de Starbucks Coffee, proposant des torréfactions uniques et haut de gamme. En effet, lorsque Starbucks Coffee s’est positionné à ses débuts comme la version luxe du café (en tout cas “luxe” dans le sens de “onéreux”), ils n’avaient pas forcément anticipé que quelques années plus tard, avec 34 000 cafés ouverts à travers le monde, l’attrait pour le côté élitiste de leurs boissons caféinées finirait par s’éroder. D’où le lancement des Starbucks Reserve pour renouveler l’engouement en proposant des cafés plus haut de gamme, mais surtout plus rares, afin de permettre à son cœur de clientèle de se différencier de nouveau de la masse des consommateurs.

Enfin, juste en face encore un cran à droite, le Chelsea Market est un marché couvert magnifiquement aménagé avec des nombreux magasins et restaurants sympas, dans l’ancienne usine Nabisco. A la fin du XIXème siècle, des biscuiteries s’installent sur deux blocs entre la 9ème et la 11ème avenue. Ce sont au total 19 structures différentes qui seront intégrées en un seul immense complexe de production et de bureaux, quand en 1898, la fusion de plusieurs biscuiteries fonde la National Biscuit Company, ou Nabisco. En 1912, la Nabisco introduit sur le marché un tout nouveau sandwich cookie, composé de deux petits biscuits chocolatés ronds, enserrant une garniture à la crème sucrée. Il est entièrement conçu et produit dans les usines Nabisco de Chelsea, et est appelé Oreo. Un siècle plus tard, plus de 40 milliards d’Oreo sont produits dans 18 pays dans le monde, ce qui en fait non seulement le biscuit le plus vendu aux Etats-Unis, mais aussi sur toute la planète. Difficile d’expliquer ce succès planétaire, pour un petit cookie au goût pas facilement identifiable : les biscuits chocolatés contiennent si peu de cacao qu’ils n’ont pas vraiment de goût, et la crème au centre est juste … sucrée. Quoiqu’il en soit, en 1958, Nabisco fermait ses usines de Manhattan, et partait s’installer dans des installations plus modernes et pratiques dans la périphérie de New York. Les bâtiments déclinèrent alors que le quartier perdait progressivement son caractère industriel et ses locataires. Finalement, dans les années 90, le site est entièrement rénové pour accueillir des bureaux dans les étages, un marché couvert et food hall au rez-de-chaussée. Ce sera le premier gros projet lançant la rénovation progressive du quartier. En 2018, Google qui louait déjà des bureaux dans le bâtiment qui fait face à son QG du Port Authority Building, décide de racheter l’ensemble du Chelsea Market, pour 2.4 milliards de dollars, la plus grosse transaction immobilière pour un seul bâtiment dans l’histoire de Manhattan.

Entrez donc dans le Chelsea Market et traversez-le de part en part pour ressortir sur la 10ème avenue. Le food court s’étale sur toute la longueur du bâtiment, avec une déco industrielle qui rend hommage à l’usage précédent du building. On y trouve notamment l’échoppe de Los Tacos No. 1, un restaurant de tacos bien sympathique, la pâtisserie Amy’s Bread, les saucisses allemandes de Berlin Currywurst et les sushis coréens du Kimbap Lab, ainsi que des dizaines d’autres enseignes originales. Les prix sont élevés, mais le choix est vaste. 

En ressortant du Chelsea Market sur la 10th Avenue, prenez à gauche pour rejoindre l’angle du 14th Street Park que vous traverserez en diagonal. Traversez la 14th St, jusqu’au Liberty Inn, un immeuble triangulaire (un autre flatiron) qui semble un peu perdu sur le front de l’Hudson River. Ouvert en 1912 sous le nom de The Strand, c’était un hôtel à prix très serré dont la clientèle est uniquement constituée des marins en escale, qui descendaient des paquebots accostant tous les jours sur les jetées qui bordaient alors l’Hudson River. Après la seconde guerre mondiale, quand le flot des paquebots finira par se tarir avec la concurrence de l’aviation commerciale, l’hôtel périclita en même temps que le quartier. Renommé Liberty Inn, il deviendra dans les années 70 à 90 une annexe des nombreux clubs déjantés de la scène underground new-yorkaise qui s’installa dans les anciens entrepôts du quartier, attirant son lot de prostitution. Quand le quartier sera finalement rénové au tournant des années 2000, le Liberty Inn conserva son mode de fonctionnement hérité de cette époque peu glorieuse : transformé en “love hotel”, on peut toujours y louer des chambres à l’heure, une activité qui ne résistera sans doute pas encore bien longtemps à la pression immobilière dans le quartier, puisque l’établissement serait à l’heure où nous écrivons, proposé à la vente. Nul doute que son acquéreur trouvera un autre usage plus rentable.

