Ce circuit débute par la traversée depuis Manhattan du Williamsburg Bridge, offrant des vues exceptionnelles sur la skyline de New York. Il explore ensuite les quartiers de Williamsburg (et notamment le Domino Park) et de Long Island City, avant un retour optionnel sur Manhattan par le Queensboro Bridge.
N’oubliez pas de consulter nos autres circuits de découverte de New York.
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Et si vous partez à New York, n’oubliez pas de jeter un œil aux articles du blog sur New York, notamment sur la problématique particulièrement sensible de la réservation d’hôtel à New York, et la liste des hôtels que nous avons le plus conseillé cette année.
(Itinéraire mis à jour en Octobre 2022)
Circuit 7 : Williamsburg et Long Island City
Ce circuit débute par la traversée depuis Manhattan du Williamsburg Bridge, offrant des vues exceptionnelles sur la skyline de New York. Il explore ensuite les quartiers de Williamsburg et de Long Island City, avant un retour optionnel sur Manhattan par le Queensboro Bridge.
Traversée du Williamsburg Bridge et découverte de Williamsburg
Notre circuit débute par la traversée à pied du pont de Williamsburg. Rejoignez l’entrée du pont en métro, station Delancey St · Essex St (lignes F-M-J-Z).
A l’angle de Essex St, à l’entrée nord du Essex Market, The Market Line est un food hall proposant plus d’une vingtaine d’enseignes sur deux niveaux dans le quartier du Lower East Side. Vous pourrez y manger notamment un sandwich garni de viande chaud ou froid chez Ends Meat, une pizza (à partir de 3.5$/part) chez Slice Joint, un pickle chez The Pickle Guys, des tacos chez Tortilleria Nixtama et finir par une glace chez Ample Hills, un donut chez Doughnut Plant ou une sucette de gâteau chez Eebecca’s Cake Pops pour le fun. Comme tous les food halls, c’est pas donné, mais vous avez du choix et une certaine qualité.
Le Essex Market, attenant, est un très vieux marché de New York. Il a pour origine un marché en plein air, sur Essex St qui regroupait à partir de 1818 des vendeurs ambulants poussants leurs pushcarts, pour l’essentiel immigrés, et dont les nationalités ont varié en fonction des flux migratoires de population dans le Lower East Side (avec une dominante italienne et juive).
En 1940, le marché en plein air fut converti en un immense marché couvert, dans plusieurs bâtiments s’étendant sur plusieurs blocs entre Broome St et Stanton St. Il reste encore l’un de ces bâtiments à l’angle nord-est de Essex St et Delancey St. C’est le même que celui qu’on peut voir sur ce cliché en noir et blanc datant du milieu du XXème siècle.
Aujourd’hui, le Essex Market est installé dans un immeuble moderne, avec des stands permanents, plus proches de l’épicerie fine et de la cuisine du monde gourmet que des étals du marché des origines.
Avancez sur Delancey St en direction de l’Est et de l’entrée du Williamsburg Bridge. Arrêtez-vous un instant à l’angle de Norfolk St. Sur votre droite, le long de Delancey St, un alignement d’immeubles modernes. Sur le trottoir d’en face, sur votre gauche, une première rangée de bâtiments vieillots, taggés, reflètent l’état du Lower East Side des années 70-90, quand l’ensemble du quartier avait sombré dans la pauvreté, les gangs et le délabrement. Juste derrière, de nouveaux bâtiments sont sortis de terre dans les années 2000 et représentent l’évolution future du quartier. Notamment, la façade singulière bleue de la BLUE Tower, inaugurée en 2007. Cet immeuble résidentiel de 16 étages et 32 appartements est le témoin de l’évolution du quartier et de sa gentrification progressive. A sa droite, le 100 Norfolk, inauguré en 2017, est un autre exemple d’immeuble récent, moderne et plus haut dans le quartier, avec sa construction en porte-à-faux au-dessus de la première rangée d’immeubles bas sur Delancey St. Et si vous regardez maintenant à droite dans le prolongement de Norfolk St, le gratte-ciel qui émerge au loin est le One Manhattan Square, à l’autre bout du Lower East Side, juste à l’entrée du Manhattan Bridge. Inauguré en 2019, cette tour résidentielle de 72 étages sur l’East River, est un autre exemple de l’évolution du quartier, qui est vue par certains comme une évolution positive pour un quartier passablement délabré, et par d’autres comme la disparition progressive d’une des dernières enclaves populaires de Manhattan au profit de logements luxueux et modernes qui relègueront les plus pauvres dans des quartiers périphériques.
Avancez d’encore un bloc jusqu’à Suffolk St puis traversez à moitié Delancey St, pour rejoindre le terre plein central de la rue, qui conduit au couloir piétonnier et pour les vélos du Williamsburg Bridge.
Conçu à l’origine pour permettre la traversée entre Manhattan et le quartier de Williamsburg de Brooklyn en tramway ou en métro, il évoluera dans les années 30 pour accueillir le trafic automobile grandissant. A son inauguration en 1903, il était le plus long pont suspendu au monde, record détenu à l’époque par le Brooklyn Bridge. Son architecte, Leffert Buck, choisit une construction tout en métal, car ce nouveau matériau était plus léger et plus solide que la pierre, mais surtout permettait une construction beaucoup plus rapide et moins coûteuse. Ainsi la construction du Williamsburg Bridge prit à peine la moitié du temps qu’il avait fallu pour construire le Brooklyn Bridge, une vingtaine d’années auparavant. Il a dû cependant essuyer de nombreuses critiques sur l’esthétique de l’ouvrage, qui fut longtemps considéré comme le moins beau des ponts de New York. Et pourtant, l’architecture choisie par Leffert Buck n’est pas sans rappeler un ouvrage parisien construit quelques années avant : la Tour Eiffel. Et de fait, l’architecte avait fait ses classes avec Gustave Eiffel, grand constructeur de ponts et viaduc métalliques de par le monde.
Le pont fait 2227 mètres de long au total, avec 490 mètres d’un seul tenant, suspendu au-dessus de l’East River, entre les deux grands piliers de 94 mètres de hauteur. Il franchit la rivière à 41 mètres au-dessus de l’eau. Au centre du pont, deux voies ferrées sont réservées au trafic du métro, et ce depuis l’origine. De chaque côté, deux doubles voies autoroutières étaient originellement occupées par des tramways, avant leur conversion dans les années 30. Le passage piéton/vélo est situé de part et d’autre des voies du métro, au centre du pont, au-dessus du trafic autoroutier.
Peu après sa construction, le pont fut surnommé “Jews’ Highway”, l’autoroute des juifs, car il permit à de très nombreux immigrés juifs, de quitter leurs appartements exigus et insalubres du Lower East Side (les tenements), pour s’installer dans les quartiers plus attractifs de l’autre côté de l’East River. Williamsburg était à l’époque peuplé essentiellement par des Allemands et des Irlandais, et l’arrivée massive de juifs laissera une marque profonde sur une partie du quartier, que l’on peut encore constater aujourd’hui comme nous le verrons tout à l’heure.
Au fur et à mesure que vous avancez sur les 600 premiers mètres, vous vous élevez progressivement au-dessus des immeubles environnants. Entre ces immeubles, vous voyez apparaître certains gratte-ciels emblématiques de Manhattan : vous devriez ainsi pouvoir reconnaître au nord la One Vanderbilt, la Chrysler Tower, l’Empire State Building, la 111 West 57th Street (Steinway Tower), la Central Park Tower, et au sud, voire poindre le haut du Manhattan Bridge. Faites attention aux vélos, notamment ceux qui viennent d’en face, et qui sont en descente donc souvent assez rapides.
Puis, à l’approche des tours, la passerelle piétonnière se sépare en deux : vous devrez passer par la droite (la gauche étant réservée aux vélos), avec vue principale sur le sud de Manhattan et surtout sur Brooklyn (mais vous pouvez également voir sur le nord à travers le pont et à plusieurs endroits où les passerelles gauches et droites sont reliées entre elles). La traversée est vraiment très belle, à la fois car les vues sur Manhattan changent continuellement au fur et à mesure que vous prenez du recul et que vous vous élevez par rapport à la skyline, mais aussi parce que l’ouvrage métallique est assez beau vu de l’intérieur. N’oubliez surtout pas de vous retourner régulièrement pour profiter du panorama en constante évolution.
A partir de la moitié du pont, vous aurez une vue de plus en plus précise sur à la fois le Manhattan Bridge et le Brooklyn Bridge, ainsi que sur Downtown Brooklyn, et notamment la toute nouvelle Brooklyn Tower qui domine depuis 2022 le centre de Brooklyn du haut de ses 93 étages et 327 mètres. Et un peu avant la sortie du point, sur votre droite, une terrasse offre un dernier point de vue sur la point sud de Manhattan :
Un œil averti saura distinguer la silhouette distinctive de tour du One World Trade Center (9). A sa droite, qui pointent entre les buildings, on reconnaîtra la 111 Murray Street (10) ainsi que plus à droite la 53 Leonard St (11) (Jenga Tower). Dans l’alignement du One World Trade Center, juste devant, on devine la Thirty Park Place (8) (Four Seasons Hotel New York Downtown) et juste à sa gauche, le Woolworth Building (7) avec son toit pointu vert-de-gris (cuivre). L’immense building juste à droite du départ du Manhattan Bridge est le One Manhattan Square (6) (vu précédemment dans l’alignement de Norfolk St avant de prendre le pont). Le second immeuble avec un toit pointu vert de gris à sa gauche est le 40 Wall Street (5) (Trump Building), avec à sa gauche le 70 Pine St (4), et encore un cran à gauche le 20 Exchange Place (3). Enfin, les deux ponts : au premier plan le Manhattan Bridge (1) et juste derrière, le Brooklyn Bridge (2).
Puis continuez jusqu’à la sortie de la passerelle du Williamsburg Bridge qui débouche sur Bedford Avenue. Prenez à droite en sortant de la passerelle, puis encore à droite sur South 6th St à la première intersection. En face de vous sur la gauche, la fresque murale intitulée la Mona Lisa de Williamsburg est sans doute la plus connue et la plus photographiée de Williamsburg. Elle est tirée d’une photo proposée par un jeune photographe de 17 ans à un important concours étudiant (260 000 œuvres allant du dessin, à la poésie en passant par la photographie sont soumises aux différents jurys chaque année), et qui remporta la médaille d’or en 2014. Si vous vous mettez sur le terre-plein face à la fresque (haute de 4 étages), vous verrez la tour du One World Trade Center à sa gauche, et le Williamsburg Bridge à sa droite. Avancez sur la 6th St en passant par la droite de la fresque. Directement sur votre droite, la salle de Fitness Soma1 est installée dans un splendide ancien entrepôt en briques rouges qui nous rappelle l’activité industrielle et commerciale d’antan du quartier.
Rejoignez l’angle de Berry St et tournez à gauche, pour rejoindre l’intersection de Broadway. Sur votre droite, ne vous laissez pas berner par le look de bidonville du Diner, un restaurant gastronomique qui fut l’un des premiers à s’installer sur Williamsburg il y a presque 25 ans, avant la revitalisation du quartier. Pour comprendre le choix du nom du restaurant, il faut savoir que les diners aux Etats-Unis, sont des petits restaurants populaires, pas très chers, servant à toute heure (parfois 24h/24) des plats classiques de la comfort food américaine. Les premiers diners, au début du XXème siècle, s’installèrent au bord des routes, dans des installations de fortune, comme d’anciens wagons de train reconvertis en petits restaurants. Quand le modèle économique des diners s’est rapidement développé dans les années 20-30, certains fabricants de wagons commencèrent à proposer des restaurants préfabriqués, sur le modèle et de la taille d’un wagon, qu’ils pouvaient livrer tout équipé par voie ferrée aux 4 coins des Etats-Unis. On vit alors fleurir ces diners chromés, de la forme d’un wagon de style art deco (streamline moderne), dont il reste encore de nombreux exemples un peu partout aux Etats-Unis.
Le Diner Restaurant de Williamsburg est pour sa part, installé dans un véritable wagon restaurant pullman de 1927, anciennement roulant. Bien qu’il ne soit pas un diner au sens propre, car servant une cuisine plus élaborée (et plus chère), il en a conservé le nom, de part le lieu particulier qu’ils choisirent pour s’installer. Quelques années plus tard, constatant le succès du Diner, les deux associés derrière le projet ouvrirent un second restaurant, juste derrière, le Marlow and Sons, un nom qui fleure bon l’authenticité mais qui est en fait la contraction du prénom de l’un des associés avec le nom de famille du second (Mark Firth et Andrew Tarlow). Les deux restaurants (et maintenant la demi-douzaine d’autres que le duo a ouvert depuis) ne cuisinent que du local, faisant appel pour leurs légumes à des rooftop farms urbaines directement implantées au coeur de Brooklyn, comme la Eagle Street Rooftop Farm, qui cultive des légumes à Williamsburg, juste en face de Manhattan, sur le toit d’un entrepôt.
Désireux d’avoir de la viande de qualité en circuit court pour alimenter leurs restaurants, ils ouvrirent également la boucherie Marlow and Daughters, à deux pas sur Broadway, de l’autre côté de Berry St.
Traversez Broadway et poursuivez sur Berry St sur 3 blocs jusqu’à l’angle de la 10th St. Le quartier dans lequel vous pénétrez comporte une importante communauté juive orthodoxe, notamment regroupée au sein de la communauté Satmar Hasidique. Comme nous l’avions évoqué plus tôt, la présence de juifs dans le quartier date du début du XXème siècle, et de la première vague d’exode des juifs du Lower East Side, vers Brooklyn. Mais le développement de la communauté orthodoxe actuelle date surtout de la fin de la seconde guerre mondiale, lorsque Williamsburg devint la destination de prédilection pour un nombre important de survivants de l’holocauste, originaires de Hongrie et de Roumanie. Parmi toutes les communautés juives s’étant implantées dans le quartier, ce fut celle de Satmar, dirigée par le Rabbi Joel Teitelbaum qui fut la plus active, et qui finit par supplanter les autres. Avec plus de 8 enfants par famille en moyenne, cette communauté a l’un des taux de natalité les plus élevés du pays. Mais leurs particularismes ne s’arrêtent pas là. Pratiquant un judaïsme très stricte, vous croiserez les hommes en tenue traditionnelle, manteau noir, chapeau, barbes et papillotes (mêches de cheveux le long des tempes). Les femmes ne doivent jamais montrer leurs cheveux, aussi, si vous croisez des mères de famille en train de promener leurs enfants en tenues traditionnelles mais que vous vous étonnez de voir leurs cheveux apparents, sachez que ce sont … des perruques, qui cachent leur véritable chevelure. La pratique religieuse et l’étude du talmud occupent l’essentiel de la vie des hommes, tandis que l’essentiel de celle des femmes est dédié à tenir leur foyer avec une progéniture très nombreuse. Ne faisant que très rarement des études, ils occupent des emplois très précaires, leur permettant juste de subvenir à leurs besoins essentiels et de dédier leur existence à la religion. C’est ainsi un quartier avec un taux de pauvreté parmi les plus importants du pays, même si cela ne se ressent pas réellement. Dernier point étonnant pour les non avertis : cette communauté juive est farouchement anti-sioniste, appelant régulièrement à la destruction (pacifique) d’Israël. Ils considèrent en effet que l’existence de l’Etat juif est un péché devant Dieu. Ils pensent que la destruction de l’Israël antique était une punition divine pour les péchés du peuple juif, et que la vie en diaspora dans les autres nations est la seule possible. Seule la venue du messie permettra de reconstituer l’Etat juif d’Israël, et toute tentative pour le faire avant l’heure décidée par Dieu est un affront à Dieu.
Alors que vous traversez ce quartier à forte communauté juive orthodoxe, sachez néanmoins que votre présence n’est pas un problème : le quartier n’est pas un ghetto, il est peuplé de bien d’autres communautés et si vous croiserez des dizaines de juifs orthodoxes, vous constaterez une population très diverse et non exclusivement juive. Soyez évidemment respectueux et discret, et ne photographiez pas les gens comme dans un parc d’attraction.
Tournez enfin à gauche dans la 10th St, puis encore à gauche dans Bedford St, l’artère principale du quartier. Sur votre gauche en entrant dans Bedford St, la Korn’s Bakery est une boulangerie / deli cacher, proposant une large gamme de produits et plats à emporter dans la plus pure tradition yiddish. C’est typique, mais ne vous attendez pas à des découvertes culinaires inoubliables.
Continuez ensuite sur Bedford Avenue jusqu’à l’angle de Broadway. Vous voici ressorti du cœur du quartier juif. Sur votre droite à l’angle de Broadway et Bedford Avenue, le Smith, Gray & Co. Building était le quartier général d’un fabricant de vêtements pour homme et enfant très prospère à Brooklyn au XIXème siècle. Smith, Gray & Co fut fondé en 1833 par un tailleur de Manhattan (Smith) et son beau-frère (Gray), lui aussi du métier. Ils firent construire ce magnifique building en 1884. Le rez-de-chaussée était utilisé comme magasin et les étages accueillaient des ateliers de confection. Leur succès était tel qu’ils s’étendirent sur d’autres immeubles dans tout le quartier, puis ouvrirent des boutiques à Manhattan. Les nombreux incendies auxquels ils durent faire face n’entamèrent pas leur succès, mais après la disparition des deux fondateurs, l’entreprise finit par péricliter puis disparaître au début du XXème siècle. Aujourd’hui, le magnifique bâtiment avec ses façades en cast-iron (décoration de façade en fonte) a été converti en appartements.
Juste en face, de l’autre côté de Broadway, le Williamsburg Art & Historical Center est une fondation culturelle et artistique installée dans un ancien bâtiment bancaire, celui de la Kings County Savings Bank, construit dans les années 1860, dans un style Second Empire (avec ses toits mansardés). L’immeuble fut utilisé comme une banque sous différentes enseignes jusque dans les années 1990.
Comme on peut le voir dans la photo ci-dessous datant du début du XXème siècle, un métro aérien parcourait autrefois Broadway et passait juste devant la Kings County Savings Bank que l’on reconnaît sur la gauche de la photo. On aperçoit également au loin le dôme de la Williamsburg Saving Bank vers lequel vous allez maintenant vous diriger.
Prenez donc à droite sur Broadway, et avancez jusqu’à une autre banque, la Williamsburg Saving Bank à l’angle de Driggs Avenue. Ce magnifique bâtiment bancaire avec son dôme proéminent fut construit en 1875 pour servir de siège à la Williamsburg Saving Bank. Alors que l’industrie bancaire et financière se développait de manière exponentielle aux Etats-Unis en général et à New York en particulier dans la seconde moitié du XIXème siècle, les établissements financiers cherchaient à conquérir un public toujours plus élargi, et ne s’adressaient plus aux seuls bourgeois fortunés. La Williamsburg Saving Bank fut établie spécifiquement pour s’adresser à un public de petits travailleurs, et le fait de construire des bâtiments aussi luxueux et imposants participait à la démarche commerciale de l’établissement, en faisant rêver les petits épargnants qui avaient l’impression de participer au rêve américain en déposant leurs économies dans un si somptueux établissement.
Depuis 2014, l’immeuble n’accueille plus aucune activité bancaire et a été converti en salle de réception que l’on peut louer pour des événements, mariages etc. Pour se rendre compte de l’évolution rapide du quartier au XIXème siècle, il faut savoir qu’avant 1834, l’ensemble du quartier était constitué de terres agricoles, et le terrain de la banque face à vous appartenait à la ferme de Frederick Devoe. A partir de 1834, le terrain fut divisé en lotissements ouverts à la construction. Dans les années 1850, il n’y avait que quelques maisons et deux églises autour de vous. Et quand la banque fut construite en 1875, c’est déjà une petite ville assez dense qui se dressait au milieu des anciens champs, face à Manhattan.
Et lorsqu’il fut décidé de construire le Williamsburg Bridge qui allait propulser l’essor du quartier en le reliant directement à Manhattan, il fallut raser plusieurs patés de maison pour accueillir la nouvelle infrastructure, dont celui situé juste derrière la Williamsburg Saving Bank comme on peut le voir sur le cliché suivant datant de 1903, pendant la construction du pont.
En face de la banque, de l’autre côté de Broadway, la Peter Luger Steak House est l’un des trois plus anciens steakhouses de New York City toujours en opération. L’établissement a ouvert ses portes en 1887 sous l’enseigne “Carl Luger’s Cafe, Billiards and Bowling Alley”. Luger était un immigrant allemand, comme une bonne partie des habitants du quartier à l’époque. Le restaurant qui évolua d’un bar de quartier à celui de steakhouse de qualité, finit par se trouver en difficulté quand la population du quartier évolua progressivement sous l’afflux des juifs du Lower East Side après la construction du Williamsburg Bridge, mais surtout après la seconde guerre mondiale avec le seconde vague de juifs orthodoxes issus d’Europe de l’Est. Ces nouveaux venus suivant un régime alimentaire strictement casher ne risquaient pas de devenir des nouveaux clients de l’établissement, qui périclita, tant et si bien qu’il fit faillite et fut mis en vente aux enchères en 1950. Personne ne se présenta à la vente, à part Sol Forman, le voisin d’en face (dans l’angle opposé en diagonale), qui possédait la Forman Family, une petite fabrique produisant notamment des plats en aluminium. C’était un habitué de l’établissement dans lequel il mangeait midi et soir, et où il emmenait ses rendez-vous d’affaires pour conclure ses contrats. Craignant de perdre sa cantine, Forman racheta donc l’établissement pour une bouchée de pain (il était le seul enchérisseur) et lui redonna son verni d’antan.