Traversez la 11th Avenue pour rejoindre les rives de l’Hudson River. Devant vous une passerelle permet d’accéder à la Little Island at Pier 55, un tout nouveau parc public bâti entièrement sur l’eau. Construit sur piloti, le parc repose sur 132 piliers qui s’ouvrent comme des tulipes. Il a été en grande partie financé par le milliardaire américain Barry Diller (qui a fait fortune dans les médias et l’internet, en fondant la network télévisée Fox et l’empire médiatique IAC qui possède entre autre Expedia ou Tripadvisor), et son épouse, la créatrice de mode Diane von Fürstenberg. Si le projet initial devait coûter 35 millions de dollars, ce seront finalement pas moins de 260 millions de $ qui seront nécessaires pour mener le projet un peu fou à terme. Mais il faut reconnaître que le résultat est assez réussi et étonnant. Rejoignez le jardin “flottant” et explorez les différents recoins de cet espace vallonné, son amphithéâtre extérieur de 687 places, ses instruments de musique improbables qui jalonnent les sentiers. Admirez la vue sur Jersey City et Hoboken de l’autre côté de l’Hudson River, et sur Downtown Manhattan que l’on aperçoit par dessus la Gansevoort Peninsula. Attention, en fonction de l’affluence, il arrive que la fréquentation du parc soit limitée par un système de tickets gratuits à retirer en ligne ou sur place, donc jetez un œil au site du parc pour voir si l’accès est toujours libre à vos dates.

Puis ressortez par la seconde passerelle d’accès, plus au sud. Au bout de la passerelle, vous passez sous un immense portail métallique, sur lequel on peut encore deviner les inscriptions “Cunard” et “White Star”. Ce sont deux des grandes lignes de paquebots qui opéraient depuis les Chelsea Piers, les jetées aménagées au début du XXème siècle pour accueillir les bateaux géants qui opéraient les traversées transatlantiques. Vous êtes devant la Pier 54, le parc de Little Island ayant été construit à cheval sur les anciennes Pier 54 et Pier 55. Ces deux jetées appartenaient à la Cunard Line, une compagnie maritime britannique, qui est aujourd’hui la plus ancienne compagnie de croisière encore en activité. Son concurrent principal était la White Star, qu’elle finira par absorber, d’où les deux noms sur le portail.

La Pier 54 est doublement célèbre : c’est sur cette jetée que sont descendus les survivants du naufrage du Titanic. Le paquebot censé être insubmersible devait accoster à la Pier 59, un peu plus haut, mais il percutera un iceberg lors de son voyage inaugural en 1912 et coula au milieu de l’Atlantique. Les rescapés qui eurent le temps d’embarquer sur des chaloupes furent secourus par le RMS Carpathia qui appartenait à la Cunard Line, et furent donc débarqués sur la Pier 54. Les journalistes, à l’affût du meilleur scoop, et prévenus de l’arrivée du Carpathia, louèrent tout un étage du Liberty Inn (à l’époque Strand Hotel) pour pouvoir utiliser les téléphones de l’hôtel, et transcrire au plus vite à leur rédaction les témoignages des rescapés. Puis, trois ans après, alors que la première guerre mondiale faisait rage en Europe, le RMS Lusitania de la Cunard Line quitta le Pier 54 le 1er mai 1915, à destination de Liverpool. Dans les semaines qui précédaient, l’ambassade allemande avait fait paraître dans les journaux new-yorkais, en-dessous des publicités de la Cunard Line, un avertissement indiquant que les trajets transatlantiques à destination du Royaume Uni traversaient une zone de guerre, et que les voyageurs entreprenaient cette traversée à leurs risques et péril. Le 7 mai 1915, un U-boat allemand torpilla le Lusitania alors qu’il approchait des côtes britanniques. Sur les 1962 passagers et membres d’équipage, seuls 764 survécurent. L’événement allait provoquer l’entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés de la France et de l’Angleterre. De nombreux historiens questionnent d’ailleurs le rôle des Britanniques dans le naufrage du Lusitania, qui aurait pu être délibérément mis en danger pour forcer la main des Américains et les contraindre à entrer dans le conflit mondial.