Tournez à gauche dans Driggs Avenue, en passant entre le Williamsburgh Savings Bank Building et l’ancien Forman Family Building, puis continuez tout droit en passant sous le Williamsburg Bridge, afin de rejoindre l’angle de la South 4th Street. Nous entrons dans le quartier branché de Williamsburg, qui attire les artistes et les jeunes cadres qui cherchent à s’extirper de Manhattan. Ici, de nombreux commerces et restaurants jouent le jeu du renouveau urbain et artistique en mettant à la disposition des artistes de rue leurs murs pour accueillir des fresques de Street Art. C’est le cas par exemple du Sun and Air Coffee and Bike Shop à l’angle de la South 4th Street.
Tournez à gauche dans la South 4th Street. Sur votre gauche, un peu après le croisement avec Bedford Avenue, le bar Randolph Beer WBURG est installé dans ce qui est sans doute la plus ancienne maison du quartier. Construite à l’époque coloniale hollandaise au milieu de la campagne comme un refuge en cas d’attaque indienne, elle fut ensuite transformée en petite auberge qui aurait souvent servie au capitaine William Kidd de point d’attache entre deux expéditions. William Kidd était un ancien pirate converti dans le mercenariat maritime au service de la couronne britannique (ce qu’on appelait un privateer – on dirait corsaire en français). Il fut finalement arrêté pour acte de piraterie dans une affaire tortueuse où ses commanditaires l’auraient abandonné, avant d’être condamné à mort et exécuté à Londres en 1701. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la petite auberge perdue au milieu des champs aura survécu à l’épreuve du temps, mais aussi à l’urbanisation progressive de la zone, trouvant sa place entre deux immeubles jusqu’à nos jours !
Poursuivez sur la 4th St jusqu’à l’angle de Berry St. En face de vous légèrement sur la droite, vous apercevez l’arrière du 325 Kent Avenue, un étonnant building constitué de 2 tours de 16 étages, reliées en leurs étages supérieurs par un portant de 3 étages de haut (constituant ainsi une sorte d’arche), et dont l’arrière (face à vous) descend en dégradé pyramidal.
Cet immeuble fait face à l’East River et Manhattan au niveau du Domino Park, complexe en pleine construction que vous allez bientôt explorer, mais nous le mentionnons dès maintenant car l’angle de Berry St est votre meilleure opportunité d’en comprendre l’architecture arrière, globalement invisible depuis le Domino Park. Nous y reviendrons.
Continuez sur la 4th Street jusqu’à l’angle de Kent Avenue. Au fur et à mesure que vous rejoignez la rive de l’East River, l’architecture du quartier évolue, avec moins d’immeubles résidentiels, et plus d’anciens entrepôts, également construits plus haut. Ici aussi, le quartier est en pleine évolution et rénovation.
Ainsi par exemple sur votre gauche, à l’angle de Kent Avenue, un ancien entrepôt en brique sur deux étages (333 Kent Avenue) a été rénové en bureaux, et coiffé d’un loft en duplex sur le toit, addition moderne à un bâtiment commercial historique.
Continuez tout droit jusqu’à l’East River en pénétrant dans le Domino Park, sauf si les travaux en cours ne vous en empêchent, auquel cas il vous faudra contourner par la gauche ou la droite pour rejoindre la rive de l’East River et le Domino Park.
Rejoignez les terrains de Bocce (une variante italienne de la pétanque française, importée aux Etats-Unis par les immigrants italiens) en bordure de l’East River. Le point de vue à la pointe sud du Domino Park sur le Williamsburg Bridge est juste sublime. Vous apercevez, sous le pont au loin le Manhattan Bridge et le Brooklyn Bridge, et même la statue de la liberté. Et sur la droite, toute la skyline de Midtown Manhattan (nous y reviendrons un tout petit peu plus loin).
Remontez lentement le long de la rive de l’East River vers le nord, à travers le Domino Park. Ce nouveau complexe, avec un parc en bordure de l’East River, face à Manhattan, et les immeubles environnants faisaient autrefois partie de complexe industriel d’une raffinerie sucrière, la Domino Sugar Refinery. Construite au milieu du XIXème siècle, c’était non seulement la plus grande des Etats-Unis, mais aussi la plus grande raffinerie de sucre au monde. Elle a produit jusqu’à 98% de tout le sucre consommé aux Etats-Unis, à partir de canne à sucre cultivée dans les Etats du sud du pays, puis progressivement importée d’Amérique centrale ou du sud, et des îles des Caraïbes. En 1919, plus de 4500 ouvriers s’activaient sur ce site. Puis la production de sucre à New York commença à s’effriter, avant de chuter dans les années 50-60. L’activité de la raffinerie sera réduite, mais elle continuera malgré tout à tourner jusqu’en 2004, où le complexe industriel fut définitivement fermé, et laissé à l’abandon. La marque Domino existe toujours, mais la production américain de sucre est aujourd’hui quasiment nulle.
Après une quinzaine d’années en tant que friche industrielle, l’usine Domino fut finalement convertie en parc avec un immense projet de complexe résidentiel attenant, aujourd’hui en cours de construction. L’essentiel des anciens bâtiments ont été rasés pour faire place à de nouveaux gratte-ciels ultra-modernes, le 325 Kent Avenue sur votre droite si vous regardez en direction de l’ancienne usine, étant le premier. L’usine elle-même sera conservée et entièrement rénovée pour accueillir des bureaux. Elle sera au cœur du Domino Complexe qui comprendra deux autres gratte-ciels, de part et d’autre de l’ancienne raffinerie. Sans compter le 325 Kent Avenue en retrait sur la droite, et à la pointe nord, l’étonnant One South First and Ten Grand Street que nous verrons plus détail tout à l’heure. Dans le parc nouvellement créé au bord de l’Hudson River, quelques restes du complexe industriel ont été conservés : des grues, des réservoirs à sirop de canne … Même les bancs en escalier au centre du parc sont faits avec d’anciennes poutres de la raffinerie.
Progressez le long de l’East River jusqu’au niveau de l’ancienne raffinerie. Retournez-vous pour faire face à Manhattan, et profitez du splendide panorama sur la skyline de Manhattan. Vous devriez pouvoir identifier une vingtaine de bâtiments de Lower Midtown et Midtown.
De la gauche vers la droite :
Au niveau de Union Square :
1 – Consolidated Edison Building
Un peu plus loin, le Hudson Yard et notamment :
2 – Fifteen Hudson Yards
3 – Ten Hudson Yards (le gratte-ciel qui est directement dans le prolongement de la High Line)
4 – Thirty Five Hudson Yards
5 – Thirty Hudson Yards : c’est le plus haut du Hudson Yards, celui qui accueille l’observatoire The Edge, une terrasse suspendue au-dessus du vide sur le bord du building et que vous devriez pouvoir apercevoir si vous avez de bons yeux (ou un bon zoom)
Puis 3 gratte-ciels qui semblent plus éloignés les uns des autres alors qu’ils sont très proches, tout autour du Madison Square Park, mais c’est parce qu’ils sont beaucoup plus proches de nous :
6 – Madison Square Park Tower (une tour très fine qui domine le Madison Square Park)
7 – Met Life Tower
8 – The New York Life Building (avec son toit doré)
Puis encore un peu plus à droite :
9 – Madison House (un autre tour résidentielle très étroite)
10 – Empire State Building
Puis, encore plus à droite :
11 – Consolidated Edison East River Generating Station (dont on voit les 4 cheminées, en bordure de l’East River)
12 – One Bryant Park (au pied du Bryant Park, près de Times Square) qu’on devine entre les cheminée de la centrale électrique Consolidated Edison
Plus à droite encore, autour de la gare de Grand Central :
13 – One Vanderbilt qui accueille le tout nouvel observatoire du Summit One Vanderbilt, sans doute le plus spectaculaire de Manhattan
14 – Central Park Tower (deuxième plus haute tour de Manhattan, plus haute tour exclusivement résidentielle au monde)
15 – MetLife Building : l’ancien Pan Am Building qui domine Grand Central
16 – Chrysler Tower, sans doute la plus belle tour de Manhattan
17 – 111 West 57th : la tour crayon, ultra fine, en bordure de Central Park
Et enfin encore un peu plus à droite :
18 – 432 Park Avenue : une autre tour ultra-fine, ultra-haute
19 – 601 Lexington Avenue ou Citigroup Center
20 – United Nations Headquarters : le siège des Nations Unis sur l’East River
21 – Trump World Tower
Enfin, encore un gros cran sur la droite :
22 – Sutton Tower : encore une tour résidentielle récente
23 – Ed Koch Queensboro Bridge, le pont qui relie le Queens à Manhattan en enjambant Roosevelt Island.
Reprenez votre route vers le nord du parc. Entre le vendeur de Tacos (Tacocina) et les anciennes grues installées au nord du parc, une sorte de viaduc permet de prendre de la hauteur sur le parc, notamment au-dessus de l’immense aire de jeu pour enfants. Alors que vous arrivez vers les grues, sur votre droite, l’étonnant One South First and Ten Grand Street : deux gratte-ciels dont l’un s’appuie sur le toit de l’autre pour former comme une immense arche. Chacune des deux tours est l’œuvre d’un architecte différent. La structure répétitive blanche de la façade autour des fenêtres est censée s’inspirer des cristaux de sucre, clin d’œil à l’ancienne raffinerie.
Rejoignez l’angle de River St et Grand St : sur votre gauche, le Grand Ferry Park est un petit parc construit à l’emplacement de l’arrivée des ferrys pour Williamsburg, et notamment du Grand Street Ferry qui ralliait Manhattan à partir de 1802, et qui est à l’origine du quartier. On trouve également dans ce parc les restes d’une cheminée de l’ancienne installation industrielle, et les rochers au bord de la rivière permettent même d’aller toucher l’eau de l’East River.
Puis prenez Grand St et tournez à gauche dans Kent Avenue. Si le quartier en bordure de l’East River a gardé des traces manifestes de son passé industriel, ce n’est pas uniquement dû aux opérations de conversion. Certains choix architecturaux sur de nouveaux bâtiments cherchent délibérément à maintenir cet héritage. C’est assez évident par exemple à l’angle de Kent Avenue et de Metropolitan Avenue, où l’ensemble résidentiel du Kent House sur la droite laisse clairement imaginer une reconversion d’un ancien entrepôt en briques, alors que le building date de 2018.