La photo ci-dessous montre le Lusitania accostant à la Pier 54 lors d’un précédent voyage. On reconnaît le portail métallique à droite, ainsi que le Strand Hotel (aujourd’hui Liberty Inn) au premier plan.

Puis traversez la voie rapide qui longe les quais, pour rejoindre le trottoir opposé sur la 10th Avenue (ne longez pas l’Hudson River sur les quais, car vous ne pourrez plus retraverser la voie rapide plus bas). Descendez la 10e avenue vers le sud, jusqu’à l’angle de Gansevoort Street où vous tournerez à gauche. L’angle est occupé par le Whitney Museum of American Art. Ce musée est un peu le pendant du MoMa, mais uniquement centré sur des artistes américains. Il a été créé par Gertrude Vanderbilt Whitney, la petite-fille de Cornelius Vanderbilt, un milliardaire américain ayant fait fortune dans les chemins de fer, dans la deuxième moitié du XXème siècle. Elle-même sculptrice, elle était également une grande collectionneuse, et avait assemblé une très belle collection d’œuvres d’artistes américains. Désireuse de se séparer d’une partie de sa collection, elle avait proposé au Metropolitan Museum de New York de lui faire don de 500 œuvres. Mais le musée déclina l’offre. Entre temps, l’épouse de l’héritier Rockefeller venait de fonder le MoMA, mais Gertrude Vanderbilt Whitney trouvait les collections du nouveau musée trop orientée vers les artistes européens. Elle décida donc de fonder son propre musée, exclusivement dédié aux artistes américains. Le musée grandit, changea plusieurs fois de bâtiment, avant que l’architecte Renzo Piano (à qui l’on doit notamment le Centre Pompidou à Paris), ne lui dessine cet écrin au bord de l’Hudson River, où sont exposés plus de 600 oeuvres de 400 artistes américains (sur les désormais 25 000 oeuvres des collections permanentes du musée). Par contre, il faut être un fin connaisseur et/ou un grand amateur d’art contemporain pour en apprécier les œuvres exposées.

Avancez sur Gansevoort St jusqu’à l’angle de Washington St où vous trouverez un Shake Shack, afin de prendre un petit burger avant de vous lancer à l’assaut de la High Line, dernière ligne droite de notre circuit. Dans l’angle opposé au Shake Shack, un escalier mène en effet au High Line Elevated Park. Cette ancienne ligne de chemin de fer aérien traversait le quartier des entrepôts et des usines qui bordaient l’Hudson River. Elle fut construite en 1929 pour supprimer le trafic ferroviaire de marchandises qui opérait sur une ligne de chemin de fer au beau milieu de la circulation sur la 10ème Avenue depuis 1847. La 10th Avenue était alors surnommée Death Avenue, étant donné le nombre d’accidents mortels occasionnés par ces trains de marchandises. Le viaduc de la High Line allait ainsi supprimer 105 intersections entre la ligne de chemin de fer et les rues de Manhattan.  Mais dans les années 60-70, le trafic se réduit au fur et à mesure que les usines migrent hors de la ville. Définitivement abandonnée en 1980, en partie démembrée sur certaines sections, elle fut finalement transformée au début des années 2000 en un incroyable parc aérien, long de plus de 2 km et particulièrement bien aménagé. Vous traverserez ainsi la ville en altitude, entre l’Hudson River et les anciens entrepôts convertis en loft et en bureaux pour start-ups. 

Monter sur la High Line en empruntant l’escalier, et avant de vous lancer sur le sentier du parc qui suit le long de l’ancienne voie ferrée, rejoignez le petit observatoire (Tiffany & Co. Foundation Overlook) au point le plus au sud du parc : auparavant, la High Line continuait vers le sud mais cette portion a été démantelée à la fin du XXème siècle.

En remontant la High Line vers le nord, vous passez tout d’abord sous un premier immeuble, celui d’un hôtel, The Standard High Line. Juste avant de passer sous l’édifice, regardez sur la gauche en direction de l’Hudson River : la Gansevoort Peninsula est cet appendice sur l’Hudson River dans le prolongement de Gansevoort St. Ce qui est aujourd’hui utilisé comme parking et entrepôt pour le matériel des services de nettoyage de la ville, est le dernier vestige de ce que fut la 13ème avenue. En effet, en 1837, la ville de New York en pleine expansion conçut le projet de créer une avenue supplémentaire le long de l’Hudson River, une 13ème avenue. Des lots (virtuels) furent donc vendus aux plus offrants directement sur l’Hudson River, sur 100 à 200 mètres de profondeur à partir de la côte. A charge pour les heureux acquéreurs de combler la rivière avant de construire sur les nouvelles parcelles. En une vingtaine d’années, la côte de Manhattan avait progressé d’un bloc vers l’ouest entre la 11ème et la 29ème rue. Mais au tournant du XXème siècle, la ville s’aperçut que l’essor des grands paquebots transatlantiques requérait des jetées plus longues et plus nombreuses le long de Manhattan, sur l’Hudson River. Les nouveaux propriétaires furent expropriés et la toute nouvelle 13ème avenue disparut dans les flots de la rivière pour laisser la place aux Chelsea Piers et aux paquebots géants. Seul cet espace de terrain que vous avez devant vous, la Gansevoort Peninsula, témoigne du projet fugace d’une 13ème avenue sur la rivière. A noter qu’un projet d’aménagement en parc de cet espace gagné sur l’Hudson River serait actuellement programmé.

Passez maintenant sous l’immeuble de The Standard High Line. Cet hôtel de luxe semble tout droit sorti d’un projet architectural soviétique. Il aurait eu toute sa place à Berlin Est dans les années 70 ou 80. Pourtant il a été construit en 2009, juste au moment de l’inauguration de la High Line. Apparemment, l’aménagement design des chambres, et surtout leur vue panoramique (avec baie vitrée du sol au plafond) sur Manhattan et l’Hudson River sont plus réussis que l’aspect extérieur de l’établissement. 

Continuez sur la High Line en passant sous un second building, puis par dessus la 14th St. Vous rejoignez alors le Diller – Von Furstenberg Sundeck and Water Feature : le parc se sépare en deux parties, sur deux hauteurs différentes, avec sur la droite (en haut), un sundeck où l’on peut s’allonger sur des chaises longues en bois, et sur la gauche (en bas), des fontaines, où plutôt un plancher sur lequel s’écoule de l’eau pour se rafraîchir les pieds en été. “Diller – Von Furstenberg” : vous aurez sans doute reconnu le nom du couple donateur qui a financé Little Island. Ils furent en effet également des donateurs importants de la High Line, et sont très attachés au quartier. Diane von Fürstenberg a un magasin de sa marque à quelques dizaines de mètres du Sundeck, en bas de la High Line au croisement de la 14th St et de Washington St, tandis que le siège de IAC, l’entreprise de Barry Diller est situé dans le quartier, en bordure de l’Hudson River un peu plus au nord.

Puis la High Line traverse les anciennes usines Nabisco (désormais Chelsea Market, propriété de Google) : vous constaterez qu’un double skywalk relie le Chelsea Market au building situé de l’autre côté de la 10ème avenue. Cet immeuble faisait aussi partie du complexe de production de Nabisco, et le pont au-dessus de la 10ème avenue du bas était utilisé pour les marchandises (pour rejoindre la voie ferrée de la High Line), tandis que le skywalk du dessus était piétonnier. Juste après le Chelsea Market, une autre bifurcation de la High Line donnait accès au bâtiment voisin sur votre gauche, et a été entièrement végétalisé. Un peu plus loin sur la droite, un Observation Deck en gradin permet d’observer les voitures passer sur la 10th Avenue.