Continuez sur Kent Avenue jusqu’à la North 4th St, et prenez à gauche pour rejoindre de nouveau la rive de l’East River, en longeant les façades de verre du One North Fourth sur votre droite. Rejoignez le North 5th Street Pier and Park, en bordure d’un espace résidentiel moderne, surplombant l’East River. Avancez-vous sur l’une des jetées; afin d’avoir un nouveau point de vue avec plus de recul sur le Williamsburg Bridge.
Sur la rive opposée de Manhattan, un peu plus au nord (à droite), les 4 cheminées de la Consolidated Edison East River Generating Station furent construites en 1926 par la New York Edison Company. Elle est le produit de la fusion d’une des plus anciennes sociétés d’approvisionnement en gaz de New York, la New York Gas Light Company (qui assurait notamment les fonctions d’éclairage urbain) et de la Edison Illuminating Company qui commença à expérimenter l’éclairage électrique dans le sud de Manhattan à la fin du XIXème siècle. Conçue originellement comme un générateur d’électricité au charbon, elle fonctionne désormais uniquement au gasoil et au gaz naturel. Malgré ses dimensions gigantesques, la centrale est loin de pouvoir couvrir les besoins en électricité de la ville, et la Consolidated Edison construisit une, puis deux centrales nucléaires dans le nord de l’Etat, le long de l’Hudson River, dans les années 50 puis 70. A noter également que la vapeur produite par la centrale alimente le plus gros réseau de distribution de chauffage urbain à la vapeur du monde. L’Empire State Building, l’immeuble des Nations Unis ou encore le Metropolitan Museum of Art sont autant de buildings de New York chauffés grâce à la vapeur de la centrale en face de vous. Si vous visitez New York en hiver, et constatez de nombreuses bouches d’égouts d’où s’échappe une abondante fumée blanche par temps froid, ce sont des fuites de vapeur d’eau sur le réseau de chauffage urbain de la Consolidated Edison.
Continuez le long de l’East River vers le nord en dépassant la jetée de l’East River Ferry (arrêt North Williamsburg), et prenez à droite sur North 6th St puis tout de suite à gauche sur North 6th Place. En face de vous, le parking du Marsha P. Johnson State Park (ex East River State Park) qui accueille en saison (en général d’avril à octobre), le Smorgasburg Williamsburg. Ce rassemblement géant de food trucks et autres stands de street food a lieu tous les samedis (du printemps au milieu de l’automne donc) de 11h jusqu’à 18h. Vous y trouverez une centaine de stands de street food regroupés dans un seul parc. Un vrai paradis du fooding avec vue sur la Skyline de Manhattan.
Tournez à droite sur North 7th St. A l’angle de Kent Avenue, vous pouvez vous consoler sur votre droite au Chip City – Williamsburg si vous visitez le quartier un jour sans Smorgasburg. Les cookies y sont chers (4$ l’un, 20$ les 5) mais très gros et les recettes changent chaque jour. C’est le même principe que l’enseigne Crumble Cookies qui envahit littéralement les malls des villes moyennes américaines.
Continuez ensuite sur North 7th St : vous entrez dans la partie commerçante et animée de Williamsburg. Sur votre droite, le hangar du Artists & Fleas Williamsburg, accueille des petits créateurs et artistes en mode marché au puce. Juste après, toujours sur votre droite, la façade en tôles ondulées rouillées du Shelter semble vous transporter dans un backyard redneck du fin fond de la Louisiane. Les prix de la carte vous rappellent cependant bien vite que vous êtes dans un quartier trendy de New York City !
Prenez à droite sur Wythe Avenue, puis à gauche sur North 6th St. La façade de brique couvertes de fresques murales colorées du National Sawdust cache une salle de spectacle dédiée à la scène artistique avant-gardiste de New York. La North 6th Street concentrent de nombreux magasins : Nike Store, Vans, Urban Outfitters, Birkenstock, Parachute ou des marques plus novatrices comme Everlane.
A l’angle de Berry St, la boutique de l’opticien Warby Parker en face de vous à droite arbore elle aussi une fresque murale sur l’intégralité des façades du bâtiment. Tournez à droite sur Berry St. Au fur et à mesure que vous vous approchez de l’angle de la North 5th St, vous avez la combinaison parfaite de tout ce qui constitue le charme de ce quartier : sur votre gauche à l’approche de l’intersection, une enfilade de toutes petites maisons, anciens garages ou autres immeubles à un ou deux étages, rappelant le Williamsburg d’hier. Sur votre droite à l’angle de la North 5th St, un de ces immeubles très récents qui commencent à remplacer ces anciennes habitations, mais dans un style architectural qui reste en harmonie avec le quartier, tout en étant résolument moderne. Dans l’angle opposé à droite, un garage (North Side Auto) est installé dans un hangar qui jouxte les immeubles modernes voisins. Face à vous sur la droite, la fresque murale de l’écureuil est apposée sur le mur d’un Shake Shack, la rolls des burgers de New York (mais ne vous laissez pas tenter trop vite, vous aurez d’autres options gastronomiques plus rares dans quelques minutes).
Tournez à gauche sur North 5th St, en direction de Bedford Avenue. Juste avant l’intersection sur votre droite, le Awoke Vintage Brooklyn est un magasin de vêtements vintages, voisinant avec l’échoppe dans tatoueur, au rez-de-chaussée d’un ancien atelier transformé en mini-mall. Sur le trottoir opposé, une magnifique fresque murale, la Muhammed Ali Louisville Lip Mural, de l’artiste australien Brolga, aujourd’hui installé à Williamsburg. Elle honore le boxeur originaire de la ville de Louisville dans le Kentucky, surnommé le “Louisville Lip” (les lèvres de Louisville) en raison de ses habitudes de beau parleur, toujours prêt à lâcher dans l’attente des matchs des descriptions imagées de ses futurs adversaires et de la manière dont il entendait les battre (trash talking).
A droite sur Bedford Avenue, la célèbre fresque “‘Elvis Presley War is Hell” de l’artiste brésilien Kobra (qui a depuis envahi les murs de Manhattan) était presque entièrement effacée à notre dernier passage. Espérons qu’elle aura été réhabilitée d’ici votre visite.
Elvis Presley qui a connu le succès très jeune avait été appelé sous les drapeaux pour son service militaire alors qu’il était déjà une méga-star. Il fut proposé au chanteur controversé (à l’époque) de servir dans une unité spéciale organisant des concerts pour les troupes, mais il refusa, et servit dans une unité régulière, en Allemagne, pendant la Guerre Froide. Cela lui valut de redorer son image auprès d’un public plus large, et sa carrière ne fut pas affectée par les deux ans d’interruption, son producteur ayant pris soin d’enregistrer suffisamment de tubes avant son départ sous les drapeaux pour assurer des sorties régulières de disques pendant son absence médiatique.
Prenez à gauche sur Bedford Avenue en direction du nord. Cette portion de l’avenue concentre les restaurants et bars. Le Doughnut Plant à l’angle de la 6ème se veut une version gourmet de la pâtisserie préférée des Américains, avec des déclinaisons gastronomiques originales (dont le fameux Crème Brûlée Doughnut), mais à des prix franchement élevés (4-5$ la pièce).
A l’angle de la 7ème sur la gauche, le mur du Dunkin Donuts accueille une autre fresque murale, intitulée “On The Outside Looking In” est censée être une réflexion sur l’évolution du quartier, d’un quartier d’ouvriers et immigrés où les artistes avaient trouvé des loyers modérés et des commerces peu onéreux, à un quartier de hipster en pleine gentrification sous la poussée de l’explosion des prix de l’immobilier. Le fait que cette fresque critique soit peinte sur le mur d’un Dunkin Donuts, une chaîne assez mal accueillie par les habitants d’origine du quartier, attachée à leurs commerçants indépendants est assez amusant. D’autant que l’immeuble voisin à droite accueille désormais un Starbuck Reserve, la nouvelle enseigne encore plus élitiste et chère du Starbuck Coffee, symbole s’il en est de la société du marketing et de la consommation.
Continuez sur Bedford Avenue. Sur votre droite, la Martha’s Country Bakery, fondée en 1972, se veut tout l’inverse du Dunkin Donuts ou du Starbuck Reserve. La petite enseigne locale de New York propose ses parts de cake, ses cupcakes et ses pies à une clientèle d’habitués. C’est assez cher, c’est de la pâtisserie très “américaine” ultra classique, mais vous pouvez vous laisser tenter en fonction du “weekly special” : le lundi les cupcakes sont à 2$, le mardi les butter cream sliced cakes sont à 3$, tout comme les pies (tartes) le mercredi ou les puddings le jeudi.
Enfin rejoignez l’angle de la North 8th St, où vous attend le Sweet Chick, qui sert le meilleur chicken and waffle de New York. Cette spécialité de soul food du sud des Etats-Unis connaît ces dernières années un retour en force, qui va de paire avec une amélioration de la qualité de recettes traditionnelles un peu trop longtemps laissées aux mains de l’industrie du fast food. Certes, c’est un peu cher, avec un chicken and waffle à 16$, servi classique (conseillé) ou Nashville Hot (à vraiment réserver aux adeptes des plats les plus épicés), ou encore en version plus originales (honey garlic ou salted caramel par exemple). Etonnant mélange de sucré-salé (le poulet frit est dégusté avec une gaufre saupoudrée de sucre glace et du sirop d’érable), c’est un véritable délice, ultra croustillant à l’extérieur, et juteux à l’intérieur. Pour faire baisser la note, vous pouvez prendre également des Original Chicken Sandwich ou encore des Spicy Honey Butter Chicken Biscuit à 10$. Ou simplement prendre un chicken and waffle unique à emporter pour grignoter à plusieurs sur le chemin. Une adresse que nous recommandons chaudement si vous voulez un authentique fried chicken.
Puis continuez sur Bedford Avenue. Sur votre droite à l’angle de la North 9th St, une nouvelle fresque murale colorée de l’artiste Eduardo Kobra, cette fois en hommage à deux géants du pop art, Andy Warhol, dans les années 60-70, et Jean-Michel Basquiat qui prit pour ainsi dire la relève dans les années 80, en donnant ses lettres de noblesse au street art et au graffiti. Elle revisite une célèbre photographie où les deux artistes posent ensemble avec des gants et maillot de boxe.