Poursuivez sur la High Line. Sur votre gauche se dressent les deux tours résidentielles obliques du One High Line. La deuxième tour est assez largement cachée par la première, quand on les regarde depuis la High Line. Ces deux tours ne sont pas seulement légèrement obliques, elles twistent sur leur base. D’après les architectes, ces deux caractéristiques originales ne sont pas qu’esthétiques : elles permettent de maximiser l’exposition au soleil et la vue pour tous les étages. D’ailleurs, regardez attentivement, les fenêtres sont parfaitement alignées à l’horizontale et à la verticale : les appartements ne sont évidemment ni penchés, ni biscornus. Les deux tours ont été achevées en 2019. Le promoteur a dû payer 870 millions de dollars juste pour le terrain de construction (avec les air rights, les droits de construction en hauteur), le plus haut prix jamais payé à Manhattan pour un terrain vierge, qu’il a fallu de surcroît décontaminer avant de lancer la construction, étant donné l’usage industriel du site pendant un siècle. Le coût total du projet, construction comprise, est de 1.9 milliards de dollars, la moitié du coût du One World Trade Center. Mais le promoteur entend bien faire un profit, avec des tarifs à la vente compris entre 3 millions de dollars (pour un deux pièces) et 25 millions de dollars pour un penthouse tout en haut de la tour, occupant la moitié de tout un étage.

Si vous regardez vers l’est, sur votre droite, vous pouvez également admirer une fresque murale très belle et très colorée, à l’angle de la 18th St et de la 10th Avenue, représentant Mère Thérésa et Gandhi. Elle est l’œuvre du Street Artist Kobra, très demandé dans les rues de New York pour ses fresques très expressives et riches en couleurs.

Puis de l’autre côté de la 18th St, le Lantern House Building propose également une architecture audacieuse, vaguement ressemblante à une lanterne à multiples facettes. Il a été inauguré en 2021 et est également à usage résidentiel. En regardant entre le One High Line et la Lantern House, vous apercevrez peut-être un bout du IAC Building, le GQ du groupe dirigé par Barry Diller. Dessinée par l’architecte Frank Gehry (à qui l’on doit entre autres le Guggenheim Museum de Bilbao ou le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles), il ressemble à un immense iceberg au bord de l’Hudson River.

Puis, encore un peu plus loin, juste avant l’angle de la 20th St, sur votre droite, vous surplombez le Edison ParkFast, un étonnant parking où l’espace limité est optimisé avec un système d’ascenseurs permettant de loger 4 voitures superposées sur une seule place de parking au sol. Le tarif dépend de la durée de stationnement : les véhicules réservant pour la journée seront placés en hauteur, et les véhicules restant moins longtemps resteront plus près du sol. Ce type de parking s’installe généralement sur des zones en attente de projet de construction, afin de fournir un revenu pour des espaces encore non construits, sans gros investissement.

La High Line traverse ensuite une zone plus arborée et plus étroite (entre la 20th st et la 22nd St). Entre les immeubles sur la droite, on voit régulièrement réapparaître l’Empire State Building au loin. Entre la 22nd St et la 23rd St, une pelouse tout en longueur a été installée le long du sentier, avec des bancs en gradin pour faire une petite pause. Puis entre la 25ème et 26ème rue, une passerelle, le Philip A. and Lisa Maria Falcone Flyover, vous surélève momentanément au-dessus de la High Line, alors que vous passez entre deux très massifs anciens entrepôts. Juste après, sur votre droite, le 26th Street Viewing Spur est un petit promontoire avec des bancs offrant une vue dans l’alignement de la 26ème rue. 

Entre la 27ème et 28ème rue, sur la gauche, le 520 West 28th Street, également appelé le Zaha Hadid Building, du nom de son architecte, développe ses courbes modernes et élégantes. Outre la vue magnifique que leur offre les baies vitrées alignées du sol au plafond sur toute la longueur du bâtiment, la plupart des appartements de ce building résidentiel dispose d’un balcon, et certains de vastes terrasses. Les intérieurs sont aussi soignés architecturalement parlant que l’extérieur, avec par exemple des lofts équipés de salles de bain au centre de l’appartement, entièrement vitrées, mais dont les paroies transparentes peuvent être opacifiées à l’aide d’un simple interrupteur pour assurer l’intimité de ses occupants. Les résidents peuvent également profiter toute l’année de la piscine couverte du bâtiment, ou de la salle de cinéma IMAX privée, la seule de tout New York.