Continuez un block de plus sur Bedford Avenue avant de prendre à gauche sur la North 10th St. Juste avant de tourner à gauche, jetez un œil à droite dans la 10ème, pour une dernière fresque murale sur votre droite. A noter également un peu plus bas dans la 10ème, l’échoppe de Fedoroff’s Roast Pork sert des sandwichs (notamment de rôti de porc) et des frites à la graisse de cochon très réputés, mais à des prix franchement dissuasifs. A tester en partageant s’il vous reste encore de l’appétit (et de l’argent).
Avancez donc de deux blocs sur la North 10th St jusqu’à l’angle de Wythe Avenue, où se trouvent deux hôtels de luxe de Williamsburg. Sur votre gauche, le Hoxton Williamsburg et sa façade très sobre et épurée face à l’East River et Manhattan, a ouvert ses portes en 2018. Il comprend un rooftop bar avec une vue imprenable sur la skyline de Manhattan et les toits de Williamsburg. Cachée derrière un rideau rouge dans le lobby de l’hôtel se trouve la plus petite salle de cinéma au monde : deux fauteuils de cinéma font face à un petit écran où est projeté un film 24h/24, généralement un classique, avec changement de film chaque semaine.
En face de vous à droite, le Williamsburg Hotel est un établissement 5 étoiles qui cache derrière sa magnifique façade de brique, des chambres modernes avec baies vitrées du sol au plafond, et une rooftop pool avec une vue hallucinante sur Manhattan, et un château d‘eau transformé en tour d’observation vitrée. Si vous aviez encore besoin de vous convaincre que Williamsburg n’est plus vraiment ce quartier ouvrier pour artistes fauchés…
Tournez à droite dans Wythe Avenue. A l’angle de la 11ème rue, le Wythe Hotel, ouvert en 2012, fut le tout premier hôtel de Williamsburg. Installé dans les ateliers d’une ancienne tonnellerie, il fit le choix de mettre l’accent sur la dimension artistique du quartier, arborant une soixantaine d’œuvres d’art dans tout l’hôtel (y compris dans les chambres), à commencer par la magnifique enseigne lumineuse qui orne sa façade.
En face de l’hôtel, de l’autre côté de Wythe Avenue, l’immense façade de la Brooklyn Brewery est recouverte d’une magnifique fresque murale colorée. L’entrée de la brasserie est localisée un peu plus bas sur la North 11th St : on peut y voir les cuves où est brassée cette bière artisanale et locale, et à certaines heures, profiter d’une visite guidée gratuite de la brasserie, ou déguster au bar une sélection des différentes bières brassées sur place.
Continuez sur Wythe Avenue. Juste après la brasserie, le Brooklyn Bowl est une immense salle de bowling : au programme, bowling bien sûr, mais aussi poulet frit et concerts de musique live. A noter les “Family Bowls” en journée, le samedi et le dimanche.
Puis tournez à droite dans la North 12th St, et tout de suite à gauche pour prendre l’escalier qui vous fera monter sur la terrasse du 55 Wythe Avenue. Sur votre droite, un gratte-ciel de 23 étages héberge William Vale Hotel, un boutique hôtel trendy de 183 chambres. Depuis la terrasse, approchez-vous de Wythe Avenue : en face, de l’autre côté de l’avenue, la splendide façade arrière du 25 Kent Ave.
Redescendez par les escaliers qui font face à ceux que vous avez pris pour monter, afin de passer sous le William Vale Hotel et ressortir sur la North 12th St où vous tournerez à droite. Prenez ensuite à gauche sur Berry St qui va obliquer en se jetant dans Nassau Avenue.
Continuez jusqu’à l’angle de Lorimer St et Bedford Avenue. Sur votre droite, se trouve le McCarren Park, un immense parc avec jardins, aires de jeux, stade d’athlétisme, terrains de baseball, mais surtout la gigantesque McCarren Park Pool. Cette piscine historique fut construite pendant les années 30, durant la grande dépression, avec des fonds publics destinés à relancer l’économie par des grands travaux. Le bassin monumental faisait à l’origine 100 mètres sur 50 mètres, plus deux bassins secondaires en demi-cercle, l’un servant de pataugeoire, l’autre pour les plongeoirs. La capacité de la piscine était alors de 6800 baigneurs !
Fermée dans les années 80 après un manque d’entretien chronique, elle sera finalement entièrement restaurée (et le bassin modifié) et a rouvert ses portes en 2012
Avec l’évolution des règles de sécurité et la limitation de la taille du bassin dans sa nouvelle configuration, elle ne peut plus accueillir “que” 1500 baigneurs simultanément. Si vous passez une semaine ou plus à New York en été, n’oubliez pas vos maillots de bain et testez absolument cette piscine étonnante, d’autant plus que comme toutes les piscines municipales de la ville, elle est entièrement gratuite !
Prenez en biais sur la gauche sur Bedford Avenue jusqu’à l’angle de Manhattan Avenue. A l’angle sur votre droite, le Frankel’s Delicatessen & Appetizing semble tout droit sorti des années 70. Il propose tous les grands classiques du deli new-yorkais : pastrami sandwich, bagel lox (au saumon), breakfast sandwich au pastrami … dans une ambiance rétro très sympa et authentique.
Tournez enfin à gauche sur Manhattan Avenue pour rejoindre l’angle de Norman Avenue où se trouve la bouche de métro de la ligne G (station Nassau Avenue) et où s’achève notre visite de Williamsburg. Pour ceux qui en voudraient encore, vous pouvez pousser le long de Manhattan Avenue jusqu’à la station suivante de Greenpoint Avenue. La ligne G du subway vous amènera sur Long Island City où vous pourrez au choix enchaîner par notre circuit Long Island City, ou changer pour une des nombreuses lignes de métro vous ramenant sur Manhattan.
Découverte de Long Island City
La boucle principale de notre circuit Long Island City fait un peu moins de 5 km, entre la station de métro 21st Street, au sud du quartier, et la Queensboro Plaza Station au nord. Un détour d’1.6 km jusqu’à Hunters Point en début de parcours constitue une extension possible, de même qu’un retour à pied sur Manhattan via la Queensborough Bridge en fin de parcours (un peu moins de 3 km de plus). Le cœur du circuit avec l’essentiel des points d’intérêt reste cependant dans la boucle principale de 5 km qui donne un excellent aperçu du quartier, tout en offrant en début de parcours de superbes points de vue sur la skyline de Manhattan et l’East River.
La municipalité de Long Island City naît en 1870 du rapprochement de plusieurs villages dispersés, dont Astoria, Hunters Point, ou Dutch Kills, qui représentent conjointement environ 12 000 habitants. Mais finalement, en 1898, c’est tout le Queens dont Long Island City forme la limite sud qui est incorporé comme un nouveau borough (quartier) de New York City. Long Island City est connecté à Manhattan par trois lignes de métros construites dans les années 1930, ainsi que par le Queensboro Bridge au nord, inauguré en 1909.
Construit sur deux niveaux, il incluait dès son origine un passage piétonnier, deux lignes de chemin de fer, et 4 voies de trafic autoroutier. C’est aujourd’hui l’unique pont permettant de rallier Manhattan sans péage. C’est également le pont qu’on voit sur l’affiche mythique du film Manhattan de Woody Allen (mais prise depuis Manhattan).
Comme le quartier voisin de Williamsburg, après avoir affronté une traversée du désert à partir des années 70 avec la fin progressive des activités industrielles en bordure de l’East River, le quartier a connu un renouveau dans les années 2000, dopé par la disponibilité de terrains constructibles ou d’immeubles commerciaux ou industriels à convertir.
Le début de notre circuit se trouve au niveau de la station Vernon Blvd – Jackson Av, accessible par la ligne 7 ou la station 21st Street, ligne G (c’est notamment le cas si vous arrivez du circuit Williamsburg). Si vous arrivez par la 21st Street, prenez Jackson Avenue vers le sud jusqu’à l’angle de la 50th St où se trouve une immense fresque murale colorée, au-dessus de la Jackson’s Eatery. Puis tournez à droite dans la 50th Avenue. Si vous arrivez par Vernon Blvd – Jackson Av, vous devriez déboucher directement dans la 50th Avenue. Prenez vers l’ouest sur la 50th Avenue en direction de l’East River, et traversez Vernon boulevard.
Sur votre droite, le commissariat de police de la 108th Precinct semble tout droit sorti d’une série policière américaine. Le New York City Police Department, ou NYPD est à la fois le plus grand service de police municipale des Etats-Unis, et le plus vieux. Il emploie 55 000 personnes dont 35 000 policiers en uniforme. C’est la moitié des effectifs de toute la police nationale en France, et le double des effectifs de toutes les polices municipales en France. La police de New York a connu une longue histoire de corruption (tout comme la vie politique de la ville), quasiment depuis ses origines. Les choses finiront par changer à la toute fin des années 70, début des années 80, en partie sous l’impulsion d’un officier de police, Frank Serpico, qui refusant de prendre part au système de corruption en place dans son commissariat et face à la surdité de sa hiérarchie, finira par faire éclater le système dans les médias, conduisant à un nettoyage en profondeur des services de polices. Comme un peu partout aux Etats-Unis, la criminalité issue des années 70 sera à son apogée au début des années 90, avant de connaître une très forte diminution sous l’impulsion de politiques nouvelles dont un grand nombre furent expérimentées d’abord à New York. On peut citer notamment l’utilisation grandissante des moyens d’information et notamment le programme CompStat, né dans la police de New York, consistant à faire remonter de manière extrêmement précise les statistiques de plaintes, crimes et délits, arrestations, quartier par quartier, rue par rue, block par block. La mise à disposition d’une carte extrêmement précise de la criminalité et la mesure hebdomadaire de son évolution permit à la fois une meilleure utilisation des ressources de police (en dispatchant les unités en fonction de la nature criminogène des territoires), mais également en responsabilisant les forces de police à tous les niveaux, par la transparence des résultats sur le terrain. C’est aussi à New York qu’émergea conjointement la théorie de la vitre cassée (broken windows theory) : elle prévoit que si on laisse des gamins jeter une pierre et casser la vitre d’un vieil entrepôt à l’abandon (un geste au plus bas de l’échelle des crimes et délit), la détérioration progressive du bâtiment encouragera à d’autres actes d’incivilité, dégradant l’image du quartier et augmentant le sentiment d’insécurité. Bientôt, le vieil entrepôt désormais dégradé sera le lieu d’un trafic de stupéfiant, attirant un nombre plus important de personnes dépendantes, entraînant l’accroissement des vols dans les commerces alentours, puis les agressions, puis les violences avec armes entre bandes s’adonnant au trafic etc… Ainsi, la broken windows theory prône une réponse forte sur l’ensemble des crimes et délits, avec un accent particulier sur les délits mineurs, qui sont le terreau de délits plus importants jusqu’aux crimes majeurs. La thèse est très disputée dans les milieux académiques, mais ce qui est une réalité, c’est l’effondrement en une dizaine d’années de la criminalité à New York (et dans le reste des Etats-Unis) depuis la mise en place de ces politiques. En 1990, on recensait plus de 500 000 délits majeurs à New York City. En 2019, ce chiffre était de 95 000. Pour les seuls homicides, les chiffres sont passés sur la même période de 2262 à 319.
Sur le trottoir en face du commissariat, vous trouverez une échoppe de la Ample Hills Creamery, une marque de glace new-yorkaise qui a démarré à Brooklyn, dans un simple chariot installé dans le Prospect Park. Aujourd’hui, la Ample Hills Creamery opère la plus grande fabrique de glace de la ville de New York.
Continuez sur la 50th Avenue jusqu’à l’angle de la 2nd St. Deux options à partir d’ici, soit continuer tout droit pour rejoindre directement l’East River, soit faire un détour d’1.6 km pour rejoindre Hunter’s Point, la pointe sud de Long Island City, et longer l’East River sur une longueur un peu plus grande.
DETOUR 1 (1.6 km) : Hunter’s Point
Tournez à gauche dans la 2nd Street, et continuez tout droit à travers un quartier en plein chantier, jusqu’à l’embouchure de la Newtown Creek. Ce bras de rivière fortement artificialisé et industrialisé forme la frontière entre le Queens (où vous vous trouvez) et Brooklyn (Williamsburg) en face de vous. C’est un des sites industriels les plus anciens mais aussi les plus pollués des Etats-Unis. Ça n’empêche pas d’y avoir installé tout au bout de la 2nd St, la Hunters Point South Kayak Ramp.
De l’autre côté de la Newtown Creek, de nouveaux bâtiments modernes ont été construits sur d’anciens sites industriels. C’est notamment le cas des deux tours Eagle + West, construites en escalier.
Continuez sur la droite au plus près de l’East River, en contournant les deux tours du Gotham Point. Ce projet immobilier à la pointe sud du Hunters Point est en réalité un partenariat public-privé : il est développé et géré par un promoteur immobilier, mais une partie des fonds provient du programme de logements sociaux de la ville de New York. Ainsi 25% des appartements des deux tours seront proposés au prix du marché, tandis que 75% des appartements seront réservés à un public aux revenus bas à moyen (par rapport à la moyenne des revenus à New York), et à des tarifs bien en deçà de ceux du marché, et proportionnels aux revenus des occupants. Pour postuler à ces HLMs de luxe, il faut évidemment rentrer dans un certain nombre de critères sociaux et de revenu, puis déposer son dossier pour participer à une loterie qui attribuera les logements à leurs heureux locataires. A New York, pas de listes d’attentes, les attributions de logements sociaux sont faites par tirage au sort.
La pointe sud du quartier où vous vous trouvez est nommée Hunters Point, qui est également le nom de l’ensemble du quartier. Elle tient son nom du capitaine George Hunter qui possédait une ferme sur cette pointe de terre au début du XIXème siècle.
Le petit parc le long de la rivière est très agréable, avec sa végétation semi-sauvage qui tranche avec l’urbanisation environnante.
Continuez le long de l’East River vers le nord. Sur votre droite, une terrasse en arc de cercle s’avance en direction de la rivière. Passez sous la terrasse, puis prenez les escaliers le long de la terrasse pour remonter en surplomb de l’East River. Le panorama depuis la pointe de la terrasse sur Manhattan est toujours aussi fascinant.
Face à vous, l’Empire State Building dépasse de la skyline, ainsi que le One Vanderbilt et la Chrysler Tower plus à droite. Se détache également sur la rive opposée de l’East River, la silhouette en forme de K inversé
Achevé de construire en 2017, le American Copper Buildings est en fait constitué de deux tours résidentielles (dont l’une doublement oblique), reliées par un skybridge de trois étages. Même si ce n’est pas visible à cette distance, les deux tours ne sont pas alignées : celle de droite est en retrait. Les murs nord et sud (que vous ne voyez pas) sont entièrement couverts de cuivre (d’où le nom du building), qui changera de couleur au fil du temps, pour aller vers un vert de gris caractéristique du cuivre oxydé (comme la statue de la liberté). Le skybridge qui relie les deux tours contient notamment les installations communes, comme la salle de sport mais aussi une piscine ainsi suspendue au-dessus du vide, et un terrasse sur son toit.
Poursuivez le long de l’East River. Sur votre gauche, un espace circulaire est occupé par 7 petits domes de béton blanc, censés représenter les phases de la lune, et sont recouvertes de pigments phosphorécents pour briller sous la lumière de la lune pendant la nuit. Cette installation de l’artiste japonaise Nobuho Nagasawa, installée à New York se nomme Luminescence.
Continuez jusqu’à la jetée de l’East River Ferry (arrêt Hunters Point South). A votre droite, une plage artificielle accueille des terrains de beach-volley. Continuez en passant sous la structure métallique qui forme un abri en forme de virgule, puis longez l’immense pelouse ovale au centre du Hunter’s Point South Park. Tout le parc est construit sur un terrain gagné sur la rivière, comblé avec de la terre et des rochers extraits lors du percement des tunnels sous l’East River dans les années 30.
Continuez jusqu’à rejoindre la jetée du Gantry Plaza State Park Recreational Dock, dans l’axe de la 50th Avenue.
Continuez sur la la 50th Avenue jusqu’à rejoindre la jetée du Gantry Plaza State Park Recreational Dock qui vous offrira une vue splendide sur Manhattan et notamment le American Copper Buildings en forme de K inversé (cf détails dans le détour ci-dessus si vous ne l’avez pas emprunté).
Les deux immenses structures métalliques portant l’inscription Long Island (quand on les regarde depuis la rivière) sont d’anciens portiques de levage construits en 1925. Se trouvaient en effet à cet emplacement des docks permettant le transfert des wagons de fret entre les lignes de chemin de fer qui arrivaient autrefois dans l’axe de la 48ème rue, et des barges assurant le franchissement de l’East River jusqu’à Manhattan.
Continuez vers le nord le long de L’East River. Après le deuxième portique de levage, le bâtiment moderne et design sur votre droite est la Queens Public Library at Hunters Point. Si vous aimez les bibliothèques ou l’architecture moderne, n’hésitez pas à y faire un tour : la vue depuis les salles de lecture est très sympa, et au dernier étage, une petite terrasse fait face au panorama sur l’East River et Manhattan.
Continuez toujours vers le nord, soit en coupant à travers le Rainbow Playground, soit en longeant la rive où sont installées des chaises longues face à Manhattan. Un peu plus loin, au pied d’un immeuble donnant sur l’East River, un immense panneau lumineux en néon fait la promotion de la marque de soda Pepsi-Cola. Construit en 1940, le Pepsi-Cola Sign était originellement installé au sommet de l’usine de mise en bouteille Pepsi-Cola, qui occupait le site jusqu’en 1999. A son inauguration, c’était le plus grand panneau lumineux publicitaire de New York et il était conçu pour être vu depuis Manhattan et l’East River.
Puis continuez toujours vers le nord le long de l’East River, en dépassant la jetée de l’East River Ferry (arrêt Long Island City). Sur votre gauche, au milieu de la rivière, Roosevelt Island, une île toute en longueur entre Manhattan et le Queens, sur laquelle s’appuie le Queensborough Bridge. Au XIXème siècle, la ville de New York utilisa l’île, qui n’était accessible que par bateau, pour construire une prison, puis un asile d’aliénés et enfin un hôpital pour traiter la variole (et surtout pour isoler les malades du reste de la ville). Dans les années 20, un immense hôpital fut également construit sur Roosevelt Island, alors que l’île n’était toujours pas accessible par le trafic routier. En effet, le Queensborough Bridge s’appuie sur l’île depuis sa construction en 1909, mais ne fait que le traverser, sans possibilité de s’y arrêter. Finalement quelques années plus tard, un immeuble fut construit juste à côté du pilier du Queensborough Bridge sur Roosevelt Island, et relié au pont par une passerelle. Cet Elevator Storehouse était alors équipé d’un ascenseur permettant de redescendre les véhicules ou les marchandises sur l’île.
Cet immeuble n’existe plus. Il sera abandonné en 1955 lorsque un pont autoroutier fut finalement construit au nord de l’île, et détruit dans les années 70. Aujourd’hui, les hôpitaux et autres prisons ont tous fermé, à l’exception d’un hôpital à la pointe nord de l’île et Roosevelt Island est occupé principalement par des tours résidentielles, et un campus universitaire, tandis qu’une station de métro ouverte en 1989 permet enfin de rejoindre l’île en transport en commun. Avant cela, l’unique solution de transport en commun pour rallier Roosevelt Island était un téléphérique longeant le Queensborough Bridge, ouvert en 1976. L’arrivée du subway le rendra obsolète mais il fut conservé principalement pour son attrait historique et touristique.
Sur votre droite, le Eleventh Street Basin est un bassin naval de 150 mètres le long, créé en 1868 pour accueillir l’activité industrielle le long de l’East River. Progressivement laissé à l’abandon par la fermeture des industries à la fin du XXème siècle (dont l’usine Pepsi-Cola), le bassin devait accueillir le futur QG d’Amazon sur la côte Est des Etats-Unis. Le projet pharaonique devait créer un nouveau bassin d’emploi de 40 000 personnes, de nouveaux immeubles, un réaménagement du bassin, des commerces, de nouvelles habitations en plus des bureaux pour Amazon. Mais l’activisme politique de la gauche new-yorkaise, qui considérait que les exemptions de taxe proposées par la ville pour faciliter la mise en place du projet équivalaient à sponsoriser l’entreprise privée avec de l’argent des New-Yorkais, conduit le géant du e-commerce à annuler son projet. Le Amazon HQ2 sera finalement construit en Virginie, le bassin reste pour l’instant une friche industrielle, et les milliers d’emplois se sont finalement envolés.
Longez le bassin vers l’est (la droite), le long du 45-45 Center Boulevard, un très joli gratte-ciel résidentiel tout en longueur qui borde le bassin, jusqu’à la 5th Street où vous tournerez à droite. Continuez tout droit sur la 5th Street, entre les immeubles modernes en front de rivière et les anciens entrepôts de brique aux façades couvertes de fresques murales colorées. Puis tournez à gauche dans la 47ème Avenue. A l’angle de Vernon Boulevard, sur votre gauche, une seconde enseigne Sweet Chick (cf infos dans le circuit Williamsburg), pour faire ou refaire une pause sucrée-salée.