Puis, encore deux rues, et la High Line oblique vers la gauche au milieu d’une forêt de gratte-ciels de plus en plus hauts : le parc rejoint le Hudson Yards, dont l’une des plus massives tours, la 10 Hudson Yards vous fait face juste avant que la High Line ne parte vers la gauche. Ce complexe de hauts buildings très récent a été construit par dessus le West Side Yard, une immense gare de triage du chemin de fer (qui existe toujours, mais se trouve désormais enterrée sous les gratte-ciels). Ce nouveau quartier a coûté la bagatelle de 25 milliards de $ pour une dizaine de bâtiments et grattes-ciels (une quinzaine quand le projet sera définitivement achevé). Pour quiconque à visité New York il y a plus de 10 ans, c’est un des endroits de Manhattan les plus transformés et les plus étonnants à visiter.

En débouchant depuis la High Line, vous faites face à votre gauche à The Shed, un centre culturel et artistique novateur, doté d’une carapace blanche mobile, permettant à l’espace d’être agrandi, réduit ou divisé selon les événements. A gauche de The Shed, le 15 Hudson Yards est un gratte-ciel résidentiel de 280 mètres pour 88 étages. Les résidents peuvent accéder à un complexe sportif et de loisirs privé au 50ème étage, avec piscine, salle de cinéma, salles de sport et jeux. La terrasse sur le toit, également à l’usage exclusif des résidents, est le plus grand  roof deck résidentiel de Manhattan. 

Sur votre droite en débouchant de la High Line, le très massif 10 Hudson Yards fut l’un des premiers gratte-ciels du complexe à sortir de terre en 2016. Il culmine à 268 mètres de haut. Entièrement constitué de bureaux, il peut accueillir 7000 employés. 

Prenez à droite juste en débouchant de la High Line, en passant sous le 10 Hudson Yards, afin de rejoindre The Spur, une splendide terrasse surplombant l’intersection de la 10th Avenue et la 30th Street. Sur votre gauche, derrière le 10 Hudson Yards, le 30 Hudson Yards est le plus haut gratte-ciel du complexe, avec 395 mètres et 103 étages, la 6ème plus haute tour de la ville au moment où nous écrivons ces lignes. Le plus gros locataire de cette tour de bureaux est Time Warner (ou de son nouveau nom Warner Bros. Discovery depuis sa fusion avec Discovery) qui occupe 35 étages, suivi par la Wells Fargo, hébergée dans les 15 premiers étages de la tour. Facebook utilise également le 30 Hudson Yards pour son QG new-yorkais sur 5 étages. Une bonne partie des émissions phares de CNN sont diffusées depuis cette tour, dans laquelle des studios de télévision ont été installés pour de nombreuses chaînes du groupe Warner Bros. Discovery. Mais ce qui a surtout rendu ce gratte-ciel connu est l’ouverture d’un observatoire au 101ème étage, nommé The Edge, avec une terrasse suspendue au-dessus du vide, dont une partie du sol est composée de dalles transparentes. Si l’impression qu’on ressent sur cette terrasse perchée à 340 mètres du sol est assez saisissante, la localisation du gratte-ciel dans Manhattan n’est pas optimale, ce qui nuit pas mal à l’expérience. On lui préfèrera le Summit One Vanderbilt, ou encore le One World Observatory. Vous pouvez en tout cas apercevoir depuis The Spur la terrasse suspendue de The Edge, accrochée à la façade du 30 Hudson Yards.  

Sur la droite du 30 Hudson Yards, de l’autre côté de la 10ème avenue, un immeuble aux façades en escalier ressemblant vaguement à une pyramide Maya délimite la face ouest du Manhattan West, un complexe situé sur un bloc entier, entre le Hudson Yards et le James A. Farley Building, l’ancien immeuble général des postes désormais transformé en extension de Penn Station, et que vous avez visité en tout début de circuit. Ce building est le Five Manhattan West, et date de 1969, même s’il a été entièrement rénové, y compris les nouvelles façades de verre. Amazon y héberge notamment son QG new-yorkais. C’est le seul building préexistant du complexe du Manhattan West que vous traverserez en toute fin de circuit.