Un peu plus loin, sur votre droite avant l’intersection de la 11th St, se trouve la caserne de pompier de la FDNY Engine 258 / Ladder 115 company. Le bâtiment construit en 1904 héberge la plus ancienne unité de pompiers de Long Island City, créée en 1891, puis incorporée dans le New York Fire Department quand Long Island City fut absorbée par la ville de New York. Comme vous pouvez le constater sur les frontons des deux portes de garage rouge, la caserne héberge en réalité deux unités distinctes sous le même toit : la Engine Company 258 est constituée par un camion équipé d’une pompe puissante, utilisée pour éteindre les incendies. La Hook and Ladder Company 115 utilise un camion utilitaire, avec une grande échelle. Le terme de Hook and Ladder pour désigner ces compagnies est lié à l’utilisation des échelles (ladder) mais aussi de crochets (hook) au bout d’une perche, qui est l’outil de prédilection des pompiers américains pour progresser dans un immeuble en feu ou endommagé par les flammes. Le crochet leur permet de sonder les matériaux, d’effondrer des murs ou des cheminées endommagées etc…
Tournez à gauche sur la 11th Street, puis à droite sur la 46th Road. Continuez jusqu’à la 21st que vous traverserez. Sur votre gauche, le magnifique bâtiment de brique rouge est la première école construite à Long Island City en 1892. Elle fut en activité jusqu’en 1963, avant de fermer ses portes avec la baisse du nombre d’élèves. Elle fut alors transformée en entrepôt, avant que le Institute for Art and Urban Resources, fondé en 1971 pour rénover d’anciens bâtiments historiques en centres artistiques, n’y installe en 1976 le PS1 Contemporary Art Center. En 1997, le centre d’exposition d’art contemporain ferma ses portes pour 3 ans de rénovation et d’agrandissement, et fusionna en 1999 avec le MoMa de Manhattan. Aujourd’hui, c’est donc le MoMA PS1 qui est installé derrière ces murs.
Tournez à gauche sur Jackson Avenue. Longez l’extension moderne en béton du MoMA PS1 qui complète désormais l’ancienne école du XIXème de style néo-roman. Rejoignez l’angle de Davis St (à droite) et de la 23rd St (à gauche), deux rues parcourues par un des derniers métros aériens de New York. Il s’agit de la ligne 7 du métro, qui part du Hudson Yard à Manhattan, traverse en souterrain Manhattan d’ouest en est, passe au-dessous de l’Hudson River, et refait surface dans Long Island City à la station Hunters Point Avenue. A partir de là, la ligne 7 emprunte une voie aérienne qui va traverser tout le Queens d’ouest en est, jusqu’à Flushing Meadows et au Citi Field, le stade de baseball des Mets. Tournez à gauche dans la 23rd St, sous le métro aérien.
Sur votre gauche, le Court Square Diner est un magnifique diner classique, chromé, datant de 1946. Dans la plus pure tradition des diners, il est ouvert 24h/24 et 7 jours sur 7. Cependant, le look du bâtiment que vous avez devant les yeux est lié à une rénovation récente, datant de 2009. Pendant les années 70-90, sa façade était nettement moins pimpante :
On y sert tous les classiques de la comfort food américaine, à des prix un peu élevés pour ce genre d’établissement. Mais si vous voulez profitez du charme de son intérieur, il y a moyen de le faire pour pas trop cher, en choisissant intelligemment dans le menu, notamment celui du All-Day Breakfast (petit-déjeuner servi à toute heure du jour ou de la nuit). Ainsi le Fried Egg Sandwich, servi avec du coleslaw et un pickle n’est qu’à 3.25$. L’assiette de petit-déjeuner avec deux oeufs, préparé à la demande (comme dans tous les breakfast restaurants, on peut les commander au plat – sunny side up -, brouillés – scrambled -, ou encore cuits sur le plat puis retournés en fin de cuisson – over easy -), avec des pommes de terre sautées et des toasts, est à 7.45$. Les pancakes sont à 9.95$, tout comme les french toasts (pain perdu américain). Sinon arrêtez-vous pour un milkshake (5.95$) ou un ice cream soda float (deux boules de glace dans un verre de soda, le plus classique étant de la glace à la vanille dans un verre de coca) à 7.95$. Ou enfin pour faire un saut dans le temps, commandez un Egg Cream (2.95$), une boisson qu’on ne trouve plus nulle part mais qui était autrefois un grand classique des Soda Fountain Parlors. Malgré son nom, le Egg Cream ne contient ni oeuf ni crème. Il s’agit en fait de lait, de sirop de chocolat, additionné d’eau pétillante. Un peu comme du cacolac avec des bulles ;-).
Continuez tout droit sur la 23rd St jusqu’à l’angle de la 44th Drive. Si vous aimez l’architecture du XIXème siècle, vous pouvez également faire un petit détour d’un bloc à travers le Hunters Point Historic District.
DETOUR 2 (0.4 km) : Hunters Point Historic District
Tournez à gauche dans la 45th road et avancez jusqu’à l’angle de la 21st St. En chemin, sur votre droite, vous passez devant les Brooklyn Studios, des studios de cinéma/télévision où sont tournés des films ou des émissions de télévision. Ces studios sont nombreux à Long Island City, les plus grands et les plus connus d’entre eux étant les Silvercup Studios localisés le long du Queensborough Bridge, et installés dans une ancienne usine de pain de la Silvercup Bakery, depuis 1983. Le film Highlander fut l’un des premiers à être tourné dans les studios, ainsi que des séries cultes comme Sex and the City ou The Sopranos. Quant aux Brooklyn Studios de la 45th Road, plus petits, ils sont notamment équipés d’une cuisine aménagée pour la prise de vue, souvent utilisée dans des émissions culinaires. Continuez jusqu’à la Iglesia Ni Cristo à l’angle de 21st St, et tournez à droite en longeant le Murray Playground (sur le trottoir d’en face). Enfin, tournez à droite sur la 45th Avenue pour revenir vers la 23rd St. C’est cette portion de rue qui fut consacrée à la fin des années 60 comme le Hunters Point Historic District. On y trouve en effet 47 townhouses construites entre 1871 et 1890, mêlant des styles architecturaux très différents : style italien, style second empire (haussmannien) ou encore style néo-grec. Puis rejoignez la 23rd St où vous tournerez à gauche pour reprendre le cours de l’itinéraire.
Tournez à droite dans la 44th Drive. A deux pas du Historic District du XIXème, vous entrez dans un canyon de gratte-ciels modernes du XXIème siècle. Sur votre gauche, la Skyline Tower, un gratte-ciel résidentiel de 68 étages, était originellement prévu pour faire 79 étages. Il dut être raboté de 11 étages à cause de la proximité avec les pistes d’atterrissage de l’aéroport voisin de La Guardia.
Sur votre droite, le One Court Square est une tour de bureau de 50 étages, avec des façades de verre légèrement teintées en vert, et qui fut pendant 29 ans la plus haute tour de l’État de New York en dehors de Manhattan, jusqu’à la construction de Skyline Tower voisine en 2019.
Avancez jusqu’au pied de la One Court Square. Juste en face, les formes arrondies de la Two Court Square hébergent la CUNY School of Law (City University of New York School of Law). Cette université publique de droit est une des moins chères de tous les Etats-Unis, avec des frais de scolarité fixés autour de 15 000$ par an pour les résidents de l’Etat de New York. A titre de comparaison, une année d’étude de droit à Harvard coûte 65 000$, tout comme à NYU (New York University) à Greenwich Village, et atteint même les 70 000$ à Columbia University de l’autre côté de l’East River à Manhattan.
Continuez sur la 44th Drive puis tournez à gauche dans Jackson Avenue. Continuez en passant sous l’autoroute (il s’agit en fait d’une des bretelles autoroutières rejoignant le Queensborough Bridge), puis avancez jusqu’à l’angle de la 42nd St. Sur votre droite, un splendide gratte-ciel de verre fait partie du Jackson Park LIC, un immense complexe résidentiel de 3 tours de respectivement 42, 44 et 53 étages. Les trois gratte-ciels, construits en 2017, regroupent près de 2000 appartements, et surplombent un parc privé (juste de l’autre côté de la tour sur votre droite), et des équipements collectifs allant de la piscine (une extérieure ET une couverte), un terrain de basket indoor, une salle de jeu etc.
Sur votre gauche, l’ensemble du bloc est occupé par le Gotham Center, un immense complexe de bureau formé de 3 gratte-ciels. Sur la partie Est, le long de Jackson Avenue, un immense parallélépipède sur 4 étages sert de support pour deux tours juchées sur pilotis, aux extrémités sud et nord du bloc : devant vous à gauche, la tour du One Gotham Center, et un peu plus loin sur Jackson Avenue, la tour du Three Gotham Center, toutes deux inaugurées en 2019. Le Two Gotham Center (construit en 2011) est derrière ces deux bâtiments, de l’autre côté du bloc : nous le longerons tout à l’heure.
Avancez entre les tours du Gotham Center à votre gauche et celles du Jackson Park à votre droite, jusqu’à l’angle de Queens Plaza. Face à vous, un incroyable enchevêtrement de lignes de métro aérien. Passez dessous pour rejoindre un petit parc urbain, le Dutch Kills Green.
Ce quartier en plein renouveau a connu un premier boom lors de la construction du Queensborough Bridge au début du XXème siècle, déplaçant le centre de gravité de Long Island City du quartier historique de Hunters Point, d’où vous venez, à celui du Queens Plaza, où débouchait le nouveau pont. Entrepôts, ateliers, usines commencèrent par profiter de la localisation stratégique en terme de transport, puis bureaux, commerces et établissements bancaires s’installèrent dans le nouveau quartier, florissant dans toute la première moitié du XXe siècle. Mais comme la plupart des centres villes urbains, il commença à péricliter dans les années 60, après le développement de l’Amérique péri-urbaine des années 50-60. Dans les années 70-80, la Queens Plaza n’était plus que l’ombre d’elle-même : le trafic de drogue et la prostitution sévissaient sous le métro aérien, les boîtes de strip tease et sex shops bordaient l’avenue, et les commerces agonisaient lentement. Il faudra attendre les années 90 mais surtout le début des années 2000 pour que la gentrification progressive du quartier ne conduise à de vrais projets de rénovation, à la construction des gratte-ciels qui bordent désormais la Queens Plaza, et à la destruction du parking de béton brut qui occupait l’emplacement de l’actuel parc du Dutch Kills Green.
Le parking avait été construit en 1975 dans un style architectural qu’on nomme non sans ironie le brutalisme, inspiré notamment des travaux de Le Corbusier. Le terme fait originellement référence à l’utilisation du béton brut dans la plupart de ses constructions, mais évoque tout aussi bien le caractère brutal de l’impact de l’édifice dans l’environnement urbain.
De l’autre côté du parc, s’élève un des derniers exemples architecturaux de la Queens Plaza du début du XXème siècle, le Chase Manhattan Bank Building. Construit en 1927, l’immeuble de 14 étages fut le premier “gratte-ciel” du quartier, et il demeura le plus haut building de tout le Queens jusqu’en 1990 et la construction du One Court Square.
Juste derrière le Chase Manhattan Bank Building, une immense tour de verre s’élève et domine le gratte-ciel des années 20. La Queens Plaza Park, inaugurée en 2020, est le deuxième plus haut building dans le Queens. Cette tour résidentielle mesure 230 mètres de haut accueille près de 1000 appartements.
Retraversez le Dutch Kills Green pour faire face au métro aérien et aux gratte-ciels de l’autre côté. Vous voyez désormais mieux les trois gratte-ciels du Jackson Park à gauche, et le Gotham Center au milieu (Three Gotham Center) et à droite (Two Gotham Center, jusqu’ici caché par le One et le Three Gotham Center).
Prenez à droite sur Queens Boulevard le long du métro aérien, jusqu’à l’angle de la 28th Street. En face de vous, dans l’axe du Queens Boulevard, à gauche du haut du Queensborough Bridge qui dépasse, vous pouvez apercevoir les 3 gratte-ciels super slims qui bordent aujourd’hui Central Park à Midtown Manhattan : la 432 Park Avenue à gauche, la Central Park Tower juste à sa droite, qui est de fait la plus grande des 3, mais qui parait plus petite simplement car elle est plus loin, et la 111 West 57th (Steinway Tower), la plus facilement identifiable avec son profil élancé très caractéristique.
Tournez à gauche dans la 28th Street et traversez le Queens Boulevard en passant sous le métro aérien. Longez le Two Gotham Center à votre gauche, et la Tower 28, un gratte-ciel résidentiel de 58 étages à votre droite. Tournez à droite dans la 42nd Road, en longeant la Star Tower qui fait l’angle sur votre droite, tandis que le trottoir de gauche, la façade de verre du Athena LIC est censée s’élever courant 2023 (lors de notre dernier passage, ils creusaient encore les fondations). A l’angle de la 27t Street, un autre chantier devant vous sur la gauche sera peut-être achevé d’ici votre visite (un hôtel Indigo est apparemment prévu).
Traversez la 27th St et continuez encore un bloc sur la 42nd Road en longeant le Bevel LIC sur votre droite, un autre immeuble résidentiel aux lignes modernes et élégantes. Dans l’alignement de la 42nd Road en face de vous, vous voyez au loin la ligne 7 du métro aérien (celle qui passait à Court Square, devant le Court Square Diner). Et juste derrière les 3 dernières lettres (à l’envers) de l’enseigne monumentale des Silvercup Studios, qui coiffe l’ancienne boulangerie industrielle reconvertie en studios de cinéma et télévision. Entre les années 20 et les années 70, Silvercup était une marque extrêmement connue de pain aux Etats-Unis (pain américain bien sûr, c’est-à-dire pain de mie). En 1929 fut construite une immense usine à Long Island City. La marque disparaitra dans les années 70, d’une manière assez similaire à l’effondrement de l’industrie américaine de l’automobile autour de Detroit dans les mêmes années : à cause d’un contrat sur 3 ans à prix fixe avec les cantines des écoles de New York, l’ouverture du marché américain du blé à l’Union Soviétique pendant la période de réchauffement de la Guerre Froide fit doubler le prix du blé et étrangla financièrement la société. C’est le moment que choisit le syndicat, en perte de vitesse mais encore puissant, des Teamsters pour lancer une grève, réclamant que la société paie au syndicat une commission de 10% pour toute livraison de pain à des supermarchés non syndiqués. Incapable de fournir un tel effort financier, la société fit une contreproposition pour une commission de 2%, qui fut rejetée par le syndicat. A la Noël 1974, l’usine fut contrainte de fermer définitivement ses portes, et l’ensemble du personnel licencié.
Le syndicat en perte de vitesse, terrorisé à l’idée de perdre son pouvoir d’influence et sa capacité de nuisance, avait sacrifié l’usine dans un dernier sursaut de démonstration de force, au prix des emplois de ses membres. Des pans entiers de l’industrie américaine sombreront devant l’inflexibilité des Unions pendant la crise des années 70, ouvrant la voie à la déréglementation des années 80, qui achèvera de réduire le pouvoir des grands syndicats aux Etats-Unis. A noter que la problématique syndicale aux Etats-Unis ne peut être comparable à celle de la France ou l’Europe : aux Etats-Unis, pendant longtemps, les syndicats pouvaient avoir un monopole dans une entreprise ou une industrie. Aucun employé ne pouvait alors être embauché s’il n’adhérait pas au syndicat, leur conférant un pouvoir considérable. L’usine abandonnée fut finalement rachetée au début des années 80 par un entrepreneur industriel de Long Island City, qui la transforma en studio de cinéma, l’un des plus gros de New York City.
Tournez à droite dans Crescent St et rejoignez l’angle de Queens Plaza. A l’angle sur votre gauche, un building de bureaux de 5 étages dont le rez-de-chaussée accueille actuellement une agence de la JPMorgan Chase Bank, a été rehaussé en 2020 par un gratte-ciel résidentiel de 24 étages, le HERO Long Island City, dont les balcons courbes de la façade nord-est évoquent plus les tours résidentielles de Miami Beach que les gratte-ciels de New York City. En face de vous, la station de métro aérien de Queensboro Plaza peut marquer la fin de cet itinéraire. Elle est accessible par un escalier sur votre droite, qui mène à une passerelle par dessus la rue. Autre alternative, rentrer jusqu’à Manhattan à pied en empruntant le Queensborough Bridge. Sachez juste que cela rajoute près de 3 km de marche supplémentaire, et que le pont est sans doute le moins intéressant des ponts menant à Manhattan, et que les vues depuis le pont n’ont rien d’exceptionnel.
DETOUR 3 (2.9 km) : retour à Manhattan par le Queensborough Bridge
Tournez à droite sur Queens Plaza South, passez sous la passerelle d’accès au métro, puis prenez le premier passage piéton sur votre gauche pour traverser et passez sous le métro aérien. Prenez à gauche sur Queens Plaza North, traversez Crescent St, puis retraversez Queens Plaza North pour rejoindre le long du métro aérien, la passerelle d’accès piéton/vélo au Queensborough Bridge.
Vous allez alors vous élever progressivement au-dessus des toits de Long Island City. En dépassant la 22nd Street, sur la gauche (pas évident que vous puissiez voir grand chose à travers le trafic autoroutier) se trouvent les Silvercup Studios. Puis sur votre droite, un immense complexe de HLM, les Queensbridge Houses, est constitué de 96 bâtiments logeant plus de 7000 personnes. C’est le plus gros quartier HLM des Etats-Unis. Il fut construit en 1939, avec un centre commercial en son centre, des ascenseurs dans tous les immeubles et le souci d’en faire un lieu de vie agréable pour les familles modestes de New York. Le quartier sombra malgré tout à partir des années 70, faisant face à la pauvreté, la drogue, les gangs, le crack … Seule contribution positive : il fut le berceau du Rap à New York dans les années 80 et 90, et de nombreux tubes de cette époque évoquent le quartier.
Vous passerez ensuite par-dessus Roosevelt Island, avant de redescendre sur Manhattan. Avec un peu de chance, vous verrez passer la cabine du téléphérique de Roosevelt Island juste à côté de vous.
Vous déboucherez finalement dans la 60th St dans laquelle vous continuerez vers l’ouest en passant devant la Roosevelt Island Tram Station d’où part le téléphérique pour Roosevelt Island. Continuez sur la 60th St. Entre la 3rd Avenue et Lexington Avenue, sur votre gauche, vous longez le Bloomingdale’s flagship store, un immense grand magasin très haut de gamme.
Puis vous arriverez au croisement de Lexington Avenue, fin de notre extension de circuit sur Manhattan, et où vous trouverez une station de métro (Lexington Av/59 St, avec les lignes N, R et W). Juste en face de vous sur la droite d’une tour de verre de 31 étages qui fait face à Bloomingdale’s, semble encastré un petit immeuble de 4 étages au 134 E 60th St. Cette très ancienne townhouse avait été convertie au milieu du XXème siècle en un petit immeuble d’habitation à loyer stabilisé (l’équivalent de la loi de 48 pour les loyers en France). Dans les années 80, il fut décidé de construire une tour sur le bloc, et le promoteur racheta l’ensemble des constructions sur le site. Mais lorsque les travaux débutèrent, une des locataires refusa de quitter l’appartement qu’elle louait. Le promoteur fut finalement contraint de construire sa tour autour du petit immeuble. Comme elle habitait au 4ème étage, il rasa le 5ème étage, mais conserva les 4 autres qui sont toujours debout aujourd’hui.
A noter pour finir sur une touche sucrée, sur votre droite dans Lexington Avenue, une pâtisserie Sprinkles propose uniquement des cupcakes, de toutes les couleurs et à tous les goûts (les grands classiques sont ceux au Red Velvet, Lemon Coconut et Chocolat). C’est l’enseigne préférée de Barbra Streisand, Oprah Winfrey ou Paris Hilton.
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Sources :
- https://nyhistorywalks.wordpress.com/2012/01/19/before-farmers-markets-became-cool-essex-street-market/
- https://www.nyc-architecture.com/SPEC/GAL-LES.htm
- https://www.essexmarket.nyc/history
- https://structurae.net/fr/ouvrages/100-norfolk
- https://structurae.net/fr/ouvrages/blue-residential-tower
- https://streeteasy.com/building/100-norfolk-street-new_york
- https://www.dinernyc.com/about/
- https://www.rd.com/article/diners-look-like-train-cars/
- https://streeteasy.com/building/138-broadway-brooklyn
- https://www.newyorker.com/magazine/2019/03/25/marlow-and-sons-quiet-transformation
- https://www.brownstoner.com/brooklyn-life/walkabout-cloth/
- https://www.nycsubway.org/wiki/Early_Rapid_Transit_in_Brooklyn,_1878-1913
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- https://weylin.com/about/history/
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- https://www.6sqft.com/first-domino-sugar-refinery-tower-at-325-kent-avenue-now-rising-above-williamsburg/
- https://www.skyscrapercenter.com/building/325-kent/30016
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- https://cookfox.com/projects/one-south-first/
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- https://untappedcities.com/2017/01/04/tracking-the-rapidly-changing-face-of-long-island-citys-architecture-along-the-7-subway-line/2/
- https://untappedcities.com/2022/02/07/secrets-long-island-city-queens/?displayall=true
- https://newyorkyimby.com/2020/08/hero-lic-stands-completed-at-24-16-queens-plaza-south-in-long-island-city-queens.html
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