Revenez sur vos pas à travers le 10 Hudson Yards jusqu’à la sortie de la High Line, en face de The Shed. Si vous le souhaitez, vous pouvez continuer tout droit sur la dernière section de la High Line, qui contourne le West Side Yard, le parking ferroviaire encore non recouvert par le complexe du Hudson Yard. Cette dernière section de 700 mètres (soit 1.4 km aller-retour, en violet sur votre carte) permet de prendre un peu de recul sur les immeubles du Hudson Yards, et essayer d’imaginer à quoi ressemblera le projet une fois terminé, avec l’ensemble des voies de chemin de fer recouverte de gratte-ciels. Voici en tout cas le projet complet tel qu’il a été dessiné par les architectes du Hudson Yards.

Puis, passez entre The Shed et le 10 Hudson Yards pour pénétrer au cœur du Hudson Yards. Profitez-en pour vous approcher des immenses roues métalliques qui permettent à la carapace blanche de coulisser au-dessus de The Shed pour modifier la taille de la salle.  

Juste derrière, au centre de l’esplanade, se trouve The Vessel, une incroyable structure métallique composée de 54 escaliers interconnectés et de 2.500 marches. Cet impressionnant labyrinthe d’escaliers offre des points de vue saisissants sur la ville et se veut le point central du projet de Hudson Yards, avec la volonté affichée d’en faire un nouveau point de convergence touristique, concurrent de la Statue de la Liberté ou Times Square. Malheureusement il n’est plus possible à l’heure où nous écrivons ces lignes de monter à l’intérieur du Vessel. En effet, en janvier 2021, suite à 3 suicides consécutifs en un an, le Vessel fut provisoirement fermé pour envisager des mesures de sécurité complémentaires. En mai 2021, le Vessel sera rouvert avec une politique de prévention supplémentaire, mais moins de deux mois plus tard, un adolescent de 14 ans se jette de nouveau du haut de la structure et décède, conduisant à la fermeture définitive du Vessel. Il n’y a pour l’instant plus aucun projet de réouverture. Par contre on peut pénétrer au centre de la structure pour prendre quelques photos (très sympa du reste).

Dépassez le Vessel pour rejoindre le pied du 35 Hudson Yards, une tour de 308 mètres pour 72 étages. Le gratte-ciel est principalement à usage résidentiel, mais un hôtel 5 étoiles est également hébergé dans 11 des étages de la tour (compter entre 1000$ la nuit pour la plus petite chambre, et 10 000$ pour le penthouse deux chambres). Juste derrière, le 55 Hudson Yards, un gratte-ciel de bureaux de 240 mètres de haut complète le complexe. Longez les deux tours en direction du nord, jusqu’au Bella Abzug Park. Ce nouveau parc urbain, conçu comme une extension du Hudson Yards, occupe actuellement 3 blocs, mais s’étendra à termes sur 6 blocs vers le nord jusqu’à la 39th St.  Comme il est dans l’alignement de la High Line, les deux parcs conjugués permettront à terme de traverser à pied Midtown Manhattan de la 39ème rue jusqu’à la 13ème rue, sans être entravé par le trafic automobile, soit sur une longueur de 2.3km. Il permet en attendant de prendre du recul sur les gratte-ciels du Hudson Yards. A l’est du parc, le 66 Hudson Boulevard plus connu sous le nom de The Spiral, est un gratte-ciel de 66 étages pour 317 mètres inauguré en 2022. Le site actuellement occupé par la tour était auparavant parsemé de petits immeubles résidentiels de 4 à 6 étages, que le promoteur n’eut pas trop de mal à racheter à leurs anciens propriétaires. Mais en 2015, le projet de construction était toujours à l’arrêt, car deux locataires d’un des immeubles rachetés refusaient de quitter les lieux. Le promoteur alla en justice et gagna, mais les deux locataires engagèrent un avocat particulièrement coriace, qui promit de faire appel de toutes les décisions de justice jusqu’à la cour suprême s’il le fallait, afin de faire durer leur expulsions des années encore. En désespoir de cause, le promoteur se résolut à négocier un départ volontaire pour un montant record de 25 millions de dollars (rappelons que les deux personnes expulsées n’étaient même pas propriétaires). The Spiral accueillera bientôt ses premiers nouveaux locataires, et parmi eux le nouveau QG mondial du géant pharmaceutique Pfizer.

Retournez jusqu’au Vessel en longeant Hudson Boulevard. En face du Vessel, pénétrez dans l’immense centre commercial, The Shops and Restaurants at Hudson Yards, qui concentre sur 7 étages une centaine de boutiques et 20 restaurants (dont un Shake Shack et un sweetgreen) dans un design très moderne. Depuis le 4ème niveau du centre commercial, il est possible d’accéder aux ascenseurs de The Edge, la plate-forme d’observation perchée au sommet du 30 Hudson Yards. Traversez le centre commercial et ressortez sur la 10ème avenue, traversez l’avenue, puis longez le 5 Manhattan West jusqu’à l’entrée du Citizens New York, un food hall rassemblant une petite dizaine de stands de nourriture triés sur le volet. Laissez-vous tenter par un cookie géant du Cindy Lou’s Cookies, une pâtisserie spécialisée dans les cookies gourmands, gourmets et surtout géants. Comptez 6$ par cookie, ou laissez vous tenter par une boîte de 6 pour 33$.

Ressortez au milieu du complexe du Manhattan West. Sur votre gauche, le One Manhattan West est une immense tour de bureaux de 67 étages aux angles arrondis. Parmi les locataires du gratte-ciel, on trouve la National Hockey League (NHL), la ligue nord-américaine professionnelle de hockey sur glace. Comme son nom ne l’indique pas, elle comprend des équipes américaines mais également canadiennes. Chaque année, l’équipe vainqueur du championnat de NHL brandit la Stanley Cup, le plus ancien trophée sportif décerné en Amérique du Nord (il date de 1892). D’ailleurs la NHL a une boutique au pied de la tour que nous vous invitons à visiter. Proximité avec le Madison Square Garden oblige, vous y trouverez principalement des tenues et goodies de l’équipe des New York Rangers. On vous laisse aller regarder le prix d’un maillot de hockey des Rangers, et faire le calcul du montant des maillots en circulation lorsque 18 000 fans des Rangers se massent dans le Madison Square Garden, arborant pour la plupart un maillot aux couleurs de leur équipe préférée…

Sur la droite, en face du One Manhattan West, une seconde tour, la Two Manhattan West ouvrira ses portes théoriquement en 2023. Elle sera un peu moins haute sur sa voisine et sera occupée également par des bureaux. Puis directement à votre droite, The Eugene est un troisième gratte-ciel, mais résidentiel cette fois. Il fait 220 mètres de haut pour 64 étages d’appartements à louer : les locataires peuvent profiter dans les parties communes du bâtiment d’un salle de gym avec un terrain de basket de taille réglementaire, un mur d’escalade, une rooftop terrace avec un bar privé, des salles de poker, de piano ou d’arcades, et même un simulateur de golf !

Traversez la plaza  qui se termine par une immense allée couverte entre les buildings pour rejoindre la 9th Avenue. En face de vous se trouve l’arrière du James A. Farley Building, l’ancien bâtiment des postes où vous avez commencé votre circuit. Tournez à gauche dans la 9ème avenue et avancez jusqu’à l’angle de la 34th St où vous trouverez la boutique de photo-video de B&H Photo. Vous trouverez difficilement une boutique aussi bien achalandée que celle-ci en matériel photo (mais également désormais vidéo, drone et autres équipements électroniques), mais c’est surtout le fait qu’elle soit possédée et pour partie tenue par des juifs orthodoxes (qui parlent encore Yiddish entre eux) qui en font un détour obligé, sans compter l’ingénieux système de tapis roulant sur rails au plafond qui parcourt la boutique et achemine jusqu’aux caisses tous vos achats dans les différents rayons. Évidemment le magasin est fermé chaque semaine pour le chabbat (du vendredi soir au samedi soir), mais même le site Internet du magasin, un des plus gros sites de vente en ligne de matériel photo aux Etats-Unis ne prend pas de commandes pendant le chabbat

Vous pouvez terminer la boucle en prenant à droite sur la 34th St et rejoindre la station de métro 34th St – Penn Station, au pied du New York Hotel, point de départ de notre circuit.

